Monstermen : Les Gardiens des Mondes

Chapitre 19 : L'Héritage

3612 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 29/12/2021 16:23

Isaac ouvrit lentement les yeux et s'étira les bras en s'asseyant sur le lit, se craquant la nuque. Il avait réussi à dormir une nuit entière, à son grand étonnement et malgré le fait qu'il se trouvait dans un autre monde. Il jeta un regard par la fenêtre par laquelle filtraient les premières lueurs timides de l'aube. Il regarda ensuite l'heure indiquée par la vieille horloge accrochée au mur devant le lit. Huit heures du matin. Il se demanda un instant si c'était également la même heure dans le monde humain ou si plus ou moins de temps s'était écoulé ? Les nuits étaient plus longues dans ce monde mais les jours semblaient passer plus lentement. Une sensation bien singulière.

Isaac se leva et se dirigea vers la fenêtre, pour l'ouvrir et sentir la brise matinale et froide venir lui frotter le visage. Il alla un instant sur le petit balcon de pierre sculptée et admira le paysage qui, il fallait bien le reconnaître, était impressionnant. La forêt s'étendait presque à perte de vue, et plus loin, des steppes et des collines, et encore plus loin, de grandes montagnes enneigées semblant presque toucher le ciel de leurs pointes.

En revenant dans la chambre, Isaac se regarda un instant dans le miroir au dessus du bureau de la chambre. Il se trouva en meilleure forme qu'hier. Il ne pensait pas si bien à dormir dans une immense forteresse dans laquelle il était le seul humain. En silence, il s'habilla, comme d'habitude, tout de noir et s'assit sur le lit, attendant qu'on vienne le chercher. Quelques minutes plus tard, il entendit frapper à la porte.

_ Entrez.

La porte s'ouvrit et la comtesse Alcina entra en lui souriant, et il fit de même quand il la vit.

_ Bonjour Isaac. As-tu bien dormi ?

_ Je ne pensais pas dire ça en arrivant ici, mais oui, comme une bûche, répondit-il en tapotant les draps du lit.

La vampire fut satisfaite et heureuse de l'entendre dire et vint déposer un court baiser sur ses lèvres, dans un bonjour matinal comme s'ils étaient ensemble depuis un temps, ce qui surprit un peu Isaac. Derrière Alcina arriva un serviteur gobelin, portant dans ses mains crochues un plateau d'argent, sur lequel se trouvait un petit-déjeuner avec de la nourriture humaine.

_ Je me suis dit que tu aurais faim à ton réveil, dit Alcina en désignant le plateau que le gobelin mettait sur le petit bureau et se retira de la pièce après une simple révérence.

Pour Isaac, ce n'était pas un refus. Il la remercia de cette attention et alla s'asseoir pour manger un peu. Encore une fois, la nourriture était excellente et bien préparée. Pendant qu'il mangeait, Alcina marcha jusqu'à la fenêtre, les mains dans le dos et sans dire un mot contempla l'exterieur.

_ Que va-t-il se passer aujourd'hui ? demanda le jeune homme en achevant son petit-déjeuner et en se tournant vers la comtesse.

_ Eh bien, vers sept heures ce matin, des renforts gobelins sont arrivés, prêts à nous aider dans la grande bataille à venir. Des nains sont également venus, à notre grande surprise. Nous pensions qu'ils choisiraient de rester terrés dans leurs montagnes, comme ils avaient pris la sale habitude de le faire.

L'évocation d'une bataille à venir inquiéta grandement Isaac, il ne le cacha pas. Il avait bien sûr entendu et lu à propos de toutes les guerres qui avaient eu lieu dans son monde à travers les siècles, mais n'aurait jamais imaginé un jour participer lui-même à une guerre, et encore moins à une liée à un autre monde.

_ Ecoutez, Alcina ... j'aimerais vous aider, croyez-moi, mais est-ce que vous m'avez bien regarder? dit-il en se désignant de haut en bas. Contrairement à vous et vos amis, je n'ai pas de pouvoirs surnaturels ni de grande force ou de résistance surhumaine. Je ne suis qu'un humain ordinaire et je ne vois pas ce que je pourrais faire contre une entité du chaos.

Alcina reconnut volontiers qu'il n'avait pas tort, mais lui sourit malicieusement.

_ Alors tu te dois de devenir plus fort, et je sais comment. Viens avec moi... Il est temps pour moi de te montrer quelque chose qui maintenant, étant donné les circonstances, t'appartient de droit.

Elle l'invita à lui prendre la main pour la suivre, et plus qu'intrigué, c'est ce qu'il fit. Guidé par la comtesse vampire, Isaac la suivit à travers les couloirs et le grand escalier en colimaçon qui menait à l'étage inférieur. Dans la forteresse, les serviteurs s'occupaient de leurs tâches quotidiennes. Isaac pouvait voir les autres membres de la confrérie de Lordran. Tavros et UR-66 se trouvaient dans une salle semblable à un dojo en train de se battre dans un entraînement plutôt brutal mais efficace. Lordran et Amon étaient tous les deux dans le grand hall d'entrée, en pleine discussion avec les chefs de guerre gobelins et nains qui avaient amené leurs troupes avec eux. Les guerriers gobelins portaient des tenues en cuir usé, ainsi que des casques en fer grossier et des armes comme des épées, des lances ou des couteaux. Les nains semblaient être plus lourdement équipés. Ils étaient trapus et robustes, avec de longues barbes épaisses, un nez épais et de petites oreilles pointues. Leur armure était lourde, complète et faite d'acier très résistant, et leurs casques ressemblaient à des visages de fer. La plupart étaient armés de haches et de boucliers presque aussi grands qu'eux. Isaac les regarda, impressionné. Le chef gobelin portait une couronne d'os sur la tête et une tenue plus élaborée que ses sbires. Le chef nain avait un regard sévère, une grande barbe noire, et tenait un grand marteau de guerre orné de runes et avec une apparence redoutable. les deux chefs de guerre serrèrent vigoureusement les mains de Lordran et Amon.

_ Krashnak. Thagor. Je suis heureux de voir que vous avez répondus à notre appel, dit Lordran.

Le nain ria d'une voix forte et grave.

_ Il ne sera pas dit que les nains restent cachés comme des lâches alors que des mondes sont en danger.

Le chef gobelin remarqua au fond de la salle, Isaac et Alcina s'éloignant vers un autre couloir. Il les montra avec son doigt tordu.

_ Alors la rumeur dirait vraie ? S'agit-il des nouvelles âmes incarnant la Flamme du Sang Unifié?

Lordran et Amon hochèrent la tête en guise de confirmation. Le gobelin et le nain s'échangèrent des regards un peu perplexes, mais après tout, avaient eux aussi un profond respect pour les anciennes légendes de leur monde, bien que le bénéfice du doute ne se tarisse pas entièrement pour leur part.

Pendant ce temps, Alcina amena Isaac aux portes de ce qui semblait être l'entrée des cryptes de la forteresse. Pendant que la comtesse préparait une torche, Isaac ne put contenir sa curiosité plus longtemps.

_ Ces deux chefs qui parlaient avec Lordran et Amon ... J'ai remarqué leurs regards étranges vers nous ... C'est vous et moi qui avons poussé tous ces monstres à venir ici ?

_ La rumeur d'un nouveau couple de la Flamme du Sang Unifié aura rapidement fait le tour des environs. A leurs yeux, nous représentons désormais ce qui est devenu, ces derniers temps, une ressource essentielle mais hélas de plus en plus rare : une lueur d'espoir.

Isaac comprenait mieux maintenant le poids qui pesait sur leurs épaules, mais cela ne fit qu'ajouter à son anxiété déjà grande.

Alcina marcha la première, tenant la torche. Le couple descendit un escalier fait de vieilles pierres taillées et sombres jusqu'à une première grande salle remplie de poussière et de toiles d'araignées, ressemblant beaucoup à une crypte, encore plus sinistre que celle de la cathédrale de Chartres. En suivant Alcina, Isaac regarda les noms gravés sur chacune des tombes présentes. Certains étaient beaucoup plus anciennes que d'autres à première vue.

_ Ici reposent tous les hauts seigneurs de Laponie qui ont un jour régner, et ce, depuis le commencement, expliqua la comtesse.

_ Comment en sais-tu autant ? demanda Isaac.

_ La lecture a toujours été l'une de mes passions, et pendant les premières années où j'ai vécue ici, j'ai beaucoup appris sur les monstres, leur monde et leur histoire dans les archives de la forteresse.

La deuxième salle était également de grande taille, mais cette fois, pas de tombes, seulement des centaines d'artefacts stockés, comme des armures, des armes et d'autres objets d'apparence très ancienne pour certains et très puissant pour d'autres. Sûrement les objets ayant appartenu aux seigneurs successifs de Laponie, pensa Isaac. Alcina ne fit pas attention à tous les objets et se dirigea vers l'un d'eux au fond de la pièce. Elle le montra mieux à la lumière de la torche. L'objet en question était une armure de chevalier complète, mais le métal qui la composait était d'un gris très foncé et ressemblait presque à de la pierre volcanique. Une ceinture de cuir rouge en lambeaux pendait autour de sa taille. Isaac s'approcha, fasciné par la beauté de cette armure.

_ Qu'est-ce que c'est? demanda-t-il en la touchant du bout des doigts, ressentant le métal froid sur sa peau et lui arrachant un bref frisson.

_ C'était l'armure du guerrier humain Bjorn. Je pense que tu sais déjà qui c'est, n'est-ce pas ? déclara Alcina.

Isaac hocha la tête, se souvenant avoir vu ce nom alors qu'il lisait la légende transcrite d'un ancien parchemin.

_ L'humain qui a combattu avec les monstres dans la seconde guerre contre les démons, et qui, comme moi, est tombé amoureux d'une femme de ce monde.

Alcina acquiesça aux dires d'Isaac avant de reprendre elle-même la parole, venant elle aussi toucher l'armure du défunt guerrier.

_ Lorsque l'alliance des monstres et des humains naquit, les meilleurs forgerons nains forgèrent cette armure, l'imprégnant d'une magie puissante qui donnerait à Bjorn la force de combattre les engeances des abysses ... Et maintenant il est temps pour l'armure d'être rendue à un nouveau guerrier de la Flamme de Sang.

Isaac la regarda plus que perplexe.

_ M... Moi ?

_ Oui. Mais tu dois cependant prendre garde ... Au cours de la guerre et fil des batailles de plus en plus terribles, l'armure de Bjorn se retrouva couverte et gorgée de toute la violence et du sang qui furent versés par son porteur, et cela changea quelque peu sa magie, expliqua la comtesse après avoir lu à ce sujet dans les archives. L'armure s'étant progressivement nourrie du sang des démons abattus lors des combats, un côté obscur a fini par naître dans sa magie, sous la forme d'une entité invisible et qui fut tard nommée Le Berserker.

_ Le Berserker ? souffla Isaac.

Il frissonna d'angoisse rien qu'à entendre le nom et se douta par le ton avec lequel Alcina en parlait, que ça n'avait rien de rassurant. La comtesse hocha doucement la tête.

_ Depuis, le Berserker hante l'armure et se réveillera en sentant le moindre combat autour de lui. Plus la violence grandira, plus le sang coulera, et plus il s'éveillera et essaiera de s'emparer de toi, de te pousser à le laisser prendre le contrôle... Quoi qu'il arrive, ne cède pas au doute ou à la colère et faits tout pour ignorer ses paroles. Si le Berserker prend le dessus, tu deviendras un danger autant pour tes ennemis que pour tes alliés.

Isaac avait raison de ne pas être rassuré et regarda l'armure d'un air inquiet.

_ Et tu veux que je porte ça sur moi ? C'est hors de question !

Alcina s'attendait à une telle réaction et prit ses mains dans les siennes.

_ Je sais, Isaac, je sais. Crois-moi, je n'aime pas plus que toi l'idée que tu portes cette armure, mais si tu dois te battre avec nous et protéger les mondes, c'est là ton seul moyen de faire force égale contre les créatures des abysses.

Isaac avait peur qu'elle dise ça, mais d'une certaine manière, elle avait raison. S'il voulait avoir une chance de vaincre les forces de ce Guthul'Araeg, il devait avoir des armes puissantes, aussi dangereuses et improbables puissent-elles être.

_ Mais que se passera-t-il si le Berserker prend possession de moi ?

_ J'ai lu dans la bibliothèque des histoires qui en parle. Si par malheur Bjorn se retrouvait possédé par le Berserker, la seule personne en mesure de le ramener à la raison était Syly, la sorcière elfe qu'il aimait. De leur amour unique et réciproque et leurs esprits unis en un seul, le Berserker ne pouvait résister... Isaac, je te fais confiance, mais je te demande aussi de me faire confiance.

Après de longues hésitations, le jeune homme accepte finalement, faisant confiance à la femme qu'il avait d'abord craint, mais appris maintenant à aimer. Alcina fut touchée de sa confiance et sortit alors d'un grand coffre en bois fermé par un cadenas, deux autres artefacts: un bouclier en acier orné d'un blason représentant un dragon avec un corps de serpent formant un S. Et une épée, avec un lame droite en acier argentée et traversée de petits symboles, et un pommeau en forme de tête de dragon aux yeux rouges.

_ Les armes de Bjorn, dit Aclina. Aussi forgées par les nains. Son bouclier, qui pouvait le protéger du feu le plus brûlant de l'enfer, et son épée, capable de tuer les créatures les plus résistantes et composée de l'acier le plus solide, la rendant pour ainsi incassable.

Isaac était fasciné par la beauté de ces armes ancestrales. Il voulait prendre l'épée, mais lorsqu'il la saisit, il faillit tomber à terre, emporté par le poids de l'arme. L'épée semblait peser des tonnes et Isaac était incapable de la décoller du sol. Alcina avait essayé de l'avertir mais n'avait pas eu le temps.

_ Mais qu'est ce que ça veut dire? souffla le jeune homme.

_ Les armes de Bjorn étaient protégées par un sort de lien avec l'armure : seul celui qui la porte pourra soulever l'épée et le bouclier.

Une magie très intrigante mais pas vraiment pratique dans le fond, pensa Isaac. Bien qu'anxieux, il mit d'abord les gantelets de l'armure. Puis il tenta à nouveau de saisir l'épée, et cette fois réussit à la soulever et à la tenir comme si elle pesait seulement quelques grammes. Vraiment impressionnant, pensa-t-il. Il décida d'essayer le reste de l'armure et quelques minutes plus tard, était entièrement équipé de l'armure de Bjorn. L'armure était plutôt légère contrairement à ce qu'il aurait pensé. Peut-être encore un effet de la magie des nains. L'épée à la main, Isaac regarda Alcina.

_ Bon... Eh bien, qu'en pensez-vous?

_ Tu ressembles à un vrai chevalier, répondit la comtesse avec un sourire séduit.

Isaac rougit, un peu gêné aussi.

_ Mais je n'ai jamais combattu à l'épée de toute ma vie.

_ Dans ce cas... Un seul moyen : l’entraînement, dit Alcina avec un clin d'œil.


Quelques instants plus tard, le couple se retrouva de nouveau au milieu de la petite cour extérieure sur laquelle ils s'étaient liés l'un à l'autre par un premier baiser. Un vent léger traversait la cour, faisant frémir les haies taillées. Épée à la main, vêtu de son armure, Isaac regarda Alcina, un peu confus. La comtesse vampire montrait dans sa main une épée à lame courte, qu'elle avait décidé de garder comme arme de combat rapproché.

_ Bien, nous allons pouvoir commencer, déclara t-elle d'une voix très sérieuse et appliquée. Débutons par un exercice très simple ... Attaque-moi et essaie de me toucher.

_ Quoi? Isaac haussa un sourcil.

_ Tu m'as bien entendu, affirma Alcina sévèrement. N'hésitez pas. Frappe moi... Si tu t'en sens capable.

Il l'avait senti dans ses yeux et dans le ton de sa voix. Elle était très sérieuse. Un peu à contrecœur mais voulant montrer qu'il était prêt, Isaac dégaina l'épée. Une fois qu'il l'eut pris, une sensation étrange le parcourut dans un frisson désagréable... Il ressentit aussi, pendant un bref instant, comme une autre présence, sombre et invisible mais bien réelle, serpentant le long de son corps et qui tentait de pénétrer son esprit. Il suivit les conseils d'Alcina et ignora ce phénomène pour se concentrer. Tenant fermement l'épée dans sa main, il tenta, maladroitement, d'asséner un coup qu'Alcina réussit à éviter en faisant simplement un pas sur le côté. Un deuxième coup, puis un troisième... Les gestes d'Isaac étaient désordonnés et prévisibles, ce qui laissait largement le temps à la comtesse de les dévier ou les éviter sans faire le moindre effort.

_ Je t'ai dit de ne pas hésiter, alors, cesse de douter et arrête d'essayer de me frapper. Frappe moi! elle insista avec autorité mais aussi pour faire réagir Isaac.

Mais dès qu'il eut porté un autre coup, la présence invisible se fit à nouveau sentir... Il était là, tapis dans l'ombre, il regardait, reniflant l'odeur des lames d'acier s'entrechoquant, les esprits s'échauffant ... Bien qu'il ne s'agissait que d'une séance d'entraînement... Le Berserker se réveillait…

_ Je... je sens une présence dans ma tête... Il est là...

_ Ne te laisses pas distraire et ignore le, Alcina le prévint.

Isaac promit d'essayer et donna d'autres coups, plus forts et plus convaincants, bien qu'une fois encore la comtesse ait réussi à les esquiver ou à les dévier avec sa propre lame. Isaac remarqua, impressionné, sa façon de combattre à l'épée, fluide, rapide, gracieuse et élégante, presque comme si elle dansait avec sa lame.

_ Où avez-vous appris à vous battre comme ça ? demanda Isaac.

_ Eh bien, ayant vécue ici durant des années et en tant que seigneur des trônes, Lordran m'a appris quelques mouvements de combat.

Isaac insista alors sur la puissance de ses attaques, toujours déviée par la défense infranchissable d'Alcina, mais elle se montra toutefois plus satisfaite de la détermination du jeune homme à l'attaquer. C'était un bon début. Mais plus les attaques continuaient, les chocs des lames résonnant à travers la cour, et plus la présence du Berserker se faisait sentir. Et soudain, une voix fantomatique et macabre, comme un écho du passé, résonna dans la tête d'Isaac.

Un nouveau propriétaire de l'armure ?... Intéressant... Un jeune humain au sang frais et à l'esprit encore frêle. Allons, ne sois pas si hésitant ... Regarde comme elle te nargue... Elle pense que tu es un faible... Laisse-moi donc faire et je vais lui montrer ce dont nous sommes capables ensemble... Tu n’as aucun besoin de t’entraîner… Tout ce qu’il te faut… C’est moi !

Cette voix était effrayante et déchirait l'esprit d'Isaac comme pour essayer de s'y engouffrer. Alcina remarqua que le jeune homme s'arrêtait net et semblait perdu, se débattant intérieurement. Puis il laissa tomber l'épée sur le sol et s'agenouilla, la main tremblante.

_ Je... On arrête là, Alcina, s'il vous plaît... Il... Il essaie de rentrer dans ma tête... Je le sens...

La comtesse s'approcha de lui et le soutint, sa main dans la sienne, lui souriant.

_ Je te comprends, ne t'inquiète pas. On va s'arrêter là pour cette première fois. Vide ton esprit, libère-toi de tout ce stress et respire profondément. N'écoute pas un seul de ses mots et concentre toi uniquement sur ma voix.

Isaac suivit le conseil. Retirant l'épée, il ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Dès qu'il enleva l'épée et le bouclier, la présence s'était immédiatement évaporée, comme n'ayant jamais existé. Isaac mit quelques instants à reprendre ses esprits et Alcina lui tendit la main, l'aidant à se relever.

Le couple s'assied côte à côte au pied de l'un des arbres situé au milieu de la cour et dont les feuilles tapissaient l'herbe endormie. La présence du Berserker s'étant considérablement atténuée, Isaac se sentait presque revivre, bien qu'il sente encore sa main trembler légèrement.

_ Isaac, crois-bien que je me déteste de te mettre dans une telle situation, commença à dire Alcina, mais fut coupée par la voix d'Isaac.

_ J'ai déjà fait mon choix, et je ne compte pas revenir en arrière. Je pourrais plus me regarder dans un miroir si j'abandonnais maintenant, alors que la survie de tout ce qui existe est en jeu.

Elle sourit à nouveau de le voir si déterminé, lui qui aurait pu abandonner des dizaines de fois depuis le début, mais s'était accroché malgré tout. Leurs visages étaient maintenant très proches l'un de l'autre, et sans qu'ils aient besoin de dire un mot, le couple s'embrassa doucement. Mais leur baiser fut interrompu par l'arrivée d'Amon, qui semblait pour le moins inquiet.

_ Amon, qu'est-ce qui se passe ? Alcina demanda.

_ Lordran réuni toute la confrérie d'urgence. Guthul'Araeg est passé à l'attaque.





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