Prophétie sibylline inéluctable

Chapitre 5 : Prophétie en cours, Seconde partie

1960 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/01/2024 22:39

5.Prophétie en cours, Seconde partie




À Nectar, ville au royaume des Sems,

Samuel se promène dans la ville, observant les maisons uniques au monde qui attirent beaucoup de touristes chaque année : maisons faites en or, en argent et en diamant avec un toit d'émeraude et de jaspe. L'astrologue et médecin est bien intrigué par la beauté et l'élégance architecturale. Merveille renforcée par les jardins bien entretenus qui ajoutent un charme supplémentaire. Mais il ne se laisse pas émouvoir par le calme apparent de la ville, trop angoissé et inquiet pour la vie de son fils. Il décide d'observer le ciel ce soir.

À l'heure propice, il s'étonne de ce qu'il y lit. La conjonction stellaire rare de l'Histoire s'approche à grand pas et la ville de Nectar sera bientôt effacée de la surface de la terre. Il plie précipitamment ses bagages et quitte la ville. Le vampire d'Americ De la Rova continue à l'espionner, même s'il ne comprend guère l'intérêt.

En regardant de loin la ville, Samuel discerne une immense vague et un météorite qui ravagent la ville à une vitesse vertigineuse. La vague engloutit tout sur son passage, le feu du météorite se répand sur la ville : les habitants, comme pris entre deux maux, ne savent pas où fuir, brûlés vifs par le feu ou noyés par la mer, le choix n'était guère enviable pour eux et la plupart s'enferment dans leur maison. Les rares rescapés se sauvent chez des proches et des amis.

Le médecin, lui, part pour le village de Lys, au royaume des Pravdes, ne cessant de prier Dieu pour la vie de son fils.



À Ramedan, au royaume de Premiers,

Maria et David déambulent dans les rues, observant l'alternance des belles façades de briques et d'autres blanchies au chaux qui donne à la ville une ressemblance d'un échiquier géant, les grands arbres qui s'élèvent, majestueux jusqu'au ciel, dont le feuillage s'agite au gré du vent, donne un air d'insouciance et de paix à la ville. Soudain, un regard insistant se pose sur Maria et David, mais ce dernier ne le remarque même pas. La Rus lui murmure :

— David, quelqu'un nous fixe, le même esprit qu'à Brinckfort, au royaume des Syls. Je ne l'avais pas remarqué depuis deux jours, mais le voilà de nouveau près de nous. D'ailleurs, les aigles, nos amis ailés, semblent nerveux...

Levant les yeux au ciel, le jeune homme note le vol agité du couple ailé qui descend se poser sur une branche, fixant Alembert de Montemarleil. Ce dernier, gêné d'être observé ainsi, se déplace à la gauche de David, prêt à fondre sur lui. Les yeux de Maria s'agrandissent d'inquiétude, elle ouvre la bouche pour hurler, mais aucun son ne sort, tellement son étonnement et sa frayeur sont grands. David, ajustant son armure sous ses vêtements, observe attentivement la jeune femme, intrigué, et lui demande, tournant la tête à droite et à gauche :

— Qu'est-ce qu'il y a de si effrayant près de moi pour réagir ainsi, Maria Ivanovna ?

— L'esprit... murmura-t-elle d'une voix blanche.

David se retourne en direction de l'esprit, sort son épée qui miroite au soleil. Alembert de Montemarleil recule, comme brûlé, et se présente derrière son dos, cherchant le maillon faible de son armure. Il le repère rapidement. La Russe hurle à l'esprit :

— Vous, sordide esprit, dégagez de ma vue... Si vous ne voulez pas tâter de mon traitement...

La sombre entité la fixe, sourire moqueur au visage et fond sur David en passant par le point faible de l'armure. Il lui coupe momentanément le souffle.

Maria entonne un chant en ancien français, chassant l'esprit. David qui reprend à grande inspiration l'air lui murmure :

— Merci, Maria Ivanovna de me sauver la vie.

— Il n'y a pas de quoi. Je ne faisais que mon devoir. Je ne voudrais pas qu'un malheur nous arrive.

Les jeunes continuent de se promener dans les rues, évitant soigneusement les vampires et les sbires du Mal.



Simultanément à la destruction de Nectar, à Ivi, ville au royaume des Derniers,

La charmante inexpugnable ville aux maisons de pierres, aux murailles d'or, d'airain et de ciment, aux magnifiques vergers à perte de vue a soudainement disparu de la surface de la terre, engloutie d'un coup dans un tremblement de terre et une inondation sans précédent. Certains habitants meurent noyés, d'autres enterrés vivants ou écrasés sous les débris des maisons en ruine. Les rares rescapés pleurent leurs morts et courent se réfugier chez des amis et des proches dans les villes et villages environnants.



Sur l'Île Grande Pomme, proche de la Grotte,

Carlo DelPonte panique, et même encore, le terme est faible pour rendre compte de son état intérieur d'agitation. Il s'agite, voletant un peu partout sur l'Île maudite, ordonnant aux âmes et aux démons de renforcer la sécurité et la barrière magique. Tout le monde s'exécute. La montée d'anxiété dans ses veines le pousse à ne pas rester sur place. Il attend avec impatience la venue de Serge et de Marianne. Il les discerne de loin. Volant vers eux, il reprend forme humaine et leur annonce :

— Bonjour, Mademoiselle Marianne Weidmann et Monsieur Serge Pavlovich de Gassonet. Je vous invite sur cette Île pour unifier nos forces contre nos ennemis communs.

— Êtes-vous Charlie De la Poirot que votre agent Johann Bethovich nous a mentionné ?

— Oui, c'est moi en personne, répond le vieux vampire en affichant un sourire carnassier et en promenant ses yeux calculateurs et froids entre les deux anti-Élus, leur donnant un frisson dans le dos, malgré leur mine imperturbable.

— Très bien, monsieur De la Poirot, réplique poliment Serge pour baisser la tension palpable dans l'air. Mais comment pensez-vous que nous vous aidons ? Comment connaissez-vous notre existence ?

— Jeune homme, ne soyez pas curieux avant l'heure ! Il est plus prudent d'unifier nos forces et de créer un guet-apens aux Élus, plutôt que de palabrer en vain... Sans oublier que nous possédons le très précieux et rare métal atlantidien avec nous.

Soudain un sifflement aigu résonne dans les airs, forçant Serge et Marianne à placer leurs mains sur leurs oreilles pour se protéger de l'attaque sonore. Ils se retournent et remarquent, sous leurs yeux, une chauve-souris qui se métamorphose en homme, nul autre qu'Ivan Petrovich. Ce dernier, ajustant son ample manteau blanc qui ressemble plus à une chape qu'à une uniforme de travail, s'approche des jeunes, immense sourire narquois aux lèvres qui laissent discerner des dents pointus, regard brillant d'une lueur de folie, et affirme au pluricentenaire :

— Monsieur DelPonte, j'ai compris l'utilité de ce métal... Désolé, mademoiselle et monsieur, je suis Ivan Petrovich Romanov, très célèbre scientifique de Novi, au royaume des Rus. Je participe à cette guerre à titre de scientifique, expert en biologie moléculaire... Et j'ai récemment découvert le Novum Aurum...

La poitrine du scientifique se gonfle de fierté et ses yeux brillent d'un éclat nouveau.

— ... Certaines de ses propriétés me sont connues, d'autres sont encore inconnues, mais je n'abandonne pas la recherche.

Il baisse la voix pour que seul le vieux vampire l'entende.

— Et monsieur DelPonte, le métal a des propriétés curatives très intéressantes, en plus de renforcer la barrière magique autour de la Grotte.

— Très intéressant, effectivement, confirme le pluricentenaire, le regard brillant de malice.

Il se tourne vers les jeunes et leur annonce :

— Mon plan est de créer un guet-apens en attirant les Élus dans la Grotte même avec le métal atlantidien. Ce dernier protégera notre barrière magique, nous le détournerons de sa fonction initiale. En touchant ce métal, des démons devraient les attaquer, les réduisant à néant. S'ils parviennent à s'échapper par un miracle, à vous deux de les affronter.

Les anti-Élus opinent du chef et partent se cacher près de la Grotte, attendant un faux-pas de leur ennemi. Carlo DelPonte et le scientifique organisent la protection de l'Île en déposant un peu partout des éclats du métal atlantidien et ordonnent aux démons et aux âmes de se dépêcher de créer la barrière magique, leur temps est compté.



Au même moment, dans la ville de Leyla, au royaume des Levs,

La ville aux murailles de bronze et aux maisons blanchies au chaux est très animée. Les marchands vantent leurs marchandises, les passants discutent des produits vendus et s'entendent pour un prix, les femmes diffusent les rumeurs des villes et villages voisins, les enfants jouent et les vieux médisent leurs voisins. Soudain, la terre se fend, créant un immense cratère, engouffrant deux maisons sous la terre. Les voisins en face s'étonnent et prennent peur. Ainsi, à plusieurs endroits, la terre s'ouvre, créant un chaos dans la ville.



Simultanément, dans la ville de Bergenbourg, à cinquante mille kilomètres du village de Sto, au royaume des Premiers,

David, accompagné de Maria Ivanovna, s'assoit sur un banc, dans un parc, fixant les immense arbres fièrement dressés jusqu'au ciel, sans dire mots et écoutant distraitement le doux chant des oiseaux, réfléchissant au prochain pas. Soudain, il murmure :

— Maria Ivanovna, je sais où nous irons pour éliminer nos ennemis. Hier, j'ai eu une vision plus exacte de cet endroit. Et mon père m'a rendu visite en rêve, me suppliant de partir immédiatement pour l'endroit, parce que les étoiles seront alignées favorablement pour nous...

— Où ?

— Dans le lieu perdu, loin de tout le monde... La conjonction stellaire nous sera propice ces jours-ci. J'ai observé le ciel hier. Il faut y aller au plus vite, avant que l'ennemi ne tire profit de l'alignement céleste.

Il sort une carte du monde, observe à droite et à gauche pour être certain que personne ne les espionne et lui montre l'Île Grande Pomme.

— C'est là-bas que l'ultime combat doit être. Le Mal doit être tué dans l'œuf. Là-bas est son centre.

— Il faut brûler, détruire jusqu'à ses fondations, ce nid démoniaque. Il faut fermer la bouche des Enfers, n'est-ce pas ?

— C'est ce que j'ai compris, mais comment s'y rendre ?

— Il est très simple de se rendre à ce sombre endroit, commentent à l'unisson les deux fées et l'elfe, arrivés soudain près de leurs protégés.

— Comment ? les interroge Maria, intriguée.

— À bord d'un griffon domestiqué.

Et l'elfe siffle pour appeler le griffon, un imposant animal au corps d'aigle, aux immenses ailes aux plumes chatoyantes, aux pattes griffues du lion, à la tête d'épervier et au regard jaune perçant. Malgré sa taille gigantesque, la créature légendaire atterrit avec élégance sur le sol, repliant ses ailes et s'assoyant par terre pour permettre à ses passagers d'embarquer en toute sécurité. Les fées informent le griffon de la destination et la créature légendaire prend son envol vers l'ultime lieu du combat, lieu où tout est en jeu, lieu où le destin du monde est suspendu à un fil, lieu où le Bien et le Mal s'affronteront, lieu où la Prophétie tant redoutée se réalisera, sous une conjonction stellaire particulière...

Les fées et l'elfe prient Dieu que leurs protégés soient sains et saufs et qu'ils sortent victorieux de ce combat difficile.


Tout le monde est conscient que le combat ultime est imminent.



À suivre.

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