Prophétie sibylline inéluctable

Chapitre 4 : Prophétie en cours, Première partie

4571 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/01/2024 16:34

4.Prophétie en cours, Première partie




À Montclerc, au royaume des Francs,

Samuel ressemble à une âme perdue depuis la mort de sa chère épouse, Débora, mais il n'abandonne pas pour autant de comprendre les plans de sa sœur et ses découvertes. Déambulant sans but dans les rues de la ville, ne prêtant aucunement attention aux belles rues et chaussées de pierres, ni aux maisons de briques et de pierres, merveilles pour les yeux par leur élégance et leur harmonie avec leur magnifique jardin bien entretenu, il sourit à l'idée qui se forme dans son esprit.

« Peut-être je ne peux informer personne de mes conclusions, mais je peux très bien empêcher que ses plans tombent entre n'importe quelle main » pense-t-il.

Revenant hâtivement chez sa sœur, il jette au feu tous les documents et plans, les gravant en son esprit pour une dernière fois. En les relisant, il comprend que sa sœur mentionnait aussi une conjonction planétaire des plus improbables et très rares au cours de l'Histoire humaine. Cette conjonction est imminente, pense-t-il, stupéfié, se souvenant de sa dernière observation de la voûte céleste, lâchant presque le papier de ses mains. Il laisse le feu consumer définitivement les papiers. L'espion, qui vient d'arriver, assiste, impuissant à la destruction des précieux documents qu'il avait pensé récupérer.

L'astrologue et médecin quitte rapidement la ville pour se rendre à Perlinbourg, ville dans le royaume des Liebes en passant par plusieurs villes et le royaume des Derniers, son royaume natal. Americ De la Rova, un homme de quarante ans, aux cheveux argentés et aux grands yeux noisette brillants de perfidie, le suit sous forme de chauve-souris, ne comprenant pas pourquoi il doit continuer à l'espionner, mais il exécute les ordres de son supérieur sans rechigner : il a peur des sanctions disciplinaires.



Au même moment, chez Chiron, proche du village de Mite, au royaume des Syls,

David continue à s'entraîner avec Maria Ivanovna. Parfois, lors de certains entraînements, les fées Agathe et Myriam et l'elfe Ivan se présentent pour les familiariser avec un nouveau type de combat, à savoir le chant magique. Le recueil spécial remis par la fée et l'elfe contient plusieurs chansons différentes, toutes rédigées soit en slavon liturgique, soit en ancien français. Toutes ces chansons aident soit au combat à proprement parler, soit pour guérir quelqu'un rapidement, indépendamment de la nature des blessures, superficielles ou profondes. Tout le monde, autant David que Maria, Chiron, Agathe, Myriam et Ivan, ressente l'imminence de la Prophétie, nerveux à l'idée de perdre stupidement la bataille par négligence.


Soudain, un jour, David a une vision, la jeune femme le soutient, très intriguée. Il lui affirme, regard déterminé, une fois que son âme réintègre son corps :

— Maria Ivanovna, je sais où sera l'ultime combat... Nous devons nous préparer... Je sais comment provoquer la chute du Mal... Des villes en flamme et sous l'eau ne seront qu'un début... Mille fois pire attend d'autres villes et royaumes du monde... Feu du Ciel et Feu de la Terre s'uniront pour détruire des villes maudites... Quel spectacle lumineux horrifiant ! Une horreur telle que personne n'a encore vue ! Des tremblements de terre qui engloutiront des êtres vivants en peu de temps ! Pauvres hommes, fées et elfes qui seront brûlés vifs, noyés ou enterrés vivants ! Mais nous devons nous allier avec les fées, elfes et esprits qui sont bons pour détruire ce repaire de démons ! La bataille est avant tout spirituelle, et non physique, avec les armes.

— Je vous suis, David, peu importe où vous irez ! À deux, il est plus simple de lutter contre l'adversaire !

— Je vous ferai un signe lorsque le moment viendra de quitte notre entraîneur... J'ai la certitude qu'un mauvais coup se trame pour nous tuer...

La fée Myriam se présente proche de sa protégée.

— Il faut quitter maintenant Chiron, si vous ne voulez pas être morts dans dix heures. Fuyez le plus loin possible le village de Mite et Chiron. Faites-lui vos adieux, mais des adieux de joie, et non d'enterrements ! Je vous donne un conseil, observez les volucres, ces messagers fidèles de signes infaillibles, ils vous guideront vers la victoire. Je ne doute pas, vous vaincrez ce Mal ! Que Dieu vous protège, mes enfants.

Elle fait un signe de bénédictions en leur direction et s'envole. La Rus blêmit et chuchote :

— David, c'est maintenant qu'il faut quitter... Nous n'avons pas le temps de faire les bagages... Il faut fuir, et vite ! ... Avant qu'ils nous rattrapent !

David opine du chef et Maria regarde rapidement les cieux, discernant un couple d'aigles qui volent nerveusement en rond au-dessus de la demeure de Chiron. Le couple sort de la maison de leur entraîneur, ne ramassant avec eux que leurs armes, armures et recueil, en plus d'un peu de vivres pour quelques jours et les simples que Maria Ivanovna a cueilli ces derniers jours. Les deux jeunes gens quittent le village de Mite, se dirigeant vers la ville de Brinckfort, suivant le couple d'aigles, leur guide.



Au même moment, dans le village de Mite, au royaume des Syls,

Serge Pavlovich et Marianne réunis sous le même toit chez des paysans, complotent pour entraver la Prophétie.

— Serge Pavlovich, siffle la jeune femme sourire joyeux au visage qui s'étire, lui donnant un sinistre air, je pense trouver le meilleur moyen de nuire à David... Et, par ricochet, de nuire à notre némésis...

L'interpellé se retourne vers elle et lui lance un regard interrogateur.

— ... Simple, soupire-t-elle, exaspérée qu'il n'ait deviné, je connais certaine habitude de mon ancien ami... en plus de sa date d'anniversaire... Informations suffisantes pour l'entraver...

Elle fixe de ses yeux bleus, devenus glacés, son interlocuteur.

— Ah ! D'accord, réplique-t-il simplement en haussant les épaules. Malheureusement, je ne connais pas si bien Maria Ivanovna. Les informations que je détenais sur elle proviennent de mon Démon, mais il ne sait pas tout.

— Ce ne m'importe peu que vous pouvez nuire à Maria Ivanovna ! s'emporte-t-elle. Ce qui m'importe, c'est David ! Si je parviens à l'éliminer, alors le tour est joué, compris monsieur le possédé Serge Pavlovich ?

Il opine du chef et demeure coi, réfléchissant au prochain pas. La jeune femme sourire radieux qui ressemble à celui d'un serpent qui discerne sa proie qu'elle avalera tout rond près d'elle murmure à son compagnon :

— Serge Pavlovich, j'ai la meilleure des idées pour nuire à mon compatriote...

— Comment ?

— Simple... Un ami esprit... Alembert de Montemarleil m'aidera.

Fermant les yeux, Marianne murmure, comme une incantation :

— Alembert de Montemarleil, daignez venir à moi, mon ami... Votre aide nous sera utile... Suppliez votre Maître de vous laisser venir nous voir... Je vous invoque, j'ai besoin de votre aide... Venez maintenant !

Et une sombre forme d'un vieil homme de cent ans courbé par l'âge vêtu d'une chemise de soie blanche décorée de pierres précieuses, d'un complet brun foncé et d'une ample tunique noire comme la nuit avec un grand décolleté laissant entrevoir la chemise, au regard fourbe et mesquin, aux traits délicats et aux longs doigts courbés comme les serres d'un aigle, aux yeux vert-bleu irréels et aux cheveux brun comme la terre. Marianne lui sourit et lui ordonne :

— Suivez David, oppressez-le autour de la poitrine, étouffez-le, tuez-le... Sans lui, Maria n'est pas une ennemie de taille. Nous la tuerons aisément !

— Je me plie à votre demande, mais vous savez les conséquences en cas d'insuccès !

— Oui, je les connais, affirme sur ton arrogant la jeune femme, lueur de fierté dans le regard, certaine de son coup.

Le sombre esprit la salue militairement et s'en va retrouver David Benadam. Johann Bethovich les observe de loin, les espionnant. Le grand homme de trente ans, serviteur depuis cinq ans de Carlo DelPonte, avec ses jumelles et sa longue-vue sous le bras sourit. Une idée a germée dans son esprit retors... Il s'éloigne des jeunes et appelle Médée De Larochefort, sa cousine maternelle. Il l'informe :

— Médée, ma cousine, j'ai une idée.

— Laquelle, Johann ? lui demande-elle, très intéressée.

— Marianne et Serge peuvent nous aider, non ?

— Développe ta pensée...

— Ils peuvent se battre à nos côtés, avec notre supérieur.

— Enfin, une brillante idée qui sort de ton cerveau ! Je suis éblouie, ricane-t-elle avec ironie. Idée meilleure que l'invention de l'électricité !

— Cousine, ne te moques pas de moi ! s'offusque-t-il. Je suis sérieux.

— Ah ! Très bien. Je discuterai avec notre chef et je t'aviserai dès qu'il donnera le feu vert.

— À la prochaine.

Le cousin de l'intendante s'éclipse du village, revenant à Merlberg, sa ville. La trentenaire se rend au bureau du vieil vampire et frappe à la porte, il lui hurle :

— Entrez et j'espère que vous ne me dérangez pas pour rien !

— Non, monsieur.

Elle entre dans le petit bureau, sourit au pluricentenaire et annonce théâtralement :

— Mon cousin, votre serviteur, a une idée. Il suggère de recruter les deux anti-Élus pour qu'ils augmentent nos rangs...

— Votre cousin, ... Johann Bethovich, a une idée ! Ai-je bien entendu ? l'interroge-t-il, incrédule.

— Oui, monsieur.

— Je dois reconnaître que l'idées est bonne. Réalisez-la ! ordonne-t-il. Donnez rendez-vous à ces jeunes à l'Île Grande Pomme.

Médée opine du chef, s'incline et s'éclipse.



Deux jours plus tard, dans la Grotte, sur l'Île Grande Pomme,

Le vieux vampire assis sur un confortable siège à la gauche du maître de céans, attendant que les dirigeants des dix royaumes arrivent. Ces derniers sont convoqués à une réunion d'urgence au cœur même du Mal. Carlo DelPonte se lève de son siège, très ennuyé d'attendre après les invités, fait les cent pas dans l'immonde endroit, réfléchissant au moyen de détournant la Prophétie à son avantage. Il fixe la beauté sauvage de l'étrange île, aucun être vivant, ni homme, ni animal, ni reptile, ni oiseau, seule la nature règne en reine, absolument vierge et intacte, la végétation luxuriante est la fière évidence de l'absence de vie humaine. Les seuls habitants que le juge perçoit sont des démons et des âmes humaines qui travaillent pour leur maître, le Prince des Ténèbres.

Carlo DelPonte s'impatiente de plus en plus, depuis trois jours il est sur l'île, attendant les dirigeants, sans aucune nouvelle d'eux. Il réfléchit à son plan d'attaque. Soudain, tous les invités, à bord d'un avion, arrivent. Il s'empresse de bien les accueillir. Le pluricentenaire les invite à s'assoir à l'entrée de la Grotte. Une fois tout le monde assis, il leur annonce, mine renfrognée et ton sévère :

— Messieurs, la situation est très sérieuse. La Prophétie tant redoutée est en marche, Vavylone, ville au royaume des Sems, qui n'existe plus, a disparu en moins d'une heure dans un tremblement de terre sans précédent. Viy, dans le royaume des Rus, est dévastée par un tremblement de terre et un feu qui brûle ses habitants à l'ouest. L'affaire est très sérieuse et dangereuse... La Prophétie se réalise... Nous avons encore une faible marge de manœuvre pour changer le cours des événements... Quelqu'un a une idée ? Je vous écoute.

Les dix chefs d'État s'entr'observent, perplexes et inquiets. Ils n'osent rien dire pendant plusieurs minutes, temps où le vol d'une mouche devient le plus grand bruit. Le vieux vampire bouillonne de colère en son for intérieur de l'incapacité de ces hommes.

Le chef du royaume des Levs, un homme de quarante ans, vêtu d'un complet bleu marine, d'une chemise blanche, plutôt obèse et petit, affirme :

— J'ai une idée : nous pouvons nous réfugier dans les villes souterraines des démons. Nous serons en sécurité là-bas.

— Et où allez-vous fuir si les villes souterraines brûlent aussi ? Vous ressemblerez comme un cerf pris entre des chiens de chasse, une proie trop facile à éliminer. Quelqu'un a une autre idée ?

Personne ne souffle mot.

— Séance ajournée. À la prochaine.

Les dix dirigeants quittent immédiatement la salle, laissant Carlo DelPonte seul avec son intendante. Il réfléchit au meilleur plan à adopter avant la chute du Mal.

Après une heure de réflexion dans le silence le plus complet où seul un clapotis dans le loin s'entend, le vieil vampire s'envole sous la forme d'une chauve-souris. Médée De Larochefort appelle son pilote privé pour revenir à Viy, au royaume des Syls.



Le surlendemain, à Perlinbourg, dans le royaume des Liebes,

Samuel plie précipitamment ses bagages, lisant dans le ciel la destruction imminente de la ville hier soir. Sorti de la ville, il se retourne et s'étonne du spectacle destructeur et terrifiant qui s'offre à lui. La ville brûle, un immense feu de l'est et de l'ouest se déclare et, poussé par les vents, ravage tout sur son passage. L'astrologue et médecin est horrifié de la scène, il pleure en pensant à tous ces morts... Terrifié, il court jusqu'à ne plus discerner le feu de loin, ce feu qui monte jusqu'au ciel, libérant un nuage gris au-dessus de la ville.

Il arrive ainsi à la ville de Mot. Il s'arrête dans cette ville et passe la nuit dans une auberge, très fatigué de sa course, et très inquiet pour son fils.



Au même moment, à Brinckfort, au Royaume des Syls,

David et Maria, en jeûne depuis deux jours, continuent à recruter des fées, des nains et des esprits dans leurs rangs, continuent à déambuler dans les rues tout en prêtant attention aux habitants et aux agents du Mal, ne désirant pas être repérés. S'arrêtant dans un parc, près d'une charmante maison blanchie à la chaux, au toit gris, avec des grandes fenêtres qui ressemblent à des yeux étonnés, David avise sa compagne, malgré sa fatigue visible, ses cernes sous les yeux, ses traits tirés et ses pas lents :

— Maria Ivanovna, j'ai un plan qui nous garantira la victoire. Nous n'utiliserons pas nos armes pour tuer, que Dieu me protège de violer Son Commandement, mais bien pour jouer avec la lumière solaire... Les Ténèbres et la Lumière sont opposés depuis toujours et se fuient mutuellement, à l'instar du Bien et du Mal, n'est-ce pas ?

— Oui, très exactement, David.

— Et c'est ainsi que nous vaincrons, avec l'aide de Dieu, nos ennemis, les agents du Mal.

Elle approuve d'un geste de la tête. Les deux jeunes gens continuent à se promener dans la ville, évitant des vampires au passage. Maria, de temps en temps, observe le ciel pour discerner leurs deux compagnons ailés au-dessus de leur tête. Rassurée de la présence des aigles, elle sourit à David et s'étonne de remarquer une sombre forme d'un vieil homme de cent ans courbé par l'âge vêtu d'une chemise de soie blanche décorée de pierres précieuses, d'un complet brun foncé et d'une ample tunique noire comme la nuit avec un grand décolleté laissant entrevoir la chemise, au regard fourbe et mesquin, aux traits délicats et aux longs doigts courbés comme les serres d'un aigle, aux yeux vert-bleu irréels et aux cheveux brun comme la terre, suivre David de loin. Comprenant qu'elle vient de voir une âme, un défunt, elle blêmit et bredouille :

— David, un esprit nous a repéré et il te regarde avec avidité et intérêt. Je crains le pire, protège-toi !

L'interpellé approuve d'un geste de la tête les propos de Maria et vérifie qu'il a bien ajusté son armure en-dessous de ses amples vêtements.



Au même moment, dans la ville de Leviport, à trois milles kilomètres au sud de Brinckfort, au Royaume des Syls,

Marianne et Serge continuent leur marche forcée, dans l'espoir de rencontrer David et Maria. Observant les mêmes façades grises et blanches des maisons bien ordonnées et entretenues, Serge soupire, désespéré de les trouver, et interroge sa compagne :

— Marianne, je doute sérieusement de la réussite de notre plan... Comment pensez-vous retrouver ces deux-là alors que nous ignorons où ils sont ? Et je ne sais pas trop ce que fait votre ami esprit, mais je n'ai encore rien entendu de la mort de David...

— Serge Pavlovich ! s'emporte la jeune femme, serrant ses poings sous l'émotion forte. J'ignore les mouvements de mon ami esprit ! Pourquoi devrai-je savoir où il est maintenant ? Je n'ai pas son numéro de téléphone !

— Je pensais qu'il vous informait à intervalles réguliers de la progression de sa mission. Rien de plus mademoiselle, s'offusque-t-il.

Les deux jeunes gens se taisent pendant le reste du trajet.

Soudain, quelqu'un, derrière leur dos, les interpelle. Ils se retournent et remarquent le cousin de Médée De Larochefort.

— Mademoiselle Marianne Wiedmann et Monsieur Serge Pavlovich de Gassonet, je veux discuter avec vous en privé, loin des oreilles indiscrètes, d'un sujet très sérieux qui vous concerne de près.

Le couple, méfiant, ne sait pas s'il peut faire confiance à cet inconnu ou non, s'entr'observe. Johann Bethovich prend son mal en patience, promenant son regard de l'un à l'autre.

Quelques minutes plus tard, Marianne siffle :

— Très bien, nous acceptons de discuter avec vous. Nous irons là-bas.

Elle indique, d'un geste de la main, le parc de la ville. Magnifique parc avec des arbres géants, une fontaine dorée au milieu qui lance des jets d'eau à intervalles réguliers et des bancs en fer. Ils s'assoient confortablement sur l'un des bancs. Le sbire de Carlo DelPonte sourit au couple, pour éteindre leur méfiance qui se lisait dans leur regard, et s'exclame, d'une voix posée et douce :

— Je vous propose de collaborer avec mon supérieur... Nous avons les mêmes intérêts que vous : empêcher la Prophétie qu'elle arrive dans la mesure de nos moyens et surtout éliminer le couple élu avant qu'il soit trop tard. Et vous aussi semblez avoir ces mêmes fins, non ? Je ne me trompe pas ?

— Effectivement, répond avec beaucoup de calme et de prudence Serge. Et qui est votre supérieur ? Pour quelle raison devrions-nous se joindre à lui ?

— Il sait que vous êtes les anti-Élus, en unissant nos forces, il est possible d'arrêter les Élus.

Les deux jeunes réfléchissent sérieusement à la proposition, trop alléchante pour être vraie. Après quelques minutes de silence, ils répondent à l'unisson :

— Nos intérêts sont effectivement communs, mais qui êtes-vous ? Qui est votre supérieur ?

— Je suis Johann Bethovich et mon chef est Charlie De la Poirot, juge à la ville de Viy. Cette dernière est à cinquante kilomètres à l'ouest de Leviport.

— Et quand rencontrerons-nous votre chef ?

— Vous le rencontrerez sur l'Île maudite. Il vous attendra.

Ils opinent du chef à son attention et le cousin de l'intendante les quitte, revenant chez lui à Lindenbourg, ville à quinze kilomètres à l'est de Leviport. Serge et Marianne flânent dans les rues de la ville, réfléchissant au meilleur moyen de se rendre jusqu'à l'Île. Soudain, la fée Mary, matérialisée à la droite de Serge, murmure à sa protégée :

— Marianne, je sais comment faire un voyage très rapidement, sans attirer l'attention des autorités.

— Comment, ma fée ? lui demande-t-elle, se retournant vers elle.

— Simple. J'appelle mon très bon ami, le gnome Antheim de Mairibourg, qui a inventé un avion particulier. Il fonctionne par commande vocale. Vous dites à l'avion votre destination et il vous amène, en prenant le chemin le plus court, jusqu'au ledit endroit.

— Merci, Mary ! s'exclame, enthousiaste, la jeune femme.

La fée s'envole dans le ciel avertir Antheim de son plan. Une heure plus tard, la fée revient avec son ami, le gnome. Ce dernier est un petit homme aux yeux azuréens et aux cheveux brun clair, vêtu d'une ample tunique vert forêt, qui inspire gentillesse et bienveillance aux jeunes. Ils embarquent, sans hésiter, dans l'avion, alors que les deux entités surnaturelles retournent dans leur ville respective.



Trois jours plus tard, à Sodome, dans le royaume des Amers,

Une immense vague de l'océan se lève, soudain et engloutit la ville entière en moins d'une heure. Certains habitants essaient de fuir, mais ils ne parviennent à se sauver, s'engouffrant tous dans les rues vers la sortie de la ville, bloquant le passage. Seuls des fées, des djinns et des gnomes se sauvent à l'extérieur et observent de loin la noyade de la ville et de ses habitants, pleurant et se lamentant. À l'entrée de la ville, des hommes rebroussent chemin et courent le plus vite que leurs jambes leur permettent, très paniqués et angoissés à l'idée que l'océan les avale rapidement.



Deux jours plus tard, à Novi, dans le royaume des Rus, au Laboratoire du Centre Interroyaumonde,

Ivan Petrovich, le célèbre scientifique, tenant entre ses mains un morceau du métal d'Atlantide, l'examine sous toutes les coutures. Il ne sait guère que faire de cet objet. Il est simultanément fasciné et effrayé de l'objet aux propriétés mystérieuses. Promenant son regard dans son bureau épuré et sobre au mur blanc, au siège beige et à la table en bois de cerisier vierge de toute décoration, seul son dossier sur le métal trône en roi au milieu avec un stylo, le scientifique réfléchit à l'usage de ce métal atlantidien qu'il baptise Novum Aurum, communément appelé NA ou Nouvel Or.

Soudain, quelqu'un entre dans son bureau sans bruit, le Rus se retourne pour rencontrer de trop près les yeux froids du vieux vampire. Il le salue et lui demande poliment :

— Monsieur DelPonte, quelle est la raison de votre visite ?

— Avez-vous compris comment ce métal peut nous être utile ?

— Pas tout à fait, pour être honnête. J'ai remarqué qu'il a des propriétés curatives lorsqu'il est combiné avec certaines plantes.

— Intéressant, commente Carlo DelPonte. Avez-vous d'autres informations sur ce métal ?

— Non, mais je pense qu'un test en laboratoire nous aidera.

— Très bien, à la prochaine.

Sur ces mots, le pluricentenaire revient chez lui, prenant son envol par la fenêtre, laissant le scientifique à ses réflexions et expérimentations.



Une semaine plus tard, à Gomorrhe, dans le royaume des Liebes,

Un volcan, non loin de la ville, éteint depuis plusieurs millénaires, se réveille soudain. Il lance dans les airs des flammes et de la fumée, la ville est recouverte des particules ignivomes, laissant l'endroit sinistre et dévasté en moins d'une heure. Les rares rescapés se sauvent chez des parents dans les villes voisines.



Deux jours plus tard, à Viy, dans le royaume des Syls, au bureau du chef de la secte,

Carlo DelPonte, très nerveux des dernières nouvelles de ses agents, fait les cent pas dans son bureau et vide fiole après fiole de sang. Son intendante, également angoissée, est présente dans la salle, droite comme un piquet, près de la porte, observant discrètement son supérieur. Ce dernier se souvient des vers des quatre versions de la Prophétie qu'il murmure pour lui-même alors qu'il se promène dans la salle comme un fauve dans sa cage :

« Ciel du feu rencontrera Feu de la Terre, Feu jusqu’au Ciel, Ciel et Terre s’uniront.

La Terre tremblera, la Grande Ville, Vavylone, et son acolyte, Viy, Sodome et Gomorrhe, de la terre, s’effaceront.

L’ire de Dieu est à son comble,

Guerre, sang, meurtre s’accumulent, est passé le stromble.

Malheur à vous, prisonniers-esclaves, dans des cavernes,

À de folle dérision vous vous livrez dans des tavernes.

Un brasier est dans vos cœurs.

Et vous chantez aux dieux païens des chœurs.

Immonde, immonde est votre vie, votre vue est ténébreuse.

Vie d’une seule peut sauver de vies nombreuses.

Seul Dieu sait l’Heure

Et l’homme aperçoit son malheur,

il est trop tard.

Malheur, malheur à l’homme qui dard.

Il n’aura pas de paix dans l’Au-Delà. 


Après tremblements et renversements,

Hiérosolin sera connu de tous.

Après d’importants bouleversements,

Le couple prédestiné sera connu de tous.

Bien et Mal s’opposeront pour ces jeunes.

Dévoilera la réelle valeur le jeûne.

Avant l’ultime bataille.

Qui réduira l’ennemi à la taille.


Ciel du feu rencontrera Feu de la Terre, Feu jusqu’au Ciel, Ciel et Terre s’uniront.

La Terre tremblera, la Grande Ville, Vavylone, et son acolyte, Viy, Sodome et Gomorrhe, de la terre, s’effaceront.

Jérusalem sera connue

Deux et deux s’opposeront

Bien et Mal lutteront

Agis dans l’ombre l’inconnu.

Lune et étoiles tombent, Ciel s’enflamme,

Terre brûle et monts et vallées s’inversent.

Sombre caverne, tu seras enflammé,

Trop de malheurs se sont accumulés et se déversent.

L’heure du combat ultime a sonné,

Les camps se préparent pour que l’adversaire soit sonné.


Deux et deux s’opposeront

Bien et Mal lutteront.

Immonde, immonde est votre vie, votre vue est ténébreuse.

Vie d’une seule peut sauver de vies nombreuses.

Seul Dieu sait l’Heure

Et l’homme aperçoit son malheur.

Lune et étoiles tombent, Ciel s’enflamme,

Terre brûle et monts et vallées s’inversent.

Sombre caverne, tu seras enflammé.

À son sommet est l’ire divine,

Que personne ne devine.

L’ennemi, de son centre, envoie l’enchanteur.

Homme qui nuit aux élus.

Homme qui est chanteur.

Ennemi qui n'est pas chevelu. »

Soudain, il s'arrête net devant la fenêtre. En jetant un rapide coup d'œil, il comprend que la Prophétie se déroule inexorablement : des aérolithes volent dans le ciel, brûlant la ville par endroits. Le vieil homme panique sérieusement, vide sa fiole de sang d'un trait et hurle à son intendante :

— Plan B, mademoiselle ! Maintenant ! Rendez-vous sur l'île.

Il s'envole immédiatement vers l'Île maudite. Il décide de passer à la prochaine étape, à savoir d'élever une muraille protectrice et magique autour de l'Île Grande Pomme pour protéger l'endroit d'une destruction qui signerait la capitulation des forces du Mal. Tout en préparant un guet-apens aux Élus.

Médée De Larochefort se presse de sortir de la ville et observe, fascination malsaine dans le regard, le spectacle de la ville qui brûle. Viy ignescente élève un immense écran de fumée et de cendres, cachant la lumière solaire. L'intendante appelle son pilote privé pour atterrir rapidement à leur destination finale : l'Île maudite.



À suivre.

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