Recueil de divagations

Chapitre 1 : Le voyage des sept pies

622 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/09/2019 14:38

En rédigeant ce texte, nous n’avions qu’une seule instruction : narrer un voyage. Il pouvait s’agir de l’une de nos propres escapades, de notre trajet quotidien pour venir à l’Institut, des tribulations d’un personnage inventé...

Ce texte m’a été inspiré par les pages d’ouverture du comics Marvel Journey into Mystery #622, numéro marquant l’arrivée de Kieron Gillen sur le titre et le début de sa réinvention du personnage de Loki.


Dans un paysage désolé, au milieu des Terres Maudites, entre un arbre mort et un étang aux eaux putrides, le dieu exhalait son dernier soupir. Son ichor, le sang d’or des êtres divins, se répandait sur le sol, faisant fleurir la Terre. Son meurtrier, noir démon sans âme, s’acharna quelques temps sur la dépouille céleste avant de s’en aller répandre ses ténèbres à travers le monde. Sans son ennemi de toujours pour s’opposer à lui, il allait déchaîner la tempête dans le cœur des Hommes et répandre le poison de la guerre.

Tout le temps qu’avait duré le combat, sept pies avaient observé, immobiles et silencieuses, telles des statues perchées sur une branche de l’arbre pourri. Lorsque le démon partit, elles s’envolèrent dans la direction opposée, débutant un long voyage dans le mystère. Aucune n’en verrait la fin.

La première pie mourut en traversant la vallée des monstres de brume, happée par l’un d’eux. Sa dernière pensée fut : Pourquoi le dieu avait-il baissé sa garde ? Les autres pies ? Elles volèrent au loin.

La deuxième pie mourut de chagrin. Depuis la mort du dieu, la tristesse la consumait de l’intérieur, rongeant ses os et son âme. Si elle avait été une corneille, oiseau sage parmi la gente aviaire, peut-être aurait-elle supporté cette tristesse. Mais elle n’était qu’une pie, et son affliction lui fut fatale. Les autres pies ? Elles volèrent au loin.

La troisième pie tomba dans la Mer sans Fond, antre des créatures marines les plus fantastiques. Elle se fit dévorer par un serpent de mer qui, plus intelligent que les pies, comprit pourquoi le dieu s’était laissé détruire. Les autres pies ? Elles volèrent au loin.

La quatrième pie se fit abattre d’une flèche au-dessus d’une forêt d’argent. L’elfe qui la mangea apprit ainsi le langage des oiseaux, mais ne résolut jamais le mystère de la mort du dieu. Les autres pies ? Elles volèrent au loin.

La cinquième se posa sur l’un des champs de bataille amenés en ce monde par le démon. Là, elle trouva le cadavre d’une fillette morte en pleurant. La pie but ses larmes et l’innocence qui y était contenue lui permit de comprendre pourquoi le dieu devait mourir. Mais l’âme d’un oiseau, fine et fragile, ne pouvait contenir telle vérité sans se déchirer. Les autres pies ? Elles volèrent au loin.

La sixième mourut en enfer. Et la dernière ?

La dernière pie avait fait le tour de la Terre, et son voyage allait bientôt s’achever. Mais le voyage dans le mystère, le seul voyage qui importait, ne faisait que commencer.

Pourquoi le dieu était-il mort ? Pourquoi le démon était-il destiné à gagner ? Les pies l’ignorent, mais les corneilles le savent. Elles nous le crient dans la langue des fils du ciel. Malheureusement, nous avons oublié comment interpréter les paroles des oiseaux sages.

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