De l'autre coté de la justice - Tome II

Chapitre 14 : ARC II - Un dernier adieu

8891 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/10/2017 15:29

Pour l'heure, la fille du couple marchait dans la rue, accompagnée de Izuke, après leur petit cours de "soutient" scolaire. La tueuse au service de X lâcha un autre rire comme elle en faisait depuis le début du trajet.

 

- Ahahah ! J'ai jamais vu pareil accent en anglais je te jure ! Dire "I be" pour " je suis" ! T'en tiens une couche !

 

La jeune fille dont il était question regardait alors sur le côté, d'un air boudeur et gêné, les joues un peu gonflées et rouges. Depuis le début du trajet et même avant pendant le soutient elle devait faire avec les railleries de la femme. Il était vrai que son niveau en anglais laissait à désirer. Au début bien sûr elle répliquait pour se défendre mais depuis le début des rires elle avait abandonné et préférait faire silence dans son coin, accablée par la honte.

 

- C'est bon j'ai compris...

 

Izuke se colla alors a elle en lui frottant les cheveux, toujours de cet air amusée.

 

- Allez, je déconne ! Tu vas t'améliorer ahah ! Cela prendra plus de temps mais on finira par y arriver héhé.


Elle tourna davantage le visage lorsqu'elle se colla à elle de la sorte. La jeune femme essayait de la réconforter à sa manière mais elle avait plus l'impression qu'elle se moquait encore d'elle avec son rire qui en disait encore long. Elle continua de garder le silence, encore plus honteuse de son niveau en langue étrangère.


- Au fait, y parait que t'a reçus une guitare ?


Elle quitta d'un coup son air boudeur pour en prendre un curieux en daignant enfin regarder la jeune femme qui se moquait d'elle depuis son cours de soutien. Comment pouvait-elle le savoir ?

 

- Oui mais..comment vous le savez ?


- Je parle a ta mère parfois tu sais. C'est normal non ? Faut bien que je lui rende compte de ce que tu fais.


Elle regarda de nouveau devant elle et baissa un peu le visage après avoir eu sa réponse.

 

- Alors c'est Maman qui vous l'a dit..


- Bien sur. Elle semble très fière de toi.


En l'entendant elle retourna d'autant plus vite son regard vers elle, surprise. Après tout, la chose n'était pas sûre du fait de ses piètres notes dans certaines matières.

 

- Vraiment..?

 

- C'est si surprenant ?

 

- Et bien..si l'on regard déjà mes notes en anglais..


Izuke leva les yeux au ciel en l'entendant parler de la sorte.

 

-Tu vois vraiment que tes notes toi...t'es bien une gamine. Ta mère est fière de toi tout court. Elle l'est tout simplement parce que t'es sa fille, et parce que pour elle t'es la meilleur chose qui lui sois arrivé dans sa vie. Elle ne doit surement pas t'en parler, mais tu te doutes qu’elle n’a pas dû avoir un long fleuve tranquille pour tout mode de vie passé. Alors certe, t'a des notes pourries en Anglais et d'autres matières, mais a côté de ça t'es souriante, heureuse, enjouée, artiste, créative, curieuse, et intelligente quoi que t'en dise.

 

Elle lui donna alors une tape derrière la tête d'un sourire joueur après ces mots.

 

- Et ça, ça vaut bien toutes les notes du monde non ?

 

Après cette tape Yoshino posa de nouveau son regard sur la femme, les yeux plus ouverts et la bouche entrouverte de surprise. Pour une jeune fille de son âge les choses de ce genre étaient encore un peu compliquées à comprendre, du moins à percevoir. Entendre ces mots d'Isuke la rassurait. Elle remit son regard devant elle et baissa un peu la tête en rougissant ses pommettes. Elle était un peu embarrassée et ne savait pas vraiment quoi répondre, ce qui ne la rendait que d'autant plus mignonne.

 

- Peut..peut-être...

 

- T'es vraiment trognon, avec ces couettes en plus héhé....

 

Elle rougit encore plus à cette remarque avant de se retourner vivement pour se mettre à brailler en serrant ses mains au niveau de sa poitrine. Elle essayait d'avoir un minimum de crédibilité mais on ne pouvait pas dire que la chose était réussie.

 

- Ma-mais ce n'était pas une raison de me taper la tête...!


Isuke vint alors lui frotter le haut de la tête avec un comique sourire gâteau.

 

- Mais oui mais oui !


Sa tête s'abaissa un peu à cause de la main. La jeune fille rougit encore plus en reprenant un air boudeur, elle sentait bien qu'elle se moquait encore d'elle. Elle releva vivement le village pour de nouveau se mettre à brailler, le visage bien rouge.

 

- Vous-vous voyez-vous vous moquez encore..!

 

Sur ce dernier rire, la jeune fille rentra alors chez elle a pied comme parfois, après une bonne heure de marche. La maison familiale était toujours éloignée de la ville. Une fois arrivé devant la maison, Izuke lâcha un soupir.

 

-T'étais en forme toi...


C'était alors la petite minute de vengeance de la jeune fille qui croisa les bras en tournant le visage d'un air boudeur mais aussi supérieur les yeux fermés. Depuis le temps elle avait l'habitude de cette marche contrairement à la jeune femme.

 

- C’n’est pas de ma faute si vous êtes déjà fatiguée Mamie !


Izukae la saisis alors au col, un rictus piqué au vif sur son visage avec sa voie se faisant plus sombre comme elle avait l'habitude pour effrayer l'enfant.

 

-Dis donc toi...tu veux bien me remontrer combien de pompes tu tiens face a moi ?

Elle se montra acculée un instant à cet assombrissement de voix, mais reprit bien rapidement l'ascendance en approchant son visage avec un petit tirage de langue tout en tirant le bas de son oeil gauche pour se moquer d'elle.

 

- Au moins moi je sais marcher !

 

-Si y a que ça que tu sais faire, toutes mes condoléances.

 

- Pour certaines c'est déjà trop..


-Allez. Bouge tes fesses et rentre.

 

- Si vous ne me lâchez pas c'est dur..


Elle la poussa alors vers la porte d'un air mécontente.

 

La petite saisit la poignée de la porte et l'ouvrit. Mais avant de rentrer dans la maison, elle se retourna une dernière fois vers Isuke pour lui tirer la langue de façon enfantine, elle aussi mécontente de ses moqueries et de son petit tirage de col.

 

- Beuhhhhhh !

 

Juste après elle rentra rapidement dans la maison par peur de représailles en refermant tout aussi rapidement la porte derrière elle.

 

Izuke regarda alors la porte fermée, un sourire sadique en coin.

 

-Je vais me la faire celle-là....

 

Mais elle n'eut pas vraiment le temps d'approfondir sa réflexion car elle entendit la voix d'un homme survenir de nul part, un peu en avant mais sur le côté. Cette voix était la voix de son boss qui visiblement, avait entendu cette petite précision.

 

- Tu vas te faire quoi ?


Elle regarda alors dans la direction de la voie d'un air blasée et gonflée.

 

-Me la faire.


Elle vit alors son supérieur masculin, Rentarô, perché à une fenêtre du rez-de-chaussée qui semblait être celle de la cuisine. Il la regardait d'un air sceptique, dubitatif. En fait, il semblait regarder depuis leur arrivée à la porte sans s'être fait repérer. Il avait bien vu ce qu'avait fait sa fille mais ce n'était pas pour autant une raison d'accepter la réaction de son employée. Avec ce calme et cette rigidité il pouvait facilement donner des sueurs froides.

 

- C'est bien ce qu'il me semblait. Es-tu sûre de ce que tu vas faire ?

 

Elle le pointa alors du doigt d'un petit sourire.

 

-Pas sûr. Je vais surement l'attacher a son lit également.


En retour il ne se montra pas très réceptif à son sourire ainsi qu'à sa petite provocation. On parlait quand même de faire du mal à sa fille ! Même pour plaisanter, il prenait la chose à cœur.

 

- Et si c'était moi qui t’attachais à ton lit plutôt ?


-Tu es si direct boss...je ne suis pas sûr que ta femme aimerait huhu...


Mais contrairement à ce qu'elle espérait, ce dernier prit un petit sourire, sans montrer le moindre recul. Depuis qu'il travaillait avec elle il commençait à bien cerner son petit jeu et pour une fois, il allait s'accorder le petit plaisir de le jouer, ce qui peut s'avérer un peu déstabilisant surtout avec l'air qu'il avait sur son visage et qui n'augurait pas forcément quelque chose de bon.

 

- Oh mais je l'attacherai elle aussi.

 

C'est alors qu'elle fit un pas en avant, joignant ses mains avec un large sourire.

 

-Super ! Enfin un plan a trois !

 

Il ne répondit rien sur le moment à la vue de sa réaction qui n'était pas forcément celle à laquelle il s'attendait. En fait, son engouement était assez louche et même un peu flippant. Elle avait bien riposté.

 

- ...

 

Mais il n'allait pas s'arrêter là. Il recula un peu vers l'intérieur de la maison vers lequel il se tourna et se mit à parler à voix haute afin de se faire entendre. Il était question d'un plan à trois, hors ils étaient simplement deux à en parler. Maintenant qu'il avait commencé à jouer à son petit jeu il ne pouvait pas abandonner la partie.

 

- Akihira ! Inukai me propose un plan à trois ! Qu'est-ce que tu en penses ?

 

La voie de la femme se fit alors entendre, la seconde juste après que la question ne soit posé sans le moindre problème.

 

-Pourquoi pas !


Et il obtint la réponse qu'il voulait. Il connaissait le tempérament joueur de sa tueuse et il savait qu'elle allait répondre positivement. Pour jouer bien sûr. Enfin...il l'espérait. Il se retourna vers la jeune femme, toujours perché à la fenêtre avec un petit sourire assez convaincant.

 

- Elle est d'accord.


-Super ! Je reste ici ce soir alors.

 

Et elle partit vers la porte puis rentra dans la maison comme si de rien n’étais.

En entendant le bruit de la porte et surtout en la voyant rentrer dans la maison depuis la fenêtre il changea rapidement d'air en prenant une mine sceptique voire perdue. Il ne pensait pas qu'elle le prendrait vraiment au sérieux ou qu'elle pousserait la plaisanterie aussi loin.

 

- Ne me dites pas que...

 

Quand il se rendit au salon, il vit alors Chachamaru arriver pour accueillir la femme qu retirait ses chaussures.

 

-Madame Inukai. Vous restez dîner ?

 

-Bien sur Chacha' !

 

Le robot repartit alors calmement.

 

-Je vais mettre un couvert de plus dans ce cas.


Et en entendant ce début de discussion et que la femme était bel et bien sérieuse, il dut rendre les armes. Il plaqua sa main sur son visage en le baissant légèrement, avant de pousser un long soupir de désespoir et de fatigue. Il avait déjà une femme qui aimait beaucoup jouer avec lui, leur recrue était pareille. Il ne savait plus où donner de la tête, le jeu allait trop loin si bien qu'il ne s'agissait plus vraiment d'un jeu.

 

- C'est pas vrai...

 

Ainsi le repas du soir débuta avec une nouvelle invité a celui-ci autour de la table, ce qui ne déplût pas à la mère ni à la fille, mais on ne pouvait pas en dire autant du père. En effet, le père ne voyait pas cette invitée du meilleur œil. Il ne se montrait pas hostile envers sa présence mais intrigué, curieux, mais surtout appréhensif et un peu craintif. Du bout de la table il la regardait, les mains liées devant lui, sur la table. Il essayait de deviner la suite de son petit jeu, de leur petit jeu, car il semblait que sa compagne venait d'y prendre part. Il trouvait ça étrange. Akihira se montrait assez possessive avec lui, elle le considérait presque comme sa peluche ? Comptait-elle vraiment le laisser coucher avec une autre femme même en sa présence ? Sans parler de la jeune femme en question, Isuke. En la regardant du coin de l'œil il devait bien l'avouer, c'était une belle femme, avec de belles courbes, elle faisait tout pour le garder. Bref, c'était ce que l'on pouvait dire une bombe sexuelle. Mais bon sang...Il avait presque le double de son âge ! Et il ne pouvait pas tromper la femme qu'il aimait ! C'était hors de question !

 

Cependant il n'en restait pas moins homme, et l'idée de ce plan à trois éveillait chez lui quelques instincts...Qui ne réagirait pas comme ça ?! Il avait peut-être l'occasion de passer la nuit avec deux sublimes créatures ! Il commençait à penser à ce genre de choses, des pensées plutôt obscènes, tout s'embrouillait dans sa tête. Il ne savait plus exactement quoi penser, déjà qu'il devait savoir s'il s'agissait encore d'un jeu ou si les deux femmes étaient sérieuses. Il tint son visage entre ses deux mains, le regard vers la table. Il avait les joues un peu rouges à cause de ces pensées, de l'embarras qu'elles lui procuraient. Il commençait à surchauffer.

 

- (C'est pas vrai elles doivent se foutre de moi...Akihira ne me laisserait jamais toucher une autre femme...et puis l'autre n'est encore qu'une gamine !)

 

A la fin de ce dit repas très...excitant pour Rentaro, il put voire apparaître en lui une pointe de soulagement quand il vit Izuke se lever de table après avoir finis son café.

 

-Bon. Il est temps pour moi de rentrer.

 

Akihira la regarda curieusement.

 

-Tu restes pas dormir finalement ?

 

-Héhé, une autre fois boss. J'ai des trucs a faire chez moi.

 

Sans vraiment le vouloir il exprima le soulagement qu'il ressentait par un léger soupir lâché sur le côté. Il y avait cru jusqu'à la fin mais il s'avérait que tout ceci n'était qu'un jeu pour le taquiner.

 

- (J'ai failli y croire...)

 

La petite avait entendu ce petit soupir et regarda son père curieusement.

 

- Quelque chose ne va pas Papa ?

 

- Non non, au contraire tout va bien.


Le soir venus, alors que le couple était justement dans leur lit, certains lisant et d'autres restants sur leurs ordinateurs pour finir quelques affaires, Akihira regarda alors Rentaro de côté.

 

-Tu voulais que je mette Izuke sur le coup pour le départ de demain ?

 

Ce dernier lui répondit en tournant une page de son livre et en montrant une pointe d'exaspération. Elle venait de lui apprendre la date de son départ, qui n'aura lieu que le lendemain.


- Parce que je pars demain ?


-Je te l'ai deja dit non ?


- Non, tu m'as juste dis que j'allais devoir partir en Australie le plus tôt possible.


-Ah ?Eh bien maintenant c'est chose faite. Demain après-midi en fait. Le temps que Yamato ai son androïde sortit de sa révision.


Il poussa alors un léger soupir d'ennui et de désespoir, mais avec le sourire aux lèvres. C'était pratiquement toujours comme ça avec elle, il était prévenu à la dernière minute.

 

- Et après ça vient quand même dire que ça ne veut pas se débarrasser de moi...


-C'est pas ma faute, je suis prévenue aussi dans les derniers des horaires.

 

- Oui enfin, là ce n'est pas toi qui devras faire ses bagages en vitesse demain.


-Je ne pense pas que tu auras besoin de grand-chose étant donné que c'est pas des vacances.

 

Elle n'avait pas vraiment besoin de le rappeler car il se rappelait très bien que c'était pour le travail. D'ailleurs c'était ce qui le décevait un peu.

 

- Je sais...je ne vais même pas pouvoir en profiter.

 

-Tu t'attendais a quoi en bossant pour moi aussi ?


Il se concentra un peu plus sur la lecture d'un petit air désespéré à cette question qui avait davantage l'allure d'un petit rappel à l'ordre pas très sympathique.

 

- C'est bon, c'est bon...


Après une petite heure supplémentaire, elle ferma finalement le clapet de son ordinateur avant de le poser au pied du lit. Elle se pencha ensuite vers la joue de son homme qui lisait encore son livre et l'embrassa.

 

-Moi je me couche. Bonne nuit chéri.


Il répondit en grommelant légèrement, les yeux encore braqués sur les pages de son livre. Non pas que son petit baiser lui déplaisait, mais parce qu'il s'attendait peut être à un peu plus comme il ne savait pas exactement quand il allait revoir après son départ. C'était pour ainsi dire la dernière nuit avant la séparation.

 

- Mh, bonne nuit mon amour.


Elle s'enfonça alors un peu plus sous la couette du lit, se calant contre le buste de Rentaro puit ferma les yeux pour commencer a s'endormir.

 

Il dévia un peu ses yeux de son livre pour regarder sa belle tueuse qui cherchait le sommeil contre lui. Il la regardait d'un regard doux, fixement. Il imprimait cette vision pour s'en souvenir lorsqu'il sera à des milliers de kilomètres d'elle. Il le savait déjà elle allait lui manquer. Justement parce qu'elle allait lui manquer il aurait bien aimé faire quelques trucs de couple en plus dans la soirée mais on dirait bien que ce n'était pas à l'ordre du jour. Il en regrettait presque d'être passé à côté d'une occasion en or plutôt dans la journée, comme il le mentionna doucement pour ne pas se faire entendre.

 

- Le plan à trois n'était peut-être pas une si mauvaise idée...

 

Et, finalement, la jeune femme s'endormis tout contre lui, profitant de sa chaleur comme elle le faisait bien plus souvent lorsqu'elle était enceinte de Yoshino. Il pouvait presque revoir la fine bosse que faisait son ventre sous la couette il y a des années de cela, lorsqu'elle s'endormait contre lui, bien plus fatiguée que maintenant. Elle lui avait offert la vie dont il rêvait tant et lui avait offert une magnifique petite fille dont le couple était fière maintenant.

 

Avec ces doux souvenirs qui lui revenaient à l'esprit, ces douces et agréables sensations du passé, de son corps contre le sien, de sa chaleur qui se mêlait à la sienne, ainsi que celle de leur enfant qui allait bientôt voir le jour à l'époque, un sourire aussi doux que son regard et ces contacts vint prendre place sur son visage. Au bout du compte il ne pouvait pas vraiment se plaindre de quelque chose, il n'en avait pas le droit. Il avait beaucoup donné à Akihira, mais celle-ci lui avait beaucoup donné en retour. Elle lui avait donné un magnifique enfant, une magnifique vie, heureuse, elle lui avait fait redécouvrir les sentiments comme il l'avait fait pour elle, elle lui avait réappris à aimer, chose qu'il n'aurait jamais cru possible avant leur premier baiser. S'il partait en Australie le lendemain pour une durée indéterminée, bien que la chose ne l'enjouait pas vraiment, il y allait pour protéger sa nouvelle vie, la protéger elle, sa tueuse bien aimée, et le fruit de leur union, leur enfant.


Cette protection, cette chance de pouvoir sentir celle qu'il aimait contre lui valaient bien toutes les contrariétés du monde, pour elles il était même prêt à donner sa vie sans hésiter, car c'est grâce à elles qu'elle avait désormais un sens, et une valeur, il lui devait presque tout. En même temps, en revoyant son ventre quelque peu gonflé lorsqu'elle était enceinte de Yoshino, une certaine idée, une certaine envie lui vint en tête. Ce n'était qu'un simple sifflotement de son esprit, mais il était là, dans un coin de sa tête. Donner la vie avec elle avait été son plus grand bonheur, il voulait le renouveler. Il exprima ce vœu qui venait de germer doucement, encore plus doucement qu'avant, à la fois pour ne pas le réveiller et pour le garder pour lui.

 

- Et en faire un deuxième non plus...

 

Après cette dernière phrase il ferma son livre sans le claper pour éviter de faire le moindre bruit. Il se pencha un peu vers son chevet, lentement et sans mouvement brusque pour ne pas trop bouger son corps du fait qu'Akihira était contre lui. Le livre posé il éteignit la lampe de chevet de son côté avant de s'enfoncer à son tour dans le lit, là encore en prenant la plus grande précaution pour ne pas extirper sa belle du royaume des songes dans lequel elle venait de pénétrer. Bien installé dans le lit, il se tourna un peu vers elle en la gardant contre son buste, et passa ses bras autour d'elle lentement et tendrement pour la garder davantage contre lui, comme s'il défendait un trésor qu'il ne partagerait ou donnerait pour rien au monde. C'était le sien. Il approcha lentement ses lèvres de son front pour l'embrasser avec délicatesse puis reposa son visage contre son oreiller, avant de fermer les yeux à son tour, le sourire aux lèvres, serein et apaisé.

 

Puis le lendemain matin, a une heure bien matinale, la jeune femme dormait encore d'un grand sommeil, se réveillant ensuite une heure ou deux après, ouvrant les yeux encore avec sommeil.

En ouvrant les yeux elle put voir le buste de son homme contre lequel elle avait passé la nuit. Si le buste était là, indéniablement l'homme l'était aussi, ce qui était plutôt rare. Et oui, pour une fois Rentarô était resté au lit avec sa tendre. Quant à lui il dormait encore à poings fermés, le visage légèrement tourné vers sa gauche, la bouche entrouverte de laquelle on pouvait entendre et sentir sa respiration. D'ordinaire il était toujours levé avant elle car il était bien plus matinal qu'elle, mais on dirait que la lecture de la veille qu'il avait assez poussé l'avait assez fatigué au point de prendre un peu plus de sommeil. Il fallait dire qu'avec une aussi belle femme contre soi il était dur de ne pas en profiter.

 

Elle le regarda alors un petit instant avant de baiser son buste, puis se mit assise de son coté du lit lentement, encore endormie. Elle se leva ensuite du lit et descendis lentement au salon, marchants a pas lents et inaudibles dans le couloir, pieds nus. Quand Chachamaru la vit arriver, elle qui était déjà en train de faire le repas, elle s'inclina légèrement pour la saluer.

 

-Bonjour madame.

 

-B'jour...

 

Elle s'assis alors a table, le robot commençant directement a lui servir le petit déjeuner, dès son entrée a table.

 

-Vous avez bien dormis madame ?

 

-Ça va....

 

Mais on dirait que pour elle, le réveil allait être de courte durée. En effet, à peine quelques petites secondes après sa descente elle entendit de petits pas rapides qui descendaient les escaliers. Elle releva d'un air fatiguée le visage de son bol de café.

Tout aussi rapidement elle put voir sortir des escaliers sa fille, Yoshino, toujours dans son pyjama du couleur rose qui rendait du plus mignon effet sur elle. Elle portait son pyjama mais ce n'était pas pour autant qu'elle était encore en sommeil, loin de là et contrairement à la mère. Quand elle aperçut Akihira qui était déjà levée et en train de prendre son petit-déjeuner elle prit un sourire un peu plus grand et enjoué.

 

- Bonjour Maman !


-Ah, chérie....salut...

 

Sans ralentir sa cadence et son rythme elle rejoignit celle-ci pour la coller dans son dos avec son visage tout en passant ses bras autour d'elle pour la serrer joyeusement. C'était encore une jeune fille aimante de sa mère.

 

- Tu as bien dormi ?


D'un petit air encore grognon elle, sa mère pointa sa joue du doigt, comme si elle attendait quelque chose de la part de la petite.

Elle remarqua bien ce petit signe et devina dans la seconde ce qu'elle voulait. Dans la même seconde elle déposa un petit baiser sur la joue de sa mère avant de relever le visage vers l'androïde qui était à la cuisine pour la saluer avec le même entrain.

 

- Bonjour Chachamaru !

 

-Bonjour Mademoiselle.

 

Akihira quand a elle lui donna son tour une volée de baisers sur la joue. Non mécontente de cette réponse de sa mère sur sa joue, elle prit place à côté d'elle pour que l'androïde lui serve à son tour le petit-déjeuner. Elle put alors se rendre compte qu'il manquait son père, chose étonnante comme il était connu pour être le premier levé de la maison. Elle était curieuse de cette absence.

 

- Papa n'est pas encore debout ?


-Il dort encore. Il a veillé aussi tard que moi pour une fois hier soir.


- Il a encore lu un de ses livres je parie..


-Oui, c'est ça.


La jeune fille était un peu dépassée par cette petite manie de son père qui était la lecture nocturne. Elle, elle voyait la chose comme une corvée scolaire, en faire à la maison était comme un devoir. Elle ne comprenait pas comment son père pouvait aimer se donner du "travail supplémentaire".

 

- Je ne sais pas pourquoi il fait ça. Nous quand on lit c'est à l'école mais sinon on fait autre chose quand on rentre..

 

-Tu changeras de point de vue en sortant de l'ecole ma chérie.


- Mouais...


-Concentres toi sur tes notes déjà.


- C'est déjà ce que je fais..


-He bien pas assez.

 

- Moh...

 

A l'étage supérieur l'homme de la famille commençait enfin à se réveiller. La lumière du soleil s'échouait sur son corps, et il ne sentait plus la chaleur d'Akihira contre lui, ou même il ne la sentait plus tout simplement. Par ailleurs d'ordinaire il était déjà levé depuis un petit moment, son horloge biologique lui fit bien comprendre qu'il était l'heure pour lui de se lever. Il ouvrit lentement les yeux et se redressa à moitié sur le lit. D'un air fatigué il regarda un peu autour de lui et se rendit bien compte qu'il était désormais seul dans la chambre et que le soleil était bien levé à travers la fenêtre. Il sentit un bâillement lui venir, bâillement qu'il ne se retint pas de lâcher en étirant ses bras avec un certain plaisir.

 

- Ouaaaahh...

 

Après cette réaction matinale il se tourna sur le côté et ôta la couette pour se lever du lit. De là il quitta la chambre pour se rendre aux escaliers qu'il descendit un à un d'une petite mine endormie. Il n'avait pas l'habitude de se lever à cette heure. Il allait devoir reprendre un peu du poil de la bête s'il voulait se préparer pour le grand départ.

 

- Dire qu'Akihira s'est levée avant moi...Je ne sais pas ce qui va arriver aujourd'hui...

 

Quand Chachamaru le vit arriver elle le salua également, servant le plat a la famille maintenant au complet.

 

-Bonjour monsieur.


Tout en regardant Chachamaru il put voir que sa petite famille était déjà à la table, sa tendre comme sa fille. En retour il la salua lui aussi en terminant de descendre les escaliers.

 

- Bonjour Chachamaru..

 

Après avoir avalé le morceau de sa tartine qu'elle avait en bouche, Yoshino salua à son tour son père, souriant et énergique comme d'habitude, même la matinée.

 

- Bonjour Papa !

 

- Bonjour ma chérie..

 

Les escaliers descendus Rentarô se rendit lui aussi vers la table, mais tout d'abord il alla avant tout vers Akihira pour la saluer d'un petit baiser matinal et amoureux sur les lèvres.

 

Celle-ci répondit alors par un petit grognement mais orné d'un sourire encore endormis.

Après ce léger baiser il retira ses lèvres, lui aussi légèrement souriant en plaisantant sur son petit grognement en guise de réaction.

 

- Tu n'aimes plus...?


-C'est pas assez au contraire...


- Déjà d'attaque dès le matin...

 

-Va plutôt dire bonjour a ta fille, pervers.


- "Pervers"..? C'est toi qui a dit que ce n'était pas assez...

 

Puis il contourna Akihira pour arriver cette fois-ci à côté de sa fille. Il lui tendit sa joue pour que celle-ci l'embrasse comme elle l'avait fait avec sa mère en devinant facilement et rapidement ce qu'il voulait. Il fit ensuite marche arrière pour retourner à côté de sa compagne et s'asseoir à côté d'elle pour prendre son petit déjeuner.

 

Chachamaru arriva alors vers l'homme de la maison pour servir le café dans la tasse de ce dernier. Alors qu'elle alors qu'elle s'inclina, cafetière en main pour verser le liquide dégageant une bonne odeur, son bras ainsi que les articulations de sa main se bloquèrent soudainement. On put alors voire ses lentilles mécaniques s'accommoder à répétition, grossissant et rétrécissant sans cesse. Un très faible bruit de grésillement se fit entendre avant quel sa main s'abaisse d'un grand coup pour versé le café, en versant un peu à côté de Rentaro a cause de la rapidité de l'action. Elle se remit ensuite droite d'un seul coup sous les yeux de la famille qui ne comprenait pas ce qu'il se passait chez l'androïde. Quand elle se rendit compte que du café avait échappé a la tasse, elle se presser de prendre une une serviette et de commencer à essuyer le tout.

 

-Excusez-moi monsieur. Je n'ai pas fait attention.


Même s'il était fatigué, il la regarda néanmoins d'un air curieux, davantage intrigué. Une erreur de la part de l'androïde était rare, très rare, si bien qu'il ne se souvenait pas de la dernière. Par ailleurs il avait perçu comme quelque chose d'étrange au niveau du blocage, et avait entendu un bruit tout aussi étrange, aussi fin fut-il. Il ne savait pas vraiment ce qui venait de se passer, ou même s'il avait seulement bien entendu et vu.

 

- Ce n'est rien..


Après quoi Chachamaru restant plantée devant la table sans rien faire d'autre. La encore avec les membres bloqués. Cela dura la encore assez longtemps pour que la tablée s'en aperçoive. Akihira la regarda alors, de plus en plus intriguée.

 

-Chacha' ?

 

Mais elle n'obtint aucune réponse de la part de celle-ci. Elle reprit alors d'une voie plus forte.

 

-Oh, Chacha !

 

Mais la encore il n'y avait aucune réponse. Elle se leva donc de table et s'avança dans un bâillement vers l'android qui ne bougeait pas même le visage. Akihira passa sa main devant celui-ci mais aucune réaction ne s'effectua. Elle tourna alors autour du robot, curieuse et quelques peu anxieux.

 

-Bien...Elle est bloquée ou quoi....C'est pas possible...

 

La petite fille ne comprenait pas non plus ce qui se passait. En fait elle était celle qui y comprenait le moins. Très curieuse de cette attitude de l'androïde, elle pencha la tête sur le côté en la regardant, tentant d'obtenir elle aussi une réponse.

 

- Chacha'...? Tu vas bien ?

 

Rentarô continuait aussi de la regarder depuis sa place, grandement curieux et intrigué en se demandant bien ce qui pouvait lui arriver. C'était la première fois qu'elle montrait un blocage de la sorte, ce qui pouvait presque en devenir inquiétant. Et en parlant de cette inquiétude, celle-ci lui fit prendre conscience de quelque chose, elle lui refit penser à quelque chose. Il eut une idée quant à cet arrêt soudain avec l'erreur gestuelle précédente. Il mit rapidement cette idée en lien avec "l'âge" pour ainsi dire de la machine. Il plissa ensuite les yeux, signe de son inquiétude mais aussi d'une certaine contrariété, voire tristesse, si bien qu'il espérait que cette idée n'était qu'une idée justement.

 

- J'espère que ce n'est pas ce que je pense...

 

Finalement après quelques instants supplémentaires les paupières se fermèrent puis se rouvrirent. Chachamaru regarda alors tour à tour les trois personnes présentes avant de prendre la parole.

 

-Je vais débarrasser maintenant. Si vous avez finis.

 

Akihira la questionna alors. Elle semblait agir comme si de rien n'était.

 

-Attend. Qu'est-ce que tu nous a fait ma grande ?

 

-Je passerais faire un contrôle technique après avoir amené mademoiselle à l'école.

 

-Je préférerais t'amener avec moi voire Arecia. T'as pas l'air d'aller. Ça se compte sur une main le nombre de fois où tu bug.

 

Elle s'inclina alors à la décision de la none avant de reprendre sa tâche.

 

-Bien madame.

 

Mais pour le coup une question se posait. Si celle chargée d'amener leur fille à l'école n'allait pas pouvoir le faire, il allait falloir trouver quelqu'un pour le faire, ce que Rentarô demanda à Akihira.

 

- Qui va amener la petite à l'école ?

 

-Je m'en charge. Tu amènes Chaca' avec toi ?

 

- Bien sûr.

 

Il regarda la "femme" en question pour lui donner son avis. En tant qu'androïde elle n'avait pas vraiment son mot à dire, elle suivait toujours les ordres qu'on lui donnait. Mais comme depuis un long moment maintenant, et même depuis sa mise en service, il la considérait comme une personne, pas comme un simple robot qui faisait tout ce qu'on lui demandait.

 

- Ça te va Chachamaru ?

 

-C'est parfait.

 

Yoshino avait surtout retenu dans tout ça qu'aujourd'hui c'était sa mère qui allait l'amener à l'école. La nouvelle la réjouissait assez et regarda donc sa mère avec un sourire plus grand qu'à l'habitude.

 

- C'est toi qui m'y amène Maman ?


-Hé oui.

 

- Génial !

 

-D'ailleurs tarde pas trop. Prépare-toi.


- Oui Oui !

 

Pour se faire elle mangea en quelques coups de dents rapides avant de quitter la table en sautant de sa chaise. Elle se rendit rapidement vers les escaliers d'un pas pressé pour se rendre à sa chambre et se préparer comme sa mère venait de lui demander, ce qui exaspérait toujours un peu Rentarô qui commença à boire son café tranquillement après le petit accident de Chachamaru.

 

- Ne cours pas ou tu vas tomber...

 

Quand a Akihira, elle passa son bras dans le cou de Rentaro en passant derrière lui, parlant doucement.

 

- Amène-la chez le doc. Je vais chercher quelque chose au cas ou elle ne reviendrais pas ce soir...


Il comprit par là ce qu'elle venait d'insinuer. Toutefois il était intrigué de ce "quelque chose" dont elle venait de lui parler.

 

- "Quelque chose"...?


-Je trouverais bien.

 

 

Il baissa un peu le visage vers la table avec une pincée de tristesse dans le regard. Tout comme lui elle semblait avoir cerné le problème de l'androïde.

 

- Tu penses aussi qu'il s'agit de ça..


-Quoi d'autre sinon.


- Je ne sais pas, peut-être que les bugs ont été provoqués par quelque chose d'autre.


Il entendit alors les marches de bois craquer sous les pieds de la jeune femme.

 

-Elle se fait vieille chéri. Trop vieille.


- Je sais..

 

Répondit-il d'une voix qui se fit un peu plus basse, comprenant une nouvelle fois où elle voulait en venir. Il devait voir les choses en face. Après quoi tout le monde partit travailler comme chaque matinée de demain. Cette fois ci la mère emmena la fille à l'école et le père fut accompagné de l’androïde jusqu'à la base pour que cette dernière se fasse réviser. Même si ce verbe ne semblait plus vraiment d'actualité. Car la femme n'avait peut-être pas besoin d'une révision.

 

Du côté de la mère et de la fille, celles-ci étaient en voiture pour conduire la jeune fille à son école. Maintenant qu'elle avait grandi elle pouvait s'asseoir à l'avant. Elle regardait la route à travers le pare-brise, son sac posé sur la banquette arrière. Elle semblait un peu inquiète et troublée.

 

- Dis Maman Chacha' va bien ?


A cette question, Akihira entrouvrit la bouche, comme cherchant une réponse adaptée. Finalement elle cligna des yeux et dit silence quelques instants avant de prendre la parole.

 

-Tu es assez grand maintenant...te le cacher de toute façon se serait mal. J'avais dit à ton père que je trouverais une excuse mais...

Cette réponse n'était pas vraiment pour l'aider, au contraire elle ne faisait que la perdre davantage. Elle regarda sa mère, encore plus troublée qu'elle ne l'était juste avant.

 

- ...?

 

-Chachamaru se fait vielle mon ange. Elle a déjà bien dépassé la durée de vie d'une machine de son type. Elle est en fin de vie.

 

Elle pencha alors un peu la tête sur le côté. Elle avait un peu de mal à saisir là où elle voulait en venir. Ce n'était pas très étonnant car à son âge, elle ne connaissait pas encore très bien la notion de la vie et de la mort. D'autant plus que dans le cas de Chachamaru, ce problème était davantage complexe du fait de sa condition de robot.

 

- Comment ça en fin de vie..?


-Tu le sais bien. Chachamaru est une machine. C'est comme ton téléphone, ou la télévision, ou n'importe quel appareil. Au bout d'un moment ça finis par lâcher.


Elle ne donna aucune réaction pendant un moment, avant d'ouvrir un peu plus les yeux. Elle semblait commencer prendre conscience de ce qu'il en était réellement. Ces gros yeux furent ensuite suivis d'un début de frayeur sur son visage, de désarroi. Ces exemples l'avaient bien aidé à comprendre le message.

 

- Tu vas dire que...Chachamaru va mourir...?


-Oui.

 

Et à cette réponse simple, la jeune fille ouvrit encore plus grands les yeux qu'elle ne les avait déjà. La frayeur prit de la place sur son visage, en même temps que de la stupeur. On lui apprenait comme ça la "mort" à venir de l'androïde, de son amie de toujours. Elle la connaissait depuis sa venue au monde, si bien qu'elle ne l'avait jamais vu comme un simple robot à tout faire. Pour elle c'était une personne à part entière. On venait donc de lui annoncer que son amie pratiquement la plus proche n'allait plus être dans un moment. Elle était sous le choc de la nouvelle si bien qu'elle ne répondit rien et ne fit rien de plus.

 

-Je ne veux pas te cacher ça. Tu la connais depuis que tu es née.


Elle baissa alors lentement le visage, en même temps qu'elle ramena ses mains vers le bas de sa jupe pour se mettre à la serrer tout aussi lentement. Son visage commença à s'assombrir et sa voix refit surface, cela dit plus faible qu'avant. On ne voyait plus son regard et ses lèvres commençaient à trembler.

 

- Pourquoi...?


Finalement la voiture arriva a proximité de l'école. La mère commença alors a chercher une place dans les rues.

 

-Quoi donc.


- Pourquoi elle doit mourir...? Quand un portable ou la télévision ne marche plus on peut toujours la réparer...On ne peut pas la réparer elle aussi...?


-Chérie, tu te doutes bien que ce n'est pas pareil. Tu sais faire la différence entre un grille-pain et ton téléphone. Le niveau...de technologie est différent entre les deux, tu comprends ? Chachamaru, c'est pareil. Avec de la technologie on a réussis a...a créer un humain. Ce n'est pas aussi simple.


- Peut-être mais...

 

Elle sera davantage sa robe et ses lèvres se mirent davantage à trembler. Une larme commença à quitter son œil pour couler lentement sur sa joue, une larme certainement de tristesse.

 

- Tu as quand même dit que c'était tout comme...Alors on devrait pouvoir la réparer...


-Ce n'est pas pareil ma chérie.

 

Elle put alors sentir la main de sa mère caresser lentement et doucement ses cheveux bleus.

 

-Je sais que c'est dur...


Cependant, ce n'étaient pas ses caresses réconfortantes qui allaient suffire, loin de là. Elle venait d'apprendre que l'un des êtres à qui elle tenait le plus et qu'elle connaissait très bien allait la quitter, ce n'était pas une mince affaire. Les larmes commencèrent alors à affluer sur ses joues, sur les doigts de la mère, avec ses mains crispées sur sa jupe. Effectivement, la chose était bien dure à encaisser.

 

- Ce n'est pas juste...


-Je sais mon ange...

 

Elle la serra alors contre elle tendrement, calant le visage de la petite contre son manteau comme quand elle était petite.

 

-La vie n'est pas toujours juste...


C'est à partir de cet instant qu'elle commença à se lâcher vraiment. Avec ce contact et cette chaleur maternels, la petite fille put pleurer à sa guise tout en lâchant des râles de tristesse. La disparition à venir de son amie lui faisait beaucoup de mal, elle n'arrivait pas à supporter cette nouvelle soudaine.


Et justement, son amie et nourrice pour ainsi dire était allongée sur une grande table blanche dans un laboratoire, câblée et branchée de part et d'autre de son corps. Certaines parties étaient ouvertes, comme son visage et sa poitrine droite ou la peau artificielle et la coque avait été retirée, laissant voire tous les circuits et le monticule de systèmes électroniques qui jonchaient le corps de l’androïde. Pour les connaisseurs, a savoir l'équipe technique qui s'occupait de Chachamaru, on pouvait voire rapidement que ce modèle-là était plus brouillon que tous les autres. Les circuits n'étaient pas placés sur des endroits conventionnels et les périphériques également. C'était la toute première unité autonome a apparence humaine doté d'une intelligence artificielle. Le premier androïde qui pouvait avoir ce nom. Mais sa durée de vie en faisait une des plus élaborée. Mais Arecia cette fois ci semblait unanime. La femme qui était a côté de Rentaro, en retrait dans la salle et qui regardait comme l'homme l'équipe faire un contrôle de la machine avait donné son verdict.

 

-Elle aura bien vécue. Mais la frénésie va l'emporter. Vu ses années de plus qu'elle a passé sans problème j'ai peur que les symptômes n'arrivent tous d'un coup comme une invasion ou un cancer foudroyant. De toute façon elle n'est plus autorisée à repartir dehors.

 

Elle regarda alors l'homme en posant sa main sur son épaule.

 

-Je vais la remonter et la remettre en marche pour que tout le monde puisse lui faire ses adieux. On lui doit bien ça.


L'homme en question était en train de passer sa main sur son visage, en grande partie cachée et légèrement baissée. Comme on pouvait s'y attendre, pour lui aussi la nouvelle était dure à encaisser. C'était comme si un membre de la famille s'en allait. Au cours de ces dernières années il s'était attaché à cette dernière. Comme tout le monde il ne la considérait pas comme un simple instrument. Il en était touché, mais restait bien plus calme que certains. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'il en était moins triste, au contraire. D'autant plus qu'avec la situation actuelle, ce n'était pas le meilleur moment pour qu'une chose telle que celle-ci arrive.

 

- Il fallait que ça arrive maintenant...Comment je vais dire ça à la petite moi, sans oublier que je pars pour l'Australie dans l'après-midi...


-Elle sera remontée pour un peu avant ton départ. Quand a la nouvelle je pense que la mère de la petite s'en chargera.


- Elle a dit qu'elle allait essayer de trouver quelque chose pour le couvrir mais...je ne sais pas si elle va y arriver...

 

Il ôta ensuite la main de son visage pour le laisser voir, le regard pointé vers le sol. Il était sombre, triste, assez abattu. Il s'en faisait pour la réaction de sa fille car il allait très bien la comprendre, il avait plus ou moins la même. Sans oublier qu’ils n’étaient pas les seuls dans l'histoire. Sa mère, ainsi que Enju allaient également devoir faire leurs adieux à leur amie. C'était un jour assez sombre pour la famille.

 

- Préviens ma mère et ma soeur. Ma mère comprendra mais essaie de faire la chose la plus légère possible pour Enju. Explique lui bien les détails techniques et tout le reste, ça devrait l'aider à avaler un peu la pilule si elle comprend que c'était inévitable...


-Très bien. Je le ferais. Je les convoquerais toute les deux a part dans mon bureau ce soir.


Il tourna ensuite les talons, commençant à se diriger vers la sortie de la pièce, d'un pas plutôt lent et lourd, mais en restant tout de même droit avec sa carrure d'homme. Il n'avait d'autre choix que de la laisser ici, d'autant plus qu'il avait à faire.

 

- Je te la laisse. Je vais préparer mes affaires pour le départ de tout à l'heure.


Et en parlant de machine, la maintenant de la nouvelle recrue de Yamato venait de s'achever si les yeux de l'amiral et, observant le fauteuil d'opération se relever lentement derrière la baie vitrée. Elle l'avait accompagnée, entant que seconde de son navire en quelque sorte. Finalement la femme rouvrit les yeux lentement, regardant a gauche et a droite avant de se lever du fauteuil sous l'autorisation des l'autorisation des médecins.

 

La jeune amirale attendait patiemment derrière l'autre côté de la vitre, les mains liées au niveau du ventre, arborant son léger et beau sourire comme toujours. Finalement la porte du laboratoire s'ouvrit, et Yumemi en sortit, accompagnée d'un homme en blouse blanche.

 

-Tout fonctionne a merveille. Elle est repartie pour trois mois.


Elle remercia l'homme en se penchant un peu vers l'avant, le sourire aux lèvres.

 

- Je vous remercie.


L'homme repartit ensuite dans la salle en laissant les deux femmes ensemble.

Elle s'adressa ensuite à l'androïde en se baissant un peu vers elle, souriante.

 

- Comment te sens-tu ?


-Je me sens très bien Amirale.


- Bien. Nous retournons au navire ?


-Je vous suis madame.

 

Et pendant que les deux nouvelles collègues repartirent sur leur lieu de travail, l'heure du repas finis par arriver, sonnant la fin de la matinée pour nos héros. Après le repas, Rentaro était sur le chemin de son bureau, accompagné de sa compagne. Tous deux marchaient dans l'allée du complexe de l'île, entourée de pelouse et peuplée d'arbres couvrant les allées de gravier. Si l'on ne savait pas la profession de la femme on ne se douterait pas de la nature de ce complexe.

 

-Je l'ai annoncé a Yoshino. Pour Chachamaru.


Il tourna son visage vers elle pour la regarder, légèrement surpris et même un peu inquiet en l'apprenant. Ce n'était pas ce qui était prévu, ils s'étaient accordés sur le fait de trouver quelque chose, un prétexte pour adoucir la nouvelle auprès de leur fille.

 

- Tu lui as dis directement...?

 

-Je n'ai pas voulus lui cacher ça finalement...

 

- Comment a-t-elle réagi...?

 

Lui demanda-t-il, même si il en avait bien une idée.

 

-Comme a une fille qui perd une amie depuis sa naissance. Pas très bien...

 

Il tourna son visage vers l'avant, le regard quelque peu dur et grave. La réaction était celle à laquelle il s'attendait, même si elle aurait pu être évitée.

 

- Tu devais trouver quelque chose pour rendre les choses moins dures..

 

-Je ne pouvais pas, Rentaro. Lui dire qu'elle s'en va sur une durée indéterminée ? Elle devait quand même le savoir...


- N'oublie pas que je pars pour l'Australie dans quelques heures et qu'elle n'en est toujours pas au courante. Tu penses que c'était le bon moment pour lui dire ?


-Il n'y a pas de bon moments pour ça.


- Mais il y en a des plus propices.

 

Finalement il passa sa main sur son visage en poussant un bref soupir, à la fois de désespoir mais aussi de tristesse. La perte de l'androïde en affectait plus d'un, dont lui. Il encaissait mieux le choc parce qu'il n'avait d'autres choix que de le faire, mais cela ne changeait pas qu'il était attristé à l'intérieur. À sa mise en route, et pendant les mois qui la suivirent, il avait été en quelques sortes son professeur. Il lui avait appris comment faire les tâches les plus rudimentaires, il lui avait appris la cuisine, depuis le début il avait été avec elle. Il était dans une situation bien compliquée. Pour lui aussi, elle était une amie, une amie proche.

 

Finalement il put remonter jusqu'à la section scientifique d'Arecia. Comme demandé par celle-ci et selon sa volonté il partit en chemin voire Chachamaru, avant de partir.

C'est dans cet état d'esprit et avec cette volonté qu'il se rendit au laboratoire où il avait pu voir l'androïde pour la première fois, ouverte et câblée de partout. Il marchait calmement, de son pas et allure d'homme, avec une démarche grave et triste, porteuse d'une certaine tristesse comme on la retrouvait dans son regard. Il avait besoin de ces adieux mais elles étaient loin de le réjouir.

 

Finalement il put voire, à travers une votre de laboratoire, la jeune femme robot assise, sur son fauteuil, dos à lui. Il voyait la longue chevelure verte de Chachamaru, ses deux antennes servant d'oreilles ou oreilles servant d'antennes sortirent de ses grandes mèches. Elle était la, assise sans bouger, semblant calme a nouveau comme si tout allait pour le mieux.

En la voyant derrière la vitre il stoppa sa marche et se tourna vers celle-ci. Pendant un instant il resta immobile, il la regardait sans rien dire ou faire. Il la regardait, tout simplement.

 

- ...

 

Après quelques secondes, de l'autre côté, Chachamaru put entendre la porte du laboratoire s'ouvrir derrière elle avec la venue d'une présence dans les lieux. À ce bruit l'androïde se tourna alors en direction de la porte qui venait de s'ouvrir, tordant son corps de côté en tournant son visage.

Elle vit alors l'un de ses propriétaires et supérieurs, Rentarô, posté à l'entrée avec la porte refermée derrière lui. Il se tenait droit et il lui souriait, légèrement. Il essayait de cacher sa peine et il y arrivait assez bien, mais toutefois pas complètement. A sa vue, elle prit prit également un sourire sur son visage, doux, restant calme.

 

-Bonjour Monsieur.

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