Prophétie sibylline inéluctable

1.Franchir le Danube, Franchir le Rhin... Franchir le Rubicon ?

« Quiconque ne rend pas justice à l’étranger c’est comme s’il portait préjudice à Dieu. » Haguiga 5 a

Royaume des Francs, 7777 A.D.

David Benadam est prostré dans le cadre de porte de la cuisine en voyant le cadavre de sa tante, Élizabeth. Il s’approche d’elle et note la présence d’un insigne gravé sur sa peau, un triangle surmonté d’un faux et d’un sablier: le symbole de La Faucheuse Noire, secte occulte et satanique. ll se tourne vers son père, Samuel, sa mère, Débora, sa sœur, Sarah, et son amie, Marianne Weidmann, restés dans le vestibule, et leur annonce d’une voix grave et entrecoupée de sanglots :

— Mars est dans le signe du Scorpion… Saturne dans le Sagittaire... Pluton dans le Capricorne... La guerre est ouverte… guerre déclarée… La lune est ensanglantée, le soleil s’est caché… Des monts et montagnes s’écroulent, la terre s’ouvre… Les suppôts de Satan vont attaquer bientôt… C’est ma vision tant redoutée... Il faut fuir... Maintenant!

Ces paroles, proférées par le garçon de quinze ans aux cheveux bruns et aux yeux bruns avec une touche vert olive, adolescent toujours habillé de vert, font sursauter son amie, une grande fille de son âge aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Le père de l’adolescent, Samuel Benadam, astrologue, est médecin de formation, approuve le plan de son fils, réfléchit au meilleur moyen de rétablir la justice et lui répond posément comme il sied à un homme de trente-cinq ans :

— Mon fils, je ne peux laisser la mort de ma sœur impunie… Si la Justice ne veut pas faire l’enquête sur ce cas, je m’en occuperai… Mais fiston, tu avais raison… Partons, maintenant! … Le système juridique est pourri en notre pays, le royaume des Francs, surtout envers les étrangers que nous sommes… Mais ailleurs, les autres systèmes ne sont guère meilleurs, je le sais de certains lointains cousins... Il faut partir... Et vite! Avant que nous soyons les prochaines victimes!

L’adolescent approuve d’un geste de la tête les propos de son père, se tourne vers son amie et lui demande :

— Viens-tu avec nous ou restes-tu avec ta famille ?

Marianne hésite, partagée entre ce que son Ange et son Démon lui suggèrent, mais heureusement la fée Mary, amie de la fille, sauve la situation en disant d’une voix forte :

— Ma protégée doit venir avec vous… Vous êtes prédestinés à engendrer la chute définitive de cette secte immonde et du Mal… Avec vous deux viendra le règne absolu de Dieu sur Terre. Vous devez franchir le Rhin.

La fée Mary, reine de son peuple, les fées de Hiérosolin, la Ville Sainte, au royaume de Sems, est une grande femme de vingt ans portant une couronne sertie de pierres précieuses sur son front, une robe bleue sertie de pierres. Peu de gens la voit, seul sa protégée, son ami et son ennemi vampire, Carlo DelPonte, ont ce don.

Quatre heures plus tard, alors que tous les bagages sont prêts, Samuel affirme calmement à son fils :

— David, avant de partir... Je dois t'informer concernant notre famille, les Benadam. Les nôtre sont issus de la tribu d'Issachar et sont des astrologues réputés depuis des millénaires. Connaissances qui se transmettaient de génération en génération, de père en fils, mais peu d'hommes savent cette information. De mon père je détiens cette connaissance et je te transmets à mon tour mes connaissances. Ta terminologie astrologique me confirme bien que tu es le noble descendant de notre famille. D'ailleurs, j'ai vu, à ta naissance, dans ta carte du ciel, que tu es destiné à accomplir la Prophétie... Mais tu dois d'abord t'entraîner convenablement. Part au royaume des Syls chez Chiron, le meilleur de tous les entraîneurs en ce monde, l'entraîneur de tous les héros. Il vit reclus dans une petite maison limitrophe à une immense forêt proche du village Mite. Ensuite tu dois bien faire attention à ta partenaire... N'oublies pas que Satan veut saboter la Prophétie... Fait le bon choix mon fils. Fies-toi à ton impression. Je te fais confiance mon enfant... En regardant la carte du ciel de ton amie, Marianne, j'ai vu qu'elle aura un rôle important dans le futur, dans cette Prophétie, mais de quelle manière, je l'ignore... Et je te donne un livre d'astrologie qui avait appartenu à mon arrière arrière-grand-père.

— Et, ajoute Débora, mon fils bien-aimé, que Dieu te protège. Je te donne un cadeau que ma fée m'avait donné il y a vingt ans pour toi.

Ému, l'adolescent lâche une larme et promet à son père et à sa mère qu'il sera prudent et prend le cadeau de sa mère, un collier d'or avec un pendentif d'or serti d'une émeraude. En appuyant sur l'émeraude du pendentif, il a un bouclier et une armure dans le style du Moyen-Âge avec un blason. Le blason de la famille de Benadam : champ uni sinople avec fleur de lys et aigle bicéphale blancs. Et la famille, avec Marianne, part faire le voyage en catimini jusqu'au village de Mite dans le royaume des Syls. Ce voyage nécessite beaucoup de détours pour ne pas se faire repérer par les vampires et les agents du Mal qui rôdent ces derniers mois aux frontières des royaumes. Arrivé à la frontière du royaume des Syls, Samuel, ému pour son fils, lui annonce d'une voix étranglée :

— Maintenant, mon fils, nos voies se séparent... Que Dieu te protège mon enfant... Va chez Chiron avec Marianne Weidmann. Ta mère et moi continueront à errer par le monde pour trouver un moyen de rétablir la justice et pour élucider la mort de ma sœur Élizabeth. Que Dieu, Ses Anges et tes bons génies te protègent.

Le père parle ainsi, fait un geste de bénédiction à son fils et le regarde s'éloigner de son champ de vision. Le couple continue à errer par le monde, rassuré que leur fils soit entre les bonnes mains de Chiron.

Simultanément au Royaume des Rus, 7777 A.D.

Maria Ivanovna Romanovna, jeune fille de quinze ans, guidée par sa fée, la fée Myriam, reine des fées de Jérusalem, Ville Trois fois Sainte, au royaume des Pravdes, quitte sa maison familiale avec ses bagages à la demande de la fée. Myriam affirme impérieusement à sa protégée :

— Mon enfant, tu es destinée à changer notre monde. Tu dois retrouver un garçon, il est voyant et a une épée. À son arme, tu le reconnaitras... Et ne mets pas ta confiance dans le saboteur de la Prophétie. Laisses ta famille derrière toi... Famille qui n'est plus... Ils sont devenus des vampires... L'avenir importe plus... Si tu ne veux pas que le monde s'écroule et soit plongé dans le chaos. Tu dois aller au-delà du Danube. Franchis-le. Il faut franchir le Danube... Je te guiderai vers ton entraîneur. L'entraîneur Chiron qui vit dans le royaume des Syls, dans le petit village de Mite.

Maria opine du chef, intriguée et ayant compris qu'il ne sert à rien de discuter avec sa protectrice, mais aussi attristée de quitter les siens. Cette famille si chaleureuse où elle a passé son insouciante enfance entre les murs de la maison. L'adolescente lâche une larme, mais elle tâche de ne pas se montrer faible devant sa fée, malgré le déchirement en son cœur à l'idée que son père, Ivan Petrovich, brillant scientifique, soit devenu un vampire assoiffé de sang humain, mais elle comprend les exigences du monde... Sauver le monde importe plus que son petit souci.

Après une heure de marche, elle rencontre un jeune homme, de deux ans son aîné, vêtu de bleu de la tête aux pieds, aux yeux bruns et aux cheveux noirs. il porte une épée dorée sertie d'émeraudes et de jaspes. L'homme répond au nom de Serge Pavlovich de Gassonet, un Franco-Rus. Maria pense qu'elle vient de rencontrer le garçon de la Prophétie. Elle l'apostrophe :

— Jeune homme. Que faites-vous en ces temps difficiles seul ? Êtes-vous un sur-homme ou un extraterrestre pour être si insouciant ? Ne saviez-vous pas que des vampires et des sirènes rôdent par les chemins perdus et s'attaquent aux impudents voyageurs et aux hommes solitaires ?

Le mystérieux jeune homme éclate de rire à sa question et lui répond :

— Je suis un mortel comme vous. Je recherche la fille de la Prophétie... Et je pense l'avoir trouvée. C'est vous! Si vous acceptez, nous irons au royaume des Syls, retrouver Chiron, l'entraîneur de tous les héros... Il n'est pas un être mythique, mais bien réel.

Maria, ne voyant pas sa fée proche d'elle, hésite à croire au garçon. Tiraillée entre des pensées contradictoires, elle lui demande :

— Qu'est-ce qui vous indique que je sois la fille de la Prophétie ?

— Votre auréole et votre nom... Vous êtes Maria Ivanovna Romanovna, digne fille de la famille royale du royaume des Rus. Vous pouvez voir les fées et autres entités surnaturelles et les vampires ne peuvent vous leurrer sous leurs apparences humaines. N'est-ce pas ?

L'adolescente est étonnée de la connaissance de ce mystérieux jeune homme sur ses capacités hors de l'ordinaire. Capacités que seulement sa famille connaissait. Alors elle décide de le croire. Elle lui affirme :

— Très bien. Mais qui êtes-vous ?

— Je suis Serge Pavlovich de Gassonet et je suis le garçon de la Prophétie, mon Ange me l'a dit. Et il m'a ordonné de retrouver la fille de la Prophétie que je reconnaîtra à son auréole et à son nom. Sinon, je suis capable de me servir de cette épée, baptisée Lumière divine, qui est particulière. Je vois les esprits et peux communiquer avec eux. Aussi, j'ai des visions des évènements futurs... C'est ainsi que j'ai su qui vous êtes, vous ayant vu dans une telle vision.

— Vous êtes alors le garçon prédestiné!, s'exclame Maria. Venez! Partons ensemble! Mais il faut faire attention, des vampires rôdent aux frontières... Nous sommes recherchés, traqués... Soyons prudents! Il faut faire un grand détour pour arriver au royaume des Syls.

Serge opine du chef, mais personne n'a remarqué une chauve-souris perchée sur un arbre, en réalité un vampire métamorphosé en cet animal, qui avait entendu la discussion des deux jeunes adolescents. Ces derniers trouvent un détour pour arriver au royaume des Syls sans encombre.

Royaume des Francs, la veille de l'assassinat d'Élizabeth Benadam

Une grande fille de quinze ans, née au royaume des Francs, de père originaire du royaume des Liebes et de mère originaire du royaume des Rus, se rend au lycée de son quartier. Cette fille, qui répond au nom de Marianne Weidmann, est spéciale, elle voit les esprits et les entités surnaturelles qui peuplent le monde. Elle salue son amie, une fée, la fée Myriam, et salue un garçon de son âge, son ami, prénommé David. Il est un voyant, ayant des visions des évènements du futur, voit les Anges et les Démons, et sait manier une épée, baptisée Justice divine, faite d’or, d’émeraude et de diamant avec un fil d’une matière inconnue trouvée dans le sol gelé de la terre du royaume des Rus, importée du royaume d'Atlantide il y a longtemps. Cette arme est un cadeau de ses génies protecteurs, Agathe et Ivan. La première est une fée, le second est un elfe. Les deux jeunes partent à leur lycée sans se soucier de quoique ce soit.

À leur arrivée dans la classe, David, en voyant leur nouveau professeur de littérature classique, Amédée Rossignol, en remplacement de Daphné Argyre partie en congé de maternité, a une vision et murmure à son amie :

— Il est un agent du Mal… Un sorcier... Un démon... Quelqu’un va bientôt mourir… Il faut partir vite, avant qu'il nous repère!

Marianne hoche la tête et les deux amis s'éclipsent de la classe à l'aide d'un casque d'invisibilité et d'un chapeau d'invisibilité, cadeaux de la fée Mary à sa protégée il y a deux ans.

Après le cours, Amédée Rossignol, de sa voix chantante, ayant remarqué les deux jeunes dans la multitude d’adolescents de ses classes, matérialise une partie de son âme sous la forme d'une chauve-souris et se rend jusqu'à la Grotte pour donner le signal à son chef, Carlo DelPonte, de lancer l'attaque. Son corps gît, inanimé, comme mort, le temps que son âme réintègre son corps. Ce triste spectacle est suffisamment connu à sa femme pour qu'elle ne réagit pas.

Royaume des Rus, la veille de la transformation en vampire de la famille de Maria Ivanovna Romanovna.

Ivan Petrovich Romanov est dans son laboratoire, au travail. Il est biologiste moléculaire au Centre Interroyaumonde de Novi, ville éloignée de cinq kilomètres de leur résidence. Officiellement, il fait une recherche des interactions des différentes réactions moléculaires les plus improbables, mais, en réalité, il a deux recherches. La première est de retrouver le mystérieux métal d'Atlantide et ce royaume perdu. La seconde est de retrouver le moyen de créer une âme ou de forcer un esprit à habiter un corps qui n'est pas le sien pour permettre à cette âme de revivre. Jusqu'à maintenant, le deux recherches sont infructueuses.

Un peu plus tard, alors qu'il avait le dos tourné, l'un de ses collègues, un vampire habilement déguisé, Marc de la Fontaine, glisse dans son verre d'eau quelques gouttes de sang modifiées au laboratoire pour devenir transparentes et un sort. Ivan Petrovich, ne se doutant de rien, malgré les airs inquiets de certains esprits errants de collègues qui continuent à hanter le laboratoire qu'il peut discerner certains jours et sous un certain angle, mais il les ignore toujours. Dès qu'il boit son verre d'eau contaminé, il est devenu un vampire assoiffé du sang humain. Ivan Petrovich s'étonne lui-même de commencer à désirer le sang humain de certains collègues et à remarquer que Marc de la Fontaine n'a aucune trace de vie, ni de sang en lui... Il remarque que ses mains sont devenues blanches... comme si la circulation sanguine ne s'y rend pas... En se regardant dans un miroir, il sursaute à son image. Ce reflet renvoyé ne peut être lui... Un homme au visage cireux, livide, comme si le sang et la vie l'ont quitté... Il comprend mieux l'expression « la vie est le sang et le sang est la vie », d'où l'interdit de consommer le sang animal ou humain, en regardant amèrement son image... Il se répète mentalement que le sang est la vie et la vie, le sang... Mais il est tenaillé par une soif inextinguible du précieux liquide de vie... En rentrant chez lui, plus tôt que prévu, il salue sa femme et son fils. Maria était alors chez une amie, Sonia Vladimirovna, fille d'un ami de son père. Ivan Petrovich sourit à sa femme, l'entraîne dans leur chambre, barre la porte à double tour. Fébrilement, il la déshabille, trop excité à l'idée de goûter son sang... que sa pauvre épouse interprète tout autrement. La malheureuse ne comprit que trop tard... Son mari boit avidement son sang et la rend aussitôt vampire. Ivan Petrovich et son épouse se rhabillent et rejoignent leur fils, Sergueï, au salon, ayant la même idée à l'esprit. Le jeune homme, âgé de dix-sept ans, le nez dans le livre, n'a pas levé les yeux pour remarquer ses parents qui se lèchent avidement les babines en le regardant... Lorsque ses parents se sont rapprochés à quelques centimètres de lui, il sursaute et s'effraie de la lueur meurtrière dans leur regard... Il essaie de se libérer de leur étreinte, mais en vain. Ils le maîtrisent et boivent goulûment le précieux liquide. Et ainsi, père, mère et fils sont devenus des vampires... Et tous attendent le retour de Maria... Mais elle ne vient jamais, parce que la fée Myriam, ayant un vague pressentiment qu'un mal s'est abattu sur la famille, a empêchée sa protégée de rentrer dans la maison. En voyant leurs visages sans vie, la fée comprend qu'ils sont des vampires. En hâte, elle ramasse les effectifs les plus importants pour Maria et la rejoint devant la maison, lui expliquant qu'elle doit quitter immédiatement sa famille.

À suivre.