Kyme - Partie 2 - Vie Tranquille à la BGU

Chapitre 6 : La Tombe de Raine

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 18:21

La tombe de Raine


    
    
    
 
- Où c’est qu’il est l’autre animal ? grogna Locke, irrité et frustré de n’avoir pu se joindre à  l’escapade générale à cause de la tâche qu’il avait à accomplir.
Mais il fut content de pouvoir rapidement dégoter Anderson au détour d’un couloir. Il allait  pouvoir se venger sur quelque chose, et après ça, il pourrait enfin aller faire ce qu’il veut. Il ne  perdit donc pas une seconde. Il l’attrapa par le bras et :
- Tu viens avec moi et pas de discussion !
Avant d’avoir pu comprendre ce qui lui arrivait, Anderson se trouva sur le balcon du premier étage. Reprenant ses esprits, il voulut protester, mais il n’en eut l’occasion.
- Bon, j’en ai ma claque de toutes ces imbécillités qui courent dans la fac. Alors que  reproches-tu à Seifer ?
- D’avoir blessé ma sœur..., se surprit-il à répondre machinalement, mais il garda un air  mauvais.
Même s’il commençait à douter, Anderson n’avait vraiment pas envie de laisser ce garçon  prendre le dessus sur lui. Il n’allait pas se laisser faire, mais il allait quand même lui répondre  franchement.
- Elle a eu des séquelles ? continua Locke.
- Non.
- Elle en veut à Seifer ?
- Non.
- Que penses-tu d’Edéa ?
Surpris, il mit un temps pour répondre
- Je ne l’ai rencontrée qu’une fois, mais elle m’a semblé très sage.
- Pourtant, elle a été une ennemie, non ?
- Oui.
- Alors pourquoi ne lui en veux-tu pas ?
- Pourquoi devrais-je lui en vouloir ?
- C’est elle qui a ordonné à Seifer d’attaquer la B.G.U. Seifer n’a fait qu’obéir aux ordres.
- Alors qui est le coupable des blessures de ta sœur ?
Anderson grimaça mal à l’aise. Il voyait où Locke voulait en venir. Il sentait qu’il allait perdre le face-à-face. Mais il continuerait quand même a se battre.
- En tant que Seed, on nous apprend à penser par nous-mêmes. Seifer aurait dû désobéir.
- As-tu déjà désobéi à ta mère ?
Il mit un temps à répondre, une nouvelle fois surpris par la question de Locke. Il hésitait.  Devait-il continuer à lui répondre ? Après tout, ses relations avec sa mère ne le regardait pas.  Mais il voulait aussi voir où voulait vraiment en venir Locke. La curiosité l’emporta.
- Quelque fois. Mais je. ..
- En as-tu été fier ? coupa Locke.
- Non.
- Edéa était comme une mère pour Seifer. Crois-tu vraiment qu’il aurait pu lui désobéir à un  moment où elle avait tant besoin de lui ?
- Il y a un âge où on n’obéit plus à ses parents, répliqua Anderson.
- Cet âge varie suivant les individus et on continue toujours à obéir à d’autres personnes dans  notre vie qu’on le veuille ou non. Vrai ?
 Anderson pesa le pour et le contre avant de répondre.
- Vrai.
- T’es-t-il déjà arrivé de pardonner ?
- Évidemment.
- Alors pourquoi ne pardonnes-tu pas à Seifer ?
- Il y a des choses que les gens ne peuvent pas pardonner.
- Ce qu’a fait Seifer est-il vraiment impardonnable ? Il n’y a pas eu mort d’homme après tout.
- Je pense que c’est quand même impardonnable.
- Même si ta sœur lui a pardonné ?
Anderson hésita et se tint coi. Cela lui rappelait la scène qu’il avait vécu avec sa sœur, il y a  quelques jours. Il préféra donc se contenter d’observer avec attention son interlocuteur.
- Il y a-t-il une vraie raison à ta rancœur ? reprit Locke.
- Les blessures de ma sœur.
- Est-ce suffisant ?
- Oui.
- Et si Myke quittait un jour ta sœur et qu’elle ne s’en remette jamais. Que ferais-tu ? Le  détesterais-tu à tout jamais ?
Anderson se frotta le nez perplexe.
- Myke ne ferait jamais ça.
- Et si ça arrivait ?
- Je ne sais pas comment je réagirai, reconnut-il.
Locke s’arrêta pour reprendre son souffle. Il avait décoché toutes ses flèches d’une traite et  maintenant il allait pouvoir conclure.
- Pourquoi t’ai-je demandé tout ça ?
Anderson le regarda dubitatif Autant au début, il savait où Locke voulait le mener, autant  maintenant il était perdu.   
- J’en sais rien...
- Je voulais voir si je pouvais te prendre en défaut et c’est le cas. Tu as décidé de prendre  Seifer pour seule cause de ce qu’a subi ta sœur, je ne sais pourquoi. Et de ce fait, tu te  refuses à accepter d’autres idées. Comme par exemple, que ta sœur a été blessée, non pas par  Seifer mais par un de ses simples soldats. Mais si tu considères que Seifer est coupable, cela  signifie que ceux qui sont au-dessus de lui et au-dessous de lui le sont tout autant, car Seifer  commandait, mais avait lui aussi des ordres. Ils sont donc tous coupables des blessures de ta  sœur, et Edéa aussi. Ils sont soit coupables d’avoir donné des ordres stupides, soit coupables  de les avoir exécutés. Soldats et dirigeants sont dans le même sac. Seifer, lui, a peut-être une  double culpabilité, car il a été à la fois un soldat et un dirigeant, mais il ne représente que la  partie émergée de l’iceberg. Mais tu admets que Edéa n’est aucunement coupable des blessures de ta sœur. D’où problème. De plus, en entrant à la B.G.U., ta sœur devait  certainement être consciente qu’elle pourrait être blessée lors de combats, surtout que  Galbadia entrait en guerre avec tous ses voisins à cette époque. Mais toi, tu refuses l’idée  qu’elle puisse être blessée lors d’un combat et tu veux la protéger sans cesse. Ce qui signifie  qu’elle ne pourra jamais être une Seed à part entière de sa propre initiative, vu que tu serais  derrière elle sans cesse pour lui éviter les problèmes. Si elle prenait conscience de cet état de  fait, elle pourrait peut-être t’en vouloir. Je pense même qu’elle a déjà réalisé ce que tu fais.  Mais elle ne t’en dira rien, car elle aurait peur de te faire du mal. Mais tôt ou tard, cela te  retombera dessus, c'est évident. Il est peut-être temps que tu la laisses faire ce qu’elle veut, même si cela  ne te plaît pas. En agissant ainsi, tu l’empêches de grandir et d’évoluer. C’est pour ça que je t’ai  posé des questions sur l’obéissance et l’âge auquel on n’obéit plus à ses parents, car c’est  aussi aux parents de sentir l’âge auquel ils n’ont plus à s’occuper de leurs enfants et de leur  laisser la bride libre. C’est la même chose pour toi et ta sœur, tu n’as plus à t’occuper d’elle de   cette manière si protectrice et c’est à elle seule de juger si Seifer doit être pardonnée ou non.  Tu n’as malheureusement plus ton mot à dire maintenant, pour le meilleur, ou pour le pire.  Même si je sais que c’est quelque chose de difficile à admettre, je suis passé par la moi aussi.  Si tu aimes réellement ta sœur et que tu veuilles son bien, tu devrais réfléchir. En t’acharnant ainsi, tu lui fais plus de mal que de bien. Enfin, ça ne dépend que de toi. A toi de  voir. . ., finit Locke.
Les deux aspirants Seed se dévisagèrent un long moment.
- Alors ? demanda finalement Locke.
- J ’ai besoin de réfléchir, murmura Anderson.
- D’accord. Si tu as besoin d’aide ou besoin de te défouler, je suis là. Tu peux passer me voir  quand tu veux. Surtout que tu n’as pas l’air mauvais à l’épée. Plus sérieusement, ce n’est pas  parce qu’on a certains avis divergents qu’on ne peut pas s’entendre. Mais si tu doutes encore de ce que je dis, va voir ta sœur, elle est certainement mieux placée que moi pour t’en parler.
- Merci du conseil, je verrais bien.
- Eh bien, je vais te laisser. J’espère que tu ne m’en veux pas trop d’avoir perturbé ainsi ton  après-midi.
- Ça ira, répondit laconique Anderson.
- Alors, à plus ! lâcha Locke en quittant le balcon.
Anderson, le regard vide, se contenta juste de regarder la porte qui se refermait.


*
*      *



Les discussions allaient bon train pendant le goûter. Les enfants piaillaient et s’amusaient tandis que les adultes parlaient de chose et d’autre jusqu’au moment ou Laguna,  après les nombreuses demandes et au grand plaisir des enfants, se lança dans la description de  ses épiques combats et aventures de jeunesse contre moults et moults créatures effarantes qui  firent trembler de peur les plus jeunes. De son côté, Squall, frustré de n’avoir pu s’isoler quelques instants avec Linoa, boudait et restait dans son coin, silencieux sous l’œil amusé de  Seifer et d’Edéa. Ce dernier vit qu’il était quand même constamment surveillé par la petite  Meredith, qui l’avait alpagué à son arrivée. Mais elle suivait aussi avec attention l’histoire de  oncle Laguna. Meïrin, le frère aîné de Meredith et le défenseur attitré de Linoa, s’était assis  sur les genoux de cette dernière au grand dam de Squall qui s’était renfrogné encore plus.  Par opposition à sa sœur, Meïrin n’en voulait pas à Seifer. Plutôt mûr pour son âge, il avait rapidement compris la situation. Dans un autre coin de la salle, Quistis, Cid et Ellone  discutaient de la signification de la vie et de son lien avec la magie. Seul était absent Zell. Il  avait préféré faire un petit footing d’une vingtaine de kilomètres, comme il n’avait pas eu  l’occasion de s'exercer aujourd’hui. Pendant que Laguna déblatérait ses mille et une  péripéties, Ward levait régulièrement les yeux au ciel, exaspéré, tandis que Kyros songeait  que si effectivement, Laguna effaçait tous les passages où il les avait perdus dans une forêt  sombre et dangereuse et où il avait failli les envoyer à la mort en ne sachant tenir sa langue et  les multiples fois où ils avaient frôler la mort avec ses erreurs de jugement, il apparaissait  comme un héros intrépide et courageux, même si Laguna était finalement un type qui se  trouvait au mauvais endroit au mauvais moment en n’en faisant qu’à sa tête. Kyros soupira.  Mais si ça plaisait aux enfants, il pouvait peut-être faire quelques ( grandes ) entorses à la  réalité et à la vérité.
- Excusez-moi. ..
Kyros tourna la tête vers sa voisine.
- Oui ? Vous êtes Célès, c’est ça ?
Le jeune fille acquiesça, les présentations ayant été plus ou moins faites dans l’Hydre.
 - Je voulais vous demander, hésita-t-elle intimidée, est-ce que c’est vrai que vous avez des  lames de Tantalas ?
Kyros haussa les sourcils, étonné que son arme de prédilection puisse intéresser cette jeune  fille. Mais il se reprit vite. Après tout, si elle était étudiante à la B.G.U., il était normal qu’elle  s’intéresse à tout type de matériel de combat.
- C’est effectivement le cas, finit-il par concéder.
- Est-ce que je pourrais les voir ? s’enflamma-t-elle subitement.
- Malheureusement non, cela fait longtemps que je les ai rangés dans un placard, répondit-il.  En tant qu’assistant du président d’Esthar, je me dois de montrer le pacifisme de notre cité et  donc je ne peux pas porter d’armes.
- Ah. . ., soupira Célès, déçue.
- Puis-je vous demander pourquoi vous teniez à voir ces lames ?
- Eh bien, avoua-t-elle, j’ai toujours aimé les armes blanches depuis mon enfance, sans raison  aucune. Je me suis donc mis à étudier tous les types d’épées, de sabres ou autres objets  coupants qui pouvaient exister. Et ce qu’il en ait ressorti, c’est que les lames les plus  tranchantes et les plus résistantes jamais forgées depuis des siècles, sont les lames de  Tantalas. J ’ai aussi lu qu’il n’en avait été forgé que quatre paires, mais personne n’a jamais  été capable de me dire si elles existaient encore. Je n’ai pas renoncé pour autant et j’ai essayé de recouper toutes les informations que j’avais mais je n’ai abouti à rien. J ’ai quand même  toujours espéré pouvoir en voir un jour. Je me suis dit qu’à la B.G.U., je pourrais peut-être  avoir plus d’informations. C’est une des raisons qui m’ont poussée à m’y inscrire. J’ai  d’ailleurs bien fait. J ’ai appris un jour par Squall que vous en possédiez. Au début, je ne l’ai  pas cru, mais après j’ai bondi de joie et j’ai attendu avec impatience le jour où vous viendriez.  Mais finalement, la chance n’était pas totalement au rendez-vous.
- Ca arrive, accorda Kyros.
" Et dans le cas de Laguna, elle n’est quasiment jamais là, vu les situations inextricables dans  lesquelles il a réussi à nous fourrer. Mais comme on s’en est toujours sorti, on peut peut-être  dire que nous avons de la chance." songea-t-il.
- Sont-elles aussi puissantes qu’on le dit ? continua Célès qui n’avait pas remarqué que Kyros  s’était mis à songer à autre chose.
La question le fit brutalement revenir à lui.
- Bien sûr ! manqua-t-il de s’offusquer. Elles sont plus solides qu’elles ne paraissent !
- Oh ! Excusez-moi, je ne voulais pas vous vexer. Alors comment les utilisez-vous ? enchaîna-t-elle.
- Eh bien. ..
- Vive onc’ Laguna !
Les cris qui venaient de couper Kyros, provenaient des enfants qui avaient fini d’écouter le  président d’Esthar. Ce dernier se trémoussait sur sa chaise, heureux de la réaction des enfants.
- Gouvernante ! On peut aller jouer dehors ? continuèrent à piailler les enfants.
- Bien sûr. .. Mais il faut qu’un ou deux adultes aillent avec vous. Qui voulez-vous avoir avec  vous ?
- C’est évident ! répondirent d’emblée une partie des enfants. On veut cousin Squall ! On veut  voir s’il est aussi fort qu’onc’ Laguna !
Squall qui ruminait dans son coin, ne l’entendit pas de cette oreille.
- Et puis quoi encore ! ! ! hurla-t-il. J ’ai autre chose à faire que de ....
Il s’interrompit en voyant le regard courroucé de Linoa ainsi que les regards désapprobateurs  des personnes présentes. Il réalisa aussitôt que son explosion de colère avait fait pleurer les  enfants. Seifer en profita pour lui faire la morale et le piéger.
- Ce n’est pas bien Squall. Il ne faut pas faire pleurer les enfants. Il faut être doux avec eux.
- C’est bon, j’ai compris. . ., morigéna-t-il.
- Bien, il faut être compréhensif avec eux, surenchérit Seifer.
 - Je vais aller jouer avec vous, soupira-t-il.
- Squall, je suis fier de toi. On reconnaît la un grand homme à responsabilité, railla Seifer.
- Mais d’abord, vous devez convaincre Seifer de venir avec nous.
- Évidemment, Seifer doit vous acc... KWÀ ! ! !
- Seifer, avec nous ! Seifer, avec nous ! commencèrent à chanter les enfants.
Et Seifer entendit les gloussements des adultes autour de lui. Surtout celui de Squall, fort de  son succès.
- Jamais de la vie ! Je préférerais me planter sur ma Gunblade plutôt que de m’occuper de  marmots ! riposta-t-il.
- Tiens et qui me faisait la morale, il n’y a même pas trente secondes ? continua de se venger  Squall.
- Quoiqu’il advienne, je ne bougerai pas d’ici, contra Seifer.
Il sentit sur lui les regards désapprobateurs de toutes les personnes présentes, enfants y  compris.
- Laissons tomber les enfants, lâcha Linoa. De toutes façons, il ne sait pas jouer à nos jeux car il ne les connaît pas.
- Quoi ! bondit-il. Je n’en ai peut-être pas l’air, mais quand on était petit, j’étais le roi du jeu !  Personne ne pouvait me battre ! Demande à qui tu veux !
- C’est facile de dire ça, tu ne faisais que tricher.
C’était Zell qui venait de revenir de son footing, à peine fatigué.
- Quoi ! Dis plutôt que t’étais mauvais perdant ! contre-attaqua Seifer.
- N’importe quoi. . ., souffla Zell.
- Si vous n’êtes pas d’accord, pourquoi vous n’allez pas vérifier par vous-mêmes, soupira  Quistis.
- Alors il faudra que tu joues aussi, ironisa Seifer. J ’espère que tu n’oublies pas que tu faisais  partie de notre groupe.
Quistis en resta sans voix.
- Alors, qu’est-ce qu’on attend pour aller tous s’amuser ? lança Laguna.
Et avant que quiconque ne put comprendre ce à quoi il venait de se mêler, tous les adultes et  les enfants s’égaillèrent vers l’extérieur sous l’œil ravi et nostalgique de Cid et d’Edéa.  

    La fin de la journée s’approcha rapidement. Ceux qui étaient de passage regagnèrent  l’Hydre et Squall, un peu amer, dût laisser Linoa derrière lui. Chacun s’installa durant le  décollage. Laguna monta au cockpit.
- Une fois à la B.G.U., je pense que je vais faire un bon somme qui ne me fera pas de mal,  lâcha Zell assis à côté de Quistis qui tentait d’apercevoir une dernière fois Cid et Edéa.
- Désolé pour ton sommeil, mais nous devons passer à Winhill d’abord, Zell.
Il se retourna surpris du ton sec et sans réplique de Laguna.
- Winhill ? Mais pourquoi ?
- Cela ne te regarde aucunement. Contente-toi de faire ce que je te dis.
- Bien.
Le président quitta le cockpit sur ces entrefaites, laissant Zell perplexe, Laguna ne l’ayant pas habitué à être aussi rigide.
- Qu’est-ce qu’il lui prend ?
- Raine, sans doute. . ., soupira Quistis.
- Ah. ..
Il se souvint qu’effectivement Raine avait vécu dans ce paisible village. Il en prit donc le cap.  

    Laguna croisa Kyros dans le couloir.
- Tu y vas ?
 Il acquiesça.
- Essaye de ne pas trop déprimer cette fois-ci. ..
Il sourit à son ami un peu bêtement et rentra dans la salle de commandement.
- Tiens, ou va-t-on ? s’étonna Seifer. Ce n’est pas la route de la fac.
- Winhill. Squall, viens avec moi.
Son fils obtempéra. Il le vit même hausser des épaules devant l’air interrogatif de Seifer. Non,  il était sûr que Squall ne pouvait avoir idée de l’endroit où il voulait l’emmener. La porte se  referma.
- Qu’est-ce qu’il lui prend à Laguna ?
- Sans doute une vieille blessure qui ne veut pas cicatriser complètement... Même si pourtant,  il le souhaite de tout cœur. . ., lâcha Célès, le regard triste.
Seifer leva à nouveau des yeux interrogateurs, mais Célès n’en dit pas d’avantage et Ward  resta, à son habitude, muet comme une tombe. L’Hydre se posa quelques temps après et seuls  Laguna et Squall en sortirent.
- Suis-moi.
Squall suivit son père. Il le conduisit en haut d’une proche colline. Autour d’eux, le soleil  commençait à se coucher et il n’y avait aucune trace de monstres quelqu’il soit. Ils finirent par  s’arrêter devant une pierre tombale entouré d’herbe. Laguna s’agenouilla.
- Je ne t’ai jamais amené ici... Mais je pensais que je devais le faire tôt ou tard...
Sa voix tremblait.
- Il fallait qu’au moins une fois, tu puisses voir... La tombe de ta mère...
Squall s’agenouilla à côté de son père.
- Alors c’est ici... C’est ici que tu l’as enterrée. J’imagine que c’est ce qu’elle aurait  voulu... Elle avait l’air de beaucoup aimer ces lieux calmes... Je te l’ai déjà demandé, mais  comment était-elle ? Je n’ai pas pu la voir beaucoup...
- Belle, je crois que je n’ai pas d’autres mots... Fine et gracieuse... Avec de longs cheveux  châtains... Et des yeux clairs comme l’eau de roche... Je ne compte même plus le nombre de  fois où je me suis noyé dedans. ..
- Elle était plus belle que Julia ?
Son père eut un petit mouvement de tête avec un sourire en coin.
- C ’est vrai que tu connais presque toute ma vie grâce à Ellone. En beauté pure, Julia  dépassait Raine, mais Raine avait quelque chose en plus, quelque chose de magique qui  m’ensorcelait. Elle me donnait l’impression que j’avais passé ma vie à la chercher. Et que  toutes mes expériences précédentes n’avaient servi qu’à me préparer à la rencontrer. Elle  aurait dû marquer la fin de mes aventures, mais ça n’a pas été vraiment le cas. Je n’ai jamais  ressenti ça avec Julia. Julia s’inscrivait plus dans la logique de la vie que je menais. C’était différent... Enfin... Ce n’est pas le genre de questions dont on a la réponse, tu devrais le  savoir, Squall...
Le chef des Seeds reconnut la véracité des paroles de son père. Ce dernier se releva.
- Il commence à faire frais, allons-y. Les autres nous attendent et nous n’avons aucune raison  de nous attarder ici plus longtemps.
Sous le regard trouble de son père, Squall s’inclina. C’est vrai, il n’avait aucune raison de  rester ici plus longtemps, mais il n’avait pas envie de partir aussi vite. Mais ce ne devait pas  être le cas de son père. Rester ici devait lui rappeler nombre de ses erreurs, surtout en  présence du fils qu’il avait "abandonné", même si ces "erreurs" avaient été pardonnées depuis  longtemps. Ils commencèrent à repartir vers l’Hydre. Mais Squall ne put s’empêcher de jeter  un dernier regard sur la tombe.
- Ma mère...
Quelques instants plus tard, les moteurs de l’Hydre se rallumèrent et son ombre recouvrit la  tombe déserte sous la nouvelle lune naissante.


*
*      *


- Instructeur.
- Yep ?
- Quand partons-nous nous entraîner ?
- Tu es si pressé de devenir meilleur ?
- Non, non, ce n’est pas ça. C’est juste pour savoir la date pour laquelle je dois préparer mon  sac.
- T’inquiète pas, rassura Irvine, on a un mois pour faire tout ce dont on a besoin. Va donc te  reposer, je vous préviendrai en temps et en heure.
- Mais vous avez déjà dit ça, il y a une semaine !
- Ne t’inquiète pas, je te dis, tout est calculé.
- Bon.
- Irvine !
- J ’arrive, j’arrive... Ecoute, on discutera de l’entraînement demain, si tu veux. Ce soir,  occupe-toi donc des jolies filles qui traînent par ici. Je suis sûr que tu devrais en trouver à ton  goût. Et crois-moi, à Trabia, elle ne sont pas farouches.
- Mais...
- Pas de ça. Ca fait partie de l’entraînement, je viens de le décider. C’est pour voir vos dons de  chasseurs et de tireurs. Il faut savoir viser juste pour décrocher le cœur d’une jolie fille. Pars  donc en chasse. Pour le reste de l’entraînement, on verra plus tard. Il y a certainement des  choses à faire dans le coin.
- Vous ne savez pas encore ce qu’on va faire ? s’étonna l’étudiant.
- Bah non. .. Pourquoi j’aurais dû ?
- Je croyais que tout était calculé.
- La non-connaissance de nos objectifs est un calcul, lui affirma avec une puissante conviction son professeur.
- Ah évidemment...
- Irvine ! !
- Bon, je te laisse. Passe une bonne nuit. Et entraîne-toi bien. Vos techniques de drague compteront dans la moyenne.
L’étudiant soupira en voyant son instructeur se diriger vers la fille en robe jaune qui  s’impatientait. Au moins, il n’avait plus de doutes sur les causes de leur venue à la T.G.U.. Et  si ça continuait ainsi, il allait être bon pour rater une nouvelle fois son diplôme. Il n’avait plus  qu’à prendre du bon temps pour qu’au moins ce voyage scolaire ne soit pas un fiasco complet.  Et comme dans le continent glacé de Trabia, il n’y avait strictement rien pour s’amuser, il  n’avait pas le choix. Il allait devoir faire ce que son instructeur lui avait dit de faire : se mettre  en chasse. Qui sait ? Il aurait peut-être la main heureuse ou tomberait sur la femme de sa vie ? La seule chose qui le réconfortait dans tout cette histoire, c’était qu’il savait que son  instructeur lui fournirait de l’aide et le conseillerait avec grand plaisir s’il avait des difficultés.
Une bien maigre consolation tout de même.


*
*      *


"- Orceïn ? "
"- Tu boudes ? "
 "- Rôôôôh. . ."
"- Tu te prends pour Ward ? Bon d’accord, je te laisse, monsieur le boudeur ! "
"-   Tout sera fini demain..."
"- C’est vrai ? "
"- Idiot ! "
"- Et toi, t’es invivable ! "
Et ils exprimèrent leur amour en s’insultant l’un à l’autre.


*
*      *


Squall s’allongea sur son lit, épuisé par les émotions de la journée. Après Winhill, ils avaient  dû ramener son père et ses amis à Esthar. Ensuite, Laguna l’avait averti qu’il reviendrait  bientôt pour lui donner l’état d’avancement des recherches sur Kyme, même si pour le  moment, il n’y avait eu de résultats significatifs. Ce sorcier restait encore un véritable mystère pour eux. Aucun livre n’en parlait. Mais Squall, à cette heure tardive, n’avait pas envie de  penser à ce sorcier qui allait leur causer bien des problèmes. Il préféra laisser son esprit vagabonder, pensant à sa mère, dont il ne verrait jamais le visage, à Linoa, qui lui manquait  déjà, et à son père, dont il commençait à imaginer la souffrance le jour où il a perdu sa femme. Une souffrance qui a dû lui causer bien des torts. Peut-être était-ce à cause de cette souffrance  qu’il l’avait "abandonné" ? A travers lui, peut-être revoyait-il Raine ? Ce devait être très dur à  supporter. Il s’étira, laissant un frisson de plaisir lui parcourir le corps. Mais son esprit se sentait seul. Il aurait aimé que Linoa soit là, sa présence l’aurait réconforté. Finalement,  quelque part, la vie était peut-être plus agréable en la vivant sans lien avec personne. Il n’y  avait pas de syndrome de manque. Mais il n’y avait pas non plus le plaisir d’être avec  quelqu’un, contra-t-il aussitôt. Il n’allait tout de même pas redevenir l’iceberg qu’il était. Puis, sans qu’il s’en rendisse compte, le sommeil le gagna alors que toutes ces pensées voletaient  encore autour de lui, une image de Célès passant un fugitif instant devant ses yeux brumeux.


*
*      *


Locke finissait de laver son linge quand Célès rentra.
- Alors, tu as passé une bonne journée ? lança Locke amer.
- Tu me parles ? s’étonna-t-elle.
- Et pourquoi pas ? contra-t-il, irrité.  
- Je pensais que tu aurais boudé. En plus, tu t'occupes de ton linge ? Tu es gravement malade ou quoi ?
Il balança le linge sur le séchoir et quitta la pièce. Il s’arrêta sur le pas de sa chambre.
- Il ne me reste plus qu’à voir Squall.
- T’es obligé d’être aussi sombre ?
- C’est pas toi qui s’est retrouvé tout seul dans la B.G.U. sans avoir rien à faire, morigéna  Locke. J ’ai été abandonné par une petite sœur indigne ; heureusement il y avait les monstres  de la Serre de Combat.
- Bon, excuse-moi, j’ai peut-être été trop dure. Je peux faire quelque chose pour me faire  pardonner ?
" Ah, je suis un génie, c’est trop bon ! ! ! J ’ai encore réussi mon coup ! ! ! Vive moi, grand  maître ultime de la stratégie intrinsèque de. .. ”
- Locke ? Ca va ?
illl fut déçu d’être coupé dans sa jubilation égoïste et égocentrique, mais son euphorie revint  sous la forme d’un beau sourire sardonique qui épousa parfaitement ses deux lèvres.
- Tu peux ranger ma chambre, peut-être ?
Célès se pencha et jeta un œil dans l’embrasure de la porte. Elle eut un hoquet de surprise.  Ce n’était plus une chambre, c’était une décharge, ou plutôt, un bourbier d’immondice qui couvrait le plancher. Certes, il y avait des choses utiles qui traînaient, mais recouvertes  d’une couche épaisse de miettes, paquets de nourriture vides, de vêtements sales et autres  choses bizarres. Elle qui avait fait tout le ménage et tout rangé cette matinée même. A croire  qu’il le faisait exprès.
-Désespérant..., renifla-t-elle.
Locke se contentait de sourire à côté d’elle, tout heureux.
- Bon, d’accord, concéda-t-elle finalement, mais tu as intérêt à t’occuper de Squall demain,  sinon...
- No problem...
Elle fronça les sourcils. Il acceptait trop rapidement, ça cachait quelque chose.
- Je te trouve bien sûr de toi, tout à coup. Tu ne me prépares pas un coup foireux par hasard ?
- Meuh non, tu me connais !
- C’est bien ça le problème. . ., soupira-t-elle en essayant de rentrer dans la chambre de son  frère.
Peut-être qu’elle pouvait lui faire confiance pour cette fois. Des fois, il pouvait ne pas faire de  bêtises. Des fois... Mais c’était rare...

    Et elle eut raison. Même si la journée avait commencé sous un ciel lourd et gris  annonciateur de mauvaise fortune, Locke teint sa promesse et parla à Squall. Mais il n'alla pas jusqu’à dire qu’il était amoureux de Seifer, il avait son amour-propre. Squall n’en avait rien  dit, déçu de ne plus pouvoir caser son ami. Célès, de son côté, n’avait pas non plus insisté  auprès de Locke, pour une fois. Elle laissa filer, sachant que cela pourrait lui servir pour plus  tard, mais elle lui fit quand même quelques remontrances sur les engagements qu’il ne tenait pas. Après tout, il ne faut pas exagérer non plus !
 
 
 

 


NdA :
Nada.

Laisser un commentaire ?