Un personnage, une histoire

Chapitre 18 : Effie : Devenir vassale

2445 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/04/2018 12:40

CRAC.

Un nouveau craquement. Le tronc d’arbre auparavant intact tombe au sol. Rejoignant les cinq autres. Cinq ? Plutôt six autres !

Je secoue un peu ma main, légèrement rougie. Je souffle dessus. Soupire. Essoufflée.

Puis, je m’assois sur une buche. Je souris. Il y a encore un instant, il y avait un immense arbre ici. Maintenant…

Je regarde une des moitiés de tronc. Elle roule vers moi. Je la prends entre mes mains, le soulevant.

Je serre le tronc entre mes mains. Le serre, encore et encore, tremblant des mains. Je sens une goutte perler sur mon front. Je serre de plus en plus fort… Je serre les dents…

Le tronc craque. De plus en plus. Je force encore. Le tronc craque encore. Laissant mes mains se rapprocher.

Je force… Je peux… Le… Faire !

CRRRRRRRAC !!!

Je sursaute. Le tronc explose presque entre mes mains. De nombreux morceaux voltigent dans l’air avant de retomber au sol.

Je commence un rire. Je l’ai fait ! Je deviens vraiment de plus en plus forte !

Pourquoi cette quête de force, c’est simplement parce que…

Je n’arrive pas à réfléchir. Cet entrainement me donne vraiment faim.

Je me lève, et vais un peu plus loin. Ou est-ce que je l’ai laissé…

Là ! Je prends un sac. Mon déjeuner !

Oui, je prends souvent un déjeuner pour mes entrainements. Il est en général tellement épuisant que j’ai besoin de manger pour combler le manque !

J’ouvre le sac, et en sort les trois choux, les quatre steaks, les sept bouteilles de lait, les huit pains… Et les cinq brioches bien sûr ! Il faut bien quelque chose de sucré pour faire passer tout ça !

Comment ça je mange trop ? Mais enfin ! Avec toute l’énergie que je brule avec mon entrainement, il faut bien que je reprenne des forces !

Alors… Ah oui ! Pourquoi je m’entraine ! C’est très simple, c’est pour retrouver ma meilleure amie, Elise…

Ah mais oui ! Je ne vous ais même pas dit mon nom ! Quelle tête de linotte je fais… En même temps, avec Elise et mon entrainement, il y a peu de choses que je peux encore retenir.

Je m’appelle Effie. Je ne suis pas de la royauté, je ne suis pas un chevalier, non. Je suis née dans les souterrains de la capitale Nohrienne.

Je soupire. Souriante. Mélancolique. C’est dans ces mêmes souterrains que j’ai rencontrée, il y a une année environ, Elise. Et c’est la meilleure chose qui me soit jamais arrivé.

Elise est la dernière princesse de Nohr. Elle est gentille, douce, pense toujours aux autres… Elle est la plus aimée et la plus aimante des quatre enfants du roi.

Il parait que sa bonne humeur est telle que n’importe qui venais la voir en pleur repartirais avec le sourire. Tout le monde l’aimait.

Un jour, elle est sortie du palais pour se promener, profiter… Je ne sais pas exactement. Elle avait l’habitude de porter une longue cape qui lui cachait le visage, pour ne pas se faire reconnaitre. Si elle se faisait reconnaitre… Elle aurait des problèmes avec son père.

Et c’est là que je l’ai rencontrée.

Elle est venue me voir alors que je travaillais pour mes parents… Elle m’a posée plein de questions, et au fil du temps, nous sommes devenues amies.

Je souris en me souvenant de ces bons souvenirs. On s’amusait, on riait, on était… Inséparables.

Mais un jour… Elise a sans le faire exprès attirée l’attention des gardes. Les gardes sont en général très cruels… Et Elise savait que si elle ne révélait pas sa véritable identité, elle et moi aurions de très, très graves problèmes.

Alors, pour que je n’aie aucun risque… Elle a décidée d’enlever sa cape, et de révéler son identité. Elle est ensuite partie avec les gardes.

Le dernier regard qu’elle m’a lancé… Voulait clairement dire qu’elle ne pourrait plus jamais me voir comme avant. C’était un regard de pardon. De tristesse intense. De capitulation.

J’ai beaucoup pleurée ce jour-là. Je venais de perdre ma meilleure et unique amie. En fait, je venais de tout perdre.

Ma vie avant elle était fade. Avec elle, elle devenait merveilleuse. A sa perte, j’avais l’impression que le monde était noir.

Plusieurs jours après cette lourde perte, je relevais la tête. J’avais trouvé une idée…

Pour retrouver Elise… Il me suffisait d’intégrer la cour !

Et à partir de là, tout a changé pour moi. Comment intégrer la cour ? Comment retrouver Elise ? Je ne suis pas une noble. Alors je ne pourrais jamais la rejoindre ainsi.

Puis, j’ai eu une illumination. Et si je devenais… Sa vassale ?

Camilla, et Xander, ses ainés, on des vassaux tous les deux ! Alors… Elise devra forcément en avoir un ! Et si… C’était moi ?

Cette réflexion a été une véritable révélation. J’avais désormais un objectif dans ma vie.

Et depuis ce jour, je m’entraine sans relâche pour devenir plus forte, et enfin revoir Elise.

Je finis ma dernière brioche. Fin de la pause ! Il faut retourner à l’entrainement !

Je me relève. Je m’entraine dans une forêt. Pourquoi une forêt ? Car c’est tranquille, et en plus, il y a beaucoup d’arbre.

J’aime bien les arbres… Car ils sont solides. Et donc, je peux m’entrainer à les briser. En général… Je demande aux paysans du coin de ne pas couper d’arbre, car je leur en fournis une dizaine chaque jour !

Et après je me demande pourquoi j’ai tant d’amis ruraux…

Vous pouvez vous demander pourquoi il y a autant d’arbres dans une ville… Mais c’est uniquement que, après que j’ai décidée de m’entrainer, je cherchais un lieu où je pourrais faire un peu tout ce qu’il me passe par la tête.

Et après mûre réflexion, j’ai jeté mon courroux sur la forêt. Pleine d’arbres (ce qui est logique pour une forêt me direz-vous…), assez tranquille, seule… Et il y en a une pas très loin de la capitale.

Ma décision était irréfutable. Le lendemain, je partis vers la forêt. Un au revoir à la famille était suffisant. Je suis partie sans aucun regret.

Et maintenant, je suis là. Dans cette forêt. A coupée des arbres.

Enfin bref, il faut que je m’entraine !

Je fais craquer mes épaules. Et c’est reparti !

J’abats brusquement ma main sur un tronc. Il craque. Je continue à le frapper. Le tronc craque de plus en plus, jusqu’à s’effondrer complètement.

Dans sa chute, il entraine un autre arbre. Puis un autre. Et cette réaction en chaine se termine avec la chute d’un arbre juste devant moi.

Je le vois me tomber dessus. J’ouvre les mains. Prend mes prises sur le sol. Et lorsque l’arbre est à ma portée, je tends mes bras en avant. Paumes ouvertes.

L’arbre atterri entre mes mains. Je plie un peu. Je force. Et Je crie avant de renvoyer l’arbre au loin. Il tombe au sol en un énorme fracas.

Je m’époussette les mains, pleines des morceaux d’écorces tombés au combat. Je regarde l’arbre au sol. Il est abimé à de très nombreux endroits.

Je suis fière de moi. Il y a encore quelques mois, je n’aurais même pas tenté de rattraper cet arbre. Je ne l’aurais même pas brisé !

Je souris, et rit un peu. Je me tourne vers les autres arbres. Allez ! J’ai encore du…

Crac.

J’entends clairement un bruit de brindille qui se brise derrière moi. Je me retourne, intriguée. Un autre crac se fait entendre.

Je pars en direction de la provenance du bruit. Quelqu’un qui vient par ici… C’est très rare pour être remarquable.

J’arrive rapidement dans une espèce de clairière. Je regarde plus précisément. Les bruits deviennent de plus en plus forts.

Je lève la tête, et me cache derrière un arbre. J’attends à peine quelques secondes avant de voir arriver un jeune garçon, tenant un sac rempli de pièces d’or.

Il trébuche sur un bout de branche. Il tombe brusquement au sol. Gémissant.

Je risque un coup d’œil. J’entends d’autres personnes arriver. Ce sont… Des soldats ?

Oui ! Des soldats Nohriens ! Que font-ils aussi loin de la capitale ? Normalement, dans des coins aussi reculés, il n’y a aucune garde, ni aucun soldat !

Soudain, je regarde le jeune. Il a l’air complètement épuisé et paniqué. Il se retourne, regardant les gardes.

-Pitié… Ils… Il souffle

-Silence, crétin ! Crie un des gardes.

Ce même garde, qui semble être le chef, sourit, pointant son javelot vers l’enfant. Il le jette en un geste précis. L’enfant se protège comme il peut avec ses bras…

Non. Il est en position de faiblesse. Je ne peux pas le laisser comme ça. C’est injuste, et inutile.

En quelques secondes, je me mets devant lui. Il ne remarque même pas ma présence. J’ai confiance en ma force…

Je tends le bras, m’apprête à recevoir le javelot… Il est à ma portée. J’abats ma main, et attrape le javelot par le manche. La pointe est juste devant mon visage. Je ne tremble même pas.

Je baisse le javelot, et me tourne vers l’enfant. Il est… Entre impressionné, et apeuré.

-Part maintenant. Je lui ordonne

Il me suffit d’un regard pour que l’enfant ne s’enfuît en courant, prenant avec lui le sac. J’entends un bref merci de sa part. Mais il est déjà trop loin.

Je me tourne maintenant vers les soldats. Ils semblent furieux. Et à la fois paniqués.

Puis, celui qui a précédemment lancé le javelot semble se ressaisir. Il crie :

-DIT DONC ESPECE DE PAUVRE PAYSANNE !!! POURQUOI TU AS LAISSEE CE SALE PETIT VOLEUR S’ENFUIR ???

Je souffle. Extrêmement calme. Si calme que le garde se met encore plus en colère.

-Il était en position de faiblesse. Vous étiez un groupe. C’était injuste et faible. Je justifie

Je le regarde dans les yeux. Le garde semble encore plus furieux, mais je m’en fiche. Je serre le javelot dans ma main. Le regarde un peu.

-C’est vraiment de la bonne qualité… Je souffle

C’est la goutte d’eau d’insolence qui fait déborder le vase de la patience du chef des gardes.

-ESPECE DE… TU VAS VOIR CE QUE TU VAS VOIR !!! Il hurle

Il me fonce dessus. Encore plus enragé. Je soupire… Je lui ai fait perdre un mois de salaire ou quoi ?

Même si ce gosse était un voleur… C’était un gosse. Rien de plus.

Il arrive à mon niveau, et tente de me frapper. J’esquive sans mal. Il s’énerve encore et ordonne aux autres de m’attaquer à leur tour.

Ils arrivent tous. Bien. Ce sera bref. Alors qu’ils arrivent, une idée me vient à l’esprit. Et si…

Le premier est à mon niveau. Je vise avec le javelot. Il ne s’y attend pas. Je le fais tomber sans grande difficulté. Un autre arrive derrière moi. Je profite du la lame double du javelot. Je le frappe en donnant un coup en arrière.

Un nouveau soldat arrive sur le côté. Je le frappe avec mes poings. Un autre vient de l’autre côté. Je lui envoie un coup de javelot dans le visage.

Et encore et encore. Je les frappe. Je les bats. Dans l’ivresse de la bataille, je ne remarque même pas que les gardes partent les uns après les autres. Et au final, je jette le javelot par terre. Soufflante. Les gardes sont tous partis.

Certains on hurlés que j’étais folle. D’autre que j’étais invincible. Je ne les écoutais pas. J’ai réussie à tous les repousser. Et j’en suis fière.

Je regarde le javelot au sol… Me battre avec était si plaisant… Je pense que… Si je devais devenir une vassale d’Elise, je serais…

Je reprends la lance. La regarde fixement. C’est décidé. Je serais chevalier.

Les chevaliers, en plus de posséder une armure lourde et puissante, peuvent utiliser des lances… Et donc des javelots.

Ravie de ma nouvelle trouvaille, je repars plus loin. Je n’ai pas encore finis mon entrainement…

Même si le combat d’aujourd’hui était fort enrichissant, il ne faut pas que je baisse le rythme.

Et un jour, sans doute, je deviendrais vassale d’Elise.

Elise… Ma chère amie… Ce n’est qu’une question de temps. Patience.

J’arrive.

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« Effie, chevalier de Nohr, je vous sacre officiellement vassale de ma dernière fille, Elise.

-C’est un honneur pour moi, monseigneur.

-EFFIE !!! Tu es ma vassale ! C’est génial, c’est génial, c’es…

-Elise, un peu de retenue.

-Oh… Oui, père…

-Toutes les deux, vous pouvez disposer.

-Pfiou… C’est fait…

-Oh Effie si tu savais comme je suis heureuse de te revoir ! Je ne pensais vraiment pas…

-Je ferais n’importe quoi pour vous, Dame Elise.

-Dame… Ah oui, tu es ma vassale, maintenant... Ça va être compliqué de te… Vous vouvoyez au début !

-Alors… Pourquoi on ne se tutoierait pas ?

-Oui ! Tu as raison ! Mais… Comment as tu fais pour…

-Je me suis entrainée, depuis votre départ… Et maintenant je suis de retour !

-Et rien ne me rend plus heureuse !

-Moi non plus, rien ne me rend plus heureuse !

-A nos retrouvailles, Effie !

-A nos retrouvailles, Elise ! »

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Joyeux Anniversaire, Effie !

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