Zoomorphic - Wolves & Wendigos

Chapitre 10 : X

8198 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/08/2023 08:30

Quel drôle de week-end j'avais pu vivre. Tout mon monde avait été bouleversé car désormais, je commençais à m'inquiéter plutôt lourdement. En effet, même si les loups semblaient désireux de l'oublier - ou parce qu'ils avaient confiance en leurs capacités - les Wendigos étaient désormais plus nombreux. Mais le pire à mes yeux, c'était peut-être que désormais ils savaient que Blaine était l'un d'entre eux. J'espérais quand même que ce garçon qui ne se souciait de rien avait eu la présence d'esprit de fermer sa grande gueule devant Nel, évitant de révéler qu'il était un hybride. J'estimais quand même que l'on pouvait compter sur Blaine et sa discrétion, après tout il n'est quand même pas le mec le plus causant du monde. Cependant, ce qui m'inquiétait un peu, c'était plutôt qu'il s'était pris une semaine de congés au lycée... Ce seul détail était un peu effrayant, me poussant à me demander si c'était pour s'occuper de Nel et éviter les soucis. Et ce qui m'emmerdait surtout beaucoup plus, c'était que le robot, je ne le voyais plus. J'espérais qu'il avait survécu, je me serais bien passée d'un magnifique F rouge, souligné et bien gras sur ma copie finale. Mais il y avait bien un petit plaisir qui m'attendait ce matin là, ma petite Coxy était désormais équipée totalement pour la neige et c'était tant mieux. Je courais un peu partout dans la cuisine, car à force de me tripatouiller les pensées, je me couchais tardivement.

- Tu as passé la soirée à discuter avec ton petit copain ? demanda mon père en riant.

- Mouais, dis-je en mentant à moitié.

- Il faut être plus sérieuse, assura mon père.

- Promis, je me coucherai plus tôt, concédai-je en me faisant un toast trop cuit.

- Tiens, fit-il en posant de l'argent sur la table. Pour ta cantine.

- Merci, dis-je en avalant difficilement et en empochant rapidement l'argent.

- Ça ira avec ta voiture ? demanda alors mon père.

- Bon il neige pas trop ces jours-ci, peut-être quand ce sera franchement bloqué, dis-je en posant mon assiette dans l'évier avant d'être saisie d'un doute. Et toi?

- Je vais bien, je me couche tôt, avoua mon père.

- Non... Ton boulot? demandai-je encore.

- Pour l'instant plus rien, juste des fêtards à remettre dans le droit chemin, précisa mon père.

J'en fus immédiatement rassurée. Cela signifiait donc que les Wendigos avaient commencé à se calmer et surtout qu'ils ne marquaient plus leur territoire. Ce fameux Ezekiel semblait diriger sa meute avec sérieux. Tant mieux, je n'aurais sans doute jamais supporté d'imaginer qu'ils puissent charcuter Papa. Je le pris rapidement dans mes bras avant d'enfiler une veste très épaisse.

- Tu as fait le plein? demanda alors mon père en sortant son portefeuille.

- Papa, je conduis peu donc le plein dure... Je dois encore avoir plus de la moitié du réservoir..., marmonnai-je consternée.

Il fallait bien reconnaître que j'aurais, dans des circonstances normales, profité à mort d'être véhiculée pour aller au cinéma et au centre commercial maiq j'avais des soucis fe créatures fantastiques légèrement trop prenants pour flâner.

- Et puis je suppose que si tu sors c'est Max qui conduit, fit-il en souriant.

Je tournai alors ma tête vers lui, me figeant en faisant remonter la fermeture éclair de mes bottes. Je m'attendais à des questions bizarres, des trucs gênants, ou du même acabit.

- Je l'aime bien ce garçon, avoua alors Papa m'enlevant un poids bien lourd des épaules.

- Ha bon? dis-je étonnée.

- Oui, il me semble poli et respectueux... À moins que...

- Non Papa, c'est un mec vraiment bien, dis-je alors. Je te jure...

- Et puis tu sais te défendre, fit-il en mimant la boxe.

- Évidemment, dis-je en sachant cependant que je ne pourrai pas me défendre.

- Et euh..., fit-il soudainement mal à l'aise.

- Non, et je n'en parlerai pas, grommelai-je en comprenant.

- Ha ok, fit-il rassuré. Mais j'aimerais par contre que tu évites quand même Muldoon.

- On est amis... Il est à part mais il n'est pas si mauvais, précisai-je. Faut juste s'habituer à son caractère de merde...

- Tu ne prends rien avec lui? demanda immédiatement mon père.

- Papa!!! Je ne suis pas assez folle pour ça... Tu me prends pour qui? m'énervai-je alors.

- C'était par acquis de conscience..., marmonna mon père. Bonne journée au lycée.

- Bonne journée au boulot, dis-je en enfilant un bonnet et entourant ma gorge d'une grosse écharpe bien épaisse. J'y vais, je t'aime.

Et une fois la porte passée, ma chère petite coccinelle d'amour m'attendait. Je montai immédiatement dedans - après avoir bataillé avec la portière comme d'habitude - et je mis le contact. Je pus relever que depuis la réparation de Blaine, elle démarrait toujours à la seconde même où je tournai la clef, comme quoi il n'était pas totalement un boulet.

- Allons-y... Qu'est ce que je me les gèle !!! grommelai-je en réalisant que le chauffage n'était guère des plus efficaces.

Je pris alors la décision de faire un tout petit détour - rapide hein vu que j'avais cours - et je partis donc vers le centre ville pour m'acheter un café bien grand, bien chaud et bien goûteux. Je me garai donc sur le parking d'un petit Starbucks et je rentrai à l'intérieur pour me commander un grand café. Je patientai le temps qu'il soit prêt et, mon breuvage brulant en main, je ressortis de l'enseigne. Fonçant ensuite vers ma voiture, je remarquai alors quelque chose sur ma gauche, un truc voyant. C'était la voiture de Blaine mais j'aurais quand même réalisé qu'il était à l'intérieur. Je regardai alors à gauche puis à droite, le cherchant du regard. Tout à coup, provenant de l'autre côté du coin du bâtiment, dans la ruelle attenante et servant clairement à stocker les poubelles du Starbucks, le rire caractéristique de Blaine me parvint. Trop curieuse pour mon propre bien - ça c'est pas nouveau - je me mis à longer discrètement ce bâtiment pour m'arrêter au coin et prêter une oreille attentive.

- Tu te fous de moi? demanda alors la voix franchement énervée de Sonja.

J'écarquillai les yeux, surprise de l'interlocutrice de Blaine. Depuis quand voyait il les Wendigos et surtout pourquoi ? À quoi pouvait jouer ce crétin de Blaine.

- Me sortir qu'Ezekiel est un bon chef de meute... Tu crois que c'est un argument ? demanda Blaine.

- Je suis sincère petit merdeux..., grogna Sonja.

- Tu me dirais le contraire, je te croirai à la seconde, avoua Blaine sur un ton mesquin.

- T'es un débile tu sais ça ? demanda Sonja. C'est une offre réelle... Ta place est parmis les tiens.

Je me figeai en comprenant clairement les tenants et aboutissants de cette conversation : les Wendigos voulaient de Blaine dans leur meute, ce qui était sans doute normal vu qu'ils devaient ignorer qu'il était un hybride. Pour eux, il ne devait être qu'un simple Wendigo adopté et élevé par des loups.

- C'est clair que les loups sont des couilles molles, s'amusa Blaine me choquant. Il faut respecter les humains gna gna gna...

- Tu as raison, les humains ne sont là que pour servir des gens comme nous...

- Cependant, j'aime ma vie comme elle est pour l'instant, précisa Blaine.

- Je sais, tu l'as dit à Ezekiel..., marmonna Sonja. Mais tu t'écrases devant ce louveteau à la con.

- Je ne m'écrase pas, grogna Blaine. J'ai juste mes raisons de ne pas lui arracher un bras.

- Et cette raison? Pourquoi t'attends ? Fais le, impose ta force et ta nature, lui assura Sonja.

Je fus horrifiée du propos. Blaine avait littéralement la rage. Et ça se voyait bien mais je ne pensais pas que c'était à ce niveau là.

- J'aime garder mes raisons pour moi...

- Mouais... Je crois cerner... Tu n'as rien indiqué sur la liste des membres de la meute de Juneau, précisa Sonja.

J'avais eu un hoquet de surprise comprenant clairement ce que Blaine avait fait. Il avait donné le nom des loups de Juneau aux Wendigos, faisant fi de toutes sécurités au préalable.

- Vous vouliez la meute, j'ai donné la meute, comme la position actuelle du futur Alpha, précisa Blaine. C'était un échange de procédé.

- D'ailleurs, tu as récupéré des effets de Nel... Mais elle va bien? demanda Sonja.

- On se soucie des cadeaux ? demanda Blaine en riant.

J'étais complètement stupéfaite des propos de Blaine. Il trahissait la meute pour ses semblables. Il s'était sans doute toujours senti plus Wendigo que loup mais je ne comprenais pas ce qu'il avait dû donner sur Max. Il faudrait que je l'interroge d'ailleurs car lui, à l'inverse de Blaine, ne parlait jamais de sa nature. Je me demandais même si il avait assez confiance en moi.

- Tu pourrais éviter de pianoter sur ton téléphone pendant qu'on parle non? s'énerva Sonja. Et me répondre.

- Désolé, je suis un ado, fit Blaine provocateur. Tu veux savoir quoi?

Au moment où il dit cela, je sentis mon téléphone vibrer délicatement dans ma poche et je me félicitai de toujours le mettre sur silencieux avant de sortir de chez moi pour aller au lycée. Peut-être Max s'inquiétait il de mon arrivée tardive ? Je fus choquée en voyant l'auteur d'un message que je venais de recevoir. Il s'agissait de Blaine qui m'intimait de me casser et d'arrêter de l'espionner.

- Elle s'adapte ? demanda alors Sonja pendant que je finissais de lire le message.

- Disons que je prends mon temps, j'ai peur de la casser en deux si je la prends trop violemment... Par contre elle sait sucer, fit Blaine me choquant.

J'étais en colère d'entendre cela, plus que jamais sans doute et je pris la décision de m'en aller, ce n'était que partie remise pour que je lui règle son compte. Je démarrai alors Coxy avec rage et je fonçai vers le lycée en gueulant dans ma voiture.

- Blaine espèce de connard!!!! T'avais juré de ne rien lui faire!!!! Je vais te faire la tête au carré !!! C'est une gamine !!!! Enfoiré !!!! criai-je en tapant sur mon volant.

L'inconvénient d'une toute petite ville comme Juneau, c'était peut-être bien le manque de distance évident entre les points de départs et les points d'arrivées de tous les trajets motorisés effectués. En effet, dans mon cas, je n'avais aucun moyen de me calmer suffisamment de ce que je venais d'apprendre. Mais le pire dans cette découverte, c'était peut-être mon ressentiment qui était totalement égoïste. Naturellement, j'aurais peut-être dû lui en vouloir pour avoir précisé aux Wendigos qui était un loup mais non, ce n'était pas le cas. Je lui en voulais beaucoup plus d'avoir profité de Nel. Ce n'était pas tant son âge - quoique c'était franchement dérangeant - ou simplement qu'il profite de la situation et de son "cadeau" offert par les Wendigos. Non... C'était surtout qu'il trahisse sa promesse envers moi, celle de la laisser. Je le prenais comme un affront personnel, comme ce message qui m'avait ordonné de foutre le camp. Ça, il allait bien me le payer. J'inspirai profondément pour me calmer en arrivant sur le parking, je devais en effet faire semblant que tout allait bien, comme à chaque fois. Garée et vaguement calmée, je sortis de ma petite Coxy d'amour en saisissant mon sac avant de fixer tout le parking. Comme le pick-up de Max était déjà là, je me dis que si il n'était pas à l'extérieur, c'était histoire de donner le change en s'abritant à l'intérieur pour se protéger du froid. Je pris donc la direction de l'entrée avant de foncer vers la cafétéria où il devait clairement se trouver. Et effectivement, il était bien là au milieu de son petit monde. Il me repéra et immédiatement un magnifique sourire de pleinitude fut arboré par ses lèvres avant même qu'il n'approche de moi. Amusée, je le vis tenir fermement son robot en venant m'embrasser de la douceur bienvenue de ses lèvres.

- Ça va? demanda-t-il alors.

- Oui..., dis-je en fixant le bébé.

- Blaine te ramène le votre, il vient aujourd'hui, précisa Max. Sauf si il change d'avis encore une fois.

- Je pourrais d'ailleurs te parler en privé ? demandai-je.

- Personne ne nous écoute, dit-il doucement avec un petit sourire.

- Max... Tu leur as dit ou pas? dis-je alors en regardant les autres loups.

- Oui... Je te l'avais promis non? dit-il surpris.

Effectivement, durant la semaine, je lui avais demandé si cela compliquerait sa vie. Il avait affirmé que non et qu'il allait leur dire. Visiblement, c'était chose faite. Je ne tenais pas particulièrement à être impliquée par les problémes des Thériens mais je ne voulais pas avoir à me cacher pour discuter avec lui de sa nature.

- Donc tu veux bien qu'on s'éloigne un peu des oreilles franchement indiscrètes ? demandai-je en tournant la tête vers les loups de la meute.

J'en vis quelques uns sourire, signe qu'ils avaient entendu. Hannah me fit un petit signe de main et tira même le bras d'Aaron pour l'éloigner - si il ne se passait rien entre ces deux là, je voulais bien être bonne sœur. Étonnement, je vis également Elena, la native, me fixer. Je la regardais immédiatement en retour, penchant un peu la tête vers elle. Je commençai alors à cerner certaines choses. Elle n'était pas une louve, c'était une évidence vu qu'elle n'était pas aux pieds de Max - quelle déduction Sherlock ! - mais vu qu'elle m'avait entendue, elle était quelque chose. Je la fixais en murmurant discrètement.

- Je ne dirai rien mais tu n'es pas obligée de me dire ce que tu es, promis je ne poserai pas la question, dis-je avec un sourire.

- À qui tu..., marmonna Max avant de se retourner. Ho... Elena...

- J'ai compris que ce n'était pas une louve, précisai-je. Mais je veux te parler...

Max, très gentil, céda alors et m'emmena dans un recoin de la cafétéria pour que nous puissions prendre place et discuter.

- Maintenant je veux tout comprendre..., marmonnai-je.

Cette conversation le concernant et que j'avais entendue entre les Wendigos m'inquiétais un peu et je voulais tout savoir.

- Par rapport à ? demanda Max perdu mais d'une certaine façon c'était compréhensible.

- Qu'est-ce que cela implique réellement d'être qui tu es? demandai-je alors.

- Je suppose que tu parles de mon héritage, comprit alors Max. Cela impliquera beaucoup de responsabilités. Ça risque d'être assez long...

- Étonnement, je pense que je peux comprendre...

- Bon alors d'accord..., fit-il doucement. En fait, dans une meute, être l'Alpha c'est un peu comme être... Être le maire.

- Je suppose que tu ne parles pas d'élection, avouai-je en souriant.

- Plutôt de responsabilités, précisa quand même Max en prenant ma main. Un Alpha doit toujours guider les siens, les soutenir à cause des transformations, résoudre les soucis... Mais je dois aussi m'en montrer digne.

- Et tu fais cela comment? demandai-je intéressée.

- Comme tu l'as remarqué, je dois être assez proches d'eux, expliqua Max. Je dois les conseiller, les calmer, les guider. Je dois être un peu comme un grand frère.

- Et plus tard...

- Le jour où je succéderai a mon père, je devrais également prendre une fonction de juge, rendre la justice, précisa Max.

- Ho...

Je fus sidérée de tout cela, c'était tant de pression. Je réalisai également que cela signifiait que Max était d'une importance vitale pour sa meute et les propos de Sonja prenaient toute leur signification. Les Wendigos voulaient se débarrasser de lui et ils avaient trouvé le bon candidat.

- Je ne suis pas vraiment prêt... C'est très lourd à porter, précisa Max. Je dois apprendre nos lois, nos lignées... Je suis aussi obligé d'apprendre les lois des autres clans parce que je devrais négocier avec eux... Et maintenant on va devoir prendre en compte les Wendigos.

- Mais quelqu'un peut prendre ta place ? demandai-je alors.

- J'aimerai bien, malheureusement... C'est un peu réactionnaire... Ma sœur aurait dû prendre ma place, elle est intelligente, dit-il simplement.

- Hein? dis-je avant de réaliser. Je voulais dire... Une autre lignée peut diriger la ville?

- Ho... Ne t'inquiètes pas, dit-il doucement. Je t'assure que les autres respectent notre hégémonie et même les Wendigos n'essaieront pas, les combats pour prendre la tête sont trop dangereux.

- Ha... Un combat ? m'étonnai-je.

- N'aie pas peur... C'est très gentil de t'inquiéter pour moi mais je ne suis pas encore prêt. Je devrai sans doute hériter du statut dans dix ans, précisa Max en me souriant.

- Bon... Et si il t'arrive quelque chose ? demandai-je alors.

- Lynn... Les Wendigos et ce Ezekiel semble plus réfléchi. Bien sûr, si je devenais incapable de succéder à mon père, une autre lignée pourrait désirer nous diriger mais cela pourrait aussi enclencher une guerre.

- Et ça... C'est censé me rassurer? demandai-je choquée.

- Ça ira... Ty comprends maintenant pourquoi je n'ai énormément de temps libre? demanda alors Max. Je sais que je ne t'en consacre pas énormément mais...

- Non non c'est très bien, dis-je alors avec un sourire rassurant. Promis...

- Mais pourquoi tu te poses ces questions maintenant ? s'étonna enfin Max.

- J'arrête pas de penser à la forêt... À eux... À Blaine..., dis-je alors.

- À Blaine ? s'étonna Max. Les autres je comprends mais...

Je crus déceler un soupçon de jalousie qui me fit sourire en coin. Ainsi donc, il était du genre jaloux.

- T'es jaloux ? C'est pas utile, dis-je honnêtement. À cause de moi, ils savent qu'il est un Wendigo et en plus... Y a Nel...

- Je ne suis pas jaloux... Juste surpris, mentit Max et assez mal d'ailleurs. Nel s'en sort bien. Elle essaye encore de dormir avec Blaine mais elle a compris qu'elle devait rester dans la chambre d'amis le soir. Elle obéit pour l'instant... On essaye de lui apprendre à lire... Elle adore Ben, ils jouent beaucoup ensemble.

- Blaine et elle...

- Lynn... Même Blaine ne ferait pas ça... D'ailleurs à part pour gérer sa nature, ils ne passent pas de temps ensemble, précisa Max. T'as cru le contraire ? Mais pourquoi ?

- Ho euh... Je ne sais pas trop, mentis je alors.

Là, j'étais complètement dans le flou, avais-je mal compris ? Et puis soudain, me vint une drôle d'idée ou plutôt deux. La première donnait un mauvais rôle à Blaine et impliquait la possibilité qu'il profite de Nel en secret. La seconde était simplement un mensonge pour se la péter un peu. Connaissant le spécimen, je misais sur la seconde pour le moment.

- Et lui? demandai-je alors.

- Blaine? s'étonna Max. Bah comme d'habitude...

- Ha...

- Il y a un problème en fait ? demanda soudainement Max.

- Je ne sais pas... Je m'en veux un peu... Il a dû... Pour moi tu vois? demandai-je bêtement.

- Tu t'en veux donc... Il a agi par instinct, précisa Max.

- Comment tu pouvais être sûr qu'il allait venir m'aider ? demandai-je immédiatement.

Max me regarda fixement comme si il cherchait clairement une explication. Moi-même j'étais encore un peu perplexe et visiblement, il l'était tout autant.

- Je le savais, fit-il alors avec une petite gêne.

- Tu le savais ? Quelle explication, dis-je en riant.

- Je peux être honnête avec toi? demanda Max.

- Évidemment..., dis-je hésitante.

- Je pense que Blaine t'apprécie beaucoup, avoua Max. Il ne parlait jamais de lui, à personne... Pour lui les filles... C'est plutôt dans un lit qu'il y voit l'intérêt mais toi... Je crois qu'il aime te parler, avoua Max.

- Ho... Je suis touchée, dis-je honnêtement. C'est vrai qu'on parle beaucoup...

- Et tu dois peut-être être une des rares personnes au monde a l'accepter, je veux dire en humaine... Maman essaye surtout avec ce qui est arrivé à sa sœur... Elle dit toujours que Blaine n'y est pour rien, son père a... Quoi? fit Max soudainement surpris.

J'avais dû commencer à écarquiller les yeux durant l'explication. En effet, je réalisai que la version que m'avait donnée ses parents, ils la donnaient aussi à leurs enfants. En réalité, Max pensait que Blaine était né d'un viol et non pas d'un amour partagé. Je repris consistance comprenant alors que Blaine s'était confié à moi.

- Je sais... Ça me gène d'en parler..., dis-je honnêtement.

- Je comprends... J'ai essayé d'aborder le sujet avec lui mais il m'a... Il m'a cassé la gueule, avoua Max.

- Navrée...

- C'est Blaine, fit-il en haussant les épaules.

Était-ce la raison pour laquelle Blaine détestait clairement Max? Peut-être. Je devrais franchement essayer de régler leurs soucis à ses deux là avant que ça ne dégénère. Mais trêve de bavardage pour moi, la sonnerie du début des cours retentit.

- On ferait mieux d'y aller, lança Max avant de m'embrasser.

- Merci de tes explications, dis-je alors en prenant le bras de Max pour m'entourer.

Nous filâmes donc en classe et je me figeai en arrivant dans le couloir. Blaine était là, en avance pour une fois, et il nous fixait. Peut-être me fixait il moi plus précisément vu que je l'avais grillé.

- Tu es déjà là ? demanda Max à son cousin.

- On t'a sonné? répliqua sèchement Blaine.

- Ok..., fit Max qui me guida en classe.

Je jetai immédiatement un coup d'œil à Blaine, le genre de coup d'œil inquiet. Je voulais savoir, je voulais comprendre. Malheureusement, étudier une littéralement aussi peu joyeuse que l'attrape cœur, cela n'avait franchement rien de folichon. Par contre, mon cours, je l'avais passé non seulement à prendre des notes mais aussi à fixer Blaine attentivement par à coup. Il savait que je l'avais vu. Il savait que je l'avais entendu. Heureusement, l'heure de cantine allait me vider la tête.

- Je meurs de faim, me fit Gisèle, l'autre seule humaine de la bande qui m'accompagnait vers la porte

- Moi au..., dis-je en me figeant quand je vis apparaître bébé Nora devant moi.

- Je l'ai gardée assez cette petite, j'ai d'autres trucs à faire, dit alors Blaine sèchement.

- Des choses comme..., insistai-je alors.

- Et tu t'en sors? demanda alors Gisèle nous interrompant.

- Bah... Ouais... Et toi? demanda Blaine.

- Je suis pas très douée... Heureusement Hannah se débrouille mieux..., fit Gisèle gênée. Toi visiblement tu ferais un bon père...

Je regardai fixement Gisèle assez surprise de son propos. Celle-ci tourna sa tête vers moi et me regarda avec un peu de gêne.

- On pourrait croire qu'il s'en fout mais je savais qu'il ferait un effort, avoua Gisèle avant de filer rapidement dans le couloir.

Je regardai Blaine immédiatement et je fixai le bébé.

- On doit parler, avouai-je alors.

- Non, fit Blaine avant de partir.

Je l'aurai bien tué sur ce coup là mais ce n'était que partie remise. On était binôme au cours suivant. Je m'étais tout de même demandée pendant tout mon repas - qui n'aurait pas eu mon intérêt si bébé Nora ne chialait pas toutes les cinq minutes - comment gérer Blaine. Il me faudrait un coup de main du destin. En allant cependant au cours suivant, je réalisai que Gisèle marchait à côté de moi sans piper le moindre mot.

- Gisèle..., dis-je pour attirer son attention. Si Blaine te plait...

- C'est pas... C'est..., se défendit Gisèle avec gêne. J'aimerais le connaître avant de penser quoique ce soit... Mais tu l'as vu avec les filles... Et puis cette histoire...

- Je pense qu'elle est fausse, dis-je alors avant de réaliser ma connerie. Si il avait fait quelque chose d'aussi grave, il ne pourrait pas être ici. Il aurait pris jusque dix-huit ans.

- Ha... C'est vrai que ton père travaille avec la police, marmonna Gisèle. Mais il aime les filles... Qui couchent non?

- Tu veux que je le questionne ? demandai-je amusée.

- Non... Je ne préfère pas, marmonna Gisèle en filant dans la classe. Bonjour Monsieur Sparks.

- Bonjour Monsieur ! enchéris-je immédiatement.

- Bonjour Mesdemoiselles, fit le professeur. Prenez place, prenez place.

Et forcément, le caractériel du coin était déjà attablé et je pus m'installer près de lui. Je le fixai attentivement et j'espérais qu'il se déride un peu.

- Blaine... J'aimerais qu'on en parle, dis-je alors.

- Non, me répondit le casse couilles qui me servait de binôme.

Autant l'avouer, je ronchonnai immédiatement sur ma chaise, énervée et vexée que j'étais. Heureusement, bébé Nora me souriait ou plutôt son programme l'obligeait à le faire. Évidemment, je n'étais pas la seule à avoir mon bébé devant moi, toute la classe avait le sien.

- Sachez avant tout mes chers petits que je suis très fier de vous, lança le professeur Sparks en nous regardant. J'ai eu l'occasion d'obtenir les premiers résultats et je suis heureux de vous signifier que tout vos bébés sont en parfaite santé.

Je regardai alors Blaine et, désireuse de le faire sourire, je le bousculai alors légèrement.

- T'es le père de l'année dis donc, dis-je en souriant.

- Ça te surprend tant que ça ? répondit-il sèchement.

- Faut encore bosser le caractère, marmonnai-je alors avant de reporter mon attention sur le professeur Sparks.

- Bien aujourd'hui, le cours sera simple, annonça immédiatement le professeur. J'aimerais que vous me rendiez un compte rendu complet de vos premières expériences avec les bébés. Mais certains ont peut-être déjà quelques choses à dire? Oui?

- Pourquoi ils sont programmés pour pleurer deux fois plus la nuit ? demanda un garçon visiblement épuisé. Ma mère est infirmière en pédiatrie et dit que c'est pire qu'un vrai...

- Je pense qu'ils ont été programmés pour vous irriter un peu, éviter la facilité car pour l'instant vous vous en occupez très bien. Vous en concluez des choses ?

Je sentis le bras de Blaine se lever et je le fixai avec étonnement.

- Oui Blaine? appela le professeur pour lui donner la parole.

- En bref, c'est plus intéressant de les faire que de les élever, lança Blaine avec un sourire mesquin.

- Merci de cette brillante analyse, fit le professeur sous les rires.

Je fixai Blaine avec une consternation plutôt évidente et là, il me gratifia d'un clin d'œil. Quel crétin ! Heureusement, il participa avec attention au compte rendu que nous avions essayé de rendre complet. Évidemment, nous devions éviter de spécifier quelques moments sans lui, les mêmes moments ayant impliqué des Wendigos. Les élèves essayaient de remplir leurs comptes rendus, interrompus par les besoins incessants de nourrir ou changer les robots.

- J'avouerai que ça complique les cours, avait même lancé le professeur en riant mais observant ses élèves faire avec concentration.

Je crois qu'à cet instant, plus d'un regard aurait pu tuer le professeur si ils étaient mortels. Nous en avions clairement tous un peu ras le bol de se réveiller toutes les heures pendant la nuit. Naturellement, un véritable bébé le ferait sans doute également mais à part lors d'un déni de grossesse - encore assez mal reconnu - garder le bébé serait une décision réfléchie et voulue mais pas aussi imposée que cet exercice à rallonge.

- Bien, je vais ramasser les comptes rendus, fit le professeur à la fin du cours. Et je vais également vous donner un petit exercice à faire en binôme.

C'était si gentil de penser à moi, j'allais encore devoir gérer Blaine. Et au vu de la situation actuelle, cela allait être chiant.

- Vous allez budgéter les dépenses nécessaires à un bébé, fit le professeur avant de voir nos tronches un peu perdues. Et oui, actuellement, lors de cet exercice, vous pouvez coucher un robot sur une table ou un bureau, il ne se nourrit que des produits fournis. Cependant, dans la réalité, un bébé signifie beaucoup de dépenses. Vous devrez vous rendre dans les commerces du coin, étudier les prix et estimer combien coûte un bébé. Naturellement, vous pouvez commencer à étudier également les prix des plats et boullies pour eux. N'oubliez rien, et bonne journée.

Envie de meurtre... Encore une fois. Rangeant mes affaires, je fixai Blaine en me demandant si il était d'humeur.

- On prend ma voiture et je ramène récupérer ta coccinelle ou on prend deux voitures ? demanda-t-il.

- Une... Soyons écolo un peu, avouai-je.

- On se rejoint au parking, fit-il en partant.

Si ça c'était être causant, je voulais bien devenir vampire... J'étais énervée avec bébé Nora dans les bras, fixant mes voisins de cours et surtout Gisèle.

- Nous on va au centre commercial... On s'y retrouve? proposai-je alors.

- Hannah a des choses importantes à faire, on doit s'y retrouver plus tard, assura Gisèle en regardant Hannah passer.

Hannah m'avait jeté un tout petit regard qui se voulait être discret mais j'avais compris le message : truc de loup. Et comme d'habitude, Blaine n'y était pas convié. Je commençais franchement à cerner les ressentiments de ce dernier, il était à l'écart de toute la meute en fait. Si ils savaient.

- Bon je vais rejoindre Blaine... Il est motivé et il vaut mieux que je me dépêche avant qu'il ne change d'avis, assurai-je.

- Bon courage, a demain, fit Gisèle en quittant la classe.

Je trainai donc les pieds en rejoignant le parking, remarquant Blaine en train de fumer contre sa bagnole. Je filai tout de même vers Coxy pour y ranger mon sac et je prévoyais alors d'écrire sur mon téléphone ce que nous penserons. J'avançai ensuite vers Blaine, bébé Nora dans les bras. Il m'ouvrit la portière et je déposai le bébé à l'arrière. En me relevant, je vis une cigarette tendue vers moi et je la pris pour fumer.

- Donc j'ai droit à une clope mais pas à des réponses ? demandai-je alors.

- Fume et boucle la Seattle, marmonna Blaine.

Ho ça je fumais, nerveusement même - enragée correspondrait encore mieux. Je jetai ensuite le mégot et nous montâmes.

- On va au plus grand centre commercial, précisa Blaine.

- C'est toi qui conduis, grommelai-je énervée par son comportement.

Et Blaine démarra donc, filant sans hésitation sur la route. Je le fixai et je remarquai qu'il fixait assez souvent son rétroviseur.

- Le robot ne peut pas tomber, lui précisai-je alors.

- Je le sais merci, dit-il simplement pour me répondre.

Je la regardai immédiatement avec suspicion et je finis par regarder derrière nous. Il n'y avait pourtant rien à part la circulation. Mais que cherchait il en fait? Max? Je n'en savais rien.

- Bon, vu que je ne pose pas de questions... Je peux dire autre chose ? demandai-je alors.

- Vu que tu ne peux pas t'en empêcher, grommela Blaine.

- Tu sais que Gisèle craque sur toi, tentai-je alors.

- Évidemment, répondit-il simplement.

- Ho évidemment..., marmonnai-je alors. Monsieur est irrésistible...

- J'entends, répondit simplement Blaine.

Je tournai alors la tête vers lui, comprenant qu'il parlait de son ouïe super développée de Wendigo mais pas les implications.

- Tu entends quoi? insistai-je vu le manque de conversion de mon chauffeur.

- Son cœur bat différemment quand elle me parle ou qu'elle me fixe en pensant que je ne la vois pas, précisa Blaine.

- Ha ouais... Carrément ? insistai-je.

- Ton cœur fait le même bruit quand tu regardes Max...

- Ha..., dis-je en rougissant. Et lui?

- Tu as des doutes ? s'amusa Blaine. Et oui.

- Donc... Pourquoi tu n'y réponds pas... C'est pas ton genre de te retenir, précisai-je. Suffit de te voir à son anniversaire...

- Le cœur de ces filles n'était pas sur ce tempo, assura Blaine. C'était plus...

- C'est bon, j'ai pigé, pas de détails, dis-je horrifiée.

- Tu poses la question, assura mon interlocuteur.

- Ouais... Alors... Elle ne te plait pas?

- Tu crois franchement que c'est facile pour quelqu'un comme moi? demanda Blaine.

- Arrête, j'ai accepté Max et sa nature, c'est possible, dis-je consternée.

- Max est un loup, répondit Blaine.

- Et donc...

- Ça c'est noble, classe, motivant, dit-il en me regardant. C'est différent pour moi, je suis l'équivalent de votre croque-mitaine.

- T'en sais rien, dis-je consternée.

- Et puis je n'y crois pas, assura ensuite Blaine.

- À quoi? demandai-je immédiatement tant j'étais surprise.

- L'amour, répondit celui-ci en prenant l'axe principal menant au centre commercial.

- Quoi? dis-je choquée.

- C'est plus un besoin qu'un vrai sentiment, le besoin d'avoir quelqu'un près de soi, un sentiment reptilien du besoin de reproduction, lança Blaine.

- Je ne suis pas obnubilée à l'idée de coucher, dis-je vexée.

- L'amour c'est juste l'envie de ne pas être seul, on se branle royalement si la personne en profite, si elle ne pense qu'à profiter de la situation tant qu'elle nous regarde, c'est comme un truc pour nigaud, répondit Blaine.

- T'es vachement cynique, assurai-je.

- Ha ouais? Combien de gens finissent brisés par quelqu'un ? Combien de femme battue ? Combien de mari cocu? Combien de viols? C'est juste une affirmation logique. Au yeux de certains, seul le partenaire compte.

- Aimer c'est pas tout accepter, m'offusquai-je. Aimer, c'est partager des choses, discuter, se découvrir des points communs. Parfois les gens te tournent le dos mais tout n'est pas tout noir. Alors oui, certains et certaines sont des sales cons mais c'est rare.

- Que tu dis, marmonna Blaine.

- Aimer c'est aussi voir plus loin que de s'envoyer en l'air! m'énervai-je. C'est songer à plus, vivre ensemble... Bon pas à nos âges évidemment mais plus tard. Songer à se marier, à fonder une famille...

- Ou la perdre, dit-il simplement.

- Arrête c'est n'importe quoi, précisai-je quand même.

- Ça a bien servi ma mère d'être amoureuse, de planifier, d'avoir un enfant, répondit Blaine.

Et là, je compris enfin son sentiment sur l'amour. Sa mère avait réellement aimé son père, avait voulu un enfant avec lui, l'avait même eu d'ailleurs - un sale caractère par contre - et oui, cela lui avait coûté beaucoup mais j'étais convaincue qu'elle avait été heureuse. Je voulais lui montrer que je comprenais alors je fus directe.

- Ton oncle est un enfoiré, lançai-je.

- Quoi? s'étonna Blaine en tournant la tête.

- Il n'aurait jamais dû raconter ce mensonge, dis-je honnêtement. C'est faux, ta mère aimait ton père et qu'importe les apparences, il n'aurait jamais dû mentir.

- Pour ce que ça change, grogna Blaine en s'engageant enfin sur le parking.

- Il n'aurait quand même pas dû, dis-je en le voyant se garer.

Je soupirai quand même et au moment où il coupa le contact, je posai ma main sur la poignée de la portière pour descendre. Mais là, il me retint.

- Quoi?

- Attends, dit-il simplement en fixant le rétroviseur.

- Tu comptes la jouer espion encore longtemps ? demandai-je complètement lassée.

- Tu sais... Il a commencé son cinéma après ma première mutation, répondit Blaine. Avant, il pensait que je serai un gentil petit loup comme les autres, agitant la queue pour recevoir un petit bout d'os et obéir bien gentiment à la meute Lexington.

- Mais tu es différent, lançai-je alors.

- Voilà, fit simplement Blaine.

- Qui est censé nous suivre? demandai-je alors.

- Tu poses trop de questions, assura Blaine.

- Réponds.

Seul un soupir s'échappa de ses lèvres et il me fixa attentivement.

- Tu ne sais vraiment pas au milieu de quoi tu as mis les pieds, lança Blaine.

- Tu parles de la meute ? demandai-je.

- Entre autres, répondit-il alors. Elle aime ses secrets, veiller sur ses membres...

- Et toi tu les balances, dis-je avant de me figer.

J'avais été directe, évoquant ce que j'avais entendu ce matin là. Il me fixa attentivement encore une fois et je crus le voir s'énerver mais il n'en fut rien.

- Ils ne me considèrent pas comme l'un des leurs, je ne leur dois rien, répondit Blaine.

- Entre ne rien leur devoir et les balancer il y a un gros écart !

- Les Wendigos me considèrent comme l'un des leurs eux, comme un être supérieur, assura Blaine.

- Depuis quand tu aimes qu'on flatte ton putain d'égo ? demandai-je vexée.

- Ils me veulent dans leur meute, une meute où je pourrais être moi-même, assura Blaine. Sans me soucier des loups et de leur héritage à la con.

Je le regardai de plus en plus en colère et de plus en plus énervée. Il comptait vraiment trahir tout le monde sans aucune hésitation.

- Et tu vas donc t'en prendre à Max? dis-je consternée. Je savais que c'était compliqué entre vous mais pas que tu le haïssais comme ça.

- Parce que tu supporterais que quelqu'un puisse avoir ce que tu veux ? demanda Blaine.

- Tu veux quoi? Hériter de la meute ? dis-je consternée.

- Je m'en branle de cette meute à la con! s'énerva Blaine.

- Alors pourquoi tu fais ça ? demandai-je en colère.

- Parce que j'étais comme eux avant, fit Blaine.

- Hein? dis-je perdue.

- Avant ma première mutation, moi, Max, Aaron, Hannah, Elena... On était tous plus ou moins inséparables... Puis on a tous commencé à muter, les uns après les autres et...

- Ils ont vu qui tu étais... Ils t'ont tourné le dos?

- Évidemment, je suis devenu le monstre, alors j'agis comme ils le veulent, dit-il sèchement.

- C'est sûr que c'est plus intelligent que de te dire que leur prouver le contraire est plus intéressant, avouai-je donc.

- Tu ne sais pas tout ok? dit-il consterné. Et puis il y a d'autres choses... Surtout une qui m'a fait comprendre que jamais je n'aurais le droit à quoique ce soit à part les miettes que Mister Perfection me laissera.

- T'as qu'à parler à Max et lui dire, dis-je énervée et en hurlant presque.

- C'est fait, avoua Blaine.

- C'est vrai? Calmement ? Sans t'énerver? insistai-je.

- Oui, fit Blaine.

- Et il t'a écouté ? demandai-je.

- Au départ oui mais il préfère garder les choses pour lui, fit Blaine en s'installant dans son siège.

- Blaine...

- Max a fait son choix, je ferai le mien, dit-il alors.

- Bordel de merde, mais qu'est-ce qui te prend hein ? finis-je par éclater.

- C'est qui je suis, avouai-je alors.

- Non!!! m'énervai-je. T'es pas aussi monstrueux que tu le crois!!!

- T'as des preuves ? Tu m'as vu non? me provoqua Blaine.

- Parce que tu as tué un type prêt à me bouffer ? m'énervai-je de plus belle. Tu crois que je le pleure?

- Visiblement non, réalisa Blaine.

- Et je t'en remercie même espèce de crétin ! J'arrive pas à comprendre Max d'ailleurs.

- Pour? s'étonna Blaine.

- Lui était convaincu que tu m'aiderais mais vu comment tu te comportes, je n'aurais pas parié.

- Ça c'est une autre raison, assura Blaine.

- Donc Max avait raison, tu tiens à moi, dis-je amusée.

- Hein? s'étrangla presque Blaine.

- Tu as le droit de vouloir des amis tu sais, dis-je. Et je suis heureuse que tu me considères comme telle.

- Mouais tu parles...

- Ose dire que tu ne le penses pas...

- Seattle... T'es chiante... Surtout pour un croissant, avoua Blaine.

- Un croiss... Attends une seconde, réalisai-je enfin.

Quand il avait dit le mot croissant, j'avais réalisé que les Wendigos avaient également tiqué par rapport à Max. Évidemment, à cet instant là, près du Starbucks, si j'avais été surprise, Sonja aurait clairement cru que j'allais tout dire et j'aurais été en danger - encore une fois certains diront. Si Blaine, prétextant être un ado normal, n'avait pas envoyé de message... J'aurais clairement été envoyée ad patres comme on disait.

- Tu... La ruelle...

- Recommence à croire que je te sauve, ça devient lassant...

- Blaine... Si t'en avais réellement rien à foutre...

- T'as pas à être mêlée à ça c'est tout, tenta Blaine.

- Putain de merde!!!! dis-je en le frappant et en me faisant mal par la même occasion.

- Tu deviens folle ? s'étonna Blaine qui n'avait absolument pas mal.

- C'est pour ça que tu surveilles le rétro... Tu fais semblant ? demandai-je alors.

- Non, je suis avec les Wendigos, j'y songe...

- Espèce de pauvre con...

- Amie tu disais ? Demanda calmement Blaine.

- Tu joues l'agent double en fait? Pour Kyle ?

- Tu crois que j'obeirai? demanda Blaine froidement.

- Ta tante? Sa compagne ? demandai-je calmement.

- Encore des questions... Toujours des questions...

- Depuis ce matin je crois que tu vas nous trucider dans le dos!!! dis-je en le bousculant encore.

- Tu vas te faire mal andouille ! s'énerva Blaine.

- Et tu fais ça...

- Lynn... Arrête de poser des putains de questions bordel de merde!!!! s'énerva Blaine.

- Ho..., dis-je en me reculant contre la portière totalement effrayée. Promis... Et j'en parle à personne...

- C'est dingue ce que je te fais confiance..., grommela Blaine.

- Je te promets de ne pas en parler à Max..., dis-je avec un sourire.

- Même en plein orgasme ? demanda-t-il mesquin.

- Prom..., dis-je avant de me figer. Abruti.

- Oui je sais, petit louveteau encore puceau, fit-il avant de recevoir une petite claque.

- Arrête... Tu deviens lourd... Et si tu veux rester mon ami, tu arrêtes ça.

- Et si je ne veux pas? demanda-t-il soudainement.

- Je... Je te demanderai juste de promettre de faire attention et d'éviter de te faire buter, dis-je honnêtement.

Blaine me regarda attentivement et je souris. Lynn UN Blaine ZÉRO !!! C'était savoureux la victoire.

- Promis, fit Blaine en ouvrant sa portière. Oublie pas la merdeuse.

- Pauvre petite, dis-je avec quand même un grand sourire triomphal aux lèvres.

Certes j'avais gagné, j'aurai pourtant dû savoir que Blaine était tout sauf un traitre. Mais j'aurais clairement assassiné sa tante pour l'envoyer là-bas quand même. Nous avançâmes alors dans le centre commercial et dans les rayons pour bébé car, d'un commun accord, nous avions décidé de faire la bouffe en premier, puis d'enchaîner sur les couches avant d'aller voir les enseignes de puériculture.

- Pff... Y a un putain de choix, marmonna Blaine devant les petits pots.

- Je crois qu'elle fait pas d'allergie, lançai-je en riant.

- Ha ha..., grogna Blaine. Ça me fait chier ce truc qui chiale... Je te le balancerai à la flotte...

Alors que je m'apprêtais à me plier en deux de rire, je réalisai soudainement qu'une femme nous regardait, un bébé dans la sacoche kangourou. Elle était horrifiée du propos de Blaine. J'allais lui dire la tournure des évènements mais elle prit la parole pour s'adresser à Blaine.

- Vous devriez avoir honte jeune homme, fit la femme avec colère. Vous étiez deux, vous devriez éviter de laisser cette jeune fille s'en occuper seule.

- Non mais de quoi je me..., commença nerveusement Blaine prêt à exploser.

- C'est un exercice Madame! dis-je rapidement en montrant le bébé. Pour le lycée, c'est un robot...

- Ho je...

- Et puis on n'est même pas ensemble, précisai-je. Juste amis.

- Alors mêlez de vous de votre cul ou filez un putain de conseil pour les pots, s'offusqua Blaine.

Évidemment, elle s'en alla en colère et sans demander son reste. Je restai alors là, fixant Blaine avec colère. Il haussa simplement les épaules en notant des pris avant de m'emmener aux couches. Comment on pouvait rembarrer tout le monde aussi vite?

- Blaine...

- Ha non, je ne vais pas m'excuser, fais pas chier, s'énerva Blaine.

- Bon ok...

Il se mura alors dans le silence avant de m'emmener au magasin de puériculture. Là, nous fûmes aidé car visiblement, c'était prévu. Ce fut plus rapide que je ne l'avais imaginé et je fus rapidement près de sa voiture. Mais avant de monter, il me fallait être sûre.

- Blaine... Tu ne crois réellement pas à l'amour? demandai-je alors provoquant un soupir consterné.

- Écoute..., soupira Blaine. Les mecs comme moi... Ça ne peut rien espérer...

- Gisèle...

- Lynn... Je sais déjà comment ce sera... Si je suis intéressé par une, physiquement ou psychologiquement... Elle sera intéressée par quelqu'un de mieux... Et de pas monstrueux..., fit-il en montant.

- Une Thériens pourrait, dis-je en m'asseyant.

- Putain Lynn... T'as oublié ? Je suis Lucifer pour eux...

- Une humaine...

- Lynn... C'est bon lâche moi...

- Moi je pourrais alors...

- Arrête de parler putain!!! s'énerva Blaine. Surtout pour dire de telles conneries sans queues ni têtes !!!

- Une autre pourrait... J'accepte ta nature...

- Parce que t'es avec Max ! C'est la seule et unique raison ! Alors si tu veux rentrer à pied continuer de parler...

- Mais... Pourquoi t'es borné ? demandai-je en imitant le chat de Shrek.

- Lucide... Fin de la discussion... Et laisse Gisèle dans son coin, je n'en ferai pas mon croissant...

- Tu as donc déjà songé à en avoir un? demandai-je alors.

- Lynn...

- Promis je ferme ma gueule après..., dis-je avec intérêt.

- Si seulement, fit Blaine m'obligeant à le regarder méchamment. Oui.

- Et...

- Tu devais pas la boucler? demanda Blaine. Et pour tout dire c'était... Inutile. Cela n'aurait pas pû... Et ne pourra pas. Maintenant...

- Ok je ferme ma gueule. Sur tout.

- Si c'était possible...

Et ce fut un doigt d'honneur silencieux qui mit fin à cette discussion. J'étais déjà rassurée mais j'avais eu quelques doutes. Au moins était-il toujours dans notre camp mais pour combien de temps si Kyle Lexington continuait de le malmener? Et puis, j'avais une furieuse envie de questionner mon environnement pour savoir qui était cette personne pour Blaine. Peut-être la Thériens plus âgées... Une autre ? Je n'en savais rien mais maintenant j'étais au courant de sa mission secrète. J'étais moi-même une espionne... Ce que ça pouvait être excitant !!! Et dangereux aussi merde!!!!


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