Mortem Regis

Chapitre 4 : Retrouvailles et confrontation

3882 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/01/2021 16:56

Cela faisait trois jours qu'Ewen et Harvay avaient quitté la cité d'Emerald. Ils s'étaient dirigés vers le nord, et avaient dû contourner le Col de Nara qui se dressait au centre de la nation des océans. Ils auraient pu traverser ces montagnes pour gagner du temps, mais celles-ci étaient réputées pour abriter des créatures dangereuses. Et la princesse ne voulait faire courir aucun risque à ses soldats. Après cela, ils avaient longé le fleuve qui portait le même nom que ce col, pour arriver jusqu'au village d'Ekko, tout au nord de Vopaqua, près de la frontière qui séparait la nation des océans de celle des flammes. Après s'être reposés, le groupe avait repris la route vers le nord en direction de la ville de Kalora, leur destination. La température se réchauffait au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient sur les terres de Redfir. La végétation n'était pas aussi présente qu'à Vopaqua, et se faisait même de plus en plus rare au fur et à mesure qu'on s'approchait des plateaux de Lavia, et du volcan Sena qui s'élevaient à l'horizon. Ce dernier était un volcan en activité constante, et on pouvait apercevoir un filet de fumée s'élever depuis son cratère jusqu'au ciel.


« Je ne serais pas rassurée de vivre dans une nation avec un tel volcan dans les parages... confia Ewena à son garde du corps, alors qu'elle observait la montagne depuis son carrosse.

– Le volcan Sena peut faire peur vu comme ça, mais il ne représente aucune menace pour Redfir, expliqua Harvay en souriant. Du moins, pour l'instant ! D'ailleurs, une grande partie des richesses de ce royaume, on la doit à ce volcan, et aux minerais et pierres précieuses qu'il renferme. Les Firois le considèrent comme une véritable mine d'or, et sont heureux d'avoir un tel volcan au sein de leurs terres. »


Ewen regarda son interlocuteur avec attention et bienveillance. Harvay était originaire de Redfir, et semblait fier de ses origines. Revenir dans son pays natal devait lui faire énormément plaisir, bien que la mort du roi Moreh l'avait profondément attristé. Cela donnait une raison de plus à la princesse d'éclaircir cette affaire, et si possible d'arrêter le meurtrier à l'origine de cette tragédie.


Quelques heures plus tard, l'escorte avait franchi les portes de Kalora. Le paysage de cette cité était très différent de celui d'Emerald, mais n'en était pas moins agréable à voir. Il n'y avait point d'océan dans les environs, mais les hautes falaises qui s'élevaient à l'extérieur de la capitale Firoise offraient un panorama singulier tout en étant magnifique et en donnant l'impression qu'elles protégeaient cette ville. Les demeures en pierre ocre et décorées avec de rubis avaient un air peu commun mais original et chaleureux. On pouvait également voir des torches enflammées accrochée sur les murs des habitations, ou simplement sur des poteaux de bois alignés le long des larges rues qui menaient droit au palais royal Firois. Ce dernier se dressait fièrement au centre de Kolora. Le carrosse de la princesse Vopaquine et son escorte se dirigeait vers le château, sous les yeux étonnés de certains villageois qui ne s'attendaient probablement pas à une telle visite. Ewen les observa brièvement. Mais elle remarqua rapidement la tristesse sur le visage de tous ces Firois en deuil de leur souverain. Sa tête se tourna ensuite vers Harvey, qui se contentait de regarder les falaises extérieures, l'air grave. Il avait également serré ses poings. C'était comme s'il retenait une certaine colère en lui, malgré son tempérament habituellement calme.


« Harvay, l'appela alors Ewen en souriant. Nous allons mettre la main sur l'enfoiré qui a tué Moreh. Je te le promets. »


Le blond observa sa princesse d'un air surpris. Il comprit rapidement que la bleue voulait lui remonter le moral, et cela le touchait. Toutefois...


« Je pense pas qu'un tel langage soit approprié pour une jeune dame, lui rétorqua-t-il en lui rendant son sourire.

– Je sais. Mais c'est sorti tout seul ! Désolée. »


Le garde du corps ne la réprimanda pas plus que cela. Un enfoiré. C'était un mot qui correspondait parfaitement au meurtrier du roi de Redfir. Et tout comme Ewen, il était bien décidé à lui faire payer ce crime.


Finalement, une fois le carrosse arrêté, le duo en descendit. La princesse aux cheveux bleus avait pris soin de ne pas oublier ses armes: Deux épées aux lames légèrement recourbées, qui pourraient faire penser à deux longues serpes. Nul n'était à l'abri de rien après tout, alors elle préférait se savoir armée. Harvay, lui, avait également pris une épée avec lui qu'il avait accrochée à sa ceinture, à l'instar de la jeune fille. Après s'être échangé un regard, tous deux s'avancèrent un peu plus vers le château Firois. Deux gardes portant tous deux une armure rouge et dorée, et décorée par l'emblème de Redfir qui représentait une élégante flamme, les accueillirent et les conduisirent jusqu'à la salle du trône, là où se trouvait l'épouse du roi défunt: La reine Nefer. Celle-ci était assise sur le siège royal, accoudée de manière nonchalante sur le bras de ce dernier. Sa chevelure rousse ne descendait pas plus bas que ses épaules, et elle portait actuellement une longue robe noire élégante tout en restant simple. D'habitude, Nefer avait des traits sévères, et était connue pour être une femme autoritaire et déterminée. Mais suite au décès de son mari, c'était un visage envahi par la tristesse et l'amertume qu'Ewen et Harvay découvrirent.


« Dame Nefer... parla alors Ewen, qui s'était inclinée devant elle tout comme Harvay.

– Relevez-vous, soupira la reine. De telles formalités ne sont pas nécessaires de votre part. »


Les deux concernés s'échangèrent un bref regard, avant de se redresser. C'était bien la première fois qu'ils voyaient cette dame aussi désemparée. Et cela leur faisait beaucoup de peine.


« Ton père m'a prévenue pour ta venue, Ewen.

– Je vous présente mes sincères condoléances pour le roi, madame. » répondit celle-ci. Nefer se contenta d'observer la princesse aux cheveux bleus avec indifférence. Dans le fond, elle était heureuse de voir la princesse de Vopaqua, et probablement toute sa famille compatir à sa douleur. Mais elle ne parvenait pas à le montrer. Et elle n'avait pas la force de lui sourire, bien qu'elle l'aurait voulu.


« Je n'imaginais pas voir mon époux mourir de manière aussi atroce, confia la reine. Et la réaction de notre fille en voyant la scène...

– Où se trouve la princesse Liz ? demanda alors Harvay. Est-ce qu'elle va bien ? »


Devant une telle question, Nefer soupira de nouveau, alors qu'elle s'était levée du trône pour déambuler un peu.


« La mort de son père lui a fait un choc, expliqua-t-elle. Depuis cette tragique soirée, elle n'a pas quitté ses appartements, et depuis peu, elle ne prononce plus un mot. Elle s'est réfugiée dans un mutisme complet dont je ne parviens pas à la faire sortir.

– La pauvre... pensa Ewen en entendant cela.

– Si vous me permettez... hésita Harvay, qui était un peu gêné de le demander comme cela. Puis-je aller la voir, pour tenter de l'aider ?

– Je peux toujours vous conduire jusqu'à elle, répondit Nefer. Mais si Liz ne me parle pas, cela m'étonnerait qu'elle vous adresse la parole. »


Quelques instants plus tard, la reine Firoise emmena Ewen et Harvay devant la chambre de sa fille, et toqua à la porte.


« Liz, ma chérie. La princesse Ewena et son serviteur Harvay sont venus de Vopaqua pour te rendre visite. »


Mais aucune réponse ne se faisait entendre de l'autre côté. Nefer ouvrit alors doucement la porte, et entra à l'intérieur avec le duo à sa suite. La chambre de la princesse de Redfir était vaste, belle, et un peu enfantine malgré que Liz était à présent adulte. Un grand lit trônait au centre, avec quelques peluches d'animaux en tous genres posés dessus. Des peintures de paysages sublimes étaient accrochées aux murs, et on pouvait également voir un chevalet dans un coin avec une toile posée dessus, et des pinceaux et un peu de peinture non loin. Toutes ces choses démontrait la passion qu'avait Liz pour les animaux et l'art. Néanmoins, la jeune princesse aux cheveux châtains lâchés et vêtue d'une simple robe de chambre rose, était assise près de la fenêtre, observant dehors. Elle n'avait pas réagit au fait que sa mère, Ewen et Harvay venait de pénétrer dans la pièce.


« Princesse Liz ? » se risqua Ewen. Le regard de la princesse Firoise se tourna vers eux, dévoilant son visage ravagé par les larmes.


« Oh, ma chérie... » fit Nefer en se précipitant vers elle, pour la réconforter. Ewen et Harvay observaient la scène d'un air désolé. Voir Liz dans cet état à cause de la mort de son père leur faisait un pincement au coeur. La princesse Vopaquine pouvait imaginer sa douleur. Elle aurait probablement réagit de la même manière si elle perdait un membre de sa famille dans des circonstances aussi désastreuses. De son côté, son serviteur s'était également approché de Liz pour l'aider à se calmer. Ewen poussa un léger soupir. Beaucoup de personnes étaient affectés par le meurtre du roi Firois. Il fallait que le meurtrier paye ! Elle avait fait ce voyage pour enquêter sur lui, et était à présent déterminée à le retrouver. D'un coup d'oeil, elle balaya du regard l'ensemble de la chambre de Liz. Elle trouvait cette pièce belle et chaleureuse, mais un détail étrange attira son attention lorsqu'elle s'était tournée vers le chevalet. Quelque chose était dessiné sur la toile. La princesse aux cheveux bleus s'en approcha pour l'observer de plus près. La peinture dessinée là-dessus, contrairement aux autres toiles qui ornaient la pièce, était sombre et sanglante. La silhouette d'un personnage se tenant debout et de dos y était dessiné. Les vêtements de ce personnage étaient flous, mais on pouvait parfaitement distinguer une longue chevelure noire coiffée en une queue de cheval, ainsi que des dagues maculées de sang qu'il tenait dans ses mains. Aux pieds de ce mystérieux individu de trouvait une autre silhouette, plus sombre et abstraite, qui traînait dans une mare de sang. Cette toile dégageait quelque chose de très violent et malsain.


« Euh... Dame Nefer ? Harvay ? appela alors la jeune fille. Vous avez vu cette toile ? »


Les deux concernés observèrent la toile en question. Harvay afficha un air surpris, tandis que Nefer avait détourné le regard:


« Liz a peint cette toile le jour qui a suivi l'assassinat de mon époux. C'est avec une grande frayeur que j'ai découvert cette peinture. Je n'avais jamais vu ma fille peindre de telles atrocités avant. Mais je pense la personne représentée dessus est l'assassin de Moreh. Avant de se murer dans son mutisme, Liz m'a raconté qu'elle avait vu le tueur. Elle était parvenue à distinguer de longs cheveux noirs et les couteaux dans ses mains qui lui ont servi à commettre son homicide.

– Ce qui concorde donc avec cette peinture... conclut Ewen.

– Si Liz l'a peint de dos, c'est peut-être parce qu'elle n'a pas vu son visage, supposa Harvay.

– C'est un miracle si cet assassin n'a pas tué ma fille dans la foulée... » murmura Nefer, qui regardait à présent sa fille, qui elle-même avait de nouveau rivé ses yeux vers la fenêtre. Ewen réfléchit alors: pourquoi le meurtrier de Moreh n'avait pas tué Liz, qui avait pourtant été témoin de l'assassinat ? S'il l'avait fait, il aurait probablement réduit à néant les chances de le retrouver. Mais il avait choisi d'épargner la princesse. Avait-il eu un soupçon d'humanité à ce moment là ? Ou peut-être qu'il ne voulait, ou ne pouvait éliminer que le roi Moreh ? Mais dans ce cas, dans quel but ? De nombreuses questions traversaient la tête de la princesse de Vopaqua.


Plusieurs heures passèrent, pendant lesquelles Ewen, Harvay et Nefer tentèrent de réconforter Liz, et de la tirer de son mutisme. Malheureusement, il n'y avait rien à faire. La fille du défunt roi demeurait muette comme une carpe, et était en proie à plusieurs crises de larmes par moment. Harvay finit par conseiller aux deux autres de laisser Liz se reposer pour le moment, et tous, sauf la princesse Firoise, sortirent de la chambre. La nuit commençait à tomber à présent. Nefer avait invité ses deux invités à dîner, avant de les conduire dans leurs appartements respectifs, où ils pouvaient se reposer. Ewen et Harvay avaient besoin de repos après la longue route qu'ils avaient empruntée pour venir, mais également pour être en pleine forme afin de commencer leur enquête le lendemain.



C'était une nuit calme qui s'annonçait ce soir là. Bien que le palais de Redfir avait éteint la plupart de ses lumières, de nombreux gardes royaux avaient été déployés depuis le soir du meurtre de Moreh. La sécurité avait particulièrement été renforcée auprès des appartements de la reine, de la princesse, mais également de leurs invités.


Malgré cela, il était quand même parvenu à s'infiltrer là où se trouvait sa cible...


La chambre où dormait Ewen était éclairée par une bougie posée sur une table de chevet non loin du lit. Avançant à pas lents vers ce dernier, Seven venait de s'armer de ses armes: Deux dagues hybrides qui pouvaient également faire office de pistolets. Les mêmes qui avaient tué Moreh de sang froid. Le jeune homme se tenait à présent debout juste à côté d'Ewen, qui était plongée dans un sommeil plutôt paisible. En la voyant ainsi, de nombreux souvenirs s'étaient mis à défiler dans la tête de l'assassin aux cheveux d'ébène. Cela faisait plusieurs années qu'il n'avait pas approché la princesse de Vopaqua d'aussi près. La revoir ainsi lui procura un sentiment étrange. D'un côté, il était heureux de se retrouver à ses côtés après toutes ces années de séparation. Mais d'un autre, il était frustré. Frustré de devoir la tuer alors qu'il la retrouve enfin. Seven se disait que les six divinités de Kaärann continuaient de s'acharner sur lui.


« Non, je ne dois pas me laisser me déconcentrer... se dit-il en gardant son air sérieux. J'ai une mission à accomplir. »


Mais comment allait-il la tuer ? Lui tirer une balle en pleine tête serait la solution la plus simple, la plus rapide, et la moins douloureuse pour Ewen. Mais en faisant cela, il risquait d'attirer l'attention dans cette chambre. Et même s'il avait les moyens de partir avant que les gardes ne rappliquent, il n'avait pas spécialement envie qu'on découvre cet assassinat aussi rapidement. Il pouvait également la poignarder en plein coeur. Ou lui trancher la gorge comme il l'avait fait pour Moreh. Les deux méthodes étaient plus discrètes mais douloureuses, et la mort serait plus lente. L'homme aux cheveux noirs n'avait pas envie de voir une ancienne connaissance comme Ewena mourir dans la souffrance. Mais pour le coup, il n'avait pas le choix. Il inspira un bon coup, et approcha l'une de ses dagues de la poitrine gauche de la jeune fille, visant ainsi son organe vital qu'était son coeur. Il n'avait plus qu'à abaisser la lame d'un coup sec pour la tuer. Cela avait l'air simple à faire, et Seven l'aurait probablement déjà fait s'il n'avait pas connu Ewen. Mais étant donné le passé commun qu'il partageait avec celle-ci, une telle tâche s'avérait extrêmement compliquée pour lui. Le jeune homme décida alors de fermer les yeux. Peut-être qu'il aurait plus de facilité ainsi à poignarder. Malheureusement pour lui, son bras tremblait. Il ne parvenait pas à l'abaisser. Il n'arrivait pas à tuer sa cible. Poussant un soupir discret, l'assassin ouvrit les yeux en baissant son arme.


« Bordel ! Pourquoi je n'y arrive pas ?! » se demanda-t-il en fronçant les sourcils, et en détournant le regard d'Ewen. Mais tout à coup, la bleue se mit à bouger légèrement sur son lit, et ouvrit légèrement les yeux. Mais en remarquant la présence de Seven non loin d'elle, elle les ouvrit complètement, et se redressa vivement sur le lit, probablement pour utiliser sa magie de l'eau sur lui. Mais l'assassin avait, par réflexe, pointé ses armes vers elle.


« Si tu bouges ou si tu cries, je tire. » lui dit-il froidement. Ewen n'eut donc pas d'autre choix que de rester immobile pour le moment. Elle ne pensait pas que quelqu'un s'en prendrait à elle cette nuit. Elle dévisagea petit à petit l'homme qui lui faisait face. En remarquant ses longs cheveux noirs et ses armes, elle se souvint de la peinture de Liz. Elle écarquilla alors ses yeux de stupeur, tout en parlant à voix basse:


« L'assassin du roi Moreh... C'était toi, pas vrai ? »


Seven ne répondit pas. Il se contenta de garder Ewen en ligne de mire avec ses armes.


« Si c'est vraiment toi qui as fait ça, reprit la princesse, Pourquoi avoir fait ça ? Et pourquoi m'attaquer de la sorte ?

– Je me le demande moi-même... » répondit simplement le garçon aux cheveux noirs, au grand étonnement de la bleue qui ne comprenait pas vraiment cette réaction.


« Attends. Tu n'avais aucune raison particulière de l'assass...

– Tu ne me reconnais pas ? » le coupa Seven avant même qu'elle n'ait pu finir sa phrase. Ewen en fut abasourdie.


« Je t'ai demandé si tu me reconnaissais, répéta-t-il en constatant le silence de la princesse.

– Parce qu'on est censé se connaître ? »


Devant une telle question, Seven demeura quelques instants sans rien dire, avant de finalement baisser ses dagues hybrides en détournant son regard de la jeune fille.


« Alors, tu ne te souviens pas de moi... » murmura-t-il, la déception se lisant facilement sur son visage. La princesse Vopaquine n'était pas sûre de tout comprendre. Mais elle savait une chose: elle devait mettre cet homme hors d'état de nuire avant qu'il ne fasse une autre victime. Profitant du moment d'inattention de l'assassin, Ewen fit apparaître un puissant jet d'eau entre ses mains qui fonça droit vers lui, le touchant et le propulsant vers une armoire qu'il percuta de plein fouet. Le meuble s'était effondré sous son poids, et Seven s'était retrouvé au sol, un peu sonné.


« Eh merde... » grogna-t-il, alors qu'Ewen en avait profité pour attraper ses deux épées, avant d'accourir vers son opposant, et de l'immobiliser en pointant l'une de ses armes vers lui.


« Je te conseille de ne plus bouger ! » le prévint-elle sur un ton menaçant. Mais cela n'eut que pour seul effet de faire sourire l'assassin, dont le corps venait de s'entourer d'une aura pourpre, à l'étonnement de la fille:


« Qu'est-ce que... ? »


Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de bouger, et sans savoir comment il s'y était pris, Seven avait disparu en une fraction de seconde, pour se retrouver juste derrière elle.


« Sinon quoi ? » la nargua-t-il, avant de lui donner un coup de pied. Ce n'était pas un coup de pied spécialement violent. Mais étant donné que l'aura de Seven était activée, sa force s'en retrouvait décuplée. Le coup avait donc envoyé Ewen s'écraser sur une table de l'autre côté de la chambre. La princesse aux cheveux bleus mit quelques secondes à se relever, non sans quelques bleus et courbatures. Mais elle était stupéfaite. Elle avait senti une force incroyable dans la frappe qu'elle venait de se prendre.


« C'est quoi cette puissance titanesque ? T'es qui au juste ? demanda-t-elle à l'assassin.

– Cherche dans tes souvenirs, répliqua Seven.

– Mais je ne sais pas qui tu es, espèce d'idiot ! » s'écria la princesse qui avait foncé vers lui avec ses épées pour l'attaquer directement. Elle enchaînait une multitude d'attaques rapides avec ses lames. Néanmoins, Seven était tout aussi vif et parvenait tantôt à parer avec ses dagues, tantôt à esquiver les frappes de son adversaire.


« J'ignorais que tu avais appris à te battre entre-temps, toi aussi, admit l'homme à la tunique verte, alors qu'il venait de bloquer à nouveau une attaque de la jeune fille.

– Sérieusement, qui es-tu ? demanda Ewen en fronçant les sourcils. Si on se connait vraiment, dis-moi au moins qui tu es ! »


Mais alors que Seven allait répondre, des bruits de pas se firent entendre dans le couloir, et se rapprochèrent de plus en plus de la chambre. C'était probablement des gardes qui avaient été alertés par le boucan provoqué par leur bagarre.


« Merde... » pensa l'assassin qui avait poussé violemment Ewen en direction du lit, et qui s'était servi de sa vitesse surhumaine pour disparaître. La vitre de l'une des fenêtres de la chambre éclata en mille morceaux, alors qu'on venait de défoncer la porte de la chambre. Harvay et Nefer, accompagnés de quelques gardes, débarquèrent et constatèrent avec effroi les dégâts.


« Oh mon dieu... murmura Nefer.

– Ewen ! » s'écria Harvay en se précipitant vers sa princesse, qui était allongée sur le lit. Il l'aida à se relever en lui demandant si elle n'avait rien de cassé.


« Je vais bien, assura la jeune fille aux cheveux bleus. Mais l'assassin de Moreh, il était là ! Et il vient de s'échapper ! » expliqua-t-elle en montrant la fenêtre brisée. Nefer se tourna alors vers ses soldats.


« Déployez les troupes dans le château et dans toute la ville ! Que personne n'entre ou ne sorte de Kalora jusqu'à nouvelle ordre !

– A vos ordres ! » s'exclamèrent à l'unisson les gardes, qui s'exécutèrent aussitôt. Ewen s'était avancée vers la fenêtre par laquelle était passée Seven pour s'enfuir. Elle ne s'attendait absolument pas à vivre une chose pareille dès son arrivée au château de Redfir. Mais quelque chose l'intriguait vraiment: Qui était ce jeune homme qui se disait être l'une de ses connaissances ? Il fallait qu'elle y réfléchisse. Peut-être que cela l'aiderait dans son enquête.


Ou pas.



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