De l'autre coté de la justice - Tome II

Chapitre 15 : ARC III - Chachamaru

8130 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/10/2017 15:32

Il se remit en marche pour s'approcher d'elle en lui rendant son sourire, même si intérieurement, la voir sourire de la sorte alors qu'il allait être le dernier de sa vie lui faisait grand mal.

 

- Comment te sens-tu ?


-Je vais bien.


Une fois arrivé auprès d'elle il s'arrêta. Il la regarda un bref instant, sans vraiment quoi dire ou faire. Il baissa seulement un peu la tête en entrouvrant les yeux, le sourire triste. Il s'agissait de son dernier moment avec l'androïde.

 

- Je suppose que tu sais ce qui est en train de t'arriver...


-Oui, je le sais bien.


- Je suis désolé de ne pouvoir rien y faire..


-Vous n'avez pas à vous excuser. Même mes créatrices ne le peuvent. C'est dans l'ordre naturel des choses.


Il souffla un peu du nez à sa réponse. Un tel terme dans son cas pouvait paraître ironique.

 

- Je ne pense pas que l'on puisse vraiment parler d'ordre naturel en robotique...


-Les pièces sont vieilles. Je dois rouiller.

 

Elle regarda ensuite ailleurs d'un fin sourire, accompagné de ce qui semblait être de la tristesse.

 

-Je regrette de devoir cesser de fonctionner à une période pareille...Et de laisser mademoiselle en pleine croissance. Je crois...Que j'aurais aimé la voire grandir. Et vous voire vieillir avec Madame.

 

Entendre ce genre de paroles et la voir regarder ailleurs ainsi ne rendait les choses que plus douloureuses pour lui. Il ferma sa main droite en la serrant, de manière à se contrôler, regardant lui aussi ailleurs, vers le sol précisément, également avec de la tristesse qu'il avait cela-dit depuis son entrée et même avant. Il se forçait à sourire.

 

- Tu n'es pas la seule...Nous aussi nous le regrettons, nous aurions souhaité que tu puisses nous voir prendre encore quelques années.


Après quelques instants de silence Chachamaru reprit.

 

-Excusez moi. Je ne suis pas très douée pour les discours d'adieu...


Il lui répondit par la suite, mais en prenant son temps semblait-il. Sa voix se faisait un peu plus basse, il y avait comme quelque chose de différent, comme de très légers tremblements dans sa voix.

 

- Alors..comme ça nous sommes deux...


-J'espere au moins que j'aurais accompli ma tâche et que je n'aurais pas déçus madame. Elle qui a décidé de me créer.

 

Elle serra ses mains devant elle, les regardant d'un air doux et nostalgique.

 

-Je ne suis pas faite de chair et de sang, mais j'ai toujours eu l'impression de comprendre ce que voulait dire le mot famille...Au fil du temps, quand je remplissais mes bases de données, j'ai pu notifier que mon traitement était différent de tout autre machine ou animal. J’était traité comme un être humain.


Ces nouvelles paroles ne firent que rendre les choses plus difficiles qu'elles ne l'étaient déjà. Il avait déjà bien du mal à se retenir, mais apprendre qu'elle avait des regrets quant à son départ prochain ne l'aidait pas à la tâche. Par ailleurs, il entendait également qu'elle se sentait bien avec eux. Bien sûr il en était heureux, mais cela ne faisait qu'accentuer sa tristesse, ne faisait que rendre plus voyant le côté humain du robot et rendait donc la situation encore plus pénible à supporter. Il sentit une énorme frustration, celle de ne pouvoir rien faire pour l'empêcher de partir en même temps qu'une grande tristesse de devoir laisser mourir un membre de leur famille. Cette frustration le fit serrer peu à peu des dents, avec ce qui ressemblait à une larme qui se mit à couler le long de sa joue. Il commençait à pleurer, une chose bien rare chez lui.

 

- ...!


Elle releva alors le visage vers lui. Elle vit la larme couler le long de sa joue, et, d'un sourire apaisée, elle reprit.

 

-Merci de me pleurer. Je me serais toujours demandé jusqu'à la fin ce que cela fait de ressentir des émotions.

 

Et cette dite-larme, il l'essuya en passant brièvement sa main fermée sur sa joue, les dents serrées. Toutefois l'action n'était pas vraiment efficace, car une autre larme vint rapidement succéder à la première.

 

- Idiote...

 

Puis soudainement, en même temps d'une façon étonnante, il se tourna vers l'androïde et se baissa pour la prendre dans ses bras et la serrer, une action d'autant plus rare chez lui qui ne montrait pas souvent ce genre de signes de tendresse, si ce n'était avec Akihira, leur fille, et parfois sa petite soeur.

 

L’androïde s'en trouva d'ailleurs étonnée, se laissant enlacer en regardant l'homme.

 

-Monsieur...?


Elle put sentir les bras de l'homme se resserrer un peu plus sur elle en même temps que son visage qui se reposa un peu plus sur son épaule. Elle l'entendit reprendre la parole, avec bien plus de difficulté qu'auparavant même s'il ne disait pas autant de mots, la voix saccadée et presque chuchotée.

 

- Merci...Merci pour tout ce que tu as fait pour nous...!


-Non, merci à vous. Pour m'avoir donné la vie.

 

- Ce n'est pas moi qui te l'ait donnée...Moi j'ai...Moi j'en ai simplement profité...


-Vous m'avez aidez-vous aussi. Vous avez appris tant de choses. Enseigné tant de valeur me permettant de mieux comprendre comment fonctionnent les hommes. Je vous serais toujours reconnaissante à vous et au reste de la famille qui m'a accueillie et traitée comme un membre de celle-ci.


- Mais malgré ça je ne peux rien faire...Je ne peux pas t'empêcher de disparaître. Alors que tu as tant fait pour nous...Ça ne sera plus pareil sans toi, Yoshino va avoir du mal à le supporter...Enju aussi, elle t'a appris tout autant que moi et même plus...Tu vas manquer à tout le monde Chachamaru...


-Je le sais, monsieur...


Il la serrait toujours contre lui, pleurant à chaudes larmes, le visage baissé et assombri. Pour une fois, il se permettait de se lâcher un peu, de montrer ce qu'il ressentait vraiment, de montrer sa peine. Tout semblait terminé, mais malgré tout, il voulait croire qu'il restait une moindre chance pour que ce qui était tant redouté n'arrive pas.

 

- Il n'y a vraiment aucun moyen pour l'empêcher...?

 

Elle prit alors un certain sourire a cette demande désespérée.

 

-Non. Cette fois ci c'est la fin pour moi. Je suis rouillée.

 

Il prit un petit sourire à cette réponse dite sur un air plaisantin et calme de Chachamaru qui semblait très bien prendre sa fin se vie. Ce sourire, aussi petit était-il, était à la fois un sourire triste, et un sourire de résignation. Il devait se rendre à l'évidence, il n'y avait plus rien à faire.

 

- Tu aurais fait une formidable épouse...


-Ah, c'est possible.

 

Finalement elle se décolla de son patron et ami depuis ces années, et se rassis dans sa position initiale d'un sourire toujours aussi doux et paisible qu'au premier regard que le jeune homme avait posé sur elle en rentrant dans la pièce.

 

-Vous devriez y aller maintenant. Vous préparez pour votre mission.


Ce dernier se redressa tout en séchant ses larmes avec sa main. Il reprenait son calme après ce moment d'émotion et d'égarement, elle avait raison. Même si la tristesse et la peine étaient de rigueur, il devait se concentrer sur son travail qui consistait à protéger ceux qui restaient avec lui. Mais avant de lui faire définitivement ses adieux il lui restait une question à poser.

 

- Avant ça...Il y a-t-il quelque chose que tu voudrais faire ?


-Aussi courte a elle été, je suis satisfaite de ma durée de vie. Je préfère rester ici et...faire ce que je n'ai jamais fait, penser a moi.


Après avoir essuyé les larmes qu'il avait sur le visage, et en retenant celles qui menaçaient de venir, il reprit un petit sourire, également doux à son encontre. Il était quelque part satisfait de l'entendre prendre cette initiative, et c'était la dernière fois qu'il lui souriait, alors autant en montrer un qui soit le plus beau possible.

 

- Très bien, comme tu voudras...

 

-Sur ce, monsieur. Je vous souhaite bonne continuation pour votre vie. Tachez de continuer ainsi. Et soyez heureux, vous, madame, mademoiselle et la famille.

Il hocha un peu la tête en continuant de lui sourire avec un certain mal. Il comptait bien respecter sa dernière volonté.

 

- Sois en sûr...Je ferais tout pour.

 

Puis en guise d'adieux, et de remerciement, il posa sa main sur la tête de l'androïde pour la caresser doucement et tendrement. Il la remerciait pour tout ce qu'elle avait fait pour eux au cours de sa courte vie, et en même temps il voulait lui dire que jamais il ne l'oublierait, que jamais ils ne l'oublieraient.

 

- Encore une fois...Merci pour tout, Chachamaru. On ne t'oubliera jamais.

Elle le regarda partir, le regardant simplement d'un visage heureux. Heureux d'avoir pus dire ces derniers mots et avoir entendus ceux de l'homme.

 

-Au revoir monsieur.

 

Et celui-ci partait vers la porte, le visage légèrement baissé, le regard et le sourire tristes, malheureux. Lui aussi été heureux d'avoir entendu les derniers dires de Chachamaru, ses remerciements, et d'avoir pu dire les siens. Il lui répondit pour la dernière fois, un pas après l'autre tandis que la porte s'ouvrait automatiquement devant lui. Ces deux mots, "Au revoir" semblaient bien ironiques, car ils savaient que c'était la dernière fois qu'ils se voyaient. C'étaient des adieux.

 

- Au revoir, Chachamaru.

 

Et au bout du compte, Rentarô sortit de la pièce à pas lent, avec la porte qui se referma après son passage, laissant ainsi l'androïde seul, livrée à ses pensées en attendant sa mise en arrêt définitive. Maintenant en dehors dans la pièce, dans le couloir, Rentarô baissa davantage son visage vers le sol avec son regard qui s'assombrit au point de ne plus être visible. Il serrait fortement sa main gauche, la seule qui restait humaine et qui pouvait donc réagir à sa grande frustration et grande peine, il essayait de se contrôler une nouvelle fois. C'est après un temps d'arrêt qu'il se mit à marcher dans le couloir, de nouveau d'une marche lente et lourde, le cœur à la fois lourd de devoir laisser son amie proche derrière lui, et à la fois léger de lui avoir dit ce qu'il voulait lui dire avant que leur regard ne se croisent pour la dernière fois.

 

Ainsi Rentaro partit en direction du Yamato, qui allait l'amener jusqu’au lieu de sa nouvelle mission. Accompagnée de l'amirale du même nom que le navire, qui avait également fait ses adieux a l’androïde peu de temps après l'homme, celle-ci se tenait prête a donner l'ordre de départ. Le soleil était encore au beau fixe pour cette journée qui s'annonçait pourtant bien fade pour tout le monde. Les faibles remous des vagues sur l'immense coque de métal ne faisaient presque pas bouger le navire, et Hoshino se tenait a côté de sa supérieur, également parée a partir comme le reste de l'équipage. Les moteurs avaient déjà été mis en chauffe et, bien que l'on ne les entendait pas sur le pont ni dans les premiers étages de la coque, leur ronronnement roque se faisait entendre dans la salle des machines et sentir. Il était temps de lever les voiles.


L'amirale qui n'avait plus qu'à donner l'ordre de mettre en mouvement le navire regarda son supérieur avant de le donner. Elle le regardait calmement même si on pouvait voir qu'elle avait les yeux quelque peu rouges. Sans doute avait-elle aussi versé quelques larmes au moment de ses adieux avec l'androïde qu'elle connaissait bien elle aussi et avec laquelle elle avait travaillé durant ces cinq dernières années.

 

- Êtes-vous sûr de vouloir y aller maintenant Monsieur ?

 

Si elle posait cette question ce n'était pas parce qu'elle sentait de la peur chez Rentarô quant à la mission dans laquelle il se jetait, loin de là. Si elle la posait c'est parce qu'elle voyait ses yeux, en partie rouges eux aussi, à cause des larmes qu'il avait versé durant son dernier entretient avec Chachamaru. Même si son visage était calme, dur, qu'il regardait vers l'avant avec inflexibilité, ses yeux, ainsi que le silence presque total dont il faisait preuve en disait long sur son état d'esprit. Il n'était pas remis de cette séparation difficile, mais devait quand même aller de l'avant pour remplir son devoir, à la fois d'employé, mais aussi de compagnon et de père.

 

- Oui. Je n'ai pas le choix. Je dois faire ce qui doit être fait. Ordonnez le départ.

 

Elle le regarda pendant un instant sans répondre suite à sa réponse claire et précise. Seulement après elle se tourna vers son équipage, de sa droiture et posture d'amirale en mettant ses sentiments de côté pendant son devoir.

 

- Mettez en route le navire, nous partons maintenant.

 

Finalement les hélices du navire se mirent a tourner dans l'eau salée. Lentement, les mouvements circulaires arrivaient, brassant le courant marin pour accélérer peu a peu. A l'extérieur les passerelles qui reliaient le navire a la terre ferme du site se retiraient peu a peu. Finalement la proue avança lentement, traversant l'eau lentement pour gagner quelques mètres de distance par rapport a l’île. Le navire gagnait de plus en plus en nœuds. Sa vitesse grandissant, il quittait l’île en laissant derrière lui un sillon d'écume. C'est par cette triste après-midi que le plus grand et le plus puissant navire jamais construit reprenait enfin du service depuis des décennies, repartant au large ou l'horizon jetait a perte de vue le bleu de l'océan.

Pendant ce temps, sur la terre ferme, dans les locaux du domaine que l'homme venait de quitter pour d'autres terres, trois femmes se trouvaient dans le bureau, celui qui appartenait à la somptueuse Arecia. Il s'agissait de Miki, accompagnée de sa fille et sœur de Rentarô Enju, ainsi que tout simplement Arecia. Là encore la bonne humeur n'était pas au rendez-vous. La mère de Rentarô affichait une mine quelque peu triste, mais avec calme en regardant sa compère, tandis qu'Enju avait les yeux bien rouges. Sans doute avait-elle pleuré après le coup de fil que lui eut passé la scientifique pour la mettre au courant de ce qui était en train de se passer avec son amie androïde. Arecia avait comme rarement un air grave se mêlant à son côté décontracté.

 

-Vous savez pourquoi je vous ai convoquées ici. Vous allez rejoindre, si vous le souhaitez, Yoshino qui est déjà avec Chachamaru.

 

Elle regarda ensuite Enju.

 

-Enju, chérie. Je t'ai simplement dit qu'il en était finis de Chachamaru, mais souhaite tu savoir les raisons de cette...Mort ?

 

Elle lui répondit en baissant la tête, d'un air gravement triste. Elle ne semblait pas avoir besoin plus d'explication que cela, elle avait déjà une petite connaissance du domaine du fait qu'elle côtoyait l'androïde depuis sa mise en service. De plus elle n'en avait pas spécialement envie.

 

- Ça ira, si c'est pour me dire qu'elle est trop vieille...


-Pas vraiment. C'est une cause de ce qui lui arrive, mais si tu ne veux pas en savoir plus c'est ton choix.

 

- Que j'en sache plus ou non ne changera pas les choses..


-Bon. Dans ce cas, vous pouvez aller la voir si vous le souhaitez. Son...enfin, elle sera entièrement désactivée ce soir.


Miki prit la parole en regardant Arecia calmement sans quitter la certaine tristesse qu'elle avait dans les yeux. Pour elle aussi la séparation était difficile.

 

- Où se trouve-t-elle ?


-Dans le laboratoire de maintenance des unités. Salle 8.

 

- Très bien, je te remercie.

 

Elle regarda ensuite sa fille doucement, avec un petit sourire tout aussi doux pour la réconforter un tant soit peu dans son chagrin. Il fallait y aller maintenant.

 

- On y va, Enju ?

 

- Oui, allons-y...

 

Lui répondit-elle en se tournant vers la sortie du bureau, le visage baissé, le regard, le visage triste. Elle s'en allait désormais pour sa dernière conversation avec l'une de ses plus grandes amies.

Celle-ci était justement avec une autre fille de la famille. C'était bien sûr Yoshino. Pour elle, Chachamaru avait tout été à l'exception d'une mère bien sûr. Et même si Akihira remplissait d'autres rôles, l'androïde le faisait également depuis aussi longtemps que X. Elle avait été présente dès la grossesse de sa mère, puis l'avait accompagnée durant l'accouchement. Pour Yoshino, elle avait été une nourrice, une confidente, une amie, une alliée, une compagnon et un soutient. Elle avait été tout cela à la fois et bien d’autres choses encore qu'elle seule pouvait avec Enju également imaginer.

Cette dernière était assise à côté de l'androïde, sur une chaise qui avait été amenée spécialement pour elle. A cause de sa petite taille ses pieds ne touchaient pas le sol, mais là n'était pas la question. Depuis qu'elle était rentrée dans la pièce, elle n'avait dit mot. Elle gardait seulement son visage baissé vers le sol, le regard rouge, et très triste, assombri par la peine. Elle était tellement dévastée de perdre sa meilleure amie, une dévastation comme elle n'en avait encore jamais ressenti auparavant qu'elle ne savait quoi dire, et quoi faire. Elle ne trouvait pas la force d'ouvrir la bouche, de bouger le moindre de ses membres. Elle était perdue.

 

- ...


Chachamaru qui était en face d'elle avait une main posée sur la chevelure de la jeune fille, ne disant mot, se contentant de caresser doucement Yoshino. Après un petit temps de caresse de sa part, elle prit la parole, faiblement et avec difficulté à cause de la tristesse qu'elle ressentait à ce moment.

 

- Ce n'est pas juste...


Ce a quoi Chachamaru répondit simplement.

 

-C'est ainsi.


- Non, ce n'est pas juste...Tu es mon amie et tu es si gentille...Ce n'est pas juste que tu meurs...

 

-Je le savais, d'un certain coté.


La petite fille se mit alors à trembler doucement à cause de la peine qu'elle éprouvait, notamment en apprenant que son amie était elle-même au courant de ce qui allait lui arriver, de ce pourquoi elles se trouvaient maintenant ici, et qu'elle ne lui en avait rien dit.

 

- Pourquoi tu m'as rien dis...


-Vous deviez également le savoir mademoiselle. Malgré tout, je reste une machine. Je ne demeure pas aussi longtemps qu'un humain normal.


- Non...

 

Elle serra lentement sa petite robe qu'elle tenait entre ses mains de manière à se contenir. Par ailleurs cela montrait qu'elle avait justement de plus en plus de mal à contenir ses émotions, ce dont personne ne pouvait la blâmer.

 

- Tu n'es pas qu'une machine...Tu es mon amie, un membre de notre famille...Tu as toujours été là pour moi...


-Je le sais bien. Je ne parle que d'un point de vue strictement vital. C'est ainsi, mademoiselle.

 

Elles purent alors entendre la porte de la chambre s'ouvrir.

Son attention captivée par le bruit de la porte, Yoshino releva la tête, les yeux en larmes, avant de se tourner vers celle-ci pour voir qui venait d'y faire son entrée. Elle vit, non sans une certaine surprise, qu'il s'agissait de sa marraine, ainsi que de sa grand-mère. En voyant que la petite était déjà présente, tout en ayant elle aussi les yeux rouges car elle ressentait également une grande peine à ce moment, Enju prit un petit sourire doux et chaleureux à l'encontre de sa nièce.

 

- Ah, Yoshino...Tu es là.

 

- Marraine...?

 

Chachamaru quand a elle répondit de son tendre sourire.

 

-Vous êtes venues.


Ce à quoi lui répondit Miki de son petit sourire sensuel, portant lui aussi une marque de tendresse envers l'androïde pour lui rendre la pareille, mais aussi parce que dans le fond elle était elle aussi attristée de la tournure des événements, elle parlait pour la dernière fois à sa création.

 

- Tu pensais vraiment qu'on allait en rester là ?


-Non, je savais bien que vous viendriez.


La jeune Enju regarda ensuite les deux femmes, sa nièce et l'androïde d'un petit sourire. De là où elle était on pouvait voir ses yeux luire, elle commençait déjà à être au bord des larmes. Toutefois elle se retenait de pleurer, elle se forçait à sourire pour ne pas rendre les choses plus difficiles.

 

- Peut être voulez-vous rester encore un peu toutes les deux...?

 

-Cela me plait aussi de toute vous voire près de moi, ne vous en faites pas.


- Très bien...

 

La jeune fille se mit ensuite en marche, en direction du robot. Elle marcha d'abord lentement et calmement, toujours en se forçant à garder le sourire aux lèvres. Mais plus elle s'approchait d'elle, plus elle accélérait le pas. Son corps se mit à parler de lui-même et elle finit par courir les quelques pas qui la séparaient de l'androïde pour se jeter à son cou en passant ses bras autour d'elle pour la maintenir contre elle.


Chachamaru qui d'habitude était quelque peu embarrassée de ce genre de comportement d'habitude l’accueillis avec un grand plaisir, laissant l'adolescente se coller contre elle. Puis en tenant le robot tendrement contre elle, mais aussi fortement, comme si elle ne voulait aucunement le lâcher de peur qu'il ne s'en aille plus tôt que prévu, elle laissa entendre sa voix féminine de jeune femme, douce, mais aussi faible et entrecoupée, le visage baissé au niveau de l'épaule de l'androïde et le visage assombri par les quelques mèches de cheveux qui tombaient sur son visage.

 

- Je me moque...de savoir pourquoi tu pars...La seule chose que je souhaite c'est...c'est que tu restes avec nous...


-Mademoiselle...Vous savez bien que ce n'est pas possible. J'aurais également aimé rester encore auprès de vous. Vous voire toute les deux grandir, devenir adultes. Puis vous l'arrière et élever tout comme je vous ai élevé vos enfants. Cela aurait fait grand plaisir je pense. Mais je ne pourrais pas assumer la fonction. Pas jusque-là.


Rapidement, des larmes commencèrent à couler le long des joues de la jeune femme. Elle avait trop lutté contre celles-ci, elle ne pouvait les retenir plus longtemps.

 

- Je sais...

 

Elle releva ensuite le visage de son épaule et se recula un peu en gardant ses bras autour d'elle. Elle la regarda dans les yeux, d'un tendre sourire et le visage en larmes, ce qui ne la rendait que plus belle. Et oui, la jeune fille que l'androïde avait connu, celle qui lui avait appris bon nombre de choses sur les sentiments humains au début de sa mise en marche, avec laquelle elle avait passé de nombreuses années était devenue une magnifique jeune femme, une jeune femme qui l'aimait beaucoup, qui l'aimait comme une soeur.

 

- Merci pour tout ce que tu as fait...Chachamaru. Jamais je ne pourrai t'oublier...Tu as été comme une sœur pour moi...


-C'est moi qui vous remercie mademoiselle. Vous ainsi que tout le monde...


- Est-ce qu'il y aurait...une chose que tu voudrais que l'on fasse avant que tu t'en ailles...?


-C'etait de vous voire toutes, et j'ai été exaucée.


Puis Miki arriva dernière Yoshino, regardant sa création de son petit sourire sensuel et tendre. Même en cette occasion elle restait fidèle à elle-même, calme, gardant le contrôle de ses émotions.

 

- Es-tu sûre qu'il n'y a rien d'autre ?


-Mon plus grand souhait aurait été de voire tout le monde une dernière fois. Maintenant il est réalisé. Alors, oui.


- Tout de même, tu auras bien vécu. Tu dois être l'androïde à la durée de mise en marche la plus élevée.

 

Ajouta-elle calmement, avec un ton chaleureux et porteur d'une certaine fierté.

Elle répondit alors sur le ton plaisantin.

 

-Je suis surtout dans les premières à cesser de fonctionner à dire vrai.


- C'est vrai. Mais il ne faut pas oublier que tu es la première à avoir vu le jour. Tu as permis à la science de faire des progrès considérables. Tu es la précurseur de la nouvelle ère qui s'annonce.

 

Elle marqua un temps d'intérêt avant de reprendre, toujours avec cette sympathie et ce petit on ne sait quoi de mère envers l'androïde. C'était assez légitime, car d'une certaine manière elle l'était.

 

- Je n'en attendais pas moins de ma plus belle création.

 

-Je ne voudrais pas vous retenir a présent. Si vous avez quelque chose a faire...je vais cesser de fonctionner dans quelques heures.


Et sans prévenir, la petite du trio, ou plutôt quatuor féminin de la famille présent dans la pièce sauta de sa chaise pour aller se jeter au coup de son amie, Enju s'écartant d'elle-même pour laisser passer son petit corps. Attachée à elle, le visage renfrognée contre Chachamaru, elle prit la parole à voix haute, criante de tristesse comme le ferait n'importe quel enfant qui voyait partir une personne à laquelle il était très proche.

 

- Je ne veux pas que tu partes...!


Chachamaru ne sut quoi dire dans pareille situation, regardant sans voie l'enfant arriver contre elle.

 

-Mademoiselle...


Tout contre elle, elle frotta sa frimousse entre ses vêtements, les yeux fermés et en larmes. Jusque-là elle s'était aussi retenue mais elle avait maintenant bien du mal à le faire. Elle comprenait le pourquoi, elle restait une enfant.

 

- J'ai toujours grandis avec toi...! Quand Maman et Papa n'étaient pas là tu t'es toujours occupée de moi avec Marraine...! Je...je ne veux pas que tu partes...!


-Malheureusement rester est un luxe que je n'ai plus maintenant. Je risquerais de vous blesser, vous et les autres, si je restais plus longtemps.

 

En l'entendant dire cela, Enju prit un air curieux en essuyant les quelques larmes qu'elle avait sur le visage.

 

- Que veux-tu dire...?

 

Ce à quoi répondit Miki en prenant un air maintenant calme et grave. Elle voyait ce que l'androïde insinuait par là. Après tout elle était une scientifique experte dans la robotique, et l'une de ses conceptrices qui plus est.

 

- La frénésie.


Chachamaru caressa lentement de sa main droite la joue de la jeune fille, toujours souriante.

 

-Ma vieillesse augmente avec un autre facteur qui me fait dysfonctionner. Pour les humains on pourrait appeler cela de la folie. Je ne serais plus moi-même. Je ne veux pas continuer a fonctionner si c'est pour finir ainsi.

 

Cependant la petite avait bien du mal à écouter ce qu'on lui disait. Elle avait du mal à croire que celle-ci pouvait leur faire le moindre mal, peu en importaient les conditions.

 

- Ce n’est pas vrai...! Jamais tu ne nous ferais de mal...

 

-Mademoiselle, je vous en pris...soyez raisonnable.

 

Les deux autres femmes comprenaient bien l'état d'esprit de la petite fille, elles ne lui en voulaient pas d'agir de la sorte et de ne pas vouloir comprendre ce que tout ça voulait dire. Sa grand-mère s'approcha d'elle, posa sa main sur son épaule d'une façon rassurante en se baissant un peu. Elle prit un fin sourire pour continuer de la rassurer.

 

- Yoshino...Tu es une grande fille maintenant. Tu peux comprendre un minimum. Nous n'avons pas d'autres choix...

 

Ce à quoi elle répliqua avec sa voix haute de petite fille en continuant de se coller à l'androïde, le visage larmoyant.

 

- Si c'est ça je préfère être une petite fille...!


-Mademoiselle...c'est ainsi. Je...je vais mourir d'ici ce soir. Et personne ne peut changer cela.


- Non...! Non...!

 

En grande peine en voyant sa nièce agir de la sorte, luttant de nouveau pour contenir ses émotions qui lui étaient plus encore plus difficiles à retenir, Enju prit la petite dans ses bras. Naturellement elle alla se cacher contre elle, ne laissant plus entendre que des gémissements et des pleurs en même temps que la jeune femme lui caressait le dos lentement et chaleureusement, d'une manière douce par la consoler comme elle le pouvait.

 

- Là...Je suis là...


Chachamaru baissa alors le visage, donnant une expression triste sur celui-ci. Elle ne savait que faire, a part attendre sa fin. Et voire ainsi sa famille la pleurer la rendait triste dans un certain point de vue.

Elle sentit alors une main qui vint se poser doucement sur sa tête, une main féminine qui avait quelque chose de maternel, tout comme la voix qu'elle entendit l'accompagner.

 

- Tu n'as pas à t'en vouloir.


-J'essaye...


- Qu'est-ce que tu racontes...Tu as fais de ton mieux Chachamaru. Tu as été d'une grande aide à tout le monde, tu nous as tous beaucoup apporté. Je ne vois pas comment tu pourrais t'en vouloir de cela.


-Si je vous ai servis jusqu'a la fin...alors je suis heureuse.


En l'entendant dire cela Miki sourit un peu plus en lui caressant doucement la tête. Il semblait que sa création avait dépassé ce à quoi elle s'attendait.

 

- Tu es capable de ressentir ce genre de choses ?

 

-J'ai créé des algorithmes tout a long de ma durée de fonctionnement cherchant a reproduire les faciès humain et en déduire leur..émotions. Disons que j'imite plutôt bien ce genre de choses...

 

Chachamaru se leva alors de son siège et vint serrer contre elles les deux jeunes filles aussi tendrement qu’elles le pouvaient, regardant Miki au-dessus de la tète de Yoshino.

 

-Cela me sert dans ce genre de situation...mais je n'ai pas encore la chaleur d'un corps.


La femme d'un âge assez avancé, mais qui gardait néanmoins une certaine jeunesse continuait de lui sourire, de manière tendre et protectrice. Elle comprenait les questions que se posaient l'androïde, les envies auxquelles elle se confrontait.

 

- Si c'est ça tu n'as qu'à te servir de la chaleur des nôtres.

 

-Comptez sur moi, madame.


- Et puis...

 

Elle s'approcha un peu plus d'elle en descendant sa main du haut de sa tête à sa joue, poursuivant ses douces caresses de mère.

 

- Je ne pense pas que tes émotions soient seulement de l'imitation.


- Merci, madame. Merci pour tout.


- Tu n'as pas à me remercier. Celle à qui l'on doit le plus de remerciements, c'est toi Chachamaru. Tu es la plus belle de mes créations et tu as tant fait, c'est extraordinaire. Tu as dépassé toutes mes attentes, toutes nos attentes.

 

Puis ce fut au tour de la mère de prendre l'androïde dans ses bras, de côté. Elle la prit contre elle d'une façon chaleureuse de mère, le sourire aux lèvres. Ce genre d'actions de sa part étaient rares hormis avec sa jeune fille, et parfois son fils même si celui-ci n'a jamais été vraiment trop câlin si ce n'est avec Akihira. Autrement dit, ce témoignage d'affection ne sortait pas souvent, ce qui montrait qu'elle tenait à la jeune demoiselle.

 

- Tu es peut être faite d'acier et de programmes, mais je t'ai toujours considéré comme ma fille. Tu n'as jamais été qu'un simple androïde pour nous, pour moi, tu es un individu à part entière...

 

A cette étreinte la jeune femme ferma ses yeux, souriante.

 

-Merci madame.

Après cette douce étreinte elle se retira doucement de l'androïde sans perdre son sourire qui contenait quelque chose de triste. Il était maintenant l'heure d'y aller, les adieux touchaient à leur fin.

 

- Bien, il est temps d'y aller maintenant...

 

- Oui, c'est vrai...

 

Répondit sa jeune fille en se retirant à son tour des bras de l'androïde qu'elle défit d'elle-même. Elle regarda ensuite sa nièce qui elle restait blottie contre son amie, d'un sourire triste et les yeux rouges. Elle ne voulait pas la quitter.

 

- Il faut y aller maintenant Yoshino...

 

- Non...! Je ne veux pas la laisser partir...!

 

Rétorqua la petite fille en bougeant son visage contre le corps de Chachamaru, de plus en plus en larmes. Les secondes étaient comptées désormais, dans quelques instants elle n'allait plus pouvoir la voir de sa vie. Elle voulait que ce moment dur, voire qu'il ne se finisse jamais. Elle attristait davantage Enju qui posa la main sur son épaule pour essayer de l'attirer lentement vers elle. Elle savait comment faire avec elle, elle savait comment s'y prendre depuis le temps, et avec sa douceur naturelle.

 

- Allez, ne rends pas plus difficiles les choses qu'elles ne le sont déjà...Elle doit s'en aller...

 

Instinctivement elle se laissa entraîner dans les bras de sa marraine qui la recueillit contre elle, pleurant à chaudes larmes. Elle n'arrêtait pas de pleurer. Pour la soulager et la réconforter elle passa sa main dans ses cheveux tendrement pour lui faire sentir sa présence, lui signaler que même si son amie s'en allait, elle restait.

 

- Là...Voilà...Ça va aller, je suis là...

 

Elle releva le visage vers l'androïde toujours assise sur sa chaise, souriant comme elle le pouvait mais avec grand mal, les yeux inondés de larmes. C'était la dernière fois qu'elle la voyait, qu'elle lui adressait la parole. Elle avait le cœur fendu.

 

- Adieu Chachamaru...et encore merci pour tout. Tu seras toujours dans nos mémoires...

 

Puis la mère passa à côté d'elle en passant son bras par-dessus de manière à l'avoir contre elle, tout comme elle tenait Yoshino contre elle. Quand son visage se reposa contre l'épaule de sa mère elle se mit elle aussi à verser des larmes, elle serrait ses lèvres l'une contre l'autre pour se retenir de lâcher des complaintes. Elle avait aussi besoin de réconfort. C'est lentement, tristement que le trio de femme s'en alla vers la porte de la pièce qui s'ouvrit à leur passage. On y entendait des pleurs, des reniflements, quelques gémissements retenus, jusqu'à ce que la porte ne se referme derrière elles, laissant la domestique une nouvelle fois seule, cette fois-ci jusqu'à son débranchement définitif.

 

La nuit arriva alors. Lente, et a la fois rapide pour d'autre. Derrière sa vitre de chambre, Chachamaru regardait le soleil se coucher, une main posée sur la vitre du laboratoire. Ses cheveux verts clairs se retrouvaient baignés par la teinte orangée du soleil. Son corps était baigné de cette lueur. Une sainte qui s’apprêtait a rejoindre l'au-delà. Elle regardait fixement, attendant sa sentence. Une sentence déjà prononcé dès sa création, dont elle n'avait pas eu connaissance. Une sentence maintenant tombé aussi rapidement que la nuit qui arriva au terme de cette journée. Dans le dos de la jeune femme, des cheveux rouges et un manteau noir la regardait, un verre de rhum en main. Une voie forte mais douce lui parlait alors.

 

-Miki sera avec Arecia et moi pour ton débranchement. Ainsi que Hyuuga. Rentaro te présente ses plus plates excuses tout comme Yamato pour ne pas être la ce soir.

 

-Ce n'est pas grave. La mission avant tout n'est-ce pas ?

 

-Tu étais notre première plus grande mission, Chachamaru. Une mission menée a la perfection. Et je compte la finir a la perfection également.

 

-J'espère me montrer digne de vous jusqu'a la fin. Et l'avoir deja fait.

 

-Tu l'as deja fait, ne t'en fais pas.

 

Un glaçon du breuvage se brisa, lentement dans le liquide dans un léger bruit. La main gantée qui le tenait remua alors le verre.

 

-Tu auras été importante pour nous tous.

 

-Je sais. On n'a eu de cesse de me le dire.

 

-Car c'est vrai.

 

Un silence de quelques instants se laissa alors passer dans la pièce calme. Peu a peu le verre se vidait, son breuvage orangée quittant ce monde a égale vitesse que la lueur du même ton devant les deux personnes.

 

-Tu as peur ?

 

-Je ne sais pas ce que c'est.

 

-Penses-tu avoir peur ?

 

-C'est possible.

 

Chachamaru baissa alors le visage, fermant les yeux.

 

-Est ce que...cela fait mal de mourir ?

 

-C'est plus rapide que s'endormir.

 

-Vous serez près de moi, madame ?

 

Pour la première fois, la voie du robot semblait craintive. Comme une enfant ou une personne désirant s'attacher a sa vie, pour voir encore et encore le soleil se coucher avec ceux qu'elle aime. Elle ne voulait pas quitter ce monde. Elle l'avait su depuis bien longtemps. Elle arrivait encore a ressentir ce genre de choses. Les deux bras de la chevelure rouge vinrent alors enlacer de dos la jeune femme, lui répondant presque en chuchotant a son oreille.

 

-Pour toujours, Chachamaru. Nous serons tous la.

 

A cela, la jeune femme ne répondit rien, posant sa main libre sur les bras qui la serrait. Aucune larme n'avait été programmé dans les yeux mécaniques de Chachamaru. Et pourtant.

 

-Merci, Akihira.

 

Elle ne la quitta pas. Elle resta près d'elle, elle ainsi que tous les autres. Allongée sur son fauteuil dans la salle, sans personne a part ses trois créatrices, ainsi que le couple. Une main sans gants cette fois ci tenait un bras du robot. Cette main avait retiré tous tissus pour ce moment. Une autre encore tenait l'autre bras. Une main douce, celle d'Arecia. Tous étaient réunis pour le voyage de la jeune femme vers l'autre monde. Oui, tous pensaient qu'elle le rejoindrait. A aucun moment l'idée de la corbeille ne leur auraient effleurés l'esprit. Allongée la, les yeux ouvert, elle semblait apaisée. Aucune peur ni angoisse ne se faisait voire sur son visage. Elle était la, entourée des siens pour son dernier moment en ce monde. Plus rien n'avait d'importance maintenant. Plus personne ne comptait plus pour elle a part eux et ceux qu'elle avait deja vu auparavant. Chacun se gardait de pleurer, de fondre en larme. Les poings et dents serrés, le visage dur, ils gardaient une expression douce et bienveillante envers leur amie de toujours. Avec une extrême douceur, Hyuuga passa sa main dans les cheveux de sa création, les larmes ne pouvant être contenues.


Elles tombaient au sol, ses yeux luisants regardant ceux de Chachamaru, toute deux souriantes. Finalement elle déposa un baiser sur le front de celle-ci, avant de faire deux pas arrière. Et c'est lentement qu'Arecia passa sa main sur le visage de son œuvre, droite, calme, ne disant mot. Pour la première fois pour ses amis elle semblait affectée. Un simple câble sortant de l'oreille droite de la femme et branché a une fine boite noire posée sur le bureau a côté du fauteuil était visible de son corps, resté digne. Un interrupteur seul faisait face au visage d'Akihira qui n'avait de cesse de le fixer. Elle regarda a nouveau Chachamaru. Elle vit le visage de son androïde. Elle scruta les yeux calmes et aimant de la femme longuement, cherchant a se résoudre a appuyer sur celui-ci. Elle regarda tour a tour Miki, puis Hyuuga et Arecia. Chacune la regardait, le visage grave et triste, mais avec ce sourire en coin. C'est fébrilement que la main de la jeune femme s'approcha du boitier, son doigt se tendant vers l'interrupteur, bientôt rejoint par la main de la femme allongée sur le fauteuil, sa main soutenant celle de X jusqu'a la touche qui se pressa finalement. Dans un léger bruit de cliquetis, et sur cette main tremblante, le léger ronronnement du réceptacle cessa. C'est alors que le bras de métal se mis a baisser lentement, vite rattrapé par Akihira qui le remis vers le lit et le corps de la femme. Celle-ci la regarda alors une dernière fois, tournant faiblement ses yeux vers elle, un dernier sourire s'adressant a elle et a tous.

 

-Merci.....

 

Puis, ses paupières se fermèrent lentement, ses mains se relâchèrent et la salle fit silence blanc. Le corps de Chachalaru était étendu, inerte. Elle semblait dormir. C'était finis a présent. Elle s'en était allée.

Et pour aider la belle endormie à passer de l'autre côté comme ils en étaient convaincus qu'elle allait le rejoindre, Miki passa sa main doucement sur son front, doucement à répétition. Elle voulait ressentir un dernier contact avec celle-ci avant de s'en séparer définitivement. Elle lui avait dit, elle la considérait comme sa fille, elle l'avait créé avec ses collègues, c'était une part d'elle qui s'en allait avec elle, le fruit d'un travail long du plusieurs années. Elle la caressait d'un léger sourire à l'allure épuisé, ce sourire, elle avait du mal à le conserver. En regardant bien son regard, on le voyait luisant, comme si des larmes lui venaient. C'était bien le cas, elle commençait à pleurer. En synchronisation avec une caresse une larme coula le long de sa joue, c'était bien la première fois qu'on la voyait pleurer en de telles circonstances, ce qui montrait à quel point elle lui était attachée. Ce n'était pas sa chair, mais c'était tout comme. D'une manière ou d'une autre elle lui avait donné la vie, et en tant que qualité de mère, elle voulait être avec elle jusqu'au tout dernier instant.

 

- Dors bien, ma fille...

 

Et plus tard dans la soirée, suite à des séparations bien douloureuses et qui allaient continuer de l'être, la tueuse et sa fille rentrèrent à la maison. Elles descendirent toutes deux du véhicule et allèrent jusqu'à la porte que la mère ouvrit. Elles rentrèrent toutes deux dans la pièce et se déchaussèrent. Depuis le hall, Yoshino regarda le salon, et la partie de la cuisine qui se dévoilait à ses yeux, ses beaux yeux bleus rougis par la tristesse et les pleurs. Il n'y avait plus un bruit désormais, pas un seul geste, pas une seule trace de vie. Il n'y avait plus l'androïde qui les accueillait à leur retour, la plupart du temps occupée à une tâche ménagère où elle trouvait le temps de leur sourire humblement et tendrement. Elle n'était plus là désormais, et elle ne le sera plus jamais. L'absence du père n'était pas pour faciliter la chose, car lui aussi n'était plus là, il était parti lui aussi. Certes ce n'était pas définitif, mais elle ne le voyait pas non plus.


Elle ne voyait pas sa tête et une partie de son dos depuis le canapé, ou bien elle n'entendait pas le bruit des ustensiles lorsqu'il se mettait à la cuisine. Il n'y avait rien. Plus d'amie, plus de père, les deux personnes auxquelles elle tenait le plus avaient disparu. Elle sentit une grande vague de solitude l'envahir, un grand vide. Elle ne trouva pas la force d'avancer dans cette maison vide de présence et de vie, elle en avait presque oublié la présence de sa mère. De lui-même son visage se baissa, son regard se porta sur le sol, vide et sans but, les larmes ne lui venaient même pas. Elle avait trop pleuré et était trop fatiguée pour.


Une fois rentrée dans la demeure, les deux femmes mangèrent alors toute les deux dans un silence quelque peu pesant. Personne ne disait mot. Puis après le bain des deux femmes Yoshino qui était dans son lit attendait la venue de sa mère pour lui souhaiter bonne nuit. Après quelques minutes la porte s'ouvrit et Akihira arriva alors dans la chambre. Elle s'assit au pied du lit et caressait le visage de sa fille d'un sourire tendre, avant de le la couette, puis s'allonger à ses côtés avant de la serrer contre elle.

 

-Elle me manque à moi aussi...


La petite se laissa faire, à la fois parce qu'elle n'avait pas la force de résister à son geste tendre de mère mais aussi justement parce qu'elle en avait besoin. Elle avait besoin de sentir sa présence rassurante dans cette grande maison maintenant bien vide, sans celle de son amie maintenant disparue à jamais et la chaleur de son père qui était maintenant à des centaines de kilomètres de là.

 

- Est-ce que Papa va revenir...?

 

Demanda-t-elle faiblement, et avec une certaine crainte. Chachamaru venait de disparaître et Rentarô était partie, elle craignait de ne plus pouvoir le revoir lui aussi, elle avait peur.


-Évidemment. Il sait que je l’attends de pied ferme.


- Mais s'il ne revenait pas...


-T'as finis de raconter des bêtises.


Elle répondit alors un seul mot, faiblement, renfrognant son visage vers sa poitrine d'une mine abattue. Cela ne la rendait que plus mignonne, mais témoignait aussi de la grande peine qui la traversait.

 

- Désolée...

 

-Allez...Essayé de dormir. De toute façon tu n'iras pas a l'école demain. Pas maintenant ni dans ton état.

 

Elle pressa alors tendrement contre sa poitrine sa fille, qui était toujours réceptive malgré son âge à cette sensation qui justement l'apaisait et lui rappelait sa petite enfance, ses cheveux se faisant doucement caresser.

 

Naturellement elle se laissa faire, elle en avait grand besoin, de ce contact maternel qui la rassurait. Elle avança ses mains encore un peu petites vers celle-ci pour lui serrer doucement les vêtements, comme si elle avait peur de quelque chose. Elle avait peur d'être seule.

 

- Tu ne partiras pas toi aussi hein...?

 

-Ce que t'es bête des fois...

 

Akihira serra alors contre elle la fille et se pivota sur le dos, amenant Yoshino sur elle, le visage entre sa poitrine, lui caressant le dos et les cheveux.

 

-Jamais je ne te quitterais mon ange.


- Promets le moi...

 

Demanda-t-elle faiblement, le visage calé entre sa poitrine.


-Je te le promet.


Et sur cette réponse la petite se blottit davantage contre sa mère, grandement rassurée d'entendre cette promesse. Elle n'était pas pour autant remise de ses émotions, mais elle était maintenant en grande partie apaisée.

 

- Papa revient quand...?


-Ah...Deux semaines voir moins.


- Vraiment pas plus...?


-Vraiment pas plus.

 

Et puis un peu plus tard encore dans la soirée, alors que la petite était couchée, la mère qui pour une fois se trouvait dans le salon, assise sur le canapé à faire ses bricoles habituelles sur son ordinateur entendit son téléphone vibrer. 

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