La prophétie du roi déchu: Le seigneur oublié
Chapitre 20 : Le capitaine de la garde
3609 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 25/06/2025 18:12
Chapitre 20 : Le capitaine de la garde
Le regard incrédule, Taläsna fixait le dragon qui venait de défoncer le mur. Il venait d'occire avec une facilité déconcertante une horreur malsaine. Sans même évoquer sa stature colossale draconnique, Dranoss était un phare au milieux des ténèbres. Le noble ne réfléchit pas et saisit la pointe de la griffe du gardien royale et se releva. Le guerrier d'écaille abaissa une aile et invita d'un regard de la tête son camarade à lui monter sur le dos.
_ Comment m'avais vous retrouvé ? Finit par demander Taläsna.
_ Pas le temps d'expliquer les miracles, répondit le dragon visiblement pressé. Montez !
L'elfe s'exécuta sans plus de formalité. Ressortant de la faille provoquée par l'élu divin, ils s'envolèrent dans un ciel noirs, aux zébrures rouge de la foudre déchaînée. Des milliers de dragons noirs volaient par-dessus la cité, carbonisant les défenseurs avec facilité. La force débridée de Kaös déferlait tel un raz de marée. Et les légions de cadavres réanimés s'entassaient aux pieds des murailles du troisième niveau. Face aux envahisseurs, les Guiogniens faisaient tomber de l'huile chaude et des pierres. Les canons crachaient leurs grêle de mort sur les positions stratégiques, affaiblissant à chaque fois de plus en plus les vaillants héros. Nos deux braves survolaient cette folie, esquivant les dragons des ténèbres. Étrangement, les engeances maléfiques semblaient les ignorer. Taläsna nota cette étrange faculté de Dranoss à éviter le conflit direct, et demanda à son sauveur :
_ Ils ne nous attaquent pas ?
_ Mon odeur les repousse, répondit la créature volante. Je suis leur anathème, m'approchait signifie perdre leur lien avec leur dieu. Daös me protège, et par extension vous aussi. Nous avons de la chance, la troisième muraille est la plus solide, elle a été façonnée par mon dieu en personne. Mais je le sens, mon roi est en danger. La vraie menace vient de l'intérieur.
Le dragon rouge plongea vers la forteresse centrale, les bêtes immondes volantes s'écartèrent de lui en lui rugissant dessus. La tour d'ivoire et d'étoile était en flammes. Taläsna réalisa que le roi Esleneus était en danger.
_ Quel est le plan ? Questionna Taläsna à son partenaire alors que celui-ci ni ralentissez pas.
_ Il n'y a pas de plan !
Face à une telle assurance, le roi sylvain eut juste le temps de tenir fermement les épines dorsales de Dranoss avant l'impact. Une partie du mur s'effondra et Taläsna fut projeté à l'intérieur. Lorsque ce dernier se releva au milieu des gravas, le grand dragon déploya ses ailes et s'écarta, optant pour un vol stationnaire.
_ Je vais vous extraire d'ici, retrouvez Esleneus et Zuanlanor, je vous retrouverai.
Sans plus de cérémonie, le capitaine de la garde sacrée s'envola en contournant l'édifice. Le seigneur des bois s'épousseta et parcouru les couloirs. Une odeur immonde les envahissait, un mélange d'excrément et de matière organique décomposée. Les murs commençaient à être souillés de corruption. Le mucus translucide lui rappela la caserne. La pourriture de Kaös.
Il dégaina son sabre et se saisit d'une torche au sol, la lumière était quasiment absente. Derrière lui, le chaos de la bataille retentissait dans le lointain. Face à lui, les boyaux de la folie. Il entendait des bruits de combat au sein de la tour, le dieu noir les avaient atteint jusqu'au plus profond de leurs défenses. Sa terreur était grande, mais il refusait de faiblir, il avait été chargé d'un devoir. Il en était de son honneur de sauver Sa majesté. Il arriva au niveau d'une ouverture, un mélange de viscères et de chairs distordues lui barrait la route. Il tailla son chemin péniblement à coups de sabre, écartant de son chemin la souillure maudite. Mais lorsqu'il leva la torche, il entre-aperçu un groupe de silhouettes mutantes aux dos dénudés, des protubérances osseuses jaillissant de leurs corps. Des yeux jaunes illuminés se tournèrent vers lui, les dents luisantes de bave renvoyait de faibles reflets de sa torche. Le groupe de démons pourris se mit à l'appeler par son nom, et tituber péniblement dans sa direction.
Mais heureusement, le roi elfique avait plus d'un atout dans son sac, de sa besace il sortit trois perles. Deux rouges et une bleue. Elles brillaient d'une faible lueur colorée. Alors que les créatures s'approchaient, Taläsna lança la première des perles, une rouge, et une explosion de flammes envahit la pièce, carbonisant les engeances maudites. Les mort-vivants hurlèrent de douleur, mais sans attendre que les cadavres ne retombent mollement sur le sol, l'elfe jeta au milieu du groupe la perle bleue. Un tourbillon de glace frappa tel une bourrasque, renversant le mobilier et les non-morts. Le vent glacé congela les corps sans vie, le choc de température fit que la chair des abomination éclata instantanément. Lorsque les morceaux retombèrent éparpillés par le cyclone, le sortilège se dissipa et le souverain elfe couru à travers la pièce. Une porte lui barrait la route, mais un simple coup de pied suffit et celle-ci tomba lourdement sur le sol, se brisant en échardes. Il arriva dans un autre couloir, le plafond était haut, plongé dans l'ombre malgré sa torche.
L'elfe courut dans le long couloir, il ne croisa pas âme qui vive pendant une dizaine de mètres, mais il s'arrêta momentanément lorsqu'une goutte de salive lui tomba dessus. Il leva la torche et la lueur du feu dévoila une chose grotesque dépassant l'abominable. Cette monstruosité était composée de plusieurs bustes humains attachés en files indienne, les têtes enfoncées dans le corps de celui devant, les bras étaient fracturés et les os formaient des pattes de scolopendre. Une gueule garnie de crocs remplaçait la tête du premier cadavre, une longue langue noire pendait de l'orifice. La bête immonde attrapa le cou de Taläsna avec son appendice et tira dessus violemment, soulevant du sol le corps de l'elfe. Le souffle court, Taläsna eut le réflexe momentané d'agiter ses jambes durant les première seconde, et réalisa une seconde plus tard qu'il venait de lâcher son arme et sa torche. Mais ce n'était pas n'importe quel guerrier, il se ressaisit rapidement, alors que le prédateur l'amenait à lui. Il saisit la troisième perle de sort et la lança en direction de la chimère. Le projectile atteint l'abomination de plein fouet et une déflagration mortelle la déchira en deux. Taläsna retomba, reprenant son souffle, et l'horreur se fracassa au sol à son tour. Ses membres ensanglantés s'agitèrent en l'air, frénétiquement, cherchant de nouveau un appuie. Avec difficulté, l'elfe se saisit de sa Dyaladuil et se retourna de justesse pour empaler l'un des bustes de l'amalgame qui se jetait sur lui.
Le sang purulent lui coula dessus, noir et poisseux. Une odeur fétide inondait les narines de Taläsna, le goût immonde de l'hémoglobine envahit sa bouche. Celui de la décomposition, mélangé à de la haine pure. Il fendit ainsi les cages thoraciques de la créature revenante, déversant d'avantage tripes et organes. Il se releva après avoir exécuté une roulade, juste avant que la gueule de sangsue ne plonge vers lui. Il ne remarqua qu'à peine maintenant que le démon avait été coupé en deux, mais les amas de cadavres se régénéraient déjà, se dotant de nouvelles bouches affamées. Face à un tel monstre, il n'avait aucune chance. Il se saisit d'une nouvelle perle, celle-ci brillait d'une lueur d'or. Il la jeta en direction d'un mur, une explosion de magilith détona, l'obstacle se désagrégea à grande vitesse. Il se jeta à travers le trou, alors que les deux morceaux de mille-pattes humain se jetaient dans sa direction. Taläsna repoussa les assaillants en renversant le mobilier dessus, ce qui entrava les mouvements de la partie supérieure. Le second morceau de la bête passa par-dessus et envoya sa bouche extensible dans sa direction. Par réflexe, le souverain le bloqua en l'embrochant en plein centre de sa gueule, mais il se fit plaquer au mur. Une hache décorative était posée à même la paroi, et l'elfe s'en saisit sans réfléchir, découpant la tête de la chose mutante. Une fois décapitée, la créature cauchemardesque s'immobilisa, laissant Taläsna choir sur le sol. La première chose envoya valser le meuble, mais sa proie titubait déjà dans le couloir.
Le guerrier elfique se tenait contre la surface de pierre avec difficulté, il avait le vertige suite aux nombreux coups sur la tête. Il se sentait défaillir. Il entendit le mille-pattes cadavérique le pourchasser, ses ignobles bruits de sucions laissaient deviner son appétit insatiable. Il n'eut que le temps de se retourner que l'horreur indescriptible le projeta en arrière d'un coup de bras difforme. Il sentit un liquide chaud couler à travers son armure, une trace de griffe éventrait sa cuirasse. Il brandit sa lame en avant et repoussa la gueule béante en lui empalant le palais. Le sol sous ses pieds trembla lorsque la créature progressa dans le couloir, la structure même de la tour était attaquée. Peut être un incendie en-dessous. Taläsna sortit son sabre des mâchoires et trancha verticalement la tête. Le gargouillis abominable le fit presque vomir, du sang vicié lui éclaboussa le visage. Le mutant recula en se tenant les deux morceaux, la blessure commençait à se refermer. Taläsna y vit une ouverture, il se saisit de sa dernière perle de sort, elle brillait d'une lueur verte. Il y enfonça son bras dans la gueule de la chose, y plongeant l’artefact magique dans les entrailles du démon. Il y envoya une brève impulsion de pensée, et retira sa main de l'orifice. Il bondit en arrière, puis la réaction de la magilith se déclencha quelque secondes plus tard. Des branches d'arbre ornées de feuilles éventrèrent l'amalgame de chair, repoussant les parois du mur. Le sol se délita sous la masse grossière de viande putride qui tomba de plusieurs étages, au milieu des flammes. L'elfe sylvain se retourna pour constater sa victoire, le souffle court. Il avait survécu, de peu.
Sans attendre d'avantage, Taläsna progressa, il se tenait le torse atrocement mutilé, il était en plein hémorragie. « Encore un peu ! » Songea-t-il. « Il me faut tenir encore un peu ! »
Il avança, et découvrit une nouvelle horde de revenant. Ils étaient entassés devant une porte, frappant de leurs horribles membres l'obstacle vers leur prochain repas. « Rien ne sert de les prendre par surprise, songea le roi des bois. Mais s'ils m'ignorent, c'est que quelque chose de très important est enfermé là-dedans. » Il devait tenter quelque chose. Il vit dans un couloir face à lui un tonneau de rhum, ainsi qu'une torche éteinte. Une diversion ! Il fit rouler la barrique derrière les mutants, trancha le bouchon et fit couler le liquide. Les pieds des créatures furent trempés, et les démons se retournèrent. L'une d'elle, d'une voix d'outre-tombe, prononça ces paroles :
_ Tu ne les sauveras pas ! Aucun d'entre eux ! Ils vont tous mourir !
_ Pas aujourd'hui ! Répondit Taläsna en allumant la torche.
Il la jeta sur l'alcool et les revenants s'enflammèrent. Sous l'effet de la chaleur les bubons fétides éclatèrent, la chair fondit et les os se calcinèrent. Les cris d'agonie des mort-vivants résonnèrent longuement, et malgré l'endurance hors norme des grotesques créatures, elles s'effondrèrent toutes lorsque les muscles ne pouvaient plus tenir sur les articulations. Taläsna resta sur ses gardes, mais ses ennemis étaient déjà hors d'état de nuire. La fumée noire étouffante envahissait le couloir, l'elfe sylvain se baissa pour éviter d’inhaler les vapeurs toxiques. Il exploita ses dernières forces magiques pour lancer un sort de glace, et éteignit les flammes. Il sentit un violent mal de crâne l'assommer. Avant de perdre connaissance, il aperçu la porte s'ouvrir, Zuanlanor le fixait à la fois stupéfait et rassuré de voir son frère d'armes. Puis, Taläsna tomba.
Le corps inerte de leur sauveur à ses pieds troubla le suzerain des haut-elfes, mais il reconnu Taläsna. N'était-il pas au premier niveau il y a encore quelques heures ? Comment savait-il qu'ils étaient en danger jusqu'ici ? Ces questions sans réponse laissèrent Zuanlanor sans voix. Il se contenta de faire signe aux gardes de le prendre et de l'évacuer. Ils étaient extrêmement chanceux d'avoir été secourus. Mais sa joue avait enflé, la douleur lancinante était semblable à celle d'un kyste. Il ne montra toutefois pas son malaise, il se dirigea vers Esleneus qui se réjouissait à l'idée de s'enfuir d'ici.
_ Sire Taläsna est un héro ! Dit le roi humain.
_ Certes, mais nous ne sommes pas sortis d'affaire. Dépêchons nous de trouver une issue.
Le noble elfe passa devant, la dizaine de soldats et le roi suivirent ses traces, le sol gelé craquelait sous leurs pas. L'odeur de décomposition et de brûlé montait aux narines, l'atmosphère était étouffante. Le groupe progressa éclairé faiblement par les torches. Zuanlanor avait activé le pouvoir de sa lance pour émettre une faible lueur. Nul ne sait si les démons rôdaient en embuscade, leur omniscience était un véritable problème. Ils descendirent un escalier, engloutis par les ténèbres.
Les parois étaient couverte de matière organique, un réseau de veinules les parcouraient. Elles palpitaient, mues par une vie impie. La souillure du Mal ! Le mobilier était couvert de chair mutante, des yeux avides les observaient, des bouches de sangsue guettaient les proies alentours, des crocs et des griffes transperçaient les amas grotesques. Les gardes se couvrirent le nez, afin d'éviter de sentir l'odeur infecte de viande pourrie. L'apparence de la tour était ignoble au-delà de tout ce que l'esprit humain pouvait encaisser. Alors que le peloton fut stoppé net, Esleneus demanda à l'elfe en tête la raison de leur arrêt.
_ Une porte ! Répondit le seigneur d'Ilurina avec une forme de dégoût à peine masqué dans la teinte de sa voix.
_ Qu'attendez-vous pour l'ouvrir ?
_ Elle est bloquée, répondit l'haut elfe qui fit la moue.
Lorsque le roi des hommes contourna l'épaule de Zuanlanor avec la tête, il aperçu que la poignée de la porte était entremêlée avec de la chair mutée. Une bouche, tel un grotesque piège, encerclait la poignée en face d'eux. En d'autres circonstances, cette tentative aurait paru grossière, mais dans ce cas présent, cela posait un sérieux dilemme. Ouvrir et se faire dévorer la main ? Ou chercher un autre chemin et se faire embusquer par de nouvelles créatures ?
_ Que faisons-nous ? Demanda un garde qui tenait Taläsna.
Le temps jouait contre eux, mais le souverain elfique pris le temps de réfléchir. Il se tourna vers l'un des soldats et demanda sa miséricorde. Le Guiognien obéis, et l'elfe s'approcha de la gueule morbide. Il planta la lame à travers la poignée, et comme attendu, la bouche prédatrice mordit férocement. Forçant dessus, Zuanlanor tenta de tourner le mécanisme, malgré l'entrave de l'amas fétide. Mais contre toute attentes, des tentacules urticantes jaillirent d'un autre furoncle, les crochets lui saisirent la main avec prédation. Des filets de sangs s'échappèrent de ses plaies, c'est après qu'il poussa un juron que les humains lui vinrent en aide pour l'extraire de cette situation délicate. Ils parvinrent à l'extraire de justesse. Le membre était couvert de blessures, du pus en jaillissait déjà.
Une telle vision d'horreur dissuada toute autre tentative d'un autre valeureux héro, surtout que la gueule garnie de crocs recracha la miséricorde dorénavant tordue.
_ Comment nous allons faire ? Demanda un soldat. Devons-nous chercher une autre issue ?
Le beuglement bestiale d'un revenant lointain résonna, Zuanlanor se saisit la main, hésitant un instant à réitérer l'expérience. Son cœur frappa contre sa poitrine, même lui, qui était l'un des mages les plus puissants de sa race, se sentait faible dans un espace aussi confiné. Puis vinrent des bruits...
… Des bruits de pas. Par dizaines. La lueur des torches se réfléchit dans une myriades d'yeux difformes. Les gargouillis humides leurs parvenaient, le souffle court des créatures. Une horde ! Et Taläsna n'était toujours pas réveillé.
Cette vision de cauchemar décida le haut elfe, il plongea sur la poignée avec sa main blessée. La gueule se referma dessus, ses crocs empoisonnés le transpercèrent, le pauvre malheureux poussa un cri de douleur. Les monstres se mirent à courir.
Les premiers gardes brandirent la pointe de leurs lances, empalant les créatures en pleine charge. Ils tentèrent de les tenir en respect, mais la force surnaturelle des mort-vivants fit reculer les défenseurs. Esleneus saisit la cape de Zuanlanor et le supplia d'aller plus vite.
Le protecteur des elfes ne pensait plus à rien, n'entendait plus rien, il n'était focalisé que sur la douleur inhumaine de sa main. Plus il tournait la poignée, plus l'emprise de la mâchoire se resserrait.
Un premier soldat tomba, égorgé d'un coup de griffes. Les Guiogniens reculaient face à la horde en supériorité numérique. Les mutations se multiplièrent, accordant l'avantage aux monstruosités non-mortes. Un second humain mourut, empalé par une protubérance osseuse.
_ Dépêchez-vous ! Hurla de terreur le vieil homme affolé.
L'elfe luttait contre la douleur, contre la gueule hérissée de crocs, contre la peur. Les soldats commençaient à se faire décimer, les uns après les autres. Ils n'étaient plus que cinq. Alors que les démons progressaient implacablement, les tentacules frôlèrent le visage du roi de Guiogne qui hurla de terreur. Un craquement retentit. Finalement, la porte s'ouvrit, Zuanlanor tira Esleneus par derrière et intima aux deux gardes tenant Taläsna de les suivre. Après avoir claqué la porte derrière eux et barricadé en plaçant un meuble, les survivants se regardèrent mutuellement. Esleneus attrapa Zuanlanor, ignorant les conventions sociales, et le remercia. Toutefois, l'étreinte ne reçut aucune réponse, et lorsque le maître du château voulut serrer la main du sauveur, il ne trouva qu'un moignon. Il poussa un hurlement, mais le souverain des haut-elfes le rassura.
_ Au moins nous sommes à l'abri ici.
Il s'assit contre un mur, exténué, posant sa Juzalial à côté de lui. Sa joue continuait de le faire souffrir le martyr, malgré son absence total de démonstration. Du pus en sortait abondamment, les pulsions laissaient penser qu'un être vivant y remuait dedans. Alors que le roi humain se tourna vers la suite du chemin, il ne constata qu'avec effroi le vide, un pan de la structure s'était effondré. Par delà la tour, le chaos totale. Des nuées de dragons noirs embrasaient la cité, les pièces d'artillerie pilonnaient les positions défensives, des hordes de revenants, de mutants et d'orques noirs s'entassaient aux pieds de la troisième muraille. Un spectacle d'effroi se dévoila dans toute son horreur, nul n'était épargné.
Et là, la porte fut secouée. Les mort-vivants tentaient de la défoncer de force. Les deux derniers gardes lâchèrent Taläsna et se jetèrent dessus pour faire obstacle de leurs corps. Le maître de la tour d'ivoire et d'étoiles vit l'une des bête ailée dans le lointain foncer en leur direction. Elle était massive, des ailes rouges contrastaient avec ses écailles d'onyx. Son apparence monstrueuse était bien plus terrifiante que toutes les abominations jusque là affrontée. Sentant son heure venue, Esleneus dégaina Falcionn, se mit vaguement en garde et brava son destin, tandis que l'ignoble dragon les chargeait.
Mais un éclat de lumière blanche les aveugla, un être aussi puissant que majestueux apparu, auréolé de la lumière solaire. Il plongea vers le draconide ténébreux et lui brisa le cou, net. Le cadavre du démon ailé tomba dans le vide, et au même moment, la porte se brisa sous l'assaut répété des mort-vivants. Les deux derniers soldats furent massacrés, Taläsna à la merci des cadavres possédés. Mais miraculeusement, l'ange géant se plaqua dans la faille et brûla de son souffle la horde de zombies. Le colosse saisit de ses pattes avant Zuanlanor et Esleneus, et de sa patte arrière Taläsna. Le capitaine de la garde draconnique venait de les sauver, il s'envola vers le temple de Daös.