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CHAPITRE 2

FAKE SMILE

Loïc

La première sonnerie de la journée retentit en ce mercredi matin. C'est dans le rang de ma classe de débiles que je rejoins Maria, déjà bien entourée. Cette fille a le don de ne jamais rester seule bien longtemps.

Elle sors du petit groupe pour s'approcher vers moi, son éternel sourire qui fend son visage. Aujourd'hui, elle porte un T-shirt bleu turquoise sur un jean noir et ses cheveux frisés sont tressés et encadrent son visage métisse.

—Salut !

— Au revoir, je lance.

Elle rit à mes sarcasmes, comme d'habitude.

— Très drôle...Patrick m'a quittée.

Elle lâche ça sans la moindre émotion dans la voix. Cela faisait neuf mois que les deux tourtereaux se tournaient autour, et quatre qu'ils étaient officiellement en couple. Ça m'a paru une éternité.

— Ah bon ?

Je fais celui qui est décontracté, mais intérieurement je saute, je hurle, je pleure de joie. Je n'ai jamais parlé avec son "Patick", mais on n'a jamais pu se saquer lui et moi.

— Oui, il m'a quitté par message et par téléphone.

Elle m'explique toute la discussion qu'ils ont la veille en détails, sans se défaire de son attitude nonchalante. A commencer par l'embrouille avec Océane pour finir avec le fameux coup de fil. Je jubile.

— Le connard, ricané-je.

— Ouais...

Si je ne connaissais pas bien Maria, je dirai que la rupture ne l'affecte pas du tout. Mais je lis dans ses yeux sombres qu'elle a pleuré, hier soir sûrement et ce matin aussi, je pense. Cette pensée me fout un coup au cœur : je n'ai en fait jamais vraiment vu Maria pleurer. Il y a bien eu cette fois, en sixième, où je l'avais vue du coin de l’œil se casser la gueule en cours d'EPS et verser une ou deux larmes de douleur. Mais elle était loin de moi, et j'étais occupé. Une autre fois, il y a quelques mois, où une rumeur l'avait particulièrement affectée, elle a hoqueté tout le long du cours de maths. J'étais un rang derrière elle, mais je ne l'ai pas vraiment vue : elle me faisait la gueule et a fui mon regard et ma présence comme la peste.

Je me demande ce que laisse percevoir le chagrin sur son visage expressif.

Je me demande quelle vague noie son regard quand les larmes la submergent.

Je me demande comment sa bouche se tord quand les larmes sillonnent ses joues.

Garde-t-elle son sourire, son sourire empreint de moquerie, d'humour, quand son visage s'inonde, que ses yeux rougissent, que ses épaules dansent au rythme des sanglots ? Les pleurs ne lui vont pas. Je ne les ai jamais vu, et malgré le fait qu'ils me fascinent un tantinet, je ne tiens pas à les voir...

Je sais que Maria est le type de fille qui éprouve de vrais sentiments, malgré sa jeunesse. Elle ressent. Mais elle ne laisse rien transparaître. Pas de "je t'aime", pas de "je tiens à toi", pas de "t'es mon meilleur ami". Pas d'attaches ni d'attachements, pas de sentiments ni de ressentis.

Je me suis toujours demandé ce que 'étais pour elle. Je suis de loin le garçon du collège dont elle est la plus proche, celui avec qui elle rigole, parle et s'abandonne le plus. Mais sur cette échelle bancale de l'amitié, sur quel barreau je me hisse à ses yeux ? Et surtout, où se situe-t-elle pour moi ?

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Maria :

On ne peut pas dire que la période (ou plutôt la journée, dans mon cas) post-rupture soit particulièrement agréable. Déjà, prévenir tout le monde n'a pas été une partie de plaisir. Anaé, qui nous avait rapprochés, à littéralement déchanté. Carla à fait une scène à mon copain -ex copain, pardon, réflexe. Et moi...je vis la rupture comme je peux et comme il se doit. Ça fait une journée que Patrick m'a larguée, mais j'ai l'impression que ça remonte au mois dernier. Genre, je parle de lui comme mon "ex", de façon détachée, calme. Ce que les gens ne savent pas, c'est que j'ai pleuré, et que je n'ai pas mangé depuis hier soir. J'étais vraiment amoureuse de ce con. Mais bon, les sentiments vont et viennent à notre âge.

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Voilà voilà, c'est déjà la fin de ce second chapitre...Il était très court, mais le prochain devrait sortir bientôt (normalement).