Une histoire de sorcières

Chapitre 4

2078 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/04/2019 10:49

Chapitre 4


« Tu trouves quelque chose ? » Demanda Lysandra en se réveillant au milieu de drap aux motifs de fusées blanches et rouges. Personne ne lui répondit, l’attention de son amant était entièrement portée sur les quatre ordinateurs installaient sur son bureau. Des chiffres et des lettres s’affichaient sur les écrans, elles défilaient rapidement, rendant leurs lectures impossibles. 


- Je n’ai pas encore accepté de t’aider. Pourquoi je le ferais ? » Demanda-t-il en se retournant vers la jeune femme. 


La femme qui partageait son lit était encore dans ses draps, ses longs cheveux bouclés retombaient le long de ses épaules nues. Une nouvelle vague de désir le gagna. Son regard s’arrêta sur le début de la poitrine de la jeune femme qui commença à descendre lentement la couette de l’informaticien jusqu’à laisser apparaître la naissance de l’un de ses tétons. Il était rosé et commençait à durcir à cause du froid de la chambre. D’un coup de langue, il humidifia ses lèvres. Il sentait son désir monter jusqu’à ce que Lysandra relève le drap pour couvrir entièrement son corps. Un sourire en coin se dessina sur son visage pour signifier au jeune homme qu’elle venait de gagner. 


- Très bien ! Mais c’est la première fois que je m’occupe d’un truc comme ça. Ça risque de prendre un peu de temps... Tu es sûr qu’il n’y a pas d’autres moyens d’obtenir ce que tu veux qu’en piratant le serveur de la police ? » Demanda-t-il pour la énième fois. 

- Tu me crois assez idiote pour ne pas avoir réfléchi à une autre solution ? Fais-le. » Soupira-t-elle avant de se lever. Son corps nu était exposé à la fraîcheur de ce début d’après-midi d’automne. Elle commença à se dépêcher de s’habiller lorsque l’informaticien la stoppa en la faisant tomber sur son lit. « Arrête. » Dit-elle d’une voix qui n’appelait aucun commentaire. 

- Pourquoi ? » 


- On donne un bonbon à un enfant pour le récompenser. Trouve ce que je t’ai demandé et tu obtiendras ton bonbon. » Elle se releva à nouveau et recommença à s’habiller. Elle portait une robe rouge qu’elle enfila d’un geste, créant une nouvelle vague de désir en lui. 

- Je te déteste. » Dit-il avant de pousser un soupir de désespoir. 


- Moi aussi. » 


La vieille voiture des années 80 s’arrêta devant le garage de la maison familiale. Lorsque la jeune femme claqua la portière, elle aperçut de la lumière se dégageait de la fenêtre de la cuisine. Un petit garçon aux cheveux bouclé était en train de boire un verre de lait. Lysandra resta admirer son petit frère pendant un long moment, tout semblait être redevenu comme avant. Le calme de la nature l’emplissait, le vent soufflait doucement sur sa nuque, au loin, elle entendait les beuglements d’une vache. Elle ferma lentement ses yeux pour graver ce moment de sérénité.


À l’instant où elle ouvrit les yeux, la quiétude qui l’envahissait s’envola. Dans la cuisine, à côté de son petit frère, un indésirable venait de s’immiscer dans le tableau familial. Avant de pénétrer chez elle, elle inspira un grand coup pour tenter de calmer sa haine qui ne cesse d’augmenter. Ses baskets tapèrent sur le parquet de l’entrée pour signifier à l’intrus de son arrivée. Comme prévue, sa tante apparue dans le coin de la porte de la cuisine, quelques instants plus tard.


Aujourd’hui, la vieille femme était habillée de bleu cyan et avait opté pour des plumes de paon. Combien d’animaux avait-elle tuée pour se vêtir ? Se demanda Lysandra alors qu’elle cherchait à ne pas enfoncer ses ongles dans le visage de la voleuse.


- Je peux savoir ce que vous faites ici ? » Réussit-elle à articuler. 


- C’est mon nouveau chez moi, non ? » Un léger sourire s’affichait sur son visage, faisant bouillir de colère Lysandra. « Détends-toi ma chérie, je n’’ose imaginer la peine que tu dois ressentir. Je ne savais pas qu’elle n’allait rien te léguer, c’est tellement triste. » Tandis qu’elle parlait, Flanna posa théâtralement sa main sur son front.   


- N’essayez même pas de me plaindre. Que faites-vous ici ? » Demanda Lysandra à nouveau, au bord de l’implosion. Ses poings fermés, ses ongles s’enfonçaient dans sa peau. 


- Je suis venue rencontrer mon filleul. Après tout, je suis sa tutrice dorénavant. » Flanna s’arrêta face au regard meurtrier de sa nièce. Elle lui sourit naïvement avant de se diriger vers l’escalier en vieux bois, elle posa sa main dessus. « Je ressens l’âme d’Isleen dans cette maison, elle aimait vivre ici. Malheureusement, ce ne sera pas mon cas. J’aime ma vie en ville, mon appartement me manque, tout comme mon travail. Je t’avais dit que je possédais un bar ? Je n’aime pas me vanter, mais c’est l’endroit le plus plébiscité par les sorciers en ce moment ! J’aimerais te le faire visiter un jour… »


- Qu’insinuez-vous ? Arrêtez de tourner autour du pot. »


- Étant donné ta sensibilité, je ne voulais pas être trop direct avec toi, mais il semblerait que tu sois aussi têtue qu’Isleen... Je vais partir et le plus tôt sera le mieux. Je suis venue te proposer de nous suivre, ton frère et moi. Nous pourrions tous vivre chez moi, c’est assez grand pour vous accueillir. Ça tombe bien, je commençais à en avoir assez de vivre seule. » 

Sa voix était devenue étrangement grave, elle berçait Lysandra comme un poupon dans les bras sa mère. La jeune femme ferma les yeux et commença à se détendre. Peu à peu, la tristesse la quittait pour laisser place à une sérénité encore inédite. Je peux avoir confiance en Flanna, c’est la sœur de maman, pensa-t-elle. Je pourrais la suivre, recommencer une nouvelle vie à Lyon. 


- Non ! Vous avez aussi utilisé votre technique sur mon petit frère ? Ma mère avait les mêmes capacités que vous, je peux la maîtriser depuis mes 15 ans alors tenté autre chose, sale rapace ! » 


- Très bien. » La magie disparue comme une nuée d’oiseaux. Le regard de Flanna devint noir, un petit sourire naquit sur son visage alors qu’elle s’avançait lentement vers l’intéressée. « Ton petit frère est sous ma garde et il est hors de question que je vive dans ce trou à rat alors sois tu nous suis, sois tu te trouves un autre endroit où vivre parce que je compte bien me débarrasser de tous liens avec cette sombre bourgade humaine. » Là-dessus, elle quitta la maison dans une nuée de parfum à la rose, laissant Lysandra, perplexe, dans le hall d’entrée.


La haine contre les humains faisait partie intégrante de la vie quotidienne des sorciers. Depuis la chasse aux sorcières qui avaient amenée à massacrer une grande partie d’entre eux, les sorciers vivaient dans la peur qu’un jour les humains soient à nouveau pris d’une vague de peur. Peu à peu cette peur s’était transformée en haine qui avait poussé les sorciers à s’éloigner des êtres humains. Mais échapper à une population de plusieurs milliards d’individus s’était révélé être impossible. Aujourd’hui, humains et sorciers se croisaient chaque jour sans jamais s’approcher. Les sorciers cherchaient à tout prix à éviter la source de tant de leurs malheurs, si bien qu’ils avaient réussi à créer une société parallèle avec leurs propres boutiques, restaurants et bars.


En vivant dans un coin reculé, Lysandra avait oublié cette haine tenace qui nourrissait les sorciers chaque jour de leur chienne de vie. La jeune femme avait grandi au milieu des humains et, même si elle détestait chaque être doté de la parole sur terre, elle ne ressentait aucune rancune envers eux. Cette absence de haine, elle la devait à sa défunte mère. Isleen avait construit sa vie aux côtés des humains et il était normal pour elle que ses enfants face de même. Les humains n’étaient pas différents des sorciers, c’était la conviction de sa mère qui s’évertuait à le prouver tous les jours. 


Auparavant, l’existence de cette haine entre sorciers et humains intéressé Lysandra autant que sa première dent de lait. Mais aujourd’hui, la donne avait changé. Cette rancune était sur le point de causer sa séparation avec son petit frère et jamais elle ne pourrait le tolérer. Il était sa dernière famille et elle avait besoin de lui pour continuer à vivre. Il était hors de question pour elle de même envisager d’être séparé du dernier être auquel elle tenait. Elle devait se ressaisir et trouver rapidement une solution. 


Maman lui a pourtant confié Léon, pensa Lysandra. Le juge n’acceptera jamais de te confier sa garde parce que tu n’es qu’une simple étudiante en histoire qui n’a aucun avenir professionnel en plus ! Lysandra laissa tomber sa tête contre la table de la cuisine et soupira bruyamment. Depuis deux jours, elle se triturait les méninges pour trouver une solution, mais rien ne semblait possible. Le testament de sa mère ne cessait de se rappeler à elle comme un couteau la perforant encore et encore. Sa mère avait confié la garde de Léon à Flanna. Comment avait-elle pu confier son petit frère à une femme qu’elle n’avait pas vue depuis plus de vingt ans, même si c’était sa sœur ?


Loin de se laisser abattre, Lysandra avait décidé de s’engouffrer dans cette brèche. Elle avait appelé l’Aide Social à l’Enfance qui n’avait été d’aucune aide. Puis avait tenté de joindre un cabinet d’avocats spécialisé en droit des familles, mais aucun des associés ne voyait d’issue positive. Le testament de sa mère était un document officiel qui n’appelait aucun changement. De surcroît, sa tante semblait être une personne équilibrée qui possédait son propre commerce. Cette situation était inextricable.


Une petite main douce se posa sur sa main, coupant la jeune femme dans ses pensées négatives. Elle leva aussitôt sa tête pour voir le visage inquiet de son petit frère. Ces derniers jours, elle n’avait pas été présente pour lui et sa culpabilité ne faisait qu’augmenter. La jeune sorcière attira son petit frère vers elle pour l’enlacer. Léon répondit à son étreinte et la serra fortement dans ses bras. 


- Tu as raison Léon : on va s’en sortir, tous les deux. On tiendra le coup et tout va redevenir, comme avant je te le promets. » Elle déposa un baiser sur le front de Léon avant de prendre son téléphone pour appeler sa tante.  

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