Come Back To Me

Je vais ouvrir. Je ne me presse pas. Je n'ai pas envie d'avoir un psychopathe devant ma porte. Je crois que j'ai assez donné pour ça. Je regarde par le judas. Personne devant la porte. Je décide d'appeler les policiers, ça ne peut plus durer. Je compose le numéro et patiente pendant qu'une petite musique de bienvenue sonne. Une voix de femme me parvient à l'oreille.

"-Bureau de police de Seattle, je vous écoute.

-Oui bonjour, je vous appelles car j'ai l'impression qu'on me harcèle depuis quelques temps.

-D'accord, je vais vous passer un gradé, pourrais-je avoir votre nom s'il vous plaît ?

- Oui, Tessa Stanley.

-Très bien, je prévient le sherif Still et je vous le passe.

- Merci beaucoup."

La petite musique d'attente se met de nouveau en route. je patiente encore quelques instants quand j'entends quelqu'un décrocher à l'autre bout du fil.

"- Sherif Still. Je vous écoutes.

- Bonjour, je vous contact car j'ai l'impression que quelqu'un me harcèle.

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça madame ?

- Je reçois un grand nombre de courriers et l'autre jour il y avait un malade devant ma porte !

- Très bien, je vais envoyer un de mes hommes, il va s'occuper de votre déposition de plainte."

Comme d'habitude.... Les policiers reçoivent tellement de personnes par jours qu'ils ne qualifient que les meurtres d'important.

"- Non pas besoin, merci. Bonne journée."

Je raccroche avant qu'il me réponde. J'irais les voir directement avec les possibles preuves ce week-end. Je vais me coucher maintenant. Demain une grosse journée m'attends. je doit encore aller voir Charles. On commencera à monter le dossier de défense. Enfin si il ne me soule pas trop. Sinon je le ferais seule.

Je m'endort très vite. Quand le réveil sonne je sursaute. Je dormais tellement bien... Je me lève et me prépare rapidement. Je regagne le garage souterrain. J'aperçois un petit papier sur le pare-brise. Je m'approche et vois quelque chose d'écrit dessus.

Plus que six jours

Signé 3

Une preuve en plus, parfait pour ce soir.

Je gagne rapidement les bureaux. M'installe sur ma chaise et relit tous les dossiers qui sont sur la table depuis au moins trois semaines. Je me doit de défendre Charles et de lui éviter la peine de mort. C'est ce que Luc m'a dit à notre première réunion sur mon client. Il ne mérite rien d'autre.

Je fais une pause dans ma lecture. Je commence à avoir mal aux yeux et j'ai mal à la tête. Et puis lire tout ça me dégoûte au plus haut point. C'est tellement inhumain. Décapiter, démembrer, torturer,... Il a fait tout ça à ses victimes. Ce qui me désole le plus, c'est que Tommy a vécu ça. Je pense que la prochaine fois que je vais chez ma mère je lui dirais que je le défend lui, celui qui a ôté la vie de Tommy.

Je prends ma voiture pour me diriger encore une fois à la prison. Je la connais presque par cœur maintenant. Dès que je passe devant la cellule de l'abrutis, j'évite au maximum de faire du bruit. La salle est vide pour le moment. McCullow a du chercher Mandson. Quelqu'un toque, mon client entre en premier suivi de près par le garde.Charles s'installe à sa place et attends que le garde le menotte à la table.

"-Bonjour Charles.

- Eh oh ! Vous le garde là, il le pointe du doigt, vous pouvez emmener un café pour moi mais aussi pour la belle demoiselle ici présente."

Le garde sort de la pièce et part chercher le café. Il revient deux minutes plus tard avec les verres fumants.

"- C'est bien, bon chien."

Le garde sort de nouveau de la salle pour me laisser parler avec mon client seul à seul.

"- On nous a donner la date du procès.

- C'est quand ?"

Je bois une gorgé de café. Il me brule la gorge mais ça me fait du bien de boire quelque chose de chaud dans une pièce si froide.

"- Le 12 juillet. On sera dans le tribunal de Seattle.

- Dacc, c'est noté chef.

- Parfait, maintenant nous allons passer aux choses sérieuses. Aujourd'hui j'ai relu tout votre dossier, on va dire qu'il est énormément remplis.

- Je sais, je sais

- Bien, vu que je vous sent de bonne humeur, on va commencer par les choses les plus difficiles à accepter.

- Du genre ?"

Il s'installe confortablement. Même trop, il pose ses pieds sur la table.

"- Pouvez-vous bien vous tenir s'il vous plaît.

- Excuse chérie, je suis tellement bien avec toi ici.

- On est là pour du travail, pas pour du camping.

- J'adore le camping, quand j'étais gosse j'en faisait avec les scouts.

- Vous étiez scout ?

- Ouais, ça me plaisait la nature, tout ça. C'est grâce à ça aussi que je sais démembrer les animaux..."

Il me regarde avec insistance. Il veut que je réagisse sur la dernière phrase. Je ne le fait pas. Au moins j'ai appris un truc que personnes ne savaient.

"- On va vous éviter la peine de mort.

- Ah bah c'est bien gentil ça, au moins tu sers à quelque chose d'autre qu'a me faire bander."

Je lui lance un regard sombre, il comprend et s'arrête de rire.

"- Et puis on est gentil, dès que vous serez jugé on vous mettra dans une cellule d'une place. Plus de colocataires.

- Donc tu sais ce que je vais avoir comme peine ?

- Non mais il ne faut pas rêver qu'on vous libère. Vous en avez pour cinquante ans minimum.

- Je passerais ma retraite dans ce trou à rat. Sans petits enfants...

- Il fallait y penser avant."

Je sentait une pointe de tristesse dans sa parole. Oui c'est sur qu'il n'aura pas de famille. Pour vivre en prison de toutes manières c'est mieux de ne pas en avoir. pour ne pas leur faire du mal.

Sa réaction me confirme sa bipolarité. Il y a deux minutes il était prêt à me sauter dessus, maintenant il va pleurer. Il n'y a pas que les psy qui ont remarqués sa maladie.

La séance se déroule dans le calme cette fois-ci. il a enfin compris que je ne suis juste pas là pour assouvir ses besoins imaginaires. J'en ressort ravie pour une fois. ce serait bien si toutes les séances se passaient comme ça.

Mais ce n'est pas le cas...