Mortem Regis

Plusieurs jours s'étaient écoulés à Kaärann. Au château royal de Vopaqua à Emerald, le roi Othéo, assis à son bureau, affichait un air dépité. Il venait de lire un message envoyé par Ewen disant qu'elle comptait se rendre au royaume de Vegario. Le souverain ne s'attendait absolument pas à une telle décision de la part de sa fille aînée.

« Ewen ne se rend pas compte du danger auquel elle s'expose... » murmura l'homme aux cheveux bleus, alors qu'on frappa à la porte de son office. Othéo poussa un soupir, avant de lever sa tête en direction de la porte.

« Entrez. » ordonna-t-il. La porte s'ouvrit alors, laissant apparaître la jeune Irina, ce qui surprit le roi qui s'attendait plutôt à voir sa femme, un garde ou un serviteur.

« Papa ? se risqua Irina. Je peux ?

– Entre ma chérie. » l'invita son père en souriant légèrement, tentant de cacher le plus que possible son inquiétude pour Ewen. La soeur cadette de celle-ci se rapprocha alors doucement d'Othéo en arborant un air attristé.

« Est-ce qu'Ewen revient bientôt ? » demanda-t-elle. Le souverain s'en était douté. Il n'était pas le seul à s'inquiéter pour Ewen. Sa femme Saya, et ses autres filles Irina et Fiona se faisaient également du sang d'encre pour elle. Cela faisait déjà plus d'une semaine que la princesse héritière avait quitté Vopaqua pour Redfir. Othéo aurait voulu rassurer Irina en lui disant que sa grande soeur allait revenir bientôt. Mais si celle-ci avait prévu de se rendre à Vegario, alors son retour à la nation des océans se ferait bien plus tard que prévu. Toutefois, il se leva pour s'avancer vers l'adolescente, et posa sa main sur la tête de celle-ci avec un sourire bienveillant.

« Ne t'inquiète pas. Elle sera de retour très bientôt. Je sais que tu es très inquiète pour elle, mais il ne faut pas t'en faire. Ewen est très forte, après tout. »

Ces belles paroles ne semblaient pourtant pas suffire pour faire disparaître l'inquiétude chez la jeune fille.

« Fiona, parla-t-elle alors en regardant son père. Elle est tombée malade, et a de la fièvre. »

Ce fait surprit grandement Othéo, qui demanda à Irina de le conduire jusqu'à sa petite soeur au plus vite. Chose qu'Irina fit.

Arrivés dans la vaste, mais belle chambre de la plus jeune des princesses de Vopaqua, le roi constata les faits: Fiona, souffrante, était allongée sur son lit avec un tissu humide posé sur son front. A ses côtés, Saya, assise sur le bord du lit, veillait sur elle. Mais en remarquant la présence son mari et d'Irina, la reine se leva. Elle ne dit rien, et se contenta de s'écarter du lit pour laisser Othéo s'approcher de Fiona. Celle-ci avait les yeux clos, comme si elle dormait. Mais la légère grimace qui déformait son joli visage témoignait de la souffrance qu'elle subissait.

« La nouvelle concernant la mort du prince du Vegario lui a fait un choc, expliqua Saya à son époux. Et avec Ewen et Harvay qui ne sont toujours pas revenus, son état s'est aggravé. »

Le souverain observa tristement la plus jeune de ses filles. Fiona avait toujours eu une santé fragile depuis sa naissance. C'était d'ailleurs à cause de ce fait qu'elle était le seul membre de la famille royale Vopaquine qui n'a pas pu développer sa maîtrise de la magie de l'eau, et qui avait fini par perdre cette faculté pourtant innée chez les natifs de cette nation. Elle était vulnérable à des poussées de fièvres, et à des crises de stress et d'angoisse. Ce n'était donc pas très étonnant de la retrouver ainsi alitée suite à tous ces évènements tragiques survenus sur le continent.

« Est-ce qu'elle ira mieux ? demanda Irina qui s'était accrochée au bras de sa mère, mais qui n'avait pas lâché sa petite soeur des yeux.

– Ca lui passera, la rassura Saya en souriant légèrement. Mais il lui faut beaucoup de repos.

– Je ne suis pas sûr que le repos suffira, cette fois... » murmura Othéo, à l'étonnement des deux autres. Le roi s'était agenouillé, et avait saisi la main de Fiona dans la sienne, tout en continuant de parler.

« Il faut se rendre à l'évidence: Après les morts de Moreh et du prince Aelan, et l'attaque qu'a subi Ewen, rien ne va plus sur ce continent. Et si nous ne faisons rien pour arrêter les meurtriers responsables de ces crimes, cela continuera jusqu'à ce que toutes les familles dirigeantes ne soient plus de ce monde. Sans compter les conflits qui affectent certaines nations à cause de tout cela, et qui nuisent à la population...

– Que suggères-tu ? lui demanda sa femme. Nous ne savons rien des criminels responsables de ces actes atroces.

– Je pense qu'Ewen doit savoir des choses à leur sujet. Après tout, elle a croisé le fer avec celui qui a assassiné Moreh. Et puis elle disait avoir une piste à ce sujet, bien avant de quitter notre palais. J'aimerais en savoir plus à ce sujet. »

Il lâcha alors la main de Fiona, avant de se relever. Il observa ensuite Irina, avant de tourner ses yeux vers Saya avec détermination.

« Ewen a prévu de se rendre à Vegario pour continuer ses recherches. Je compte la rejoindre, à la fois pour l'aider et pour la ramener ici saine et sauve.

– Othéo, tu n'y penses pas, tout de même ! s'exclama Saya qui trouvait une telle idée risquée. Tu es le roi de ce royaume. Ton peuple a besoin de toi. Et puis, voyager à travers le continent alors qu'il y a tout ces meurtres, ce n'est pas prudent !

– Si même mon épouse se met à me sous-estimer... » fit le souverain avec un léger sourire, tandis qu'il s'était approché de la concernée pour saisir ses mains dans les siennes.

« Je comprends ton inquiétude, Saya. Et je suis conscient de mon devoir de souverain. Mais Kaärann tout entier est en train de plonger petit à petit dans un chaos sans précédent. Si personne ne fait rien pour empêcher cela, je n'imagine pas les conséquences désastreuses que cela aura au sein de tous les peuples de ce continent.

– Est-ce vraiment raisonnable de risquer ta vie de la sorte, tout comme le fait notre tendre Ewen ?

– Raisonnable, non, admit le roi. Nécessaire, oui. En particulier pour Fiona. »

Saya et Irina ne savaient pas quoi dire, ni quoi faire pour dissuader Othéo de partir. Elles auraient préféré que le roi reste à leur côté durant cette dure période. Mais d'un autre côté, il n'avait pas tort concernant la catastrophe qu'allait connaître Kaärann face à tous ces événements. Et puis il y avait aussi Ewen et Harvay qui comptaient se rendre à Vegario. Ce fut à contre-coeur que mère et fille se résignèrent à accepter la décision du souverain aux cheveux azurs.

Au même moment, la princesse Ewen ainsi que son serviteur Harvay avaient quitté Redfir, et traversé la grande nation de Grendia, chacun à dos d'un cheval à la robe blanc. La jeune fille avait pris la décision de se rendre à Vegario sans son escorte, et avait choisi d'ordonner à ses soldats de veiller sur la famille royale Firoise. Harvay n'approuvait pas spécialement cette idée qui faisait d'eux deux des cibles à présent vulnérables, mais Ewen avait préféré privilégier la discrétion à la protection. Selon elle, si quelqu'un avait attenté à ses jours lorsqu'elle était à Redfir, c'était parce que sa venue à Kalora s'était trop faite remarquée. Elle espérait ainsi qu'en se séparant de son escorte, et qu'en voyageant incognito sur les terres Vegarionnes, elle diminuerait les chances de se faire attaquer de nouveau par celui qui cherchait probablement à la tuer. Le duo pénétrait à présent dans la nation de Vegario, et plus précisément dans la forêt Aevia située au nord-ouest de celle-ci. Leur destination était Rhéa, la capitale qui se trouvait au centre de ce pays. Ils avaient encore une longue route à faire, même à dos de cheval, avant de l'atteindre.

Le paysage de la nation des forêts contrastait beaucoup avec les autres régions que les deux amis avaient pu visiter jusqu'à maintenant. La quasi-totalité des terres Vegarionnes étaient recouvertes par d'immenses forêts à la végétation très variée. Les arbres hauts et aux feuillages épais ne laissaient que peu de place à la lumière du soleil. Mais cette luminosité tamisée combinée à toutes les variétés de plantes colorées qu'on pouvait trouver donnait un air féérique et enchanteur à l'endroit.

« C'est magnifique... murmura Ewen, qui semblait émerveillée par un tel lieu.

– C'est vrai, approuva Harvay. Mais ne te fie pas aux apparences. Les forêts à Vegario sont réputées pour être très dangereuses. Surtout lorsqu'on ne connait pas les environs, ce qui est notre cas. »

Le jeune homme avait raison, et la princesse le savait. Elle avait déjà entendu parlé de créatures vicieuses qui hantaient ces environs. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était les tribus et les clans qu'on pouvait trouver. Vegario était une nation particulière. Bien que ce royaume comptait trois villes principales nommées Rhéa, Loti et Naak et dans lesquelles se concentrait une grande partie de la population Vegarionne, il existait divers clans et tribus qui peuplaient les fins fonds des forêts. Et certains d'entre-eux étaient très hostiles vis-à-vis de ceux et celles qui osaient poser un pied sur leur territoire. Ewen et Harvay devaient donc faire attention à ne pas tomber dans une quelconque embuscade. Surtout qu'ils n'avaient pas beaucoup de place pour s'échapper au galop, les routes de ce pays étant plutôt étroites.

Dans cette même forêt, le jeune Shira, qui n'avait pas de monture, était obligé de la traverser à pied en direction de l'empire de Xen au sud. Durant son périple à la république de Grendia, il était passé par le village de Moa située à l'ouest, et non loin de la frontière séparant la grande nation de celle des forêts. Il s'était acheté une épée à une main qu'il avait accrochée derrière son dos, ainsi qu'une dague qui pendait à sa cuisse. L'adolescent avait aussi ses mystérieux bracelets magiques aux poignets. Malgré qu'il était armé jusqu'aux dents, il n'était pas rassuré par l'endroit. Lui aussi connaissait la réputation des tribus et des clans Vegarions. Et il priait les divinités de Kaärann pour qu'elles lui permettent d'atteindre les terres de Xen sans trop de problèmes.

« Bon sang... pensa-t-il, alors qu'il scrutait les environs tout en continuant de marcher. J'ai l'impression d'être oppressé malgré cet environnement qui semble pourtant paisible au premier coup d'oeil. Ce n'est pas agréable comme sensation. »

Tout à coup, il entendit un craquement de feuille derrière lui. Il se figea alors sur place, n'osant pas se retourner tout de suite. Mais en entendant de nouveau ce même bruit quelques secondes plus tard, il se retourna vivement tout en dégainant son épée.

« Montrez-vous... » ordonna-t-il, alors qu'il regardait partout autour de lui. Il ne distinguait aucune silhouette parmi les centaines de troncs d'arbres qu'il pouvait voir. Voyant au bout d'une vingtaine de secondes que personne ne se manifestait, le jeune prince souffla un bon coup, avant de ranger son arme. Il se disait qu'il avait dû rêver, ou que son imagination lui jouait des tours. Il reprit alors sa marche vers le sud, sauf qu'il avait accéléré son allure. Il voulait quitter cette forêt qu'il trouvait plus sinistre que féérique au plus vite. Mais tout à coup, un filet qui était dissimulé sous de la terre s'était refermé sur lui, avant de s'élever avec lui pour se suspendre à la branche d'un arbre, lui arrachant un cri de sursaut, tant il ne s'y attendait pas. Il venait de tomber dans un piège.

Au même instant, Ewen et Harvay avaient arrêté leurs destriers. Ils avaient entendu un cri masculin non loin de leur position. Celui de Shira en l'occurrence.

« C'était quoi ça ? demanda la princesse Vopaquine, inquiète.

– Je l'ignore, mais on ferait mieux de ne pas s'éterniser ici.

– Quelqu'un est peut-être en danger. On ferait mieux d'aller voir !

– Attends Ewen ! C'est trop dange... »

Mais avant qu'il n'ait pu achever sa phrase, Harvay vit sa princesse diriger son cheval en direction du point d'où semblait provenir ce hurlement. Devant l'entêtement de la jeune fille, le blond soupira, mais la suivit tout de même.

Le prince de Xen, de son côté, grognait intérieurement de rage. Il en avait assez ! D'abord les nombreux bandits qu'il avait croisés et affrontés à plusieurs reprises à Grendia, et maintenant ça ? ! Shira commençait à croire qu'il n'était pas aussi béni des dieux qu'il le disait souvent.

« Serais-je devenu maudit, entre-temps ? » se demanda-t-il, alors qu'il se débattait pour attraper sa dague. Une fois l'arme en main, il commença à couper les cordes épaisses qui composaient le filet qui le retenait prisonnier. L'opération dura deux bonnes minutes, avant que le filet ne se déchire grâce aux coupures. L'adolescent chuta d'assez haut, et tomba au sol, dos contre terre.

« Aïe... »

Heureusement, le jeune garçon n'était pas blessé. La chute avait été douloureuse, mais pas suffisamment pour le clouer par terre. Il se releva assez vite, et observa ce qui restait du filet suspendu. Si un piège avait été installé par ici, cela signifiait que des chasseurs d'un clan, ou d'une tribu Vegarionne n'étaient pas loin. Shira savait qu'il devait décamper de ce lieu en vitesse. Mais au moment où il s'apprêtait à le faire, il les vit parmi les arbres: une dizaine de silhouettes ayant chacune une longue chevelure noire qui l'encerclaient. Elles étaient toutes armées d'épées ou d'arcs, et s'avançaient à pas lents vers le prince Xenois, qui avait automatiquement dégainé son épée. S'il s'écoutait, il se serait défendu avec ses bracelets. Mais il n'avait pas spécialement envie d'allumer un incendie ravageant l'une des forêts de cette nation, car un tel acte était passible de la peine de mort. L'adolescent opta alors pour une approche pacifique pour le moment, malgré son arme à la main.

« Euh... Messieurs dames... se risqua-t-il en souriant nerveusement. J'ignorais que vous chassiez par ici. Je ne faisais que passer. Je suis désolé d'avoir... d'avoir activé votre piège.

– Un gamin seul armé d'une épée ? Voilà une chose qu'on ne voit pas souvent par ici ! répondit un homme du groupe.

– S'il est armé, ce n'est pas pour rien, affirma une femme. On devrait le capturer et le ramener avec nous.

– Elle a raison ! » approuvèrent plusieurs des autres personnes. Autant dire que Shira était en mauvaise posture. Déjà qu'il n'était pas un redoutable combattant à l'épée, si en plus il devait tenir tête à dix adversaires en même temps, c'était une bataille perdue d'avance. Mais en voyant que l'une de ces personnes, un homme armé d'une épée, avait avancé vers lui pour le frapper, le Xenois qui tenait à la vie n'avait pas d'autre choix que de se défendre du mieux qu'il pouvait. Faisant un pas sur le côté, il évita de justesse la frappe de l'homme. Mais celui-ci enchaîna avec plusieurs attaques que Shira para tant bien que mal. La carrure plutôt imposante de cet inconnu rendait ses coups puissants, mais le ralentissait. A l'inverse, le prince de Xen à l'allure fluette et légère n'avait pas autant de force, mais pouvait se déplacer plus rapidement. Se contentant d'abord d'esquiver ou de parer, il passa tout à coup derrière l'homme en sortant sa dague, et planta celle-ci dans la cuisse de son opposant, qui hurla de douleur en tombant à genoux au sol.

« Désolé... » s'excusa Shira, alors qu'un autre épéiste, une femme, cette fois, l'avait pris d'assaut. Tout comme avec son adversaire précédant, l'adolescent se contenta de bloquer ou d'éviter ses frappes. Malheureusement pour lui, cette personne qui l'attaquait était plus rapide, et parvint à donner un coup de pied au ventre du prince, qui était obligé de reculer. La Vegarionne profita qu'il soit ainsi déstabilisé pour foncer de nouveau vers lui, et l'embrocher avec son épée. Mais avant qu'elle n'ait pu l'atteindre, Shira avait envoyé sa dague se planter dans le bras droit de la femme.

« Argh ! Putain ! s'exclama celle-ci, alors qu'elle observait le sang couler de sa blessure.

– Pardonnez-moi, je ne voulais pas... tenta de se justifier Shira, qui n'était pas vraiment fier d'une telle prouesse.

– Ferme ta putain de gueule, enfoiré ! » hurla un archer en tirant une flèche en direction du Xenois, qui avait fait un pas sur le côté pour éviter le projectile. Mais il n'avait pas été assez rapide pour l'esquiver complètement: la flèche avait effleuré son épaule gauche, déchirant sa tunique et entaillant légèrement sa peau hâlée à ce niveau. Shira avait senti un picotement, mais ne s'en alarma pas pour l'instant. Il était trop concentré à se défendre face à cette petite armée pour se soucier d'une telle blessure. L'affrontement dura encore plusieurs dizaines de secondes qui semblaient interminables pour l'adolescent. Ce dernier commençait à fatiguer, et n'allait plus tenir très longtemps. Mais alors qu'il pensait que tout était fini pour lui, un hennissement de cheval se fit entendre. Ewen, à dos de son cheval, galopait en direction de ce groupe, et utilisa ses pouvoirs pour invoquer un puissant jet d'eau qui balaya une partie des individus. Puis, tout en dégainant ses deux sabres, elle sauta de son destrier, et accourut vers une archère qui avait Shira en ligne de mire, avant de la frapper pour l'achever. Elle en fit de même avec d'autres Vegarions qui voulaient l'attaquer. Si Shira s'était montré hésitant à blesser toutes ces personnes, Ewen, elle, n'avait pas peur de le faire. D'ailleurs, le prince Xenois trouvait cette jeune fille impressionnante. Elle se battait avec grâce, et parvenait facilement à mettre au tapis ses opposants qui étaient pourtant plus nombreux qu'elle. Harvay, pendant ce temps, était descendu de son cheval pour se précipiter vers l'adolescent. Celui-ci avait l'air épuisé et était légèrement blessé à l'épaule, mais il semblait aller bien malgré tout.

« Reste auprès de moi. » lui conseilla le blond, alors qu'il s'était mis en garde avec son épée face aux individus qui se faisaient de plus en plus nombreux. Tout comme Ewen, Harvay était expérimenté dans le domaine du combat. C'était donc sans trop de difficulté qu'il parvenait à éliminer ceux qui s'approchaient trop de lui ou de Shira. Cette bataille était plutôt longue et laborieuse, mais à force de persévérance, la princesse aux cheveux bleus et son serviteur avaient réussi à faire fuir les chasseurs restants.

« Eh bah ! Je constate que ce qu'on dit des tribus de Vegario est vrai... » affirma Ewen, alors qu'elle rangeait ses armes. Harvay en avait fait de même, et s'était tourné vers Shira.

« Ça va aller, jeune homme ? Rien de cassé ? demanda-t-il en s'abaissant à la hauteur du Xenois.

– Ne vous en faites pas, je suis plus costaud que j'en ai l'air, assura l'adolescent en souriant sincèrement. Merci pour votre aide. Votre manière de combattre est vraiment impressionnante ! »

Ses yeux s'étaient tournés vers Ewen qui s'avançait vers eux, tout en lui faisant un signe de la main avec un sourire bienveillant. Shira lui rendit son sourire, mais ce dernier disparut rapidement pour laisser place à un visage horrifié, alors qu'il apercevait une archère qui avait la princesse en ligne de mire.

« Attention ! Derrière vous ! » cria-t-il à son adresse. Ewen se retourna vivement, et vit la femme qui la visait avec son arc. Harvay voulut se précipiter vers sa princesse pour la protéger, mais il était trop loin pour faire quoi que ce soit. C'est alors qu'un coup de feu retentit. Une balle venait de traverser le crâne de cette chasseuse, qui s'effondra au sol sans vie.

« Qu'est-ce que... ?! » pensa Ewen, alors qu'elle cherchait des yeux l'endroit d'où provenait ce tir. En levant la tête, elle remarqua une silhouette debout sur une branche d'arbre. Harvay et Shira ne mirent pas longtemps à la voir à leur tour. C'était un jeune homme vêtu d'une tunique verte à manches courtes, et d'un pantalon blanc. Il portait également une capuche noire, dont l'ombre dissimulait la moitié de son visage. Il avait en main une dague hybride dans laquelle était intégrée un canon de pistolet. C'était avec cela qu'il avait abattu celle qui avait failli tuer Ewen.

« Hey ! Toi ! » l'interpella Harvay, alors que l'individu en question venait de ranger son arme. De son côté, Shira était stupéfait par une telle intervention. Mais il afficha un visage complètement abasourdi en remarquant un certain bracelet que portait cet homme au poignet. Il s'agissait d'un porte-bonheur Xenois composé de perles rouges et beiges. Le même que celui que le prince avait offert à Seven quelques jours plus tôt. L'adolescent s'avança alors de quelques pas vers l'arbre en haut duquel était perché le mystérieux garçon, pas si mystérieux que cela à ses yeux.

« Seven ? C'est toi ? »

Alors qu'Ewen et Harvay furent étonnés de voir que celui qu'ils avaient sauvé connaissait cet homme, ce dernier semblait avoir serré les dents, avant de sauter de branche en branche aussi vite qu'il le pouvait pour s'éloigner des autres.

« Qu'est-ce qui lui prend ? demanda Ewen, qui ne comprenait pas.

– Hé, attends ! » s'écria Shira qui s'était rapidement mis à la poursuite de l'assassin, prenant au dépourvu Ewen et Harvay.

« Attends, petit ! Ne pars pas tout seul comme ça ! » fit le blond qui se mit à suivre le jeune prince. Ewen était complètement perdue en cet instant. En vérité, elle trouvait que ce dénommé Seven ressemblait beaucoup à celui qui avait tenté de l'assassiner lorsqu'elle était à Redfir. Mais était-ce réellement la même personne ? Étant donné que ce Seven venait de la sauver, il y avait de quoi douter. Mais elle devait en avoir le coeur net. Elle imita alors Harvay, et se mit à suivre Shira également.