L'ange déchu

Chapitre 4 : Accident

2097 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/03/2022 18:56

Ma journée passe plutôt lentement et c'est donc ravie que je pars à 17h. Je rentre chez moi et comme je ne compte pas ressortir, je m'installe tranquillement dans mon lit avec ma playlist préférée et un bon livre, bien que je l'ai lu plus d'une fois m'emporte toujours autant dans mes questionnements. Je lis jusqu'à ce que je me rende compte qu'il est l'heure de manger. Je décide, pour suivre le conseil d'Azazel, de ne pas faire à manger. Par conséquent, je commande. Je mange devant une série. A la fin de la soirée, alors que je vais éteindre, je me rends compte que je n'ai pas le numéro d'Azazel, et donc, aucun moyen de le contacter pour lui dire quand je suis libre. Je n'ai plus qu'a prier pour qu'il veuille continuer de chercher avec moi. J’ai un peu peur de l'avoir obligé à me suivre et qu'il ne veuille plus car je me suis trompée sur lui. Je m'endors sur ces questionnement inquiets.

Cette fois encore, je suis réveillée par ma sonnerie que j'ai malheureusement oublié de décaler d'une heure en avant. Je me prépare mais il me reste presque 1h avant de commencer le boulot. Je reste donc sur les réseaux quand je reçois un appel d'un numéro inconnu. Je répond et une voix familière retentit dans mon oreille

— Raphaëlle ?

— Azazel ?

— Yep !

— Comment t'as eu mon numéro ?

— Longue histoire

— Ok, pourquoi tu m'appelles ?

— Tu veux continuer à aller voir des gens ?

— Bien sur ! Ce soir ? Je finis à 16h.

— Super, tu bosses où ? Je vais venir te chercher.

Je lui donne l'adresse et nous discutons encore un moment de tout et de rien avant que je doive raccrocher pour aller au boulot. La journée me semble durer une éternité. Encore plus que d'habitude. En plus, le collègue que je croise dans l’ascenseur se sent obliger de me raconter sa journée. Je n'écoute rien et quand j'arrive au RDC je n'ai pas retenu un mot de ce qu'il m'a dit et je ne suis pas sure de connaitre son nom. Quand je sors du bâtiment, l'air glacé me fait frissonner. Une voiture patiente devant l'entrée. C'est une Renault passe-partout rouge. Quand je reconnais le conducteur, je rentre rapidement pour me réchauffer.

— Salut ! m'exclame-je.

— Hey, ça va ?

— Ouais et toi ?

— Bien. On va aller voir des gens qui n'habitent pas très près du coup je suis venu en voiture. Tu en as une peut-être ?

— Non, tu as bien fait de venir avec la tienne.

Il nous conduit jusqu'en dehors de la ville.

Nous passons la soirée à aller voir des gens et personne ne peut nous aider. Beaucoup promettent de nous rappeler si ils ont du nouveau mais leur regard indiquait que c'était peu probable. Azazel me ramène chez moi en me disant de faire très attention puis repart.


Cette routine dure une semaine sans que rien ne se passe, ni dans les recherches où d'ailleurs nous commençons à aller de plus en plus loin pour trouver des gens ni dans ma vie. Je n'ai pas eu de problèmes notables ces derniers jours. Je me plais donc à croire que j'ai encore un ange gardien bien que l’insistance d'Azazel à me rappeler tout le temps de faire attention me fait un peu douter. Ce matin, je vais au boulot mais Azazel à insisté pour m'accompagner, il veut me parler, m'a t-il dit par message, seulement je m'inquiète un peu de la nouvelle qu'il compte m’annoncer car normalement il me l'aurait dit par message ou au pire par appel. Je sors de chez moi, il m'attend devant, cette fois, il n'a pas sa voiture. Il ne prend pas tout de suite la parole. Nous marchons un peu, je passe devant pour traverser en regardant bien, habituée à le faire en présence d'Azazel pour éviter un sermon. Je suis au milieu du passage piéton, je ne m'y attends pas, je sens juste des bras m'attraper la taille et me projeter au sol de l'autre coté de la rue. Je sens ma hanche et ma tête percuter le sol, je pousse un gémissement de douleur. J'ai fermé les yeux quand les bras m'ont agrippée. Je les rouvre mais ma vue se trouble. J'entends une voix parler mais ça me semble tellement lointain, j'arrive tant bien que mal à distinguer quelques mots : Raphaëlle, réveille, vite puis après c'est le trou noir total. Plus rien ne parviens à mon cerveau et je peine à réfléchir tellement mes pensées sont éparpillées.


Je suis couchée sur un lit, enfin je crois que c'est ça, je ne suis pas sure. Il est moelleux en tout cas. J'ouvre les yeux et je les referme aussitôt, aveuglée par la lumière blanche au dessus de moi. J'ai a peine eu le temps de distinguer le plafond blanc que, même en fouillant au plus profond de ma mémoire ne me dit absolument rien. Je décide de rouvrir les yeux pour essayer de savoir où je suis quand j'entends des voix, deux hommes je crois. Ils sont bien trop éloignés pour que je distingue ce qu'il se disent mais l'un d'entre eux semble être inquiet. Ils se rapprochent et j'entends :

— Elle va bien, vous êtes sur ? demande la voix inquiète.

— Certain, elle s'est juste évanouie sous le choc, elle va juste avoir une bosse et un gros bleu sur la hanche droite.

— Et quand est ce qu'elle va se réveiller ?

— Très vite, si ça se trouve, c'est déjà le cas. Entrons.

J'entends une porte s'ouvrir. J'ouvre donc les yeux pour voir la pièce dans laquelle je me trouve : c'est une chambre d’hôpital. Je suis dans le lit. Dans l’encadrement de la porte se trouve deux hommes : un blond que je reconnais presque immédiatement : Azazel ! Et un autre en blouse blanche qui doit être un médecin ou un infirmier. Quand j'aperçois l'ange, je ne peux pas m’empêcher de sourire. J'ai toujours eu un peu peur des hôpitaux car, petite, quand je rendais visite à mon père j'avais l'impression que les couloirs allaient m'engloutir mais sa présence me rassure et m’empêche de paniquer comme je l'aurais fait habituellement. Il me rend mon sourire et l'autre homme parle :

— Mon nom est Gérard Martin, mademoiselle Raphaëlle Duciel c'est cela ?

— C'est exact.

— J'ai l’honneur de vous annoncer que vous allez pouvoir sortir très vite, une fois que vous irez mieux, plus exactement. Vous allez juste avoir une bosse sur la tête et un bon bleu sur la hanche. Votre perte de conscience est simplement due au choc.

— Parfait, dis-je, heureuse de ne pas devoir rester.

— Dites, vous ne seriez pas de la même famille que Bertrand Duciel ?

— C'était mon père.

— Mes sincères condoléances, il était mon patient au début, il a vite été pris en charge par des gens plus expérimentés dans le domaine.

— D'accord.

Il sort ensuite de la pièce, me laissant seule avec l'ange. Je vois dans son regard qu'il a été étonné d'apprendre que mon père est mort.

— Ton père est mort ?

— Oui, il y a 4 ans, l'année de mes 20 ans.

— Je suis désolé.

— C'est fini, j'ai fait mon deuil.

— Au fait, tu as un problème avec les hôpitaux ? Quand tu t'es réveillée, tu avais l'air d'avoir un peu peur et surtout d’être angoissée.

— J'ai la phobie des hôpitaux, petite j'y allais tout le temps pour voir mon père et j'avais compris qu'il allait mourir alors mon cerveau d'enfant à fait ce rapprochement : hôpital = mort.

— Ah je comprends. Tu veux sortir d'ici du coup ?

— Je suis loin d’être contre.

— Je vais leur dire, pendant ce temps essaye de marcher pour prouver que tout va bien. Au début tu vas avoir des vertiges, c'est normal !

Il s'en va donc, je ne veux pas qu'il parte, je peux pas rester ici toute seule. Non, je sens une bulle de stress se former dans ma tête, je sens l'angoisse monter. Je crois que ma peur est palpable. J'ai l'impression qu'ils vont me garder ici toute ma vie, que je ne vais jamais pouvoir sortir. Je vais mourir ici, c'est pour ça que je suis là ! Je me recroqueville sur moi même, ramenant mes genoux contre ma poitrine. Ce petit geste qui semble pourtant futile me permet de ne plus voir les murs blancs et oppressants qui m'entourent. Je regarde mon jean en tentant de repousser la crise d'angoisse qui commence à arriver. Ma respiration se hachure et la panique ne cesse d'envahir mon cerveau affolé. Je sens des larmes mouiller mon jean contre lequel sont collés mes yeux trempés. Mes pensées n'ont plus de sens, elles veulent juste dire : Azazel reviens ! Ne me laisse pas toute seule ici ! J'avale ma salive avec un peu de difficulté quand j'entends des voix derrière la porte et parmi elles, je reconnais celle d'Azazel. Comme la porte est fermée, je ne l'entends pas. Je tente de faire disparaitre mes larmes au cas où un médecin décide d'entrer. Heureusement j'entends la porte s’ouvrir et personne ne parle. C'est Azazel, quand il me voit, probablement les yeux rouges, preuve que j'ai pleuré et les mains fermement resserrés pour maintenir mes genoux contre ma poitrine.

— Ça va ?

— C'est bon, ça va.

— T'as fait une crise d'angoisse.

C'est pas possible, ce mec peut lire dans mes pensées ou quoi ? Ou alors c'est juste que je ne sais tout simplement pas mentir, ce qui est nettement plus probable.

— Oui, fais-je en baissant la tête pour ne pas avoir à croiser son regard.

— Je suis désolé, je n'aurais pas du te laisser seule en sachant que tu as la phobie des hôpitaux.

— Je n'avais qu'à pas avoir la phobie.

— Tu n'y peux rien.

— Je sais.

Je suis à deux doigts de me remettre à pleurer tellement je me sens ridicule. La phobie des hôpitaux c'est débile. Je sens donc les larmes commencer à remonter à mes yeux. Je ne veux pas relever la tête, je vais encore avoir l’air ridicule. Je me sens comme une enfant de six ans et pas comme une adulte responsable de 24 ans. Cette sensation revient à chaque fois que je fais une crise d'angoisse et je la déteste car je suis bonne à rien pendant plusieurs heures après. Je sens alors des bras m'entourer et sa voix me murmurer :

— Tu n'as pas à t'en vouloir. Tout le monde à des phobies.

— Mais pas celle d'un endroit que les gens trouvent pour la plupart rassurant.

— Il y a des phobies plus ridicules et plus désagréable.

Je pleure, et bien sur, je suis en train de le faire sur son t-shirt. J'ai replacé mes jambes dans le lit et mes bras entourent son dos, je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage. Lui il est penché vers moi et bizarrement ne dit rien alors que je suis en train de lui tremper son t-shirt et de le serrer super fort.

— Chut chut, c'est pas grave. Tu vas pouvoir sortir d'ici dans quelques instants. Il faut juste que tu signes ces papiers.

Je le lâche et regarde les papiers posés sur la table de nuit. Il y a quatre feuilles. Je peux voir sur celle du dessus mon nom complet écrit en gras : Raphaëlle Gabrielle Duciel. Je sais qu'il a probablement remarqué que mon deuxième nom aussi est celui d'un ange. Mon père était fasciné par ces créatures et c'est pour cela que mes prénoms sont ceux de ces êtres du ciel.

— Ton second prénom c'est aussi celui d'un ange.

— Je sais, mon père adorait les anges. Il m'a donc appelée comme ça, au début ma mère hésitait mais elle a très vite accepté, en tout cas c'est ce qu'il me disait.

— Si il avait su que nous existions vraiment et que tu allais en rencontrer un.

— Je pense qu'il aurait fait une crise cardiaque.

C'est alors que la porte s'ouvre, laissant passer trois personnes dont deux qui se jettent sur moi pour me serrer dans leurs bras.

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