Between Two Worlds - Acte 1 : Prélude

Chapitre 20 : Une histoire de famille

2910 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/01/2019 13:56


L’ébène raconta donc tout ce qu’elle put à son frère. La première fois que cette dernière découvrit ses pouvoirs, elle n’avait que 10 ans et pouvait déjà matérialiser de simples couteaux de cuisine à partir de sa main. Affolée, Amélys décida d’en parler à leur mère, Mélissa, mais ce fut avec un visage rempli de peur qu’elle réceptionna cette découverte. 


Ce n’était pas quelque chose d’étrange pour Mélissa car elle était au courant que son mari venait d’un autre monde rempli de magie mais n’a jamais cru qu’un jour les enfants en développeraient à leur tour. Cependant elle l’interdit de s’en servir que ce soit même pour jouer, redoutant les craintes de son défunt mari qui sont de se faire repérer par “l’assassin du roi”. Il fallait faire profil bas depuis qu’il s’est enfui d’Yvelisse. 


Plus tard, Amélys découvrit son don de voyager dans le monde d’Yvelisse en s’endormant le soir. Ses pouvoirs grandissaient de plus en plus, au point de pouvoir faire le voyage sans forcément dormir. Son premier voyage l’emmena sur une île tropicale au sud du continent, seul un paisible village y logeait, elle se fit donc plusieurs amis là-bas qui eux connaissaient la légende des voyageurs. 


Grondée et punie plusieurs fois par sa mère à l’écart de Ruka, la petite n'a jamais compris la leçon et continuait ses voyages du soir. Au fil des années, elle commençait à faire de la chasse sous-marine avec les villageois, l’obligeant à mieux comprendre son pouvoir afin d’éliminer des crabalamars.  


Cependant malgré ce courage et cette joie partagés avec les gens du village, sans s’en rendre compte, Amélys donnait de grandes pistes à l’assassin du roi, Aaron Teora, le chef des Conquérors. Durant l’absence de la jeune fille, ce dernier décida d’envoyer une troupe sur cette île et attaqua les villageois afin qu’ils dénoncent le voyageur faisant des allers-retours, chose qu’ils ne firent pas. 


Énervé, Aaron décida donc d’envoyer une ribambelle de troupe dans Reality grâce à une machine les aidant à voyager entre ces deux mondes liés, afin d’y trouver le voyageur qui pourrait être la princesse Elswine. Récupérant ainsi plusieurs adolescents et dans le tas se trouvait Amélys. 


-Je n’en crois pas mes oreilles... susurra Karu en fixant la neige face à eux. C’était donc pour ça que je ne te voyais pas dans ta chambre le soir... Toutes ces fois où maman me disait que tu dormais chez une amie... ! Mais pour couronner le tout, tu disais donc vrai, c’est réellement en partie de ta faute... 


-C’est exact, répondit-il elle d’un ton bas. J’aurais dû écouter maman et ne pas faire des conneries avec ce pouvoir ! On n'en serait pas là actuellement... 


Karu souffla plusieurs fois avant de s’approcher à nouveau d’elle et poser sa main sur l’épaule de sa sœur, qui elle avait toujours les yeux qui brillaient. 


-Mais nous y sommes. Ecoute, nous pouvons simplement partir et fuir cet endroit ! Tu as toujours tes capacités à ce que je sache, dit-il en essayant de se rassurer


-Non, justement. Je ne peux plus faire de voyage, en faisant des tests sur les enfants kidnappés durant ce jour, Aaron a découvert que j’étais la fille de Marco, notre père... Selon lui mon potentiel est beaucoup trop grand pour me l’extraire, il m’a donc enrôlé dans son armée et j’ai été contrainte d’accepter. 


-Contrainte ? Mais comment ?! 


-Les Conquérors tiennent une lame sous la gorge de chacun des villageois qui m’ont protégé autrefois, j’ai dû me dénoncer pour ne pas qu’ils continuent le massacre... 


-J’en suis désolé, ça a dû être horrible à supporter. Mais tu sais ce qu’ils feront de Rehnord ? 


-Ne t’en fais pas pour lui. Ce n’est pas le plus grand mage de tout le continent pour rien ! Par ailleurs, il m’a beaucoup aidé depuis que j’ai rejoint les Conquérors, c’est un allié de poids.



La jeune femme s’efforçait de faire un léger sourire envers Karu, qui lui savait pertinemment que c’était juste pour le rassurer.

D’une grande inspiration, Amélys se leva sans prévenir et avança de deux pas. 


-Ruka, nous sommes dans un conflit qui dure depuis maintenant 17 ans et cela a un rapport direct avec la mort de notre père ! Maman a toujours voulu nous protéger de ça, mais j’ai tout gâché... Maintenant seul toi peux tout arranger ! 


-Quoi ?! A-Attends une seconde mais comment tu veux que j’arrange un conflit d’une quasi-vingtaine d’années !



Elle se retourna à nouveau face à lui, les poings serrés et le visage ferme, comme si elle n’avait pas été triste il y a quelques minutes, une qualité chez elle. 


-Tu dois retrouver la princesse héritière qui se trouve dans notre monde et la protéger ! Rien de plus facile ! Dit-elle d’un ton insisté


-Q-Quoi ?! Mais comment tu veux que je la retrouve ?! Et puis que fait la princesse de ce monde dans NOTRE monde ?!



Amélys se mit à grogner et pointa du doigt le village en baissant la tête. 


-Nous n’avons plus le temps, Ruka. On se reverra. 


-Amélys, je- 


-Amène tes amis en sécurité et retourne au plus vite à Reality ! Hurla-t-elle


-… Très bien, je vais essayer... Mais je ne peux pas emmener Davis avec moi, il est toujours mal en point depuis notre arrivée ici. 


-Tu peux dire à Nevel et ton ami de rester, je me charge d’eux...



L’atmosphère se faisait lourd soudainement, des mots aussi simples mais tranchants car tous les deux savaient qu’ils ne se reverront pas de sitôt et surtout dans quelle circonstance. Un dernier enlacement ne serait pas de refus pour Amélys, mais Karu passa simplement sa route, gorge serrée et la boule au ventre. 


Un rapide dialogue se fit dans l’auberge pour expliquer les choses, sans trop donner de détails pour ne pas perdre plus de temps. Possédant une grande confiance pour la conquéror, Nevel ne bronchât pas du tout contrairement aux autres qui posèrent un peu plus de difficulté à Karu.  


Mais finalement, Alicia décida de croire le jeune homme et prit même les avants pour partir de l’auberge, en direction du village-dépôt en haut de la colline, suivi de la sitkat et du voyageur. 


-C’est tout de même incroyable. Retrouver ta sœur dans un autre monde alors que tu la croyais morte, lança July


-Jamais j’aurais pu y croire si je n’avais pas vécu tout ça, souffla Karu. Puis aussitôt je la revois, aussitôt elle me donne une tâche à faire, comme toujours. 


-Hé hé, cela doit être amusant d’avoir des frères et sœurs, ajouta Alicia à quelques mètres d’eux devant eux. En tout cas tu dois être ravi de l’avoir retrouvé ! 


-Je... Je suppose...



Nous ne nous sommes pas arrêtés une seule fois. La montée enneigée bien que glissante, il nous était impossible de songer à dormir là une fois la nuit tombée. Surtout que nous n’avions même pas pensé à prendre des sacs de couchage avant de partir de l’auberge. 


Quelques heures plus tard, nous arrivâmes enfin à destination, Mégane nous aperçut par sa fenêtre et se rua vers la sortie de sa petite maison en nous attendant les bras croisés. 


-Tiens donc ? Je pensais que vous vous êtes fait tuer par les avalanches qu’il y a eu hier. 


-Oh ! Non, non ! Nous avons survécu à ça ! Désolée de vous avoir inquiéter madame, se mit à sourire bêtement Alicia


-Je m’inquiétais plutôt pour l’argent que vous me devriez si vous étiez morts, bon sang, grogna la propriétaire


-Super aimable comme toujours... Soupira July


-Il est possible de dormir dans notre dépôt exceptionnellement ? Juste cette nuit puis nous partons dès demain, demandai-je à Mégane


-Hein ?! Où est-ce que tu vois “auberge” dans “village-dépôt” ?! D’ailleurs vous étiez censés prendre du temps d’après mes notes ! 


-Notre séjour s’est écourté et nous devons nous en aller demain, on vous paiera tout de même la somme d’une semaine alors que nous utilisons le dépôt que pendant deux nuits, ajouta Alicia pour me soutenir.



Mégane se mit à ronger son doigt tout en gardant son air furax, tournant ensuite sa tête vers sa maison en fixant quelque chose, qu’est-ce donc ? 


-Très bien. Et vous avez intérêts à respecter votre engagement ! Sinon je vous poursuivrai jusqu’au bout de l’univers et je ne rigole pas, finit Mégane et retournant dans sa grotte violemment


-Un bien curieux personnage hein... Soupira July à nouveau.



Nous retournâmes à notre dépôt, le numéro 12, les chevânes dormaient déjà paisiblement suite à un festin qu’ils auraient profité d’après les bouts de nourritures dans tous les sens. 


J’ai décidé de laisser les filles dormir dans la voiture tandis que moi, dans le foin sur le côté. Le silence s’installa peu à peu une fois bien installer, mais il fallait que je la brise un court instant. 


-Quand vous vous réveillerez, je ne serai plus là. Comme je vous ai dit, il faut que je retourne dans mon monde et faire ce que m’a demandé Amélys.



Pas de réponse suite à ma déclaration, elles étaient sûrement déjà en train de dormir, il faut dire que la journée a été assez épuisante... 


-Ne t’en fais pas, Alicia saura se débrouiller. 


-Comment ça, July ?... July ?



Plus rien, peut-être qu’elle parlait dans son sommeil ou quelque chose dans ce genre-là. Sur ce, je fermai mes yeux en me concentrant comme ça le lendemain je me retrouverai à nouveau chez moi dans mon lit. Ma prochaine journée risque d’être toute aussi mouvementée que celle-ci, j’en ai bien peur... 


Le sommeil m’attrapa sans prévenir, doucement mais sûrement, je me sentais comme dans un lit en me blottissant tout seul. Me retrouvant ainsi dans un rêve où je me voyais flottais dans un espace vide sans lumière, et pourtant je restais rassurer, sûr que ceci n’était pas un cauchemar.  


Au loin, je pouvais entendre une douce voix dont je ne reconnaissais pas son propriétaire. Elle semblait se rapprocher de moi... 


-Ta destinée ne fait que commencer... Va toujours de l’avant, et ne recule en aucun cas... 


Sans succès, je ne pus réussir à sortir les mots de ma bouche sauf qu'au bout de plusieurs secondes d’essai, je me sentis aspirer brutalement vers l’arrière. Il faisait à nouveau tout noir. Mais une certaine chaleur entourait mon corps cette fois-ci. Mes yeux étaient simplement fermés en fin de compte, je décide alors de les ouvrir.  


-Un plafond… Mais, c’est chez moi, dis-je à haute voix, très surpris. Ce qui veut dire qu’il doit être 18h ?!... 

-Des gens essayent de dormir ici… marmonna doucement une voix


-Ah?! Désolé, ce n’était pas vou-… Quoi…?? 


En me relevant précipitamment du lit, je perçus une forme sous ma couverture qui était installé juste à côté de moi, quelqu’un s’est infiltré chez moi ?! 


Je m’approchai donc du côté du lit où s’était recroquevillé cette inconnue, relevant la couverture qu’au niveau de la tête et surpris par ma découverte, je ne pus me retenir d’hurler 


-Alicia ?!! Mais qu’est-ce que tu fais là ?! 


-…Hein ?



La dormeuse cligna des yeux plusieurs fois avant de vraiment se réveiller. Elle me fixa un instant puis remarqua que j’étais torse-nu, ce qui la gêna et se remit sous la couverture afin de couvrir sa vision. 


-Qu’est-ce que tu fais dans cette tenue ?! 


-Mais c’est plutôt à moi de te demander ce que tu fais ici, dans mon monde ! 


-Dans ton... Monde ?



Alicia décida enfin de sortir de la couverture en se relevant sur le lit, ce qui était visiblement une mauvaise idée car elle ne portait rien sur elle. A peine avoir aperçus le haut de son corps, je fus tellement rouge et ailleurs que je n’eus pas le réflexe de bouger le moindre doigt pour me cacher. 


-Brrrr, il fait plutôt froid ici, fit remarquer la chataine avant de poser son regard sur Ruka, quelque chose ne va pas ?



A ce même moment, elle comprit qu’il n’y avait rien sur son corps, même pas le moindre sous-vêtement ! Ses pensées firent un tour complet dans sa tête, lui laissant des idées mal placées sur ce que Ruka aurait “essayer” de faire selon elle. 


Elle couvrit donc à nouveau le haut de son corps et prit un air furax en agrippant le réveil sur la table de chevet. 


-Espèce de pervers ! Sors d’ici tout de suite, s’écria-t-elle en balançant le réveil et attrapant pleins d’autres objets pour les lancer. Goujat ! Ne me regarde pas ! 


-Aïe ! Mais arrête de bal- !



Mon téléphone atterrit en plein sur mon nez, ce qui me fit très mal ! Voyant qu’elle ne voulait pas écouter, je décidai donc d’attraper mon mobile et m’en aller de ma propre chambre afin qu’Alicia se calme. Malgré que je sois sorti, je pouvais toujours l’entendre me crier dessus en balançant encore et toujours tout ce qu’elle trouvait. 


-Bon sang ! Virer de ma propre chambre tout de même... Puis comment est-ce qu’elle a pu voyager avec moi ? 


-Ruka ?



La télévision était allumée et je pouvais sentir un plat qui a été préparé... Puis cette voix... A cause de la précipitation je n’avais même pas remarqué que la lumière était allumée aussi et donc, logiquement, Linda est la seule personne pouvant entrer dans la maison. Je tournai donc ma tête en direction du canapé avec la crainte d’avoir raison. 


-Oh... Linda... Me.... Me revoilà... Ahah...



Cette dernière ne me répondit même pas et pourtant me regardait bel et bien, puis tourna son regard en direction de ma chambre où on pouvait toujours entendre Alicia lancer des mots et des objets. 


-Je vois, dit-elle simplement en se relevant.



Elle éteignit la télé, rangea les peu de choses qu’elle avait sorti de ses propres affaires puis s’en alla en direction de la porte menant à dehors sans me poser le moindre regard. Tout ça dans un calme plutôt flippant. 


-Désolé, dit-elle en refermant la porte derrière elle.



Je n’eus même pas le temps de réagir sur le coup, même si Alicia m’inquiète car elle ne devrait pas être ici, Linda devait être bien plus perturbée que moi de me voir débarquer dans la chambre sans que je traverse la porte. “Pas le temps, va falloir que je la rattrape !”, me dis-je. 


-Linda, reviens ! Ce n’est pas ce que tu crois !



J’attrapai donc mes sandales et je me mis à la rattraper le plus vite possible en descendant sur la rue, la voyant un peu plus loin, je me mis à courir de nouveau mais une personne sur une mobylette s’arrêta près d’elle. 


-Bonsoir, la maison des Lorens se trouve bien au bout de la rue ? Demanda la motarde


-Oui, répondit simplement la brune. Mais pas la peine d’y aller, il n’y a personne. 


-Si je suis là, moi ! Dis-je à haute voix, en les rejoignant tout en haletant. Q-Qui êtes-vous ?...



Toutes les deux se mirent à me regarder puis la motarde monta ses lunettes de moto au-dessus de sa casquette gavroche noire, laissant apparaître un petit visage avec des cheveux blancs au carré et ébouriffés, un regard posé me rappelant July. 


-Tu es donc vraiment ce genre de personne dans ton monde, Ruka Lorens... Lança-t-elle en me regardant de haut en bas


-”Dans ton monde” ? Répéta Linda, intrigué


-J... July ?! Mais c’est quoi ce bordel ?!

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