Ange déchu

Chapitre 2 : La fille aux poumons de verres

1448 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/10/2025 22:05

Le nouvel élève était venu s’asseoir à côté de moi. C'est maintenant que je le voyais, il était assez grand, des cheveux noirs et des yeux onyx. J’ai immédiatement pensé que les autres n’avaient pas eu le temps de lui dire la vérité à mon sujet, sinon il se serait dépêché d’aller ailleurs. Comme faisaient la plupart des gens quand ils apprenaient. J’étais habituée maintenant. Mais ça me fit quand même plaisir. Ça faisait longtemps que plus personne ne s’était assis auprès de moi, que je n’avais ressenti une présence qui n’avait pas peur ou pitié de m’approcher. Ça faisait du bien parfois. Dans la classe, ça devait les énerver, je les entendais chuchoter dans notre dos. Même ceux qui se disaient mes amis. De toute façon, j'en ai l'habitude. Peut-être que si je mourais plus vite, ils seraient satisfaits. Une fois que j’aurais disparu, la crainte disparaîtrait et tous se sentiraient sûrement soulagés. Devant ma tombe, il n'y aurait sûrement pas grand monde. Peut-être une ou deux personnes venues faire bonne figure. C’était comme ça. Je suis juste maudite depuis le jour de ma naissance. La seule erreur qu’ait vraiment dû faire ma mère dans sa vie, c’était de m'avoir mise au monde. Sans moi, tout aurait sûrement été bien mieux...


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Les cours passèrent très lentement. Si ennuyeux que ça en était juste chiant. La quasi-totalité de la classe dormait ou bien faisait semblant d'écouter. Hanae ne semblait pas non plus intéressée puisqu'elle regardait de nouveau par la fenêtre. Je soupirai. J’avais hâte que la sonnerie retentisse, signifiant la pause. Quoique… pas tant que ça en fait. Parce qu’une fois libéré des cours, les autres me sauteraient tous dessus pour que je devienne leur ami. Et je n’en avais franchement pas envie.


Aussi, quand il fut l’heure de la pause, j’essayai de fuir le plus vite possible de la classe pour me trouver un coin tranquille. Peine perdue. À peine dans le couloir, j’étais déjà entouré par une tonne de monde. Les nouvelles allaient vite par ici : plus de filles encore qu’avant, plus de mecs qui me regardaient d'un mauvais œil. Bon sang… N’aurais-je jamais le calme ?


Soudain, une main prit mon bras et me tira hors de la foule. Les gens étaient tellement occupés à savoir qui aurait le droit de m’avoir comme ami qu’ils n’eurent même pas le temps de réagir, et je me fis entraîner loin d’eux.


Mon sauveur – enfin je pense que je devais l’appeler comme ça – nous emmena dans un lieu où personne ne nous dérangerait. Enfin, selon lui. Quand il me relâcha et qu’il se tourna vers moi, je le reconnus. C'était le gars de tout à l'heure.


— Désolé de t’avoir emmené comme ça…


Il n’avait pas besoin de s’excuser, il m’avait apporté la tranquillité tant espérée. J’allais partir sans le remercier, mais il me retint par le bras. Apparemment, il ne m’avait pas sauvé gratuitement.


— Je suis Sanshiro Kimisane… Tu as ma cousine dans ta classe : Shinzu Kimisane.


Je n’en savais rien, et je m’en fichais complètement.


— Elle m’a dit que tu t’étais assis à côté d'Hanae.


C’était vrai, et alors ? Elle est jalouse ?


Sanshiro croisa les bras, me scrutant du regard.


— Je te dis ça pour ton bien… Tu ferais mieux de ne pas traîner avec cette fille. Même ma cousine, pourtant super gentille, refuse de l’approcher.


Je haussai un sourcil, peu convaincu.


— Tu dois te demander pourquoi ?


Je hochai la tête.


— Elle est malade. Un truc grave. Une maladie des poumons. Fibrose pulmonaire… idiopathique, je crois. C’est pas très connu, mais il paraît que c’est incurable. Elle tousse tout le temps, elle s’essouffle facilement. On dit qu’elle peut s’étouffer en pleine classe si elle fait une crise. Et puis personne ne sait si elle est contagieuse.


C’était ça sa raison ??? J’avais à faire à un débile ou quoi ? J'avais déjà entendu parler de cette maladie et je ne crois pas qu'elle soit contagieuse. À moins que cette fille ait une espèce de pouvoir magique qui fait qu’elle refile sa maladie aux gens rien qu’en les regardant. J’aurais presque envie de rire…


— Je sais que tu ne me prends pas au sérieux mais quelqu'un a failli mourir par sa faute.


D'accord, les accidents ça arrive… pas de quoi en faire un plat.


— C'est comme ça qu’on a appris pour sa maladie. Y a un mec, Kaito. Il était nouveau, comme toi. Il a voulu être gentil avec elle parce qu'elle était déjà seule, il s’est assis à côté pendant deux semaines. Ils étaient inséparables. Peu après, il est tombé malade. Pneumonie sévère. Il a fini à l’hôpital pendant deux mois.


Je fronçai les sourcils.


— Je sais ce que tu penses. Que ça n’a rien à voir. Que c’est une coïncidence. Peut-être. Mais les gens n’ont pas oublié. Depuis ce jour, personne ne veut lui parler. Même les profs font gaffe.


Il baissa la voix :


— On l’appelle "la fille aux poumons de verre". Parce qu’on dit qu’elle pourrait se briser à tout moment. Et que ceux qui l’approchent… finissent par s’effondrer avec elle.


Ce surnom, comme cette histoire, est juste misérable. Il n’y avait pas de quoi s’effrayer.


— Ne l’approche pas, tous ceux qui l’approchent finiront comme lui.


— Je ne pense pas.


Il me regarda d’un air hautain.


— Fais pas le malin parce que les filles t’adorent déjà alors que tu viens juste d’arriver.


Je ne faisais pas le malin.


— Cette fille peut vraiment être dangereuse.


C’est fou comme elle en avait l’air. C’est surtout vous qui êtes trop cons.


Bon, puisque toute cette histoire tournait dans ce sens, je décidai d’en prendre partie et de m’amuser un peu.


— Tu dis qu’elle est dangereuse, n’est-ce pas ?


— Oui.


— Et moi je te parie que je n’ai pas peur, que j’arrive à la séduire, sortir avec elle, que je l’embrasse devant tout le monde et qu'il ne m'arrivera absolument rien…


— Vraiment tu ferais ça !?


— On parie ?


— Combien ?


— 30 000 yens.*


Il pensait que je n’en serais pas capable, ça se lisait au fond de ses airs : « gagner de l'argent aussi facilement ».


— Tu as vraiment autant d’argent à mettre en jeu ?


— J’en ai beaucoup plus…


Il eut un sourire qui disait qu’il était déjà vainqueur.


— Très bien, marché conclu !


Nos deux mains se serrèrent en signe du pacte.


Personnellement, je suis persuadé de gagner. Embrasser une fille atteinte d'une maladie même pas contagieuse ne me faisait pas peur. J’étais au courant des risques, et celui-ci n’en était pas un, que ses poumons soient en verre ou pas. Je ne faisais pas non plus ça pour l’argent. Parce que ce n’est pas ce qui me manquait, vu l'argent de poche que j'ai.


Non, ça allait juste m’occuper, me donner un loisir. Ça pourrait être amusant. En plus, d’après ce que j’ai compris, personne ne veut l’approcher, donc si je traîne avec elle, non seulement ça lui fera de la compagnie mais en plus on me ficherait certainement la paix. Que des avantages donc.


Une nouvelle sonnerie retentit pour indiquer la fin de la pause. Sanshiro me guida dans les couloirs et m’aida à trouver où mon cours avait lieu – il le connaissait sûrement parce que sa cousine y était – puis il me souhaita bonne chance du haut de sa fierté et partit.


Je rentrai dans la classe, je ne mis pas longtemps à retrouver Hanae. Ça n’était pas bien compliqué puisqu'elle était entourée de vide, et sans aucune hésitation, j’allai m’asseoir à côté d'elle.



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Et voilà merci d'avoir lu ^^


Je suis très occupée mais j'essaierai de publier au moins deux chapitres par semaine. Désolé pour les fautes d'orthographe et surtout n'hésitez pas à liker si vous aimez ou laisser un commentaire si ce n'est pas le cas (ou si c'est quand mm le cas, les compliments ça fait toujours plaisir \(@ ̄∇ ̄@)/


30 000 yen = Environ 170 euro

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