Un personnage, une histoire

Chapitre 14 : Benny : Début de carrière

2027 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/03/2018 13:16

Je serre ma lance dans ma main. Heureux, et en même temps craintif. Un sentiment unique.

Je m’appelle Benny. Je suis un garde-frontière de Nohr en devenir. Je dis en devenir, car je ne suis pas encore à la frontière.

Oui, je suis en ce moment à Cheve. Je dois rester ici un mois ou deux, puis j’irai vraiment à la frontière…

Ils ont dû me mettre ici pour me tester sans doute… Ça ne fait qu’une semaine que je suis devenu garde-frontière.

Et pour être honnête, j’ai un peu peur de ne pas être à la hauteur. Protéger Nohr est depuis tout petit une véritable vocation. Et maintenant que j’y suis… Je me sens vraiment étrange. Comme si ma vie n’avait été qu’un acheminement pour que je devienne un chevalier.

Oui, j’ai décidé d’être un chevalier. Car leur armure est tellement puissante… Qu’en porter une est assez impressionnant. Ils sont lourds, mais fort. Et il en faut toujours dans une bonne armée.

Je m’assois sur une espèce de tabouret. Et maintenant, je dois attendre. Surveiller…

Une heure entière passe. Et rien ne se passe. Rien. Et du coup, je m’ennuie. Je m’ennuie à mourir.

Lorsqu’on m’a envoyé ici, tout le monde m’a prévenu qu’une rébellion était imminente. Que tout le monde voulait quitter Nohr. Que la rébellion était si bien organisée que le village est sans arrêt sur tension.

Mais en réalité… Soit on s’est fichu de moi, soit les rebelles sont vraiment bien cachés…

Les seuls choses que je vois sont des enfants joués, des femmes discutées, des marchands faire l’étalage de leurs produits… Rien de bien spécial, vraiment.

Je commence presque à m’assoupir…

Puis, j’entends un grand bruit. Presque une explosion. Je me relève en précipitation. Presque comme si je me réveillais.

J’empoigne ma lance, et court vers l’endroit d’où vient le bruit. Des tonnes de gens sont en train de jeter des pierres. De frapper des gardes. Et même de mettre le feu à certain bâtiments.

Bon sang… Ce sont les rebelles…

Ils sont menés par un homme. Un homme à l’air fort. Un homme qui semble vouloir défier n’importe qui.

Je suis presque terrifié. Mais je vois arriver de derrière moi plusieurs gardes du la ville foncer courageusement.

J’en vois un qui arrive vers moi. Il me voit, et me bouscule un peu.

-Mais qu’est-ce que tu fou ? Il me sort

-Je… Je commence

-Vite ! Viens nous aider !

Et il part se jeter dans la bataille. Je le regarde faire, puis réagi enfin. Je vais faire mon boulot ! Je serre ma lance, et fonce.

J’attaque le meneur. Personne ne cherchait à le défier. Il était bien trop fort… Il me voit arriver et ricane.

-Bah alors ? Un challenger ? Il provoque

-Tu… Tu vas mourir ! J’affirme

-HA ! Essaye un peu pour voir, pourriture Nohrienne !

Je fonce vers lui en criant. Il sourit sadiquement. Je vise avec ma lance.

Il se défend avec une épée improvisée. On se contre chacun à son tour. Personne n’arrive à prendre le dessus…

Du moins jusqu’à ce que je sente un énorme coup dans ma nuque. Les lâches… M’attaquer à deux…

Avant de sombrer dans l’inconscience, je ne pense qu’a une chose…

Ma propre faiblesse.

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Je me réveille. J’ignore ou je suis. Je suis encore à moitié endormi.

J’ouvre finalement des yeux. Tout est blanc autour de moi. Je suis… Dans une infirmerie ?

Je me relève. Oui, c’est bel et bien une infirmerie. Bien qu’il n’y a personne. Bon sang qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tout est flou dans ma tête…

Puis je me souviens. La bataille, l’homme, le coup…

Je retombe sur le lit de fortune. J’ai été tellement, tellement nul…

Je pose ma main sur mon front. Et je me frotte le cou. Il ne me fait plus mal du tout. J’ai été soigné… Alors que je n’avais rien fait de brave.

Je suis lamentable…

Je me lève. Je n’ai aucune blessure grave, de toute façon. Je vois ma lance plus loin, et la reprend. J’aime beaucoup l’avoir dans ma main. J’ignore pourquoi, mais… Elle me rassure.

Je sors de l’infirmerie. Il n’y a personne pour m’en empêcher. J’arrive dans les rues. Elles sont bien moins animées que la dernière fois que j’y étais…

D’ailleurs, depuis combien de temps je suis à l’infirmerie ? Depuis combien de temps est ce que la rébellion s’est fait étouffée ? Si elle s’est fait étouffée !

Je vois plus loin un autre chevalier de la garde. Assis exactement là où j’étais avant la rébellion. Je vais le voir. J’espère quelques explications…

-Oh, c’est toi… Il souffle

Il ne semble pas très heureux de me voir. Mais tant pis, je veux mes réponses. Je lui demande :

-Qu’est-ce qu’il s’est passé exactement, ici ?

-Quoi ? T’étais pas dans la bataille ?

Il sourit en coin. Puis je me souviens… C’était le garde qui m’a réveillé, durant la bataille… Il lance méchamment :

-Oh c’est vrai. Tu n’y étais pas très longtemps !

Je serre les poings. Mais il n’a pas tort. Je soupire.

-Répond moi, c’est tout ce que je te demande.

-Très bien ! Il sort

Il se redresse un peu, pour mieux m’expliquer. Il s’appuie sur sa propre lance.

« Alors… Pour faire simple, disons que les rebelles ont réussis à se réunir et qu’ils ont décidés d’attaquer. Il explique

-Hum hum ? J’insiste

-On a réussis à les calmer, mais au prix de nombreux blessés. Si les rebelles attaquaient à nouveau…

-Je vois… Et…

-Ca fait environ trois jours que tu dors. Il me coupe »

Quoi ? Trois jours ?

-Mais… Je commence

-Je t’ai répondu, fiche moi la paix, maintenant… Il ordonne

J’ouvre la bouche pour protester, mais non. Je vais partir sans attendre. Rester ici ne me servira à rien.

Je pars plus loin dans la rue. Mollement. J’ai été complètement inutile… C’était ma première bataille, et j’ai échoué lamentablement. Je ne suis peut-être pas fait pour être un garde, après tout…

J’erre dans la rue. Je regarde quelques personnes. Un enfant me jette un regard. Je lui souris. Et il part en courant.

C’est vrai qu’avec mon armure, ma lance, et mon air sinistre… Je dois vraiment faire peur…

Je soupire, et marche. Seul. Seul avec mes pensées. Mes pensées qui me hantent. Non mais sérieusement. Je suis pitoyable, mais flippant… Nul, et en même temps personne ne veut m’approcher parce que je suis trop imposant.

Mes pas me mènent vers la forêt. Sans même le remarquer, je me retrouve presque perdu.

Mais je m’en fiche complètement. Ici, je suis bien mieux. Personne pour me juger, personne pour me haïr… Non vraiment, c’est ici ou je me sens le mieux.

Je respire un peu. L’air me fait du bien. Je laisse ma lance tomber à côté de moi, et je m’assois sur une souche d’arbre.

Je ferme les yeux quelques instants. Puis je prends entre mes doigts une brindille. Je les plis. La déplie. La triture.

Puis, sans même m’en rendre compte, je cueille des brins d’herbe. Des pétales de fleurs. D’autres brindilles.

Et petit à petit, je créé quelque chose. Comme une espèce de pendentif.

Finalement, je le mets devant moi. J’en suis très fier, je l’avoue. Il y a un cercle de brindille, décoré de pétale. Et des brins d’herbes pendent doucement.

Ses brins d’herbes bougent doucement au gré du vent. Il est… Apaisant. Je le regarde encore un peu, et réalise quelque chose.

Je ne suis pas totalement nul, si je peux faire des pendentifs pareils… Ça n’a peut-être aucun rapport avec les combats, ou avec le métier de garde, mais…

Mais je suis capable de réaliser des choses. Et ça, ça me redonne confiance en mes capacités.

Je souris, et range mon pendentif dans mon armure. Il va rester avec moi.

Je me relève et prend ma lance. Maintenant que je vais mieux, je peux retourner dans la ville. Et même les regards des autres ne changeront pas mon état d’esprit.

Je rentre enfin dans la ville. Il n’y a pas de bruit. Pas de bruit ?

Je serre ma lance. Maintenant, je sais ce que signifie ce silence ! Je regarde partout autour de moi. Attentif au moindre bruit.

Et je l’entends. L’explosion. Celle qui fait commencer la rébellion. Je cours dans toute la ville. Cherchant les rebelles.

Ca y est ! Je les ai trouvés ! Ils sont dans la rue principale. Menez par un homme…

Le même homme qu’il y a trois jours.

Je regarde autour de moi. Il n’y a presque aucun garde. Ils sont tous encore blessés !

Je regarde mes adversaires. L’homme qui mènent me remarque, et sourit sadiquement.

-Tiens tiens… Te revoilà…

Je serre ma lance plus forte encore.

-Tu vas me le payer. J’affirme

Et sans attendre, je fonce vers lui. Mon armure lourde m’empêche de foncer à toute vitesse, mais elle me permet de contrer un coup qu’il préparait.

Je l’attaque avec ma lance. Je peux le battre ! Je le sais ! J’en suis capable, maintenant !

Je vise son torse. Rapidement. Aussi rapidement que le permet mon armure. Il est surpris. Il pense sans doute que je suis encore faible.

Je souris. Je le touche enfin près de cœur. Il ne survivra pas. Mais avant de tomber au sol, il vise mon visage.

J’arrive à esquiver. Mais pas totalement. Je me prends le coup au-dessus de l’œil droit. Je gémis un peu. Mais ce n’est pas grave. Car je l’ai tué. Il tombe au sol, inerte.

Leur chef étant battu, je vois les autres s’éparpiller. Prendre peur. Reculer.

Et sans attendre, je leur souris. Ils vont connaitre ma rage ! Je les attaque. Tous. Presque tous en même temps. Je frappe. Avec ma lance. Mais aussi avec mes propres poings.

Je me bats si sauvagement que tout le monde est surpris.

Je ne vois pas le temps passer. Et au final, je me tiens debout. Au milieu de dizaine de corps. Morts ou vivant.

Je me sens… Puissant. Bien plus puissant que n’importe qui. Et cette sensation est grisante. Je ne suis pas ravi d’avoir tué quelqu’un.

Mais je suis ravi de voir que je suis capable de me battre seul. D’être un très bon garde.

Je tourne la tête autour de moi. Il y a plein de gens. Et les gens… Sont admiratifs… Mais pourtant, il y a une autre émotion qui se ressent dans leur regard… Ils sont admiratifs de mon exploit…

Et terrifiés. Les deux à la fois. Mais je vais abstraction du deuxième point. Je me sens vraiment, vraiment très heureux. Même si mon sang coule encore, je me sens… Mieux que je ne l’ai jamais été. 

Je me souviens. Je porte ma main jusqu’à mon pendentif. Et le serre entre mes doigts. Le cachant des yeux des autres.

Oui, maintenant, j’en suis certain.

Je suis prêt pour devenir un véritable garde de Nohr.

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