Le Pouvoir des Arcanes

Les murs tremblèrent, les bougies vacillèrent tandis que les flammes menaçaient de s’éteindre.

-Nous ne pourrons tenir longtemps, cria un des hommes près des fenêtres, avisant les projectiles qui continuaient de tomber sur le château.

Fiona était déjà au courant de l’avancée des troupes ennemies. Depuis son esprit, elle percevait tous les assaillants comme des petites lumières, fonçant de toute part vers les murailles qui ceinturaient le château.

Invitée par le seigneur Morwys au chateau de Solembar, elle avait aussitôt pensé pouvoir se reposer, éloignée des affaires de la cour et du Haut Conseil des mages. Mais quelques jours après son arrivée, le royaume de Ragnok avait déclaré la guerre au royaume d’Ilisar, et avait aussitôt mené ses troupes au-delà des frontières.

Et derrière ces murs se trouvaient ces soldats, menant l’assaut des murailles tandis que les mages lançaient de puissants sorts pour tenter de détruire la protection que Fiona avait aussitôt créée.

-Nous avons perdu les murailles ! Hurla l’un des soldats en entrant, l’armure ensanglantée. Les portes furent rapidement refermées derrière les derniers arrivant, tandis qu’on entendait des bruits de combats de plus en plus proche.

En projetant son esprit, Fiona put apercevoir l’avancée des assaillants, qui approchaient de plus en plus des portes de la grande salle, éliminant au passage les quelques poches de résistance.

Les mages ennemis redoublaient de puissance pour faire tomber sa protection, et Fiona sentit qu’elle ne pourrait pas tenir longtemps.

-Bloquez les portes ! hurla le seigneur, tandis que les quelques soldats qui restaient apportaient toutes sortes de choses pour entraver l’avancée des ennemis.

« Plus le choix, si je n’agis pas maintenant, nous sommes perdus ! » pensais-je alors.

-Reculez tous ! Derrière moi ! criais-je, amplifiant magiquement ma voix pour être sûre que tout le monde m’entende.

Le seigneur s’empressa de faire bouger ses soldats, espérant un miracle.

« Un miracle… Pas sûr que cela soit suffisant… »

Je me concentrais intensément, faisant le vide dans ma tête, et projetais une énergie mortelle au moment où les portes cédaient.

Balayés par ma magie, des corps furent propulsés en arrière, tandis que les débris tombaient sur les soldats indemnes. Érigeant un bouclier devant moi, j’avançais aussitôt. Bien m’en prit, car une pluie de projectiles rebondit dessus, m’évitant une mort certaine.

Je passais le seuil de la porte, tout du moins ce qu’il en restait, avant d’avancer vers la sortie, repoussant tous les soldats en travers de mon chemin.

De cette manière, j’arrivais jusqu’aux murailles, où je contemplais l’armée du roi Ragnok… Des soldats presque à perte de vue, des catapultes toujours en action propulsaient dans les airs d’imposants rochers qui continuaient de tomber sur le château et les murailles.

D’une main, je créais un torrent de feu et le fis lentement couler sur les soldats qui continuaient de grimper la colline, refroidissant les ardeurs des combattants.

Mon autre main exécutait des mouvements complexes, et les catapultes furent rasées par des vents violents, écrasant au passage quelques soldats.

Des projectiles magiques furent alors projetés vers moi, et je les déviais de toute ma puissance pour les emmener s’écraser au loin. 

Je hurlais, amplifiant de nouveau ma voix :

-Je suis Fiona Del’sayen ! Maître-magicienne du Conseil d’Ilisar ! Retournez dans votre royaume, et ma magie ne fera pas plus de dommages dans vos rangs.

Derrière moi, une montagne de feu commençait lentement à s’élever, tournoyant sur elle-même comme un tourbillon infernal.

 Des projectiles magiques continuèrent de pleuvoir sur moi, et sentant mes forces diminuer, je décidais d’agir tant qu’il en était encore temps.

Tel un serpent, le tourbillon de flammes ondula jusqu’au sol, incendiant toute chose : Soldats, armures, armes furent réduits à l’état de poussière sur son passage.

Mes forces m’abandonnèrent, et mon bouclier vacilla. Les assauts des mages n’en furent que plus violents, et finirent par le briser avant qu’une boule d’énergie me touche.

Vacillant, autant dû au choc que par ma grande faiblesse, je m’effondrais au sol. Les ténèbres m’entourèrent alors, tandis que j’entendais le bruit des combats autour. Je sombrais lentement dans l’inconscience…

Je n’avais pu empêcher leur victoire, mais celle-ci devait être bien amère aux yeux du roi Ragnok. De mon côté, j’avais usé de magie au-delà de mes forces, et j’en payais le prix.