Monstermen : Les Gardiens des Mondes

Chapitre 13 : Metal Monster Night

4356 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/11/2021 21:34

La journée se terminait pour la ville de Chartres, et les gens rentraient chez eux, alors que les premières couleurs du nouveau crépuscule se peignaient dans le ciel. Le froid hivernal était plus que présent. Mais ce n'était pas le froid qui empêcherait Alcina et ses camarades de poursuivre leur mission. Ayant tous été rendus invisibles aux yeux des humains par le voile créer par Lordran, le groupe de monstres se tenaient à l'ombre d'une ruelle coincée entre deux bâtiments dans le centre-ville, et observaient avec attention ce qui se passait. Sur le trottoir d'en face, se trouvait un modeste bar, Le Jungle Café, où devait avoir lieu le concert du groupe de musique d'Isaac. Des jeunes s'étaient rassemblés devant l'entrée du bar et sont entrés, tous vêtus d'habits métalleux. Alcina regarda attentivement, mais ne vit pas venir Isaac. Peut-être qu'il était déjà à l'intérieur, du moins elle l'espérait.

Alcina, Lordran et Amon entendirent des pas tranquilles s'approcher d'eux depuis le fond obscur de l'allée et se tournèrent. Ils virent que c'était Tavros et UR-66 qui venaient de finir leur ronde dans le secteur et n'avaient repérés aucune menace.

_ Que faisons-nous maintenant? demanda Amon, les bras croisés et le dos contre un mur.

_ On ne peut pas risquer d'aller tous dans ce bar. Si des humains nous repèrent, ce sera la panique générale, ajouta Lordran.

_ J'irai seul, pour voir ce qui se passe. Je vous dirais quand le spectacle se terminera et ce que nous devrons faire ensuite, déclara Alcina à qui Lordran avait confiée le commandement de cette opération, lui faisant entièrement confiance.

Les autres monstres semblaient d'accord avec l'idée de la comtesse et décidèrent de la laisser faire. Faisant confiance à son voile d'invisibilité, Alcina commença à traverser la rue en direction du bar, tandis que les autres restaient cacher dans l'ombre, attendant le signal.

Alcina put passer sans aucun problème devant d'autres personnes en pleine discussion et entra dans le bar sans se faire repérer. A l'intérieur, une bonne ambiance régnait. Au fond du bar, des métalleux étaient réunis autour d'une petite scène en bois, et attendaient le début, bavardant entre eux en buvant des bières. Afin d'avoir une bonne vue d'ensemble, Alcina monta sur une rambarde de l'étage supérieur, qui heureusement était déserte de toute présence hormis elle. Elle observait tous ces jeunes, qui n'étaient pas au courant de ce qui se passait en ce moment pour la survie de ce monde, et il valait mieux qu'ils ne le sachent pas, même si le temps pressait.

Quelques minutes passèrent, puis enfin, Isaac, Aurélien et Mathilde arrivèrent sur la petite scène, sous les cris et quelques applaudissements du petit public venu les voir. Isaac portant toujours sa tenue avec sa veste et son chapeau, et sa basse à la main, vérifiait le micro devant lui. Mathilde était vêtue d'un t-shirt noir à tête de mort, d'un pantalon noir avec une ceinture cloutée, et vérifiait les branchements de sa guitare. Derrière eux, Aurélien, finissant sa cigarette, était vêtu d'une veste en jean sans manches et de mitaines de cuir sur les mains, s'assit derrière la batterie et donna quelques coups pour vérifier les cymbales de la batterie. Tous trois s'étaient maquillés, le visage peint en blanc grisâtre et couvert de veinules noires et de faux sang. Alcina haussa un sourcil devant une telle chose. Après vérification, en jouant quelques notes de basse pour tester, Isaac demande aux autres si tout allait bien pour eux, puis se mit à parler au micro face à la petite foule.

_ Bonsoir à tous, j'espère que vous allez bien ! Merci à chacun d'entre vous d'être venu ce soir voir notre tout premier concert ! Nous sommes les Dark Souls, et ce soir nous allons dévorer les vôtres !

Le petit public cria avec force et enthousiasme. Alcina trouvait cela à la fois étrange mais amusant. Elle regarda Isaac avec un sourire, voyant qu'il avait l'air plus assuré que la dernière fois et encore, son cœur battait plus fort quand elle le regardait. Le groupe commença les premières notes de leur première chanson, que Isaac avait nommé "The Black Pharaoh". Aurélien se mit à frapper la batterie dans un rythme à la fois puissant et d'une cadence lente, accompagné des sons tonitruants de la guitare et de la basse. Le public commença à headbanger, secouant la tête et les cheveux dans tous les sens, tout en levant les mains et en faisant le signe des cornes du diable. Mathilde, tout en jouant de la guitare, secouait aussi la tête en rythme. Isaac sourit en regardant ses deux amis, puis se tourna vers le micro pour commencer à chanter dans un chant guttural, tout en pinçant les cordes de sa basse, une musique lente et puissante de ce qui ressemblait à du post-black metal, résonnant à travers le bar.

_ He is the scourge

He is the wounds

He is the purge

Who brings the final dooms

The plague of mental madness

The peddler of total sadness...


In a dark procession

He walks slowly

In a cold depression

Serenely

He is them

They are him

Prodigy of the gods’ brain

The grim

Coming from a land of fire

As a messenger of the impious

Of the false beliefs the purifier

And the callous...


Isaac s'arrêta de chanter, secouant légèrement la tête et accompagnant en rythme son amie Mathilde, et Aurélien derrière eux, frappant toujours tambours et cymbales de toutes ses forces. Le public semblait également très enthousiaste. Du balcon, Alcina regardait avec une certaine admiration. Elle, qui avait déjà entendu la musique métal depuis la chambre d'Isaac, commençait à aimer cette musique si particulière, à la fois si violente mais mélodique, paraissant rustre et pourtant profonde et criante de vérité. Dans sa poitrine, Alcina sentit son cœur battre, et dans son esprit, elle se retrouva presque à encourager le groupe, en particulier Isaac. Mais soudain, elle remarqua une personne en particulier dans le bar qui avait l'air étrange. L'inconnu se tenait au fond, le dos appuyé contre le mur, les bras croisés et fixait en particulier vers Isaac. Mais le plus troublant était sa tenue, qui certes aurait pu faire croire à un fan de black metal, mais qui laissait aussi penser à une bure de moine. Vraiment étrange, se dit Alcina et remarquant que personne ne semblait faire attention à cet inconnu dans le bar.

Après quelques riffs acérés, Isaac revint au micro pour commencer le refrain, et Mathilde chanta avec lui pour cette partie, toujours sur ce ton lent et guttural.

_ A sudden attraction

Forces me to follow the crowd

In a morbid fascination

I let myself be wowed

Despite my cartesian mind

The eyes of the black pharaoh

Make my conscience blind

In a cry of absurd woe...


Une heure plus tard, le concert s'était terminé et la plupart des spectateurs sortaient ou se dirigeaient vers le bar pour un dernier verre. Au fond du bar, dans une petite pièce à usage de salle de repos, Isaac, Mathilde et Aurélien s'étaient réunis, fatigués et satisfaits de ce premier concert. Aurélien était assis devant un petit miroir défraîchi et était occupé à s'essuyer le visage. Mathilde était assise sur une chaise, le visage en sueur et buvait une bière.

_ Je t'avais dit que ce serait une putain de première! Aurélien éclata de rire avec un grand sourire satisfait.

_ Oh oui... putain, j'aurais aimé que ça dure plus longtemps... Prochaine étape maintenant : trouver d'autres dates, dit Mathilde avec le même enthousiasme.

Isaac s'était un peu éloigné, s'était nettoyé le visage et avait rassemblé ses affaires pour se préparer à partir. Posant sa basse sur le dos, il se leva et se dirigea vers ses deux amis.

_ Tu rentres déjà ? demanda Aurélien en s'allumant une cigarette.

Isaac hocha la tête.

_ J'ai des heures de sommeil à rattraper. Et vous, vous allez faire quoi ? Isaac demanda à ses amis.

_ Je pense qu'on va boire un verre et puis on rentrera chez nous aussi. J'avoue que ce concert m'a tuée, Mathilde a répondu.

_ Bah, tu es si fragile, dit Aurélien, sa voix moqueuse mais pas méchante.

Ils rirent ensemble de bon coeur, puis Isaac salua ses deux amis avant de sortir par la porte arrière du bar, débouchant sur une rue déserte éclairée par des lampadaires. Après la chaleur étouffante du bar, le froid glacial qui mordait le visage d'Isaac était presque un soulagement. La nuit entière était déjà tombée depuis longtemps. Isaac se dirigea vers l'arrêt de bus le plus proche qui le ramènerait dans son quartier. Mais alors qu'il marchait, il sentit soudain quelque chose de très froid juste derrière lui, comme si quelqu'un avait soufflé dans sa nuque. Il se tourna pour voir que la rue était complètement vide de toute présence à l'exception d'un chat qui traversa la rue pour se cacher davantage. Perplexe, Isaac haussa les épaules et reprit son chemin.

Quelques instants plus tard, Isaac était enfin bien au chaud dans l'un des derniers bus du soir. Heureusement, encore quelques minutes de retard et il l'aurait loupé. Assis seul au fond du bus, il regardait vaguement par la fenêtre, l'air absent mais surtout fatigué. A part lui, seuls deux autres passagers se trouvaient dans le véhicule : un homme en tailleur qui avait l'air un peu ivre, et une vieille dame dont Isaac se demandait ce qu'elle faisait encore éveillée à cette heure-là. Les lumières du bus ont soudainement clignoté toutes en même temps, provoquant des bribes d'obscurité à un rythme rapide. Isaac haussa un sourcil en voyant cela, mais se figea, le regard fixe et les yeux écarquillés. Une forme sombre et humanoïde, très grande, vêtue d'une grande cape et comme des cornes sur la tête, des yeux rouges incandescents, se tenait au milieu du bus, disparaissant et apparaissant comme une image, en même temps que les lumières clignotaient. La forme se rapprochait de plus en plus d'Isaac, lui causant une profonde inquiétude. Ensuite, les lumières revinrent à la normale et la forme avait disparu. Isaac resta là sans bouger, troublé par ce qu'il venait de voir et sentit son cœur battre fort dans sa poitrine. La vieille dame se tourna vers lui.

_ Plutôt étrange cette coupure de courant, n'est-ce pas ? dit-elle à Isaac.

Elle, comme l'autre passager, ne semblait pas avoir remarqué la forme sombre dans le bus.

_ Oui, très étrange, répondit le jeune homme, feignant d'être calme, mais dans son cou, sentit de nouveau un souffle froid.

Puis, alors qu'il regardait à nouveau par la fenêtre, il sursauta de peur. Dans le reflet de la fenêtre, le visage d'une femme à la peau pâle, la chevelure noire et aux crocs de vampire était soudainement apparu juste derrière lui, tendant les mains comme si elle voulait le saisir. Isaac recula d'un bond pour s'éloigner de la fenêtre.

_ Jeune homme, quelque chose ne va pas? demanda la vieille dame.

_ Je... Non, rien... C'est la fatigue, dit-il en se frottant les yeux et en voyant que le reflet de cette femme avait disparu et qu'il n'y avait rien derrière lui.


Plus tard, Isaac avait enfin atteint son quartier et s'est approché de sa maison. Il repensa aux visions étranges qu'il avait eues dans le bus, avec un certain malaise, mais finit par s'en remettre à sa lourde fatigue et le stress des derniers jours. Alors qu'il était sur le point d'ouvrir le portail, de sombres échos de rires se firent entendre dans l'air autour de lui, le faisant s'arrêter dans son geste. Un frisson lui parcourut le dos, et non à cause du froid. Une brume s'était levée dans la rue et formait un véritable mur opaque enserrant de plus en plus le quartier. Le rire semblait venir de là. Pendant qu'il regardait, Isaac avait presque l'impression de voir des formes bouger dans la brume, et semblait tourner autour de lui alors que le rire féminin continuait de résonner. Se sentant vraiment mal à l'aise, Isaac franchit le portail et rentra chez lui en toute hâte. Une fois la porte fermée, il jeta un dernier coup d'œil à l'extérieur. C'était comme si la brume avait formé un véritable barrage de fumée autour de sa maison. Vraiment très bizarre. Isaac caressa la tête de son chat, qui était étrangement nerveux sans raison apparente, et alors qu'il posait sa basse sur le canapé, le téléphone du salon sonna. Qui pourrait appeler à une heure aussi tardive ? Perplexe, Isaac répondit tout de même.

_ Allô ?

Aucune réponse ne vint tout de suite, mais survint alors un bruit de respiration fort et étrange, suivi de mots murmurés par une voix féminine inquiétante : Je suis juste là… Je te vois…

Isaac haussa un sourcil et souffla d'agacement.

_ Oh, foutez moi la paix ! J'ai pas de temps à perdre pour des abrutis qui n'ont rien d'autre à foutre de leur vie que de casser les couilles des gens ! dit-il en élevant la voix et en raccrochant sans en demander plus.

Fatigué après ce concert du soir et agacé par ce coup de téléphone absurde, Isaac décida d'aller dormir un peu, et cette fois, il pensait passer une bonne nuit. Tant pis pour la douche, il la prendrait demain en se levant. Curieusement, le chat continuait à être nerveux, regardant continuellement dans plusieurs coins de la maison comme s'il sentait quelque chose et allait se cacher derrière le canapé. Isaac n'y prêta pas plus attention, après tout, les chats ont leur propre comportement. Il se lava les dents, puis monta dans sa chambre en éteignant soigneusement toutes les lumières de la maison. Après s'être habillé d'un simple t-shirt de rechange et un short, Isaac se laissa tomber lourdement sur son lit et tira la couverture sur lui. Il écouta quelques secondes le vent qui soufflait fort dehors, ainsi que la pluie qui commençait à tomber dehors, et même le bruit du tonnerre qui arrivait. Ensuite, il s'endormit assez vite.

Plus tard, Isaac se sentit réveillé par une sensation étrange. Il ouvrit les yeux et s'assit dans son lit dans l'obscurité de sa chambre. Sans savoir pourquoi, il se sentit très mal à l'aise, l'atmosphère de la pièce étant devenue pesante, voir inquiétante. Il n'entendait plus de bruit dehors. La pluie et le tonnerre étaient sûrement passés. Se frottant les yeux, il essaya de trouver son téléphone portable sur sa table de chevet et regarda l'heure sur le petit écran émettant une faible lumière. 4 heures du matin ? Il n'avait dormi que trois heures ? Cela l'a surpris. Mais ce qui lui parut très étrange, c'est que l'heure semblait figée, les minutes ne passant pas devant ses yeux. Le téléphone avait-il un problème ? Peut-être. Il se leva et voulut appuyer sur l'interrupteur de la pièce pour allumer la lumière. Mais la lumière ne fonctionnait plus. Pourtant, il se souvenait avoir changé l'ampoule il y a à peine deux jours. Peut-être que le tonnerre avait causé une panne de courant.... Quelle merde, pensa Isaac en soufflant d'agacement. Marchant dans le noir, il trébucha et tomba au sol.

_ Et merde ! jura-t-il en se redressant, sans s'être blessé fort heureusement.

En se levant, il remarqua d'étranges mouvements derrière la fenêtre. Intrigué, il s'approcha pour mieux voir. Mais alors qu'il écartait le rideau pour jeter un coup d'oeil dehors, une énorme ombre cornue aux yeux rouges surgit derrière la fenêtre et émettant des grognements monstrueux. Isaac poussa un cri de surprise et tomba en arrière, tandis que la forme sombre ouvrait de grands bras griffus et une longue cape noire sur son dos qui s'étendait de plus en plus. Les mains griffues se rapprochaient, passaient par la fenêtre comme s'il n'y avait rien et cherchant à l'atteindre pour le saisir. Terrorisé, Isaac s'enfuit de la pièce en attrapant sa lampe torche. Il dévala rapidement les escaliers, haletant et jetant parfois un coup d'œil derrière lui. La forme semblait ne pas l'avoir suivi. Il se tenait maintenant au milieu du salon plongé dans l'obscurité. Il réussit à allumer sa lampe de poche, qui vacilla un peu au début mais se stabilisa. Balayant la pièce du faisceau lumineux, Isaac respirait fortement, se remettant mal de ce qu'il venait de voir. Cette fois, il pensait que ce n'était pas une hallucination. Il éclaira la petite horloge au mur, elle aussi paraissant gelée à quatre heures du matin. Isaac voulut appeler avec son téléphone portable, mais comme un idiot il l'avait laissé dans la chambre, et n'osait pas y retourner de peur que cette "chose" revienne. Il prit le téléphone dans le salon et composa le numéro de la police. Curieusement, le téléphone n'émit que des bips saccadés avant de s'éteindre. Plus de réseau téléphonique. Isaac déglutit. Il se dirigea vers la fenêtre du salon et jeta un coup d'œil dehors. Il fut glacé de stupeur et d'anxiété, la main tremblante. Dehors, la pluie était toujours présente, mais Isaac pouvait littéralement voir les gouttes figées dans l'air, et à l'horizon, un éclair également figé dans le ciel nocturne. La ville semblait aussi arrêtée dans le temps. Isaac se frotta les yeux, se gifla, pour s'assurer qu'il ne rêvait pas ou ne devenait pas fou. Comment le temps lui-même avait-il pu s'arrêter ?

_ Mais... C'est quoi ce bordel?! souffla t-il, abasourdi.

Mais alors qu'il regardait dehors sans avoir aucune explication de ce qui se passait, un rire sombre et féminin résonna dans la pièce, surprenant le jeune homme effrayé qui balaya la pièce avec le faisceau lumineux, mais rien. La télévision s'alluma d'un coup, dans d'horribles bruits électriques stridents, surprenant à nouveau Isaac, puis s'éteignit quelques secondes plus tard. Tremblant, le jeune homme entra dans le salon, mais la lueur de la torche vacilla et la lumière disparut, le plongeant dans l'obscurité totale.

_ Non, non, non! Me fais pas ce coup là, pas maintenant ! répéta Isaac en frappant la lampe torche contre sa main pour essayer de ramener la lumière.

Tout à coup, un souffle chaud et nauséabond souffla sur son visage dans le noir. La lumière de la torche revint, révélant le visage d'un monstre rugissant juste devant le visage d'Isaac. Le jeune homme hurla de terreur en tombant à la renverse, lâchant la torche. L'imposant monstre se tenait devant lui et le fixait avec des yeux menaçants. Il ressemblait à un minotaure super balèze et furieux, avec une lourde chaîne d'acier en diagonale sur le corps. Isaac tenta de s'enfuir, mais le monstre le saisit à la gorge et le souleva comme s'il ne pesait rien. Isaac secoua frénétiquement ses jambes, s'attendant à être étranglé à mort ou à voir son cou brisé par ce monstre. Le Minotaure grogna férocement, puis laissa tomber Isaac au sol. Toussant et reprenant son souffle, Isaac se frotta la gorge et éclaira rapidement la pièce avec la lampe torche. Le monstre avait disparu sans laisser de trace.

Le visage en sueur, tremblant de peur, Isaac voulut s'enfuir de chez lui et se précipita vers la porte d'entrée qu'il ouvrit avec la clé. Mais à peine avait-il ouvert qu'il s'arrêta. Juste devant le portail se tenait une autre créature, humanoïde elle aussi, mais ressemblant à un cyborg ultra-futuriste recouvert de plaques lisse en métal. La créature émit des sons synthétiques saccadés et inquiétants, et se dirigea vers Isaac, qui, terrorisé, ferma immédiatement la porte et la verrouilla. Il entendit la créature frapper violemment contre la porte, mais ne put réussir à entrer. Isaac recula, haletant, sans quitter la porte des yeux. Mais alors qu'il reculait, il sentit quelque chose de chaud et de doux sous ses pieds nus. Il baissa les yeux. Une traînée de sable s'étendait sur une longueur de plusieurs mètres sur le carrelage. Du sable? Mais comment ... Il ne put même pas se poser la question qu'il fut violemment saisi à une jambe et tomba au sol. Haletant de peur, il vit une créature ressemblant à une momie, au crâne chauve et à la peau brune putride et sèche, essayant de l'entraîner dans les ténèbres. Bien qu'il ait eu une peur bleue, Isaac se débattit du mieux qu'il pouvait, faisant grogner la créature. Isaac donna un premier coup de pied, puis un deuxième et un troisième, obligeant finalement la momie à le lâcher. La créature grogna, recula et disparut dans l'obscurité du couloir. Se levant encore et encore dans un souffle paniqué, Isaac regarda frénétiquement autour de lui avec la lampe torche, n'osant pas bouger tant il avait peur. Une fois de plus, des rires monstrueux résonnaient dans la salle, beaucoup plus proches qu'avant.

_ Arrêtez, laissez-moi tranquille ! hurla Isaac en se tenant la tête.

Le rire se poursuivit pendant quelques secondes avant de s'évaporer dans l'air. Le silence de mort retomba sur la maison, mais Isaac se sentait toujours mal à l'aise. Étonnamment, il se tourna pour voir un vieux rocking chair usé se tenir debout au milieu du salon. Il n'était pas là avant, il en était sûr, et il n'avait jamais eu cette chose à la maison. Une aura froide envahit la pièce, faisant frissonner le jeune homme. Puis, se retournant, il la vit... Sortant lentement des ténèbres, un autre monstre s'avançait, mais Isaac la reconnut avec stupeur et terreur. C'était la femme qu'il avait vu dans le reflet de la vitre du bus, aux longs cheveux noirs comme la nuit, au visage pâle comme un mort, les yeux rouges sang et habillée dans une longue robe victorienne de couleur sombre. Elle marchait lentement, ses yeux fixés sur Isaac et un sourire aux lèvres, dévoilant légèrement ses canines acérées de vampire. Isaac tremblait de tous ses membres.

_ Qui... qui êtes vous ? Il réussit à articuler malgré la terreur qui le dominait.

La femme ne dit rien et cligna simplement des yeux. Isaac fut tout à coup projeté en arrière par une force invisible, qui le fit atterrir directement sur le rocking chair. Des chaînes ont alors émergées comme par magie et ont glissées comme des serpents d'acier, immobilisant ses poignets et ses chevilles sur la chaise. Isaac peinait à essayer de forcer les chaînes, mais rien à faire. La femme monstre s'approcha d'un pas fluide et se mit à marcher lentement autour de lui, et avec sa main, lui caressa lentement les cheveux. Caché derrière le canapé, le chat, terrifié, regardait ce qui se passait.

_ Si vous êtes venu ici pour me tuer, alors qu'est-ce que vous attendez pour le faire ?

Malgré la peur qu'il ressentait, Isaac parlait sans détour, comme résigné en observant cette femme vampire qui le regardait avec un intérêt qu'il ne comprenait pas. En le voyant parler ainsi, malgré ce qu'il venait de subir, elle parut admirative et approcha son visage du sien.

_ Je ressens ta peur, mais d'un autre côté, tu veux me résister, je le sens... Courageux, mais la bravoure seule sera t-elle suffisante, penses-tu?

_ Qu... qu'est-ce que tu dis ? demanda Isaac.

_ Pourrais-tu aimer un monstre ? Comprendrais-tu la beauté de la bête qui se cache et attend son heure? demanda alors la femme monstre.

_ Quoi? demanda encore Isaac, surpris par cette question des plus singulières.

Au début, il pensait que c'était juste une moquerie de la part de cette femme terrifiante, mais il pouvait le voir, elle avait l'air très sérieuse en demandant cela. Il sentit qu'il devait réagir rapidement, sinon elle pourrait décider de le tuer par simple impatience.

_ Je... Et bien... Pour ma part, j'ai toujours dit que la beauté intérieure était le plus important, et qu'il ne fallait pas remettre en cause la tolérance à son sujet... Je pense que tout le monde a droit à une seconde chance.

Il s'étonnait lui-même de répondre à cette inconnue, mais en revanche, il ne voyait pas trop quoi faire d'autre dans sa position délicate. La femme sourit et sembla satisfaite de cette réponse. Puis elle tourna son visage vers le cou du jeune homme, qui ne pouvait qu'attendre et se demander anxieusement ce qu'elle allait faire. Puis il ressentit une douleur aiguë et légère au cou. Elle venait de le mordre, avec une certaine délicatesse. Alors qu'il sentait un mince filet de sang couler le long de son cou, Isaac entendit la femme lui chuchoter mielleusement à l'oreille.

_ C'est toi... je t'ai enfin trouvé... mon élu.

Isaac ne comprenait rien de ce qu'elle voulait dire, mais sentit ses forces diminuer peu à peu, et sa vue se troublée. L'observant toujours, la femme commença à reculer dans l'obscurité et sembla rejoindre un groupe de quatre autres créatures humanoïdes se tenant côte à côte dans l'ombre. Isaac regarda cela, ses paupières de plus en plus lourdes. Sans pouvoir résister, il sombra dans un sommeil profond sans rêves.





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