Les sentiments au fond de tes beaux yeux - Tome 1 : La magie de Noël

Chapitre 6 : Le colocataire fantôme

4729 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/12/2025 11:27

Chapitre 6 : Le colocataire fantôme **** 


Après un match serré, notre équipe remporte la victoire sous les cris de la foule et j’applaudis comme une dingue. Eden m’avait dit que ce match était capital, il était le dernier match à gagner avant que les choses sérieuses commencent.

En le remportant, notre équipe vient de s’offrir le passe-droit pour les match nationaux, qui sont bien plus corsés selon Eden et où il a le plus de chances de se faire repérer.

Lorsqu’il me voit, il court vers son sac en bord de terrain puis vient se jeter à la barrière pour se mettre à ma hauteur, déclenchant les cris hystériques des femmes derrière moi, rien d’inhabituel.

Il me tend alors une clé :

-         Je dois discuter avec l’entraineur, je ne sais pas trop pour combien de temps j’en ai alors je me suis dit que tu serais mieux à la maison pour m’attendre que plantée devant le stade ! dit-il.

-         Je peux t’attendre, ça ne me dérange pas, précise-je tout de suite.

Il lève les yeux au ciel en fourrant la clé dans ma main de force :

-         Hestia, je me fous que tu sois chez moi sans moi, tu seras mieux avec Cal à la maison plutôt qu’à te geler devant le stade !

-         C’est gentil, réponds-je en souriant.

-         Je fais au plus vite Titi ! lance-t-il en se laissant retomber sur le terrain.

Je lui fais coucou avant de me mettre en route en ignorant les dizaines de regards jaloux des femmes fixés sur moi. Alors que je marche en direction de chez lui, je médite tout ça. Les paroles de Julia me font réfléchir, les regards jaloux aussi, je commence à me demander si je n’ai pas un problème.

Eden est très beau, je le sais, je le vois bien. Et je dois bien avouer que je n’ai rien à lui reprocher, j’adore être avec lui, nous nous entendons très bien et rions beaucoup alors pourquoi je ne m’intéresse pas à lui ? Aurais-je un problème ?

Je peux comprendre que je n’ai jamais trouvé un garçon à mon goût, je les trouvais terriblement immatures à l’école et aucun à l’orphelinat ne m’attirait. Mais là ? Je suis une jeune femme qui vient d’entrer à la fac, qui devient proche de ce mec adulé par ses pairs, aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur… C’est tout de même dingue, parce que je sens bien que je n’éprouve rien de plus que de l’amitié pour Eden.

Je déverrouille sa porte en soupirant et Cal m’accueille avec son panache habituel en me fonçant dessus à toute vitesse pour se jeter sur moi. Ça fait criser Eden, parce qu’il n’a jamais eu à gérer cette attitude avec qui que ce soit et qu’il n’arrive pas à lui apprendre à arrêter mais je m’en moque, j’adore quand il fait ça. Il fait ma taille mais j’ai développé une confiance totale en ce chien avec le temps alors je me régale toujours de nos câlins de retrouvailles. Puisque c’est la première fois qu’Eden n’est pas là pour l’engueuler, je le laisse faire en lui grattouillant le ventre tandis qu’il frotte son museau dans mon cou avec affection, me faisant rire aux éclats.

Lorsqu’il descend, je m’assois avec lui par terre pour le câliner en attendant Eden pendant un petit moment. Il finit par rouler sur le dos pour me présenter son ventre que je caresse en gazouillant :

-         Tu m’étonnes que je n’apprécie pas les garçons, c’est toi mon amoureux Cal, oh oui, c’est toi ! gazouille-je.

Il me lance un regard heureux et je continue :

-         Tu sais que tatie Hestia va te garder un de ces jours ? Oh oui mon loulou, on sera que tous les deux, on mangera des croquettes jusqu’à pas d’heure et on dormira sur le canapé ! continue-je.

J’entends alors des bruits de clés derrière la porte, ce qui ne m’inquiète pas jusqu’au moment où je réalise que c’est moi qui possède la clé d’Eden et que c’est donc anormal. Je me tends un peu mais je réalise qu’il y a bien plus de chances pour que ce soit un voisin qui se trompe de porte qu’un tueur en série qui possède un trousseau de clés au lieu d’entrer par effraction.

J’ai toujours été très craintive, du genre à vérifier trois fois que notre chambre était bien fermée avant de dormir le soir, ou à paniquer lorsqu’un homme a l’air de me suivre dans la rue… mais objectivement, je ne risque pas grand-chose avec Cal je crois. Ceci dit, qu’est-ce que j’en sais ?

La clé tourne alors dans le vide dans la serrure, puisqu’elle est déverrouillée, et je me tends un peu plus jusqu’à ce que Cal relève la tête pour regarder la porte avec un air qui m’effraie. Il la fixe littéralement sans ciller alors que mon cœur commence à battre la chamade et lorsque la poignée s’abaisse, je suis à deux doigts de la crise cardiaque, complétement figée, incapable d’esquisser le moindre geste.

La porte s’ouvre sur un homme que je distingue à contre-jour, plus fin qu’Eden mais vraiment plus grand alors autant dire que je ne gagnerais pas le combat. Il porte une tenue de sport, un haut manches-longues noir moulant qui dessine plutôt très efficacement ses muscles secs, un grand short et surtout deux gants de boxe accrochés derrière sa nuque, ce qui ne manque pas de m’inquiéter à mourir.

Mon cœur m’assourdit tandis que l’adrénaline se déverse dans mon corps, mais l’homme me remarque enfin, assise dans la pénombre de l’appartement et il s’arrête net sur le seuil, aussi figé que moi avec des yeux qui me paraissent écarquillés de ce que j’en distingue. Le fait qu’il s’arrête me rassure un minimum, il a l’air choqué, comme s’il se faisait prendre la main dans le sac et je prie de toutes mes forces pour qu’il se sauve en courant puisque Cal n’a toujours pas bougé et remue même la patte pour me faire reprendre mes caresses comme s’il n’y avait pas d’intru planté à trois mètres de nous. Je maudis Eden de toutes mes forces pour m’avoir vendu son chien comme une terreur à deux doigts de tuer des êtres humains alors qu’il ne réagit même pas lorsqu’un homme débarque chez lui !

J’envisage des dizaines d’options à cent à l’heure dans ma tête, j’essaie de me rassurer en me disant que Calyouk lui sautera dessus s’il met un pied dans l’appartement mais quelques secondes terrifiantes s’écoulent et rien ne se passe jusqu’à ce que l’homme me sorte une phrase à laquelle je ne m’attendais pas du tout.

-         Qui êtes-vous ? demande-t-il d’une voix impassible.

Ça a le mérite de me calmer un peu, il ne m’a encore sauté dessus pour me découper en morceau alors je me remets à respirer. En fait, maintenant que je me calme, je trouve cet homme absolument sublime du peu que j’en vois et je rougis comme une dingue. Il ne manquerait plus que je trouve séduisant l’homme qui va peut-être m’enterrer dans les bois cette nuit… Du grand Hestia tiens !

-         Et vous ? réplique-je bêtement.

Il hausse les sourcils, affichant un air de plus en plus surpris :

-         Vous êtes chez moi, lâche-t-il alors.

Dire que je rougis est un doux euphémisme.

Je m’empourpre plus fort que je ne l’ai jamais fait dans ma vie alors que je réalise à quel point le moment est gênant, absolument horrible, honteux… Je ne sais même pas comment je peux ne pas être encore tombée dans les pommes alors que je me trouve très clairement devant le colocataire fantôme d’Eden.

Mes constantes s’affolent, je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire, toujours complétement incapable de bouger alors que la honte de ma vie m’étrangle de ses mains affreuses.

Je suis littéralement devant le propriétaire de l’appartement, alors qu’il ne me connait pas et je viens d’avoir l’audace de lui demander qui il était comme si je me trouvais chez moi. J’ai envie de m’enterrer quatre étages en dessous du sol, de pleurer à chaudes larmes, de me jeter sous ma couette et de ne plus jamais foutre les pieds ici. Le colocataire d’Eden est presque devenu un mythe avec le temps, je savais qu’il existait tout en admettant qu’il n’était jamais là. Je ne l’ai jamais croisé, ni même aperçu alors que ça fait un mois que je viens ici régulièrement, il m’était pratiquement sorti de la tête.

 Je n’en reviens pas de ne pas avoir réalisé que c’était lui alors qu’il possède les foutues clés de l’appartement bon sang !

Et je suis toujours là, plantée par terre comme une débile muette alors qu’il se racle la gorge en agitant la tête doucement pour me signaler qu’il attend une réponse. J’ai encore plus honte et je baisse vivement le nez, incapable de soutenir une seconde de plus son regard alors que je suis une foutue intruse chez lui.

Alors que mes yeux se posent sur Cal, je réalise que j’avais un deuxième indice drôlement parlant sur l’identité de cet homme mystère et que je suis allée jusqu’à accuser Calyouk de ne pas réagir alors que son « deuxième maitre » venait d’ouvrir la porte. Mais quelle idiote sérieusement.

-         Je… je… j’attends Eden, couine-je d’une voix suraiguë.

-         Ah, répond-il.

Il entre finalement et je relève le nez pour l’observer alors qu’il pose ses gants de boxe sur l’îlot en nous dévisageant avec un air intrigué :

-         Vous connaissez bien Cal… ? demande-t-il en fronçant les sourcils.

-         Euh oui… il m’aime bien, bafouille-je.

-         Je vois ça, répond-il avec un air perturbé. Je ne l’ai jamais vu comme ça, ça me scie en deux honnêtement.

Bon. Son calme me calme, ce qui est une bonne chose, parce que j’arrive enfin à reprendre possession de mon corps pour avoir une réaction normale. Je ne vais pas rester plantée par terre sur le sol de la cuisine de cet homme bon sang ! Je me relève donc en quatrième vitesse avant de reculer dans un petit coin de la cuisine en croisant les bras. Je croise même les jambes en me tortillant, toujours terriblement mal à l’aise et j’aimerais simplement disparaitre sur place à ce stade. J’ai encore l’impression d’être une intruse, je suis une intruse !

-         Je peux allumer ? demande-t-il alors.

-         Euh… ? Quoi ?? m’étonne-je bêtement en me demandant si j’ai bien compris.

-         Je ne sais pas, je vous ai trouvé dans le noir complet, je …, commence-t-il.

Je m’empourpre encore plus en le coupant :

-         Mais bien sûr que vous pouvez allumer ! Vous êtes chez vous ! couine-je. C’est simplement que Cal m’a sauté dessus lorsque je suis entrée et que je n’ai pas pris le temps d’allumer parce que je voulais lui faire des câlins parce que je lui fais toujours des câlins ou alors il …

Tais-toi Hestia ! C’est du délire, on dirait une cinglée ! Je coupe donc ma phrase subitement et il me regarde du coin de l’œil en fronçant les sourcils. Seigneur, il doit vraiment me prendre pour une demeurée… Et puis la situation est absolument lunaire, nous sommes toujours plantés dans le noir complet, éclairés par les pauvres lumières extérieures de la ville.

Il se dirige alors vers moi et mon cœur s’emballe plus rapidement que jamais, j’en entrouvre les lèvres, serrant mes bras croisés avec force tout en me penchant en arrière, comme pour le fuir. Il me regarde encore d’un drôle d’air, évidemment, puisqu’on dirait clairement que j’ai peur de lui mais il faut dire que maintenant qu’il est à côté de moi, je me rends compte qu’il est vraiment grand et ça m’impressionne encore plus. Il doit taper dans le mètre quatre-vingt-dix, j’en suis pratiquement certaine et ce n’est pas rassurant pour moi malgré son apparente gentillesse.

Il se penche un peu et mon cœur arrête de battre jusqu’à ce que je réalise qu’il se penche simplement pour allumer une lampe posée sur le plan de travail derrière moi. La lumière l’illumine enfin, alors que son visage est à une quarantaine de centimètres de moi et j’ai un mouvement de recul phénoménal.

Je crois que la honte vient d’atteindre son paroxysme. Il m’observe vraiment comme si j’étais une dingue et je n’en reviens pas d’avoir eu un mouvement de recul en découvrant son visage, je n’imagine même pas ce qu’il doit imaginer alors que la vérité est pourtant tout autre.

Parce que ce garçon est juste le plus bel homme que je n’ai jamais vu de toute ma vie. Il est d’une beauté à couper le souffle, avec sa mâchoire carrée, son nez parfait et ses cheveux sombres plus longs sur le dessus, coiffés vers l’arrière pour dégager son visage divin. Mais le clou du spectacle sont ses yeux, ils sont d’un vert parfait, aussi profond que soutenu, ni bleu ni noisette, juste un vert uniforme comme je n’en ai jamais vu. Maintenant qu’il est éclairé, je réalise qu’Eden avait raison, ce type possède une aura absolument folle, elle est si forte qu’elle est presque palpable et je ne peux que donner raison à mon ami, il est clair qu’on a pas envie d’emmerder ce type… plutôt de se jeter à ses pieds.

En tout cas, il se méprend – forcément – complétement sur mon attitude et fronce les sourcils en reculant vivement d’un pas alors qu’il imagine sans doute m’avoir fait peur ou dégouté dès que la lumière s’est allumée. C’est officiellement trop de honte pour moi ce soir et je bondis vers la porte d’entrée :

-         Je vais rentrer, je suis désolée de vous avoir dérangé je… j’attendrai Eden dehors je ne sais pas, je …, panique-je complétement.

Il me toise sans répondre et je jette la clé sur l’îlot de la cuisine avant de prendre littéralement mes jambes à mon cou en partant en courant dans le couloir. Je ne m’arrête pas, je cours jusqu’à chez moi, je détale comme un lapin. Je manque tellement d’air que j’ai un poing de côté ahurissant mais je l’ignore. Je me flagelle à grands coups de pelles mentalement alors que la scène qui vient de se dérouler joue en boucle dans ma tête. Des larmes roulent même de mes yeux et je suis obligée de me mordre la joue pour survivre au sentiment qui me tord le ventre.

Je ne peux pas croire ce qu’il vient de se passer, je ne peux pas croire la honte que je viens d’avoir, les paroles que j’ai dites, les comportements que j’ai eu, c’est juste trop, je me ficherais des claques ! Dès que j’essaie de me mettre dix secondes à sa place, de me voir reculer d’un pas lorsqu’il a allumé, bon sang c’est insoutenable

Je passe ma porte avant de me jeter dans mon lit pour me cacher sous ma couette en espérant que ça annulera ce qu’il vient de se passer, ce qui est tout bonnement ridicule. Mon cœur galope comme un fou dans ma poitrine et je respire comme un bœuf en essayant de me calmer. Mon seul réconfort est de me dire qu’il doit me prendre pour une demeurée, je m’y raccroche avec force en espérant qu’il justifie mon comportement stupide par mon quotient intellectuel faible et qu’il ne s’imagine pas que son apparence m’a rebutée au point que j’en recule. Surtout en considérant que c’est tout l’inverse, quel comble franchement. La sauvageonne qui ne sort jamais de chez elle et qui en sursaute lorsqu’elle voit un beau garçon, seigneur ! Qu’on me lapide sur la place publique !

Mon téléphone vibre à partir de là sans interruption, puisqu’Eden cherche sans doute à comprendre pourquoi je suis partie mais je suis incapable de répondre, je ne peux juste pas, j’ai trop honte et trop peur que son coloc soit à côté de lui.

Une dizaine de minutes plus tard, des coups résonnent à ma porte et je me lève à contre-cœur pour ouvrir à Eden, rouge comme une pivoine. Il a un air amusé alors que Cal observe avec curiosité ma chambre et je plaque mes mains sur mes lèvres :

-         Qu’est-ce qu’il t’a dit… ? gémis-je d’un ton mortifié. 

Il éclate de rire et je pose mes mains sur mes yeux alors qu’il répond :

-         Disons que tu as fait forte impression ! se moque-t-il.

Je gémis plus fort avant de retourner me terrer dans mon lit et il vient s’assoir au bout tandis que Calyouk découvre les lieux. J’observe avec inquiétude Eden qui se marre tandis que je ramène mes jambes contre ma poitrine.

-         T’inquiète Titi, il en riait un peu…, dit-il.

-         Un peu ? couine-je.

-         Ouai bon… faut dire que tu nous as fait un sketch là ! répond-il gaiement.

-         Oh seigneur…, gémis-je.

Il étouffe son hilarité malgré son regard rieur :

-         C’est vrai que tu as sursauté lorsqu’il a allumé la lampe ?!

-         Oh bon sang…, murmure-je en reposant mes mains sur mes yeux.

Il attrape mes mains pour les retirer de mon visage :

-         Allez, on s’en fou, ce n’est qu’Hunter ! Raconte !

J’entreprends donc de lui raconter mon point de vue. Il s’étrangle de rire lorsque je lui relate la trouille bleue que j’ai eu en imaginant qu’il était un voleur, il se tient les côtes lorsque je lui explique que j’ai osé lui demander qui il était et les larmes roulent sur ses joues lorsque je lui expose mon mouvement de recul puis ma fuite précipitée.

-         Il doit me prendre pour une dingue, conclus-je.

-         Un peu ! répond-il joyeusement.

-         Qu’est-ce qu’il a dit ?

-         Il m’a demandé de le prévenir à l’avenir si je comptais ramener une folle à l’appartement, s’esclaffe-t-il.

Mon sang quitte mon corps. Je suis toujours mortifiée bien sûr, mais aussi complétement déçue je crois, c’est un drôle de sentiment, je ne veux pas qu’Hunter me pense folle finalement, ça me travaille.

-         Tu ne m’as pas défendue ?! l’accuse-je.

-         Mais si, j’ai dit qu’il t’avait fait peur.

-         Quoi ?! hurle-je.

J’attrape mon oreiller pour lui asséner un grand coup dans la tête et il rit toujours plus :

-         Mais qu’est-ce que tu voulais que je lui dise d’autre ?! Comment veux-tu que je justifie un comportement aussi lunaire Titi ?!

-         Mais je ne sais pas ! Il fallait dire que j’avais de la fièvre ! Une bouffée délirante aiguë ! N’importe quoi mais pas qu’il m’a fait peur ! crie-je.

-         Mais il t’a fait peur ! se récrie-t-il.

-         Non ! Je … je…, commence-je en rougissant encore.

Il hausse un sourcil et je détourne la tête :

-         Oui, il m’a fait peur au début, mais j’ai surtout été très… très impressionnée… je ne sais pas, il a un charisme très particulier, marmonne-je.

-         C’est clair, je t’avais prévenu, ce n’est pas un mec à qui on cherche des noises, il en impose.

-         Oui… et puis il est si grand…, murmure-je.

-         Oui c’est sûr que comparé à toi…, admet-il.

-         Et ses yeux…, chuchote-je. Ils sont magnifiques…

-         Je lui dirai, ça lui fera plaisir parce que…, commence-t-il.

-         Non !! hurle-je en lui sautant dessus. Eden je t’interdis de lui dire !!

Il éclate encore de rire :

-         Bon sang mais calme-toi ! Mais qu’est-ce qu’il t’arrive ?!  

-         Mais rien ! Tu ne vas pas aller dire à ton coloc que je trouve ses yeux magnifiques, rends-toi compte ! C’est trop gênant ! m’offusque-je.

-         Ça peut difficilement être plus gênant que la scène que tu viens de lui faire, souligne-t-il.

-         Je refuse que tu lui dises !

-         Mais ça lui ferait plaisir !

-         Eden ! gronde-je.

-         Ok, ok ! cède-t-il finalement. Bon sinon, qu’est-ce que tu penses de lui ?

Je secoue la tête doucement pour mettre de l’ordre dans mes pensées :

-         Et bien, pas grand-chose… Il a l’air… sympa je suppose puisqu’il ne m’a pas fichu dehors malgré mon comportement étrange.

-         Il l’est, un peu distant de prime abord mais il l’est.

-         Il fait de la boxe ? demande-je.

-         Oui il adore ça… Il passe le plus clair de son temps libre dans son gymnase.

-         C’est pour ça qu’il n’est jamais là ? Mon dieu, je te jure que j’avais pratiquement oublié son existence.

-         Ouai, il y passe tout son temps libre… il n’a pas trop d’amis lui non plus, il ne raffole pas des gens.

-         Ah bon ? m’étonne-je.

-         Oui, il préfère faire ses trucs de son côté.

Je soupire bruyamment :

-         Et bien je n’ai pas dû aider à le faire apprécier les gens…

-         T’inquiète, il apprendra à te connaitre, balaie-t-il d’un geste.

-         Eden, il est hors de question que je remette un pied chez toi. Je ne veux plus jamais le revoir, j’en mourrais de honte, le préviens-je.

-         Mais et Cal ? demande-t-il tristement.

-         Je t’attendrai en bas de chez toi !

-         Mais si tu dois t’en occuper ! réplique-t-il.

-         Si c’est moi qui m’en occupe alors ça voudra dire que ton coloc est loin !

-         C’est pas faux. On va se balader ou pas ? enchaine-t-il.

Je soupire encore avec lassitude mais je sors enfin de mon lit et nous nous mettons en route. Eden se moque bien évidemment de moi tout du long tandis que j’essaie avec peine de survivre à la honte qui me ronge de l’intérieur.

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