Mortem Regis

Chapitre 1 : Dans la peau d'un assassin

1706 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/01/2021 20:51

Une pleine lune trônait au milieu du ciel nocturne, mais elle était partiellement cachée par des nuages menaçants. Le tonnerre grondait, et une pluie torrentielle s'abattait sur le royaume de Redfir, chose qui était plutôt rare pour cette nation dont le climat était réputé pour être chaud et sec. C'était comme si une quelconque divinité était en train de déchaîner sa colère sur ce territoire pourtant paisible en temps normal. Peut-être était-ce réellement le cas ? Peut-être que ce n'était qu'un simple hasard ?


Ou peut-être que cela avait un lien avec la tragédie qu'allait connaître Redfir, et le continent de Kaärann tout entier ?


Le palais royal de ce royaume dormait paisiblement malgré les ténèbres turbulentes de cette soirée. Quelques soldats patrouillaient et montaient la garde dans les jardins et dans les couloirs, dans le but de protéger le château ainsi que la famille royale qui y résidait.

Il fallait croire que de simples gardes ne suffisaient pas face à quelqu'un comme lui...


Un puissant éclair illuminait le ciel, éclairant quasiment toutes les pièces actuellement sombres du palais. Au milieu de l'une d'entre-elles, qui ressemblait à une petite bibliothèque, la silhouette d'un jeune homme aux cheveux d'ébène se tenait debout, le regard rivé vers le sol, et avec ce qui semblait être deux dagues dans chacune de ses mains. Ces dernières était maculées de sang.


La foudre dehors éclairait de nouveau la salle, alors qu'un puissant grondement de tonnerre se faisait entendre. Juste aux pieds de ce mystérieux individu s'étendait un corps qui baignait dans une grande flaque de sang. Ce cadavre représentait un homme plus âgé, et plus costaud. Il portait des vêtements nobles et distingués, et on pouvait voir une couronne en or au sol à côté de sa tête. En voyant une telle scène, il était aisé de deviner que la personne avec les dagues avait assassiné celle qui gisait à présent par terre, les yeux grands ouverts et sans vie. Une large blessure était également visible au niveau de sa gorge.


« Adieu, Roi Moreh... » murmura d'une voix grave le mystérieux assassin qui venait de tourner le dos au cadavre du souverain, et qui s'apprêtait à quitter la salle en le laissant ainsi. Mais soudain, un cri aigu féminin résonna. Le regard du tueur aux cheveux noirs s'était tourné vers une jeune femme brune, âgée d'à peine une vingtaine d'années, qui venait de franchir la porte de la bibliothèque.


« Père... Non... » fit-elle avec les larmes aux yeux, horrifiée par ce qu'elle voyait, à savoir le cadavre de son géniteur au sol. Il s'agissait de la fille unique du roi fraîchement assassiné: La princesse Liz. A la vue de cette demoiselle, le mystérieux régicide ne perdit pas de temps. Une étrange aura pourpre entoura tout à coup son corps, et en une fraction de seconde, il se retrouva derrière la princesse. Celle-ci n'eut pas le temps de réagir. Elle reçut un coup sec et précis au niveau de sa nuque qui l'assomma. Elle s'effondra alors au sol, inconsciente, sous les yeux de l'assassin qui arborait un visage impassible. Mais bien qu'il ne laissait rien paraître, le fait que la princesse Liz ait eu le temps de le voir ne l'arrangeait pas. En plus, son cri avait probablement alerté la plupart des gardes du château. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne débarquent tous dans cette pièce pour constater l'assassinat de leur roi. Le jeune homme ne perdit donc pas de temps, et quitta la salle.


Quelques secondes plus tard, des gardes pénétrèrent dans celle-ci. Et tous furent terrorisés à la vue du cadavre de leur souverain, et de sa fille qui se trouvait inconsciente non loin de lui.


« Laissez-moi passer ! Où est Liz ? Où est ma fille ?! » retentit vivement une voix féminine, alors qu'une femme rousse d'âge mature se faufilait entre les soldats pour arriver jusqu'à la bibliothèque. Mais arrivé dans celle-ci, les yeux de cette dame s'étaient écarquillés.


« Mon dieu... Moreh... »


Sans hésitation, elle s'était précipitée vers le corps du roi, puis s'était accroupie près de lui en le secouant, comme pour tenter de le réveiller.


« Moreh... Moreh !

– Ma reine... intervint alors doucement un soldat. Sa majesté le roi est...

– MOREH ! » cria alors celle qui semblait être son épouse, avant d'éclater en sanglots, en réalisant que son mari n'était plus de ce monde. Ce hurlement déchirant s'était fait entendre dans tout le palais et ses environs, alors que le tonnerre grondait une nouvelle fois en cet instant précis.


Dehors, perché en haut d'une falaise non loin du château dans lequel il venait de commettre son meurtre, l'assassin aux cheveux d'ébène observait le palais. Sa longue chevelure attachée en une queue de cheval flottait au gré du vent, tandis que l'eau de la pluie tombait en cascade sur lui, ruisselant sur tout le long de son corps. Sa tunique verte d'assassin et son pantalon blanc étaient trempés.


« C'est du beau travail, mon cher Seven. »


Une silhouette svelte et légèrement plus haute que celle du tueur l'approcha. Cette mystérieuse personne portait un masque blanc sur lequel était dessiné deux grand yeux noirs, ainsi qu'une tunique et une longue cape encapuchonnée de couleur noire. Il était impossible de voir son physique, et sa voix particulière ne permettait pas de savoir s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. De plus, une étrange aura blanche entourait actuellement cet individu.


« Pff ! fit alors le dénommé Seven sans prendre la peine de regarder son interlocuteur. Je peux connaître la raison de la présence de cet orage ?

– Oh, ça ? C'était juste pour accentuer le côté tragique de la situation ! Et aussi pour rafraîchir un peu les sols de Redfir, que je trouve trop secs !

– Tu ne fais que gaspiller ton énergie pour rien. »


Devant une telle réplique, l'encapuchonné rigola avant de croiser les bras. Son aura disparut ensuite petit à petit, et l'orage qui s'était abattu sur le royaume cessa peu à peu. Le ciel se dégageait progressivement des nuages sombres, laissant entièrement apparaître la lune, qui était d'une beauté saisissante en cette nuit.


« Contrairement à ton aura surhumaine, mon aura climatique ne demande pas autant de ressources que tu le penses, expliqua le masqué alors qu'il tournait lentement autour de Seven. Par contre, elle exige une concentration et une détermination hors-normes. Deux choses que tu ne sembles pas posséder, mon grand. »


Se sentant légèrement insulté par cette remarque qui ressemblait plus à une pique à son égard qu'autre chose, l'homme aux cheveux d'ébène tourna le dos à son homologue.


« Ne te vexe pas, voyons ! C'est juste une petite taquinerie. En tant que boss de notre organisation, je peux bien m'accorder ce privilège de temps en temps, hein ?

– Ridicule... se contenta de murmurer Seven, qui n'était visiblement pas d'humeur à être taquiné par son supérieur de la sorte.

– Seven, tu n'es pas marrant. Mais ce n'est pas grave. Tu as accomplis ta mission avec brio ! Maintenant que le roi Moreh n'est plus, cela risque de plonger tout le continent de Kaärann dans une grande panique. Et c'est quelque chose qui m'arrange. »


Le fameux boss lâcha un petit rire, avant de finalement marcher pour s'éloigner de Seven.


« J'ai une autre mission à te confier, lui dit-il ensuite. Mais on en reparlera plus tard. Tu peux disposer pour le moment. Je t'accorde une journée de repos. Lorsque celle-ci sera passée, utilise la pierre de téléportation que je t'ai donnée pour revenir à notre QG. Je t'expliquerai les objectifs de ta future mission à ce moment là. »


Seven ne répondit pas. Il se contenta juste de lancer un regard noir au masqué, chose que ce dernier remarqua malgré qu'il lui faisait volte-face. Le boss s'arrêta alors de marcher, et se retourna vers son employé. Une distance de quelques mètres les séparaient l'un de l'autre.


« Il y a deux choses que je n'aime pas beaucoup chez toi, Seven, lui révéla l'encapuchonné. Ton regard, et ton côté peu bavard. Tu n'es définitivement pas quelqu'un d'amusant.

– Mortem Regis assassine les personnes de sang et de rang noble pour soi-disant libérer les nations de Kaärann de leurs jougs, mais ne s'est jamais attaqué à un dirigeant d'une nation jusqu'à maintenant, parla l'assassin. Pourquoi avoir pris une telle décision, tout à coup ?

– Soi-disant ? s'étonna alors le boss. Tu doutes donc de la volonté et des motivations de l'organisation pour laquelle tu travailles ?

– Je veux surtout qu'on réponde à la question que je viens de poser. »


Devant cette réponse, et face à l'insolence de Seven, le masqué ne put s'empêcher de rigoler. Il croisa ensuite ses bras, avant de lui répondre:


« Tout est une question de stratégie. Normalement, si tu n'es pas trop bête, tu devrais bientôt comprendre. »


Il lui tourna ensuite le dos, et continua de s'éloigner tout en faisant un signe de la main à l'assassin pour le saluer.


« Quoi qu'il en soit, rendez-vous dans deux jours pour ta prochaine mission ! »


Seven ne répondit rien, et se contenta de regarder son supérieur s'éloigner de lui. Son regard se tourna ensuite vers le château, qui semblait à présent agité suite son passage. Les nouvelles de la mort du souverain de ce royaume allaient rapidement faire le tour de Kaärann, et la paix qui régnait sur ce continent allait définitivement être bouleversée. Le jeune homme tourna finalement le dos au palais royal Firois, et s'en alla à son tour, comme l'avait fait son boss quelques instants plus tôt.



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