Les sentiments au fond de tes beaux yeux - Tome 1 : La magie de Noël

Chapitre 5 : Les balades

3830 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/12/2025 11:26

Chapitre 5 : Les balades **** 


Nous partons donc les trois joyeusement et je suis encore impressionnée par ce loup. Je m’étais habituée à le voir dans l’appartement mais le voir dans la rue est dingue, il est si imposant hors contexte, les gens changent de trottoir alors qu’il trottine joyeusement devant nous.

-         Tu le promènes sans laisse ? demande-je.

-         Ouai, il ne s’éloigne jamais de moi sur la route, je la prends au cas où pour rassurer les passants mais je n’en ai franchement pas besoin.

-         Et les balades en ville lui suffisent ?

-         Tu plaisantes ?! Je l’emmène dans les champs dès que j’ai une heure de libre pour qu’il se dépense correctement ! On y va au moins quatre fois par semaine et Hunter le fait aussi dès qu’il a du temps, il l’emmène même courir, c’est le top.

-         Vous allez loin ?

-         Non, on sort de la ville en moins de dix minutes par le nord, c’est pratique…

-         Je déteste la ville, j’ai toujours rêvé d’habiter dans un petit village, soupire-je.

-         Et bien quand tu auras une belle maison dans un village, nous viendrons avec plaisir nous y promener ! répond-il gaiement.

Je lui lance un beau sourire, toute heureuse qu’il insinue que notre amitié va durer et il me retourne le même. J’apprécie comme tout est simple et naturel avec lui.

Nous tournons au coin d’un muret à quelques pas de chez eux et ils m’emmènent dans un immense parc arboré, où Cal s’enfile en courant joyeusement pour faire sa petite vie tandis que nous discutons en suivant le chemin qui serpente entre les arbres et les étendues d’herbes.

-         Ça ne t’embête pas trop de rater la soirée à cause de moi ? demande-je encore avec inquiétude.

-         Pas du tout, et puis j’irai sans doute lorsque tu voudras rentrer. Tu sais, il y en a toutes les semaines, ce n’est pas comme si je ratais l’événement de l’année.

-         Tu sors vraiment toutes les semaines ? m’étonne-je.

-         Ouai, répond-il en me souriant. C’est une habitude finalement, c’est comme ça je suppose, je joue, je gagne et je célèbre !

-         Comme il doit être difficile de se faire mousser tous les samedis soir…, le taquine-je.

-         Ne m’en parle pas, ce que ma foule d’admiratrices peut me taper sur les nerfs ! s’amuse-t-il.

-         Oh oui, ça doit être terrible ! pouffe-je.

-         C’est aussi l’occasion de passer une jolie nuit de temps en temps, se marre-t-il.

J’ouvre de grands yeux choqués et il éclate de rire :

-         Pardon, je t’ai choquée ?!

-         Non pas choquée… je… tant mieux pour toi je crois, bafouille-je.

Il hoche la tête en fronçant un peu les sourcils et je ne peux pas m’empêcher de rougir légèrement.

-         Tu as un petit ami ? demande-t-il d’une voix gentille.

-         Non…, réponds-je d’une petite voix.

Il hoche encore la tête mais je sais bien ce qu’il me demande dans le fond, et bien que je sois très timide, je lui fais largement assez confiance pour m’ouvrir à lui :

-         Je n’en ai jamais eu en fait, précise-je en fixant le sol.

-         Je vois, alors je t’ai bien choqué petit oiseau, excuse-moi.

-         Mais non Eden, tout de même ! Je ne suis pas choquée, c’est juste que je… je ne suis pas très… ce n’est pas…

Il passe un bras sur mes épaules en me voyant aussi confuse et une fois de plus, sa gentillesse me met à l’aise et je reprends :

-         C’est juste que je me sens très nulle comparé aux autres, je n’aime pas aborder ce sujet parce que j’ai toujours l’impression de passer pour une alien. Les gens de mon âge parlent ouvertement de tout ça, ma coloc s’envoie en l’air toutes les cinq minutes et moi je n’ai même jamais embrassé un garçon de ma vie…, chuchote-je timidement.

-         Ne te laisse pas influencer par les autres Hestia, qu’est-ce qu’on en a à faire franchement ? Pourquoi est-ce que ça te rendrait nulle et pas super cool finalement ? C’est toi qui décides de ce que tu fais de l’information après tout !

-         On se moquait de moi à l’orphelinat, je suppose que ça ne m’a pas aidé à me faire me sentir sereine, soupire-je.

-         Ce sont des crétins alors ! Tu peux au moins te vanter de ne jamais être tombée sur un gros naze ! Et crois-moi, beaucoup trop de filles le disent !

J’éclate de rire et il retrouve le sourire en me voyant reprendre du poil de la bête, continuant sur sa lancée :

-         C’est vrai, tu pourrais être en train de me raconter à quel point les mecs sont tous des abrutis ! Mais non, tu as encore l’opportunité de choisir le bon pour te lancer, c’est génial non ?!

-         Vu comme ça…, pouffe-je.

-         Puisque je te le dis ! Demande donc un peu à tes copines ce qu’elles pensent de leurs ex, ça te réconfortera.

-         Je n’ai qu’une amie et je connais toute sa vie ! m’amuse-je.

-         Qu’une seule amie ? s’étonne-t-il.

-         Oui, je ne suis pas exactement quelqu’un de très sociable, je choisis visiblement quelques amis de qualité et c’est très bien comme ça.

-         Et je suis ton ami ? fanfaronne-t-il.

Je trouve ça très intimidant comme question, j’ai peur de lui dire que oui alors que nous nous sommes si peu parlé mais en même temps, je l’imagine mal me poser la question s’il ne me considérait pas comme une amie.

-         Oui, je t’apprécie beaucoup, réponds-je donc avec honnêteté.

-         Ça, ça me fait plaisir ! Ravi d’être dans le top deux de tes deux amis ! plaisante-t-il.

-         Arrête de te moquer de moi ! m’offusque-je en lui fichant un coup de bassin.

Il éclate de rire un peu plus fort tandis qu’il tangue sur ses pieds pour mimer que j’ai réussi mon coup.

-         Quelle force ! Tu devrais jouer au rugby petite tête !

-         Bien sûr, réplique-je en levant les yeux au ciel.

Nous nous baladons une bonne heure dans le parc en plaisantant et en nous taquinant gentiment. Soucieuse de ne pas lui gâcher trop de temps sur sa soirée, je décide de rentrer.

-         On va te raccompagner chez toi, c’était le deal ! s’exclame-t-il.

-         C’est gentil.

Il observe pensivement Calyouk qui traine un peu plus loin en furetant dans des buissons et il plisse les yeux :

-         Essaie voir de l’appeler, dit-il.

-         Quoi ? Mais il ne viendra jamais, il ne me connait pas ! réplique-je.

-         J’aimerais voir quelque chose, explique-t-il.

J’appelle donc Calyouk sans grande conviction, mais à la surprise générale, il relève la tête vivement avant de nous foncer dessus à pleine vitesse. Je suis tellement heureuse que je m’agenouille pour le réceptionner et nous reprenons une petite séance de gratouilles au milieu du parc tandis qu’Eden siffle avec appréciation :

-         Je ne sais pas ce que tu as fait à mon chien Hestia... Tu lui as filé à manger pendant que je me douchais ou quoi ? rit-il.

-         Même pas ! rayonne-je. Il m’aime c’est tout !

-         Je crois bien ! Tu l’aimes bien mon fiston ? demande-t-il à Cal en le gratouillant avec moi.

-         Tu me l’as vendu comme une terreur, pratiquement un danger, et pourtant ! J’ai presque l’impression de m’occuper d’un adorable petit louveteau ! glousse-je.

-         Ouai… Attends de le voir s’énerver et tu ne voudras plus l’approcher, dit-il tristement. Ce chien terrifie tout le monde, c’est malheureux.

-         Je ne vois pas bien pourquoi j’en aurais peur… même s’il ne supporte pas les autres, j’ai bien l’impression qu’il m’apprécie.

-         Oh c’est clair, tu n’as aucun soucis à te faire, je peux largement t’affirmer qu’il t’adore…

-         Je l’adore aussi ! piaille-je joyeusement.

-         Parfait, alors tu pourras me le garder quand je serai en déplacement ! s’amuse-t-il.

Je l’observe avec des yeux blasés mais il affiche un air interrogateur, comme s’il était sérieux.

-         Sérieusement ? demande-je.

-         Bah… je ne veux évidemment rien t’imposer mais si tu en avais envie… ça me rendrait carrément service, dit-il d’un ton hésitant.

-         Mais, je croyais que c’était ton coloc qui s’occupait de lui ? m’étonne-je.

-         Sauf que mon coloc est très occupé, il n’est pratiquement jamais à la maison et il a certaines responsabilités qui font qu’il s’absente régulièrement pour quelques jours… Alors on se débrouille les trois quarts du temps pour qu’il soit là quand j’ai besoin de lui mais ça peut arriver qu’il ne puisse pas se libérer et que je doive donc manquer mes déplacements.

-         Quoi ?! Mais c’est tellement important ! C’est ta carrière qui se joue ! couine-je en me redressant.

-          Je sais bien, mais je ne vais pas laisser Cal tout seul ! répond-il sur un ton évident.

-         Mais ton coloc pourrait faire un effort ! m’agace-je tandis que nous prenons la route de chez moi.  

Il éclate de rire :

-         Alors, déjà, ce n’est pas son chien, donc pas sa responsabilité non plus. Ne va pas le diaboliser alors qu’il fait son possible pour m’aider. Quand je parle de responsabilités, je parle de vraies grosses responsabilités Hestia, il ne peut vraiment pas échapper à ça. Par contre, c’est vrai que je me retrouve régulièrement coincé et puisque je n’avais absolument jamais rencontré quelqu’un d’autre avec qui Calyouk se sentait bien… disons que j’ai préféré te poser la question pour prendre la température… parce que bon, je sais que tu ne me connais pas depuis longtemps mais tu es genre la seule autre option pour m’aider quand mon coloc n’est pas là…

Il a l’air sincèrement embêté et je ne vois pas pourquoi, je suis profondément touchée par sa confiance :

-         Eden, je serais ravie de m’occuper de Cal si tu estimes que je le peux. Je n’ai vraiment aucune vie sociale alors venir le promener, le nourrir et le gratouiller n’est pas un problème pour moi, je pourrais même étudier vers lui, souligne-je.

-         Tu pourrais même dormir chez nous en soit, si je te le demandais c’est que mon coloc ne serait fatalement pas là, alors tu aurais l’appartement pour toi si tu en avais envie.

J’ouvre des yeux ronds, aussi enchantée par sa confiance que secrètement ravie à l’idée de passer du temps tranquille dans ce somptueux appartement mais je choisis l’humour :

-         Quelle confiance, qu’est-ce qui te dit que je ne suis pas une vilaine psychopathe ? Ou une voleuse ? demande-je en plissant les yeux.

-         J’ai une confiance absolue en mon chien ! S’il te fait confiance, alors moi aussi. Et puis bon, si tu étais une dangereuse psychopathe qui voulait le tuer… je crois que je miserais sur lui, rit-il.

-         Oui, moi aussi ! pouffe-je. En tout cas, n’hésite pas à me dire si tu te retrouves coincé ou si tu voulais que je vienne faire quelques essais…

-         On pourrait voir comment ça se passe oui, c’est une idée…

Il me donne la laisse et nous faisons nos petits tests sur le chemin du retour puisque je l’attache. Calyouk m’obéit au doigt et à l’œil, ne tire pas sur sa laisse et se cale complétement sur tous mes mouvements. Eden est enchanté et me flatte sans interruption alors que je m’occupe de son loup jusqu’à mon bâtiment où il le félicite avec zèle.

Avant de partir, il reprend son petit ton hésitant :

-         On pourrait faire ça le samedi soir ? Je suppose que tu étudies en semaine mais puisque tu m’as dit que la vie sociale n’était pas trop ton truc… on pourrait se retrouver pour le promener après mes matchs avant que je n’aille aux soirées…

-         Avec plaisir ! m’exclame-je, heureuse comme un paon.

-         Vraiment ?!

-         Mais oui ! Et puis on pourrait le faire plusieurs fois puis faire un petit essai où je vais le chercher sans toi pour voir comment ça se passe…

Nous prévoyons un petit plan de bataille puis ils s’en vont et je remonte chez moi, toute contente de ma soirée.

*

Le semaines suivantes, nous mettons notre plan en action. Pendant un mois, nous adoptons un petit rituel. Je vais voir ses matchs le samedi, puis nous rentrons chez lui chercher Calyouk pour aller le promener une bonne heure avant qu’ils me raccompagnent chez moi. Je m’occupe de plus en plus du tout, pour en arriver à une autonomie totale avec simplement la présence d’Eden.

Ce rituel devient précieux, il est le rayon de soleil dans ma semaine, ma petite bouffée d’air pur en bonne compagnie. Notre amitié est désormais solide, nous mangeons même de temps en temps ensemble dans la semaine et Eden me tanne pour que je l’accompagne aux soirées à chacune de nos balades tandis que je refuse à chaque fois. Il soutient que je vais me momifier à ne rien faire et je lui réplique que c’est plutôt lui qui ferait bien de se reposer de temps en temps. Je l’aide un peu avec ses cours de biologie et il tente de me mettre au rugby, sans grande réussite.

J’ai forcément fini par avouer à Julia ma nouvelle amitié, pour justifier mes samedi soir, et elle me harcèle pratiquement de lui présenter le brillant capitaine de notre université, ce que je refuse en bloc car je trouve ça trop gênant. Je m’imagine mal ramener une groupie à Eden alors qu’il m’a déjà mentionné plusieurs fois qu’il était très agréable d’avoir une vraie amie, qui ne cherche pas sans cesse à le flatter ou le séduire.

Les cours se passent toujours aussi bien, je me sens légère et en phase comme rarement dans ma vie. J’ai attendu avec tant d’impatience cette entrée à l’université et je dois dire que je ne suis pas déçue puisque mon quotidien est génial.

Nous sommes désormais fin novembre et je m’apprête à me rendre au match sous le regard plissé de Julia :

-         Et comme tous les samedi soir, notre petite Hestia file sous les étoiles retrouver son beau capitaine ! plaisante-t-elle.

-         Arrête ! Il est mon ami ! couine-je.

-         C’est ça ouai, un beau gosse pareil… mon œil ! Je suis sûre que tu essaies doucement de le mettre dans ta poche !

-         Mais pas du tout, ce n’est pas parce que tu en es raide dingue que ça veut dire que tout le monde l’est ! réplique-je en riant.

-         Mais tout le monde l’est ! Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?! Tu sais combien de filles de cette fac mourraient d’aller faire des balades en tête à tête toutes les semaines avec Eden ! s’exclame-t-elle en se redressant.

-         Lorsque tu arrêteras de faire ta groupie, je te le présenterai et tu pourras essayer de le séduire ! m’amuse-je.

-         Mais arrête ! Impossible que tu ne sois pas raide dingue de lui ! crie-t-elle.

-         Mais puisque je te le dis ! réponds-je en enfilant ma veste.

Elle réfléchit quelques minutes en me jaugeant avant de reprendre :

-         Tu ne tournes pas rond Hestia, qu’est-ce qu’il te faut de plus ? Ce mec est un demi-dieu et en plus, il est gentil ! Qu’est-ce qui ne te convient pas chez lui ? demande-t-elle plus sérieusement.

-         Il n’y a rien qui ne me convienne pas chez lui, il est très beau et très bien mais… je ne sais pas, je ne suis pas amoureuse de lui, je ne sais pas quoi te dire.

Elle éclate de rire :

-         Amoureuse … Oh Hestia tu es trop pure pour ce monde… Enfin, le cœur a ses raisons je suppose… En tout cas, s’il te faut un mec plus extraordinaire que lui pour être amoureuse, tu peux te préparer à ne jamais l’être.

-         Merci…, ronchonne-je.

-         Pas de quoi mon chou ! réplique-t-elle joyeusement.

-         Je suis bien contente de m’en aller plutôt que d’entendre des âneries pareilles, maugrée-je en ouvrant la porte.

-         Et bon rendez-vous amoureux ! me taquine-t-elle encore.

Je claque la porte en riant et j’écoute une seconde son éclat de rire avant de me rendre au stade.

Laisser un commentaire ?