Magic in Words

Chapitre 7 : Coqueluche ou Mascotte au choix

7062 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 29/08/2022 09:05

Chapitre Sept

Coqueluche ou Mascotte au choix



Connor n'arrivait pas à croire qu'il se trouvait là, devant le lycée entier comme attendant d'être sacrifié. Il en voulait même déjà énormément à Scarlett de l'avoir poussé comme ça. Maintenant, il ne pouvait décemment plus partir en fait, plus du tout même. Et en même temps il avait désormais le temps d'écouter attentivement le directeur même si tous le monde le fixait extrêmement attentivement.

- Comme vous vous souvenez sans doute tous, expliqua doucement le directeur, je vous ai demandé dès le premier jour d'éviter de vous faire remarquer et surtout de plus ou moins taire vos origines hormis dans vos chambres.

Connor comprit immédiatement que cela s'était fait dans son dos, sans doute à l'instant même où la jeune fille qui restait bien planquée derrière le rideau telle une traitresse avait spécifié sa présence au directeur. Ils avaient donc dû se plier à un exercice de discrétion. Au vu des nombreuses mines déconfites, il était cependant également sûr que la vérité n'avait pas été spécifiée aux élèves. Il regardait surtout où se trouvaient les sorties de secours.

- Si je vous ai demandé explicitement cela, reprit le directeur, ce n'était nullement par une envie idiote mais bien parce que cette année, il s'est passé une petite spécificité. Nous avons en effet accueilli un être humain.

Connor releva le propos en se sentant comme étranger, ce qu'il était en somme mais cela n'empêchait pas l'information d'être gênante. Et le semblant de panique dans la foule était évident mais surtout gênant. En effet, tout le monde chuchotait, marmonnait en regardant partout. Connor remarqua une jeune fille plus jeune que lui se lever en brandissant le bras.

- Oui? demanda le directeur.

- Est-ce un nouveau projet ? Visant à nous permettre de nous habituer au monde des humains ? demanda la jeune fille.

- Pas du tout, fit le directeur gêné. En réalité, il y a eu une petite erreur d'organisation.

La jeune se fille se rassit stupéfaite et regarda le directeur avec des yeux ronds. Connor avait toujours envie de se tirer sans demander son reste.

- Disons qu'il y a eu un bug... Une personne a été inscrite ici sans être pour autant une créature féerique, expliqua le directeur.

- Comment est-ce arrivé ? demanda un élève, cette fois plus âgé.

- Je vais être très honnête..., marmonna le directeur. Il semble s'agir d'une manipulation de Barbe Bleue.

Il y eut un mouvement de panique et d'inquiétude, le silence disparaissant au même instant. Connor n'avait pas réalisé à quel point il était clairement un croque-mitaine pour les créatures féeriques mais la panique des élèves lui faisait malgré tout prendre conscience de cela.

- S'il-vous-plaît... Un peu de calme, s'il-vous-plaît, tenta le directeur.

- Pourquoi a-t-il poussé un humain à venir ici? Il veut briser le secret? demanda une fille.

- Il compte nous attaquer ? demanda un garçon.

- On est en danger? insista une autre fille.

Le directeur semblait perdre le contrôle de la situation et il frappa dans ses mains. Soudain, les lumières du plafond brillèrent intensément, obligeant la plupart des gens à se cacher les yeux. Rapidement la luminosité revint à la normale et le silence était à nouveau là.

- Bien, merci d'attendre mes explications, précisa le directeur. Personne ici n'est en danger, le corps professoral y veille et soyez en assuré. Pour en revenir à l'humain qui est arrivé ici, il s'agit de ce jeune homme.

Connor sursauta quand des centaines d'yeux se posèrent sur lui en même temps. Il se sentit soudainement très mal à l'aise et se contenta de lever une main.

- Ceux en classe avec lui connaisse déjà son nom, il s'appelle Connor Binder, précisa le directeur. Viens mon garçon.

Connor fixa le directeur assez outré d'être exposé comme ça. Il avança malgré tout vers lui, se promettant de lui faire payer ça. Il se retrouva ainsi devant le pupitre, sans savoir quoi faire et se disant que si il était nu, il serait dans un cauchemar.

- Salut, fit simplement Connor extrêmement mal à l'aise.

- Monsieur Binder a découvert les spécificités de cet établissement assez rapidement, avoua le directeur.

Cet aveu surpris tout le monde, certains semblaient même s'interroger pour deviner qui avait éventé le secret. C'était amusant de les admirer en train de se suspecter d'avoir merdé.

- Et il faut reconnaître que l'établissement a également découvert les spécificités de Monsieur Binder, plus vite que Barbe Bleue sans doute, ajouta le directeur.

Connor regarda alors le directeur étonné du propos. Il venait de se souvenir que certains détails étaient tus sur Barbe Bleue et que sans doute la plupart des élèves penseraient qu'il voulait juste se servir de lui. Il se demandait ce qu'allait faire le directeur ensuite.

- Barbe Bleue a dû croire que Monsieur Binder était l'un des nôtres mais il s'est trompé, précisa le directeur. Monsieur Binder n'est pas une créature féerique mais un conteur.

Lâchant soudainement la bombe, le directeur provoqua son petit effet. Connor regarda la foule qui pendant environ quatre secondes avait gardé le silence quand elle explosa en cri en tout genre. Connor les vit littéralement exulter de bonheur, comprenant que c'était à cause de la capacité des conteurs à ouvrir les passages. Connor comprenait leur réaction, sachant qu'il avait également la capacité d'affronter Barbe Bleue. Les gens riaient, d'autres pleuraient presque et Connor remarqua même que certaines filles glissaient. Les conteurs étaient si intéressants pour eux? Il n'en savait rien.

- S'il-vous-plaît... S'il-vous-plaît, marmonnait le directeur.

- Vous refaites le coup de la lumière ? demanda Connor amusé.

- J'aimerais mais...

- Vous êtes si affaibli par le fait que tout le monde ici connaisse votre identité ? demanda Connor.

- Oui, dans une ville humaine je serai presque invincible, en tout cas magiquement parlant mais ici... Je suis restreint, avoua le directeur. S'il-vous-plaît !!! insista encore le directeur dans le micro.

- Je peux essayer quelque chose ? demanda Connor.

- En rapport avec les conteurs ? Allez-y, fit celui-ci surpris.

- Euh... Non, fit Connor en s'approchant du micro. VOS GUEULES LES MOUETTES !!!!

Il ne savait pas vraiment comment ni pourquoi mais ce fut efficace. Il se demandait si c'était surtout lié à sa nature ou si il était convainquant.

- Haaa, ça fait du bien... Il avait pas fini, marmonna Connor.

- M... Merci, marmonna le directeur. Cela passe pour cette fois... Bon...

Connor entendit un petit marmonnement derrière lui et se retourna. Scarlett, en parfaite déléguée, le regardait méchamment et avait envie de lui dire sa façon de penser. Il se contenta de hausser les épaules avant d'écouter le directeur.

- Je comprends parfaitement l'attrait et l'amusement qui peuvent retentir chez des jeunes de votre âge en apprenant l'apparition d'un conteur, précisa le directeur. Cependant quelques règles doivent être mises en place. Monsieur Binder ici présent s'éveille seulement à ses aptitudes, vous devrez donc rester prudent. J'ai préparé quelques règles...

Connor le vit sortir un petit papier de sa poche et le déplier. Lui, il le fixait consterné et l'imaginant passer du temps à pondre un règlement.

- Règle numéro une: Monsieur Binder ne contrôle pas l'acquisition des attributs, commença le directeur. Et donc, je vais vous demander de limiter pour encore quelques temps les contacts physiques.

Connor regarda le directeur et le public qui se mit à rire, les adolescents et leurs idées tordues. Connor lui même avait également mal compris dans le bureau alors, il n'allait pas juger.

- Bien règle numéro deux, poursuivit le directeur. Monsieur Binder apprend à peine nos existences alors je vais vous demander de lui laisser du temps pour s'adapter, inutile de venir l'abreuver d'anecdotes en tout genre. Il doit poursuivre sa scolarité avec vous le plus normalement possible.

Connor ne pensa que quelques mots: une scolarité normale avec des personnages de contes. Effectivement, c'était particulier et loin d'être normal surtout.

- Règle numéro trois: Monsieur Binder n'est pas une raison pour désirer effectuer plus d'aller-retour..., reprit le directeur. Nous serons même plus méfiants de vos mauvaises habitudes et vous devrez donc absolument obtenir un agrément professoral. Il n'est pas non plus habilité à vous faire passer, inutile de le harceler.

Connor avait l'étrange impression qu'être un conteur commençait à s'apparenter à être chauffeur de taxi. À croire que c'était surtout les personnages de contes qui profitaient de la situation.

- Règle numéro quatre et la plus importante, fit le directeur avec sérieux. Cette information ne doit pas quitter ces murs. Je suis extrêmement sérieux et cela sera pareil lors des visites de la mère de Monsieur Binder, ajouta-t-il en surprenant Connor. Madame Binder ignore nos existences et les spécificités de son fils. Il faut absolument que cela reste secret... Suis-je clair ?

Visiblement c'était très important parce que les élèves hochèrent la tête à l'unisson. Ils allaient obéir et c'était tant mieux.

- Bien, afin de permettre à Monsieur Binder de s'adapter, nous allons lui assortir une responsable d'intégration, fit le directeur en se retournant.

Connor tourna la tête en réfléchissant aux propos du directeur. Il allait avoir droit à une baby-sitter ? Et il tomba sur Scarlett, ce n'était pas plus mal.

- Scarlett Redding veillera à ce que ces règles soient respectées et que Monsieur Binder puisse suivre sa scolarité, précisa le directeur.

Connor remarqua la surprise du directeur et tourna la tête vers les élèves. Serena, la fille du club de tir à l'arc avait levé la main.

- Oui? l'interrogea le directeur.

- Et pourquoi c'est elle? Je peux le faire moi, fit soudain Serena.

Connor regarda vers cette dernière et fut assez étonné de provoquer ce genre de réaction plutôt surprenante.

- Mademoiselle Redding a l'habitude d'avoir des responsabilités, se justifia le directeur.

- Justement, elle en a trop, assura Serena. Et puis je vois pas en quoi elle aurait cet avantage.

Connor comprenait surtout qu'il foutait bien sa merde sans le vouloir.

- Peut-être parce que à l'inverse de certaines je sais faire la part des choses moi! s'offusqua alors Scarlett.

- Qu'est-ce que t'insinues là ? s'énerva Serena.

- Devine, répliqua Scarlett.

- Mesdemoiselles... Je pense que le fait d'être dans le même club permettra une meilleure intégration, précisa le directeur.

- C'est ça ouais, grommela Serena en croisant les bras.

- Je sais où est ma place, se défendit Scarlett. Il est un conteur et moi une créature féerique qui veut l'aider et rien de plus.

Connor regarda le dos de Scarlett, un peu vexé quand même en comprenant que cela signifiait une sorte d'équivalent de friend zone. Il regarda vers Serena qui s'assit visiblement dégoûtée de la situation.

- Bien, fit le directeur en prenant la parole. Je tiens également à rappeler qu'il n'y aucun passe-droit pour les dortoirs, qu'importe la situation.

Connor était totalement sous le choc du propos et se sentit comme une bête de foire. Il entendit à peine le directeur indiquer aux élèves de retourner dans leurs dortois respectifs que Scarlett se planta devant lui.

- On discutera de tout ça un autre jour, on va te laisser digérer toutes les informations d'accord ? demanda poliment la jeune fille.

- Euh ouais... Pas de soucis... On pourra même discuter demain, ma mère ne vient que dimanche prochain alors, précisa Connor.

- Pas de problème, et essaye de dormir, fit Scarlett en partant.

Lui, il avait attendu que tout le monde se casse du périmètre pour filer droit au dortoir sans demander son reste. Il aurait aimé être capable de devenir invisible pour ne pas se faire repérer. Ce fut donc essoufflé et extrêmement stressé qu'il réussit à rejoindre le dortoir et surtout sa chambre. Il la verrouilla immédiatement et plaça même la table de nuit pour bloquer cette dernière. Il s'assit sur son lit et se tint la tête avant de se laisser tomber sur le matelas et de fixer longuement le plafond.

- Bahut de barjots!!! Je risque gros moi..., marmonna Connor tout seul. La galère... Et y a un autre taré... J'avais pas signé pour ça moi... Dire que ma mère osait me dire d'éviter les emmerdes, mais ce sont les emmerdes qui me tombent sur le coin de la gueule.

Il n'avait vraiment pas de chance. Pourquoi c'était tombé sur lui? Il aimerait bien le savoir. Soudain, un bon moment plus tard, il entendit des coups à la porte.

- C'est qui encore? demanda Connor.

- Les potes! Ouvre! fit la voix de Jackson derrière la porte.

Au moins ces deux là, il les connaissait. Il ouvrit la porte après avoir déplacé la table de nuit pour découvrir Florent et Jackson.

- Entrez vite! fit Connor.

Florent se dépêcha d'entrer suivi de près par Jackson en train de s'empiffrer de gâteaux. Cela poussa d'ailleurs Connor à remarquer que ce dernier avait les bras débordant de victuailles en tout genre. Il les déposa d'ailleurs sur le lit.

- Tu fais tes réserves pour l'hiver ? demanda Connor en verrouillant la porte pendant que Florent s'installait sur une chaise.

- Ben quoi? s'étonna Jackson. C'est à toi. Hmmm Excellent ces gâteaux, t'en veux?

Connor regarda fixement le paquet qui contenait des cookies et regarda vers Florent.

- Il a pris un truc? demanda Connor choqué.

- Non, mais c'est bien pour toi, c'était devant ta porte, précisa Florent.

Connor en fut encore plus étonné et fixa les paquets. Il y avait de tout: des cookies, des sablés, des chips industriels et même des pralines.

- Vous... Tu peux répéter ? demanda Connor tandis que Jackson se jetait sur le lit. Les pompes du plumard bordel !

- Désolé..., marmonna Jackson en enlevant ses chaussures.

- Ce sont des cadeaux Connor, avoua Florent. Pour le conteur.

- Non mais... Pourquoi ? s'étonna encore plus Connor.

- Parce que t'es un conteur, précisa Jackson.

- J'avais compris, s'énerva Connor.

- Les gens te voient comme un sauveur, tu n'imagines pas la quantité de créatures féeriques qui ne rêvent que de faire un aller-retour dans leur histoire sans avoir la possibilité, précisa Florent calmement et ignorant totalement le boulet en plein buffet.

- Mais je sais pas faire ça ! se défendit Connor.

- Bien sûr que si, fit Jackson. Succulent...

- Évite les miettes putain! fit Connor énervé en frottant sa couverture.

- C'est pas un conteur, c'est la princesse au petit pois, fit Jackson en riant.

- J'en ai marre..., marmonna Connor en s'asseyant par terre.

- Désolé, c'est beaucoup de pression je sais, fit Florent.

- Ouais mais y a des avantages, avoua Jackson en riant.

Connor le regarda et le chercha ce fameux avantage parce qu'entre les menaces de Barbe Bleue, les éventuelles menaces des alliés de ce dernier, le secret à protéger et le harcèlement qu'il risque de subir pour rendre service, il était plutôt mal barré.

- Et c'est quoi? demanda Connor.

- Jack... Tu crois qu'il pense à ça ? demanda Florent choqué.

- Je vois..., marmonna Connor.

- T'as juste à te pencher pour les ramasser, avoua Jackson. Adieu le pucelage.

- T'es lourd... Et c'était déjà fait, marmonna Connor. Je compte pas en profiter.

- Ha bon? s'étonna Jackson. Ça va pas la tête ? Moi direct je...

- Jack! Arrête un peu, précisa Florent.

- Mais pourquoi j'ai l'impression d'être le parti du moment ? demanda Connor. Entre Serena et les gloussements...

- Ha ça fait partie des légendes, avoua Jackson en riant.

- Le conteur et son harem? Perso je trouve cela choquant, avoua Connor.

- C'était pas ça la légende, avoua Florent.

- Pourquoi j'ai l'impression que cela va me choquer? demanda Connor.

- Ça dépend... En bref il paraît que les conteurs peuvent distiller leur pouvoir pendant l'acte, précisa Florent.

- Euh... Et? demanda Connor perdu.

- Le partenaire s'éclate !!! ajouta Jackson.

- Mais ce sont des légendes, ajouta Florent.

- Super... Je vais me faire violer dès que je vais mettre le nez dehors ? demanda Connor.

- Non quand même pas, avoua Florent.

- Mais pourquoi Scarlett a insisté sur la part des choses ? demanda soudainement Connor.

Il remarqua la surprise des deux garçons et ils échangèrent un regard éloquent. Connor soupira de lassitude.

- T'as craqué sur Scarlett ? insista Jackson.

- C'est pas ça, avoua Connor.

- Ho le mytho..., ajouta Jackson.

- Ok elle est canon, c'est bon tu me lâches? demanda Connor énervé. Ma réponse ? fit-il pour Florent.

- Normalement, cela ne se fait pas, ce n'est pas sain, expliqua Florent.

- C'est tabou? demanda Connor étonné.

- Oui... Déjà tu pourrais prendre des attributs mais... Si un enfant nait d'une telle liaison, cela peut signifier la fin d'une histoire, expliqua Florent.

- Histoire dans le sens conte? s'étonna Connor avant que Florent ne confirme d'un hochement de tête.

- Coup de bol, y a des capotes, précisa Jackson.

- Et pourquoi cela détruit l'histoire ? demanda Connor en regardant méchamment le pervers du coin.

- Car cela change la conclusion, précisa Florent.

- Rhoo putain ça me gonfle tout ça ! marmonna Connor en s'allongeant au sol sur le dos. Mettez de la musique ou bouffez je m'en tape.

Connor n'arrivait pas à croire que même essayer de se faire une fille dans le coin allait lui coûter cher. Il soupira en fixant le plafond tandis qu'il entendait des chansons d'Ed Sheeran. Il remarqua qu'au bout d'un moment, Florent venait s'installer près de lui avec des chips. Connor en prit quand même et regarda le garçon.

- Ça va passer, ils se calmeront, les profs y veilleront, précisa Florent.

- Au fait... Pourquoi vous agissez normalement ? demanda Connor en se redressant. Enfin...

- J'agis parfaitement normalement, précisa Jackson. Et c'est parce que l'on a aidé Scarlett.

- Hein? s'étonna Connor.

- Tu crois qu'elle aurait pû remonter tous les arbres généalogiques sans l'aide de personne? demanda Florent amusé. Elle est intelligente mais ça fait beaucoup de boulot en plus des cours.

- Mouais pas faux, avoua Connor en mangeant.

- Par contre, te rencontrer était son idée à elle, elle a rien dit à personne, précisa Florent.

- Bien... C'est une information en or ça, marmonna Connor.

- Tu veux vraiment te faire Redding? insista Jackson.

- Une relation c'est pas que du sexe! s'offusqua Connor.

- Parce que tu veux une relation avec elle? s'étonna Florent.

- Vous êtes du genre casse couilles vous deux, marmonna Connor. Ok, elle me plaît. On en débat trois heures ? Vu que de toute façon c'est mort.

- Désolé, avoua Jackson. Y a toujours Serena.

- Pourquoi Jack et le haricot magique, c'est pas l'histoire d'un muet? demanda Connor.

- Je me le demande parfois, avoua Florent.

- Je vous emmerde..., fit Jackson en regardant un paquet avant de le poser sur le côté.

Connor se mit à rire. Au moins avec ces deux là, il pouvait être lui-même. Mais un détail dans leur conversation lui revint immédiatement.

- Pourquoi vous insistez en disant que je peux vous permettre de passer dans les histoires ? Je ne sais pas franchement, avoua Connor.

- Tu te rends compte que tu as réussi à passer sans l'aide de personne ? insista Florent.

- Je sais pas comment j'ai fait... C'est pas livré avec une notice, marmonna Connor.

- Il paraît mais je dis bien paraît, fit alors Jackson, que les conteurs ont laissé de quoi comprendre à leurs descendants.

- Ici? Cool... Où ? demanda Connor.

- Tu m'as pris pour un guide touristique ? demanda Jackson. C'est une légende.

- Génial... Elle est où l'époque où mon seul but était de me cacher du principal? précisa Connor.

- Tu te cachais pourquoi ? demanda Florent.

- Je sortais avec sa fille, fit Connor. Source de bien des emmerdes... Putain d'idée à la con... Pourquoi il fallait qu'on s'entraîne ensemble pour le tournoi de quiz!!!

- Dis tout de suite que notre existence te dérange, fit Florent amusé.

- Ouais ben désolé..., marmonna Connor. Au fait... Comment Blanch... Bianca et sa belle-mère ont pu s'entendre ? Elle a quand même essayé de la descendre...

- C'est différent, à force de vivre comme des humains on en a adopté les mœurs... Thérapie familiale, avoua Florent.

- Simplement un psy? s'étonna Connor.

- Elles ont beaucoup discuté... Maintenant je vis avec deux accros de la cuisine, précisa Florent.

- Comment ça tu vis? demanda Connor étonné.

Florent se sentit mal à l'aise et plutôt gêné. Il se gratta la joue rapidement.

- Mes parents sont bloqués de l'autre côté, avoua ce dernier. On a rien pour ouvrir le passage... Ni pomme ni miroir, précisa Florent.

- Merde... Désolé..., fit Connor.

- T'inquiètes, je m'y suis fait, fit Florent.

- Mais... Tu es comme Scarlett alors? demanda Connor.

- C'est à dire? insista Florent.

- Problème de santé ? demanda Connor.

- Peu... En fait, c'est parce que plusieurs personnages et donc éléments de mon histoire sont dans ce monde, avoua Florent. On se maintient ensemble.

- D'accord... Cela signifie qu'elle a des soucis car il manque le gros personnage clef en fait ? demanda Connor.

- T'es sûr que t'as pas la notice parce que tu comprends vite, fit Jackson en riant.

- Faut juste réfléchir, avoua Connor.

- Et t'as vu juste... Ho merde il est déjà vingt-deux heures, fit Florent.

- T'as weekend demain tu sais? demanda Connor en riant.

- Ouais et White a réservé un petit cours introductif pour toi, précisa Florent.

- Hein? s'étonna Connor.

- Oups j'ai oublié de te prévenir, fit Jackson.

- Mais pourquoi ? demanda Connor en regardant méchamment la mémoire de poisson rouge.

- Tu dois rattraper ton retard, mais t'inquiètes tu seras pas seul, on sera là. Tu auras notre horaire, expliqua Florent en se dirigeant vers la porte. Au fait, j'ai filé ton numéro à Scarlett. Enfin à Bianca qui lui a donné.

- Et pourquoi mon numéro de téléphone se promène ? demanda Connor méfiant.

- Tu lui as peut-être tapé aussi dans l'œil, fit Jackson.

- En cas de besoin par rapport à ton intégration, avoua Florent en ignorant le lourd de service. Allez bonne nuit.

- Je dois rebloquer ma porte à votre avis ? demanda Connor au cas où.

- Sans doute pas mais bon, précisa Florent. Mais mieux vaut prévenir que guérir.

Et les deux compères sortirent de la chambre, laissant ainsi le temps à Connor de tout verrouiller. Il se retourna et dû nettoyer son lit en soupirant, Jackson ayant laissé des miettes partout. Et en plus, cela puait les chips alors il décida d'ouvrir ses fenêtres. Il y avait pas mal de lumières dans le bâtiment d'en face et Connor regardait celles-ci en soupirant, consterné que ses prédécesseurs aient pu profiter de leur statut avec les filles des contes. Il remarqua un mouvement à une fenêtre du dernier étage et observa attentivement. Il y avait deux filles à la fenêtre et Connor reconnu ses deux amies Scarlett et Bianca. Elles lui faisaient signe et Connor répondit après avoir attrapé son téléphone pour le montrer à Scarlett. Cette dernière mit un petit temps avant de réaliser mais il la vit, grâce à la lumière, prendre son téléphone. Quelques secondes plus tard son téléphone sonna avec un numéro inconnu.

- Bonsoir, fit Connor en faisant un signe de main.

- Tu te remets ? fit Scarlett à l'autre bout du fil.

- Tu parles d'un enfer... En plus je reçois des offrandes, fit Connor.

Il entendit les deux filles rigoler, visiblement Scarlett était sur haut parleur. Cela le fit également rire.

- C'était prévisible, lança Bianca. Ça te gêne pas que Florent m'ait donné ton numéro ?

- Je l'ai envoyé à l'infirmerie mais sinon ça va, répondit Connor avec mesquinerie.

- Quoi? fit Bianca horrifiée que Connor pû voir attraper son téléphone.

- Il plaisante..., lui fit Scarlett. Enfin...

- Je déconne oui, précisa Connor.

- T'as reçu beaucoup de choses ? demanda Bianca soulagée.

- Pas mal mais Jackson est passé par là, précisa Connor.

- T'auras moins de chance d'avoir une crise de foie, fit Scarlett.

- Et t'as goûté les gâteaux de Scarlett ? demanda Bianca.

Connor se figea et vit au loin Scarlett administrer une bousculade à Bianca. Il était étonné que celle-ci se soit prêtée à l'exercice.

- C'était prévu, on a cuisiné avec Bianca et Isabelle, on allait t'en donner ce soir mais..., se justifia Scarlett.

- J'ai trop fouiné, précisa Connor en comprenant. Le mec d'Isabelle s'en remet ?

- Oui... Et il s'appelle Charles, avoua Scarlett.

- Ok c'est noté... Au fait je suis content que ce soit toi qui t'occupes de mon cas, avoua Connor.

Il vit les deux filles se figer au loin et il sourit. Visiblement, son propos les gênait.

- J'ai plus confiance en toi qu'envers des gens que je ne connais pas, avoua Connor.

- D'accord, fit-elle visiblement touchée. Mais tu devrais dormir et vite, ça viendra rapidement vu que t'as usé de tes capacités.

- Ha... ok, fit Connor visiblement déçu. Au fait c'est quoi tes gâteaux ?

- Euh... Les cookies avec un ruban rouge autour de chaque, précisa Scarlett.

- Bon ben je vais les goûter, bonne soirée, fit Connor.

- Toi aussi, fit Scarlett qui ne raccrocha pas tout de suite laissant Connor entendre Bianca glousser. Va manger des pommes toi, fit Scarlett en raccrochant.

Connor sourit de la réplique. Il jeta même un petit coup d'œil à la fenêtre de la jeune fille mais elle était déjà refermée. Connor soupira, un petit peu déçu que la conversation connaisse déjà sa fin. Il chercha dans le tas de cochonneries pour trouver les fameux biscuits et il déballa sans ménagement le sachet. Rapidement, il porta un biscuit à sa bouche dégustant ce dernier.

- Hmmm très bon, sacrée bonne pâtissière, fit-il alors avant de s'occuper de ranger son lit.

Il se demandait si il trouverait le sommeil en réalité, surtout vu tout ce qu'il avait appris. Il s'allongea malgré tout pour dormir et ferma les yeux. Puis, sans crier gare, des coups résonnèrent, encore un visiteur sans doute.

- C'est qui? demanda Connor méfiant.

- Ha t'es toujours dans ta chambre, fit Florent de l'autre côté.

La phrase était bizarre alors Connor se redressa et il remarqua immédiatement que le jour était levé et depuis longtemps. Il s'était endormi d'un sommeil sans rêve et ce, sans même s'en rendre compte.

- C'est quoi ce bordel ? demanda Connor à lui même avant de se lever et d'aller ouvrir.

- Ça va? T'as oublié ? demanda Florent.

- Attends... C'est déjà l'heure du cours supplémentaire ? demanda Connor choqué.

- Ouais y a cinq minutes, Scarlett m'envoie, expliqua Florent.

- Laisse moi... Quelques minutes, fit Connor en le laissant entrer.

Connor fonça dans la salle de bain et se brossa les dents en quatrième vitesse.

- T'avais oublié ? Tu t'étais endormi? demanda Florent depuis la chambre.

- J'ai même pas réalisé que je dormais, fit Connor en se débarbouillant.

- Sérieux ? demanda Florent.

- Ouais..., marmonna Connor en enfilant ses vêtements.

- Mais ça t'arrive souvent ? insista le jeune homme quand Connor ouvrit la porte.

- Jamais, j'arrive pas à comprendre, fit Connor en mettant sa première chaussure..Trouve sa sœur.

Connor faisait ses lacets quand la seconde fut jetée devant lui. Il remercia Florent et mettait la seconde.

- Mais... Tu crois que c'est normal pour un conteur ? demanda Florent.

- Ben je rêve d'habitude, et j'ai même du mal à pioncer, avoua Connor en faisant son sac.

- Tu devrais peut-être en parler au principal, proposa Florent.

- Bah ouais, logique, marmonna Connor. On va me surveiller quand je dors aussi?

- Ok... Comme tu veux, marmonna Florent. Sympa ce livre...

- Quel livre ? demanda Connor avant de regarder son bureau que fixait Florent.

Il se figea de stupeur, le livre de sa famille était en effet sur le bureau et pourtant il ne l'avait pas ouvert la veille. Il s'en approcha et vérifia où il en était. Il était bloqué sur le conte du petit chaperon rouge mais Connor referma le livre et le cacha dans le bureau.

- C'était quoi? Des histoires ? demanda Florent.

- Ouais cadeau de ma mère... On y va? demanda Connor.

- Ouais mais on se grouille! fit Florent.

Connor, tout en verrouillant sa porte, se promit d'élucider ce mystère tranquillement mais là, c'était pire que tout. Plus ça allait en avançant, plus des choses bizarres lui arrivaient en pleine poire. Il n'avait pas le temps de s'en soucier, trop occupé à suivre Florent en courant dans les couloirs comme un dératé. Il manquait clairement d'exercice en tout cas et si il devait se battre, il faudrait y remédier. Avec son ami venu le chercher dans sa chambre, ils arrivèrent devant une salle de classe grande ouverte.

- Je vois que Monsieur Binder a enfin daigné se joindre à nous, lança le professeur Damian White.

Connor regarda le professeur et la classe bien remplie de tous les élèves de son âge certainement conviés pour ce cours particuliers. Il était évident que bien des filles étaient en pâmoison totale devant ce dernier et sa propre arrivée provoqua des chuchotements. Il repéra Scarlett qui semblait quant à elle rassurée de le voir débarquer.

- Monsieur Binder? demanda le professeur dans son magnifique costume gris anthracite alors qu'il entrait.

- Ouais? demanda Connor en reprenant son souffle.

- Être un conteur ne donne pas le droit à un de mes élèves d'arriver en retard sans s'excuser, fit le professeur provoquant un peu d'amusement.

- Euh oui... Désolé, précisa Connor.

- Et qu'est-ce qu'un conteur avait de plus intéressant à faire? demanda le professeur.

Connor commençait déjà à le détester et pas qu'un peu. Quoiqu'il réponde, ce crétin risquait de lui en remettre une couche avec son statut.

- Problème de réveil, marmonna Connor. Je m'assois où ?

Connor remarqua un bras qui se leva au fond de la salle, celui de Serena. Il croisait mentalement les doigts en espérant que le professeur lui assigne une place.

- Mademoiselle Redding est déjà de corvée pour vous encadrer alors si vous nous faites l'honneur de vous asseoir, faites le à côté d'elle, assura le professeur.

Connor partit s'asseoir en colère et posa son cul sur la chaise à côté du petit chaperon rouge.

- Il me gonfle déjà, marmonna Connor.

- En même temps tu es en retard, précisa Scarlett simplement.

Bon... Elle avait raison. Connor avait bien envie de lui dire ce qu'il pensait du professeur quand il entendit Serena.

- Mais pourquoi pas ici? demanda Serena. Ça change rien, je suis bonne élève.

- Madame Wave... Comptez vous pousser la chansonnette pour l'obliger à s'asseoir ? N'avez vous donc pas déjà pris un repas ? Ou vos instincts ancestraux sont trop présents ? demanda le professeur.

- Non... C'est juste qu'il est sympa, fit-elle en jetant un coup d'œil à Connor.

- Et en retard, nous perdons trop de temps et le temps n'est pas éternel, grommela le professeur. Le prochain qui m'interrompt finit chez le concierge.

Connor regarda vers Serena en réfléchissant à ce qui avait été dit sur elle. Et puis il fut saisi d'un doute.

- Scarlett ? murmura Connor.

- Oui? chuchota celle-ci en écrivant ce qu'indiquait le professeur au tableau. Prends note...

- Ouais ouais, marmonna Connor lassé. Une créature qui chante et dévore... Ce serait une sirène ?

- Oui, répondit simplement Scarlett.

Connor regarda vers Serena sous le choc d'apprendre qu'elle devait être la petite sirène. Encore une histoire joyeuse vu qu'elle finit seule et la langue coupée.

- Vous n'êtes pas en cours d'entomologie Monsieur Binder, fit soudain le professeur en l'interpellant.

- Hein? s'étonna Connor en tombant sur le regard glacial du professeur.

- L'entomologie est l'étude des insectes, précisa ce dernier.

- Merci je ne suis pas attardé..., grommela Connor.

- Alors pourquoi observez vous les mouches? Un conteur estime-t-il que mon cours est inintéressant ? insista le professeur.

- Non... Je prends note, grommela Connor en attrapant son stylo bille qu'il imaginait bien planter dans le front du professeur.

Ce professeur le détestait visiblement et il se demandait pourquoi.

- Bien, Mademoiselle Redding vous mettrez Monsieur Binder à jour pour mon cours, si son si prenant emploi du temps le permet entre deux siestes, grommela le professeur.

- Bien Monsieur White, fit Scarlett.

Connor regarda celle-ci qui se contenta d'un haussement d'épaules. Connor fit attention au tableau et découvrit le sujet du jour: La petite fille aux allumettes.

- Conteur... Cette histoire vous est connue au moins? demanda le professeur.

Il commençait franchement à les lui briser et Connor allait pouvoir rabattre son caquet à ce professeur imbu de sa personne.

- Un conte écrit par Andersen au dix-neuvième siècle, en quarante-cinq précisément, répondit Connor.

- Ha bien, vous ne faites pas honte à vos prédécesseurs, précisa le professeur amusé et provoquant un petit rire.

Connor serra son stylo avec colère écoutant le conte originel lu par un garçon de la classe.

- On lit l'histoire originelle, on en discute pour l'analyser et on essaye de comprendre quelles en sont l'implication dans la réalité, murmura Scarlett en montrant sa feuille.

Connor écarquilla les yeux en découvrant le cahier de cours de la jeune fille. Une mise en page digne des meilleurs exposés s'offrait à lui, avec son lot de couleur, d'annotations et de styles graphiques. C'était réellement une intello en fait. Connor n'avait pas de telles notes, c'était plutôt un énorme gribouillis.

- Il est toujours comme ça? demanda Connor tout bas.

- Il est très professionnel et puis tu l'as mis de mauvaise humeur avec ton retard, lui répondit Scarlett.

- C'est bon j'ai compris..., marmonna Connor. Mais ça sert réellement ?

- Oui, on essaye de comprendre quels pourraient être ses attributs et ce que peut apporter son conte ici, par exemple le valeureux petit tisseur donne de magnifiques vêtements... Tu vois? demanda Scarlett.

- Ouais vaguement...

Soudain, le professeur qui était passé devant lui frappa violemment avec son livre devant Connor qui sursauta.

- Conteur... Analyse, précisa le professeur White.

- Analyse ? demanda Connor.

- Pourriez vous expliquer à la classe ce que ce conte insinue? précisa le professeur en prononçant lentement chaque mot comme si Connor ne comprenait pas la langue.

- Une analyse psychologique ? insista Connor.

- Comme vous le désirez Conteur, précisa le professeur.

- Arrêtez de m'appeler comme ça, fit Connor en soupirant. Le conte traite du pass...

- Dans ma classe, on se lève pour parler, précisa le professeur. Et on parle distinctement.

Connor avait envie de lui dire qu'il existait d'autres modèles professoraux que Severus Rogue mais il se retint. Il allait lui en mettre plein les mirettes.

- Le conte de la petite fille aux allumettes est un rappel de la condition miséreuse qui fut celle de la famille d'Andersen, commença alors Connor en colère. Elle est également une forme volontaire et détournée de suicide.

- Pardon? s'étonna le professeur.

- Connor..., murmura Scarlett. Ne vas pas sur ce terrain...

- Naturellement, on peut y voir clairement la peur de rejoindre le taudis familial avec sa jolie collection de tarés qui la maltraitent, reprit Connor en ignorant Scarlett, trop désireux de se mettre en valeur. Comme elle n'a rien vendu elle se met à paniquer et à craquer une allumette. Techniquement parlant, la petite comprend que son monde et son environnement sont totalement pourris et se met à fantasmer une autre vie. Elle finit par comprendre que le seul membre de sa famille qui valait le déplacement était déjà morte. Alors elle se laisse mourir, un choix stupide.

- Connor..., insista Scarlett attirant son regard.

- Cela semble bien pragmatique comme vision, précisa le professeur.

- En même temps, reprit Connor. Elle a la dalle, elle n'a qu'à voler de la bouffe au lieu de s'emmerder à vendre des allumettes à la con. Elle a froid, elle vole des vêtements... C'est pas impossible...

- Tu crois que c'est facile de vivre dans la rue? demanda une voix féminine derrière lui.

Connor allait finir par se mettre à dos tout le monde avec son caractère mais se prendre une leçon de vie n'allait faire que l'énerver. Il se retourna et tomba sur une fille au fond de la classe, très mal à l'aise et un peu débraillée mais surtout avec les yeux rougis.

- Quoi? s'étonna Connor.

- Tu crois que je n'y ai pas songé ? Je refuse d'être une criminelle, qu'importe ma condition, fit la jeune fille visiblement énervée.

- Mademoiselle Cerilla, calmez vous, fit le professeur.

- Je sais pas d'où il sort mais pour lui la vie semble facile, assura la jeune fille.

- Kirsten... Il n'a pas voulu te blesser, fit alors Scarlett avec empressement.

Connor regarda Scarlett avec un air dubitatif. C'était une conversation extrêmement surréaliste mais Connor finit par se rappeler où il était. Il se sentit mal et regarda la dénommée Kirsten.

- Je... Je ne voulais pas être méchant..., s'excusa Connor.

- Oui j'en avais marre d'être une clocharde! Oui la vie est meilleure ici! s'excita la jeune fille. Un conteur ne pas pas comprendre ce que ça fait d'être dans une famille où on n'a aucune importance.

- Kirsten... Il n'est pas habitué à notre monde... Il l'a analysé comme le font les humains, le défendit Scarlett.

- Monsieur Binder n'a pas de réaliser que nous sommes issus d'histoires capable de briser un humain normal, lança le professeur.

Connor regardait Kirsten choqué de lui avoir fait du mal. Celle-ci se gratta nerveusement les cheveux et Connor vit un avant-bras clairement scarifié. Il réalisa soudainement que les comportements profonds des personnages devait être présents dans leur version en ce lycée. Il s'en voulut et même si il aurait subi des brimades, il prit la parole.

- Mon géniteur a abandonné ma mère enceinte, fit Connor attirant tous les regards mais surtout celui de Kirsten.

- Quoi? s'étonna cette dernière.

- Savoir qu'on a moins de valeur qu'un pack de bière, je sais ce que c'est, fit Connor. Et être dans la merde aussi. Ma mère croule sous les dettes et on était également à deux doigts de rejoindre le monde de la rue. Alors je suis sincère quand je m'excuse... Kirsten c'est ça ? demanda Connor.

- Oui c'est bien ça, fit cette dernière.

- Alors je suis vraiment désolé de t'avoir blessé, et je ferai plus attention la prochaine fois, dit-il pour la classe. Je te promets que quand je saurai ouvrir un de ces passages, je ferai en sorte que tu puisses voir ta grand-mère.

- D'acc... D'accord... Merci, fit juste cette dernière.

Après avoir foutu sa merde, Connor se rassit et subit un regard lourd de sens de la part de Scarlett.

- Tu oublies que nous sommes ici? demanda-t-elle vexée.

- Je m'y fais seulement..., grommela Connor.

- Je sais... J'aurais dû te prévenir, fit-elle tout bas.

- J'étais en retard alors... Je suis désolé, fit Connor énervé.

Connor croisa alors le regard condescendant du professeur et il comprit que ce dernier savourait la boulette. Il avait voulu en mettre plein la vue et il le payait chèrement. Il avait blessé la pauvre jeune fille derrière lui avec son caractère de merde.

- Bien... Nous allons envisager les attributs... Quelqu'un pourrait faire des propositions en évitant de mettre à mal Mademoiselle Cerilla? demanda le professeur.

Connor fixa le professeur convaincu que ce dernier avait une dent contre lui. Il avait parlé de ses prédécesseurs et le jeune homme comprenait que ses ancêtres devaient être bien meilleurs que lui, il allait y remédier et surtout il contait tenir sa promesse à la fille aux allumettes. Ces personnages étaient humains et il devrait apprendre à s'y habituer. Un long travail l'attendait...


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