Un personnage, une histoire

Chapitre 27 : Siegbert : Futur roi

2769 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/05/2018 15:09

Je marche dans le château du plan astral. Il n’y a aucun bruit. Il règne un silence de mort. Enfin, pas tout à fait… En réalité, seuls mes propres bruits de pas empêchent la folie du silence.

Pourquoi une telle inactivité ? Je l’ignore complètement. Normalement, ce château est si animé que j’ai du mal à me déplacer…

Peut-être que c’est parce que Corrin est partie voir ses fils. Et que Silas est parti voir sa fille. Et qu’à peu près tout le monde est parti…

A vrai dire, il ne reste au château que Jakob, Azura, et mon père, Xander. Le futur roi de Nohr.

Ce qui fait de moi le premier prince de ce royaume au trône sombre et corrompu.

Je me nomme Siegbert. Premier prince de Nohr, fils de Xander et paladin de l’armée de Corrin. Je suis nommé d’après l’épée de mon père, Siegfried. Epée que je suis d’ailleurs destiné à manier, après mon père…

En parlant de mon père, je dois le rejoindre pour m’entrainer. Il veut constater par lui-même mes progrès à l’épée. Il aimerait savoir si je suis près à manier Siegfried ou non...

Je ne pense pas être prêt. Je suis encore si faible, si fragile, si incompétent par rapport à mon père !

Je secoue la tête. Il faut que j’arrête de voir tout en noir comme ça. Je ne suis pas bon, mais je peux encore m’améliorer…

C’est mon seul espoir de devenir un bon roi.

-C’est Siegbert, pas vrai ?

Je relève la tête. Deux gardes me regardent, et parlent de moi. Ils croient sans doute que je ne les entends pas. Mais je sais quand on parle de moi. Je le sais toujours. Au plus profond de mon âme.

-Oui, le fils de Xander…

-Il est si jeune ! Qu’est-ce qu’il fait ici ?

Je me fige. Ils parlent, au loin. Si loin qu’on pourrait penser que je ne les entends absolument pas. Mais même sans les entendre, je sais ce qu’ils disent à propos de moi.

Maintenant, j’ai l’habitude. Je sais très bien de quoi ils parlent.

-Son père a dit qu’il pourrait venir ici…

-Mais il ne survivra pas en temps de guerre !

-Je suis d’accord. Il est beaucoup trop faible.

Je crois que je tremble un peu. Puis, je secoue la tête, et passe mon chemin. Je ne peux plus écouter ce qu’ils disent... Ils ne se retournent même pas pour me voir parler.

Je marche rapidement vers la salle d’entrainement. Je ne vois même pas ou je vais. Je dois juste… Je dois penser à autre chose… Je dois…

-Siegbert ! Tu es enfin arrivé !

Je relève la tête. Et soupire de soulagement. C’est juste mon père. Je regarde autour de moi. C’est la salle d’entrainement… Juste, la salle d’entrainement.

-Tu vas bien ? Me demande père

Je le regarde. Je dois faire un regard assez confus, je suppose… Mais en même temps, comment j’ai fait pour arriver ici, déjà ?

Enfin, on n’en est plus là… Je souris, et fait à mon père :

-Désolé de mon retard, père. Mais maintenant je suis là.

Il hoche la tête, et prends deux épées en fer. Il m’en tend une, il garde l’autre. Il se met en garde.

-Tu es prêt, fils ? Il demande

Je serre mon épée et le regarde dans les yeux.

-Prêt, père.

Il sourit.

-Je te laisse le premier coup !

J’inspire. Expire. Bouge mes doigts. Ouvre les yeux. Lance un défi du regard. La préparation est très importante dans un duel…

-C’est parti. Je fais pour moi-même

Je fonce vers lui en criant. Il sourit. Se défend avec son épée. J’attaque. Encore. Et encore. Il esquive. Me touche les côtes. Je contre-attaque. Le touche au ventre.

Heureusement qu’on a une fine armure en permanence… Elle nous protège lors de l’entrainement et aussi en cas d’embuscade. Ces ombres  sont si imprévisibles…

Je me déconcentre un instant. Père essaie de me désarmer. Il prend de l’élan. J’esquive par miracle. Contre-attaque. Il retente. J’esquive…

On continue encore à se frapper dessus longtemps. Il est plus rapide. Plus fort. Plus talentueux. Il… Il est tout simplement trop fort pour moi. Même si j’arrive à esquiver certains coups, la fatigue prend le dessus.

Au bout d’une heure. Non, plus peut être… Enfin. On s’arrête de combattre. Essoufflé, je lâche mon épée au sol. J’ai échoué… Encore…

-Tu as fait des progrès, Siegbert. Affirme père

Ah oui ? Vraiment ? Je soupire. Je sais très bien que c’est faux… Mon père me dit sans doute ça pour me faire plaisir.

-La preuve, je viens de perdre… Je soupire

-Comment ?

Il me lance un regard interrogatif. Ne comprenant pas (ou ne voulant pas comprendre) ou je veux en venir.

-Vous êtes toujours plus fort que moi, père. C’est un fait irrévocable. Je souffle

Il soupire, s’approche de moi, et met sa main sur mon épaule.

-Qu’est-ce qu’il ne va pas, Siegbert. Demande père

Je repousse sa main. Soupire.

-Ce n’est rien, père.

-Siegbert, je n’aime pas que tu…

-Je ne pourrais juste jamais vous rattraper. C’est tout. Je coupe

Je me sépare de lui, et part plus loin.

-Siegbert ? Commence père

-Je retourne à mes appartements, père.

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre avant de partir. Je suis si fatigué, d’un coup…

Je marche seul dans le château vide. Si vide…

Je respire de plus en plus fort, sans même m’en rendre compte. J’ai besoin d’air… Besoin d’être seul… Maintenant…

Je me mets presque à courir. Je ne veux plus du regard des autres ! Je n’en peux plus de toute cette pression !

Tous les jours, je dois faire abstraction de mes loisirs. De ce qui me plait. Tout ça pour être digne d’être un jour le roi de Nohr ! De porter Siegfried !

Je ne sais pas si vous le savez, mais… Même en étant dans les Terres Oubliées, je devais faire attention à mon étiquette. A mes manières. A ma force de combat…

A chaque fois que je vois le regard d’un autre, je ne peux m’empêcher de me rappeler que je dois être digne de mon père. Même si je sais que je ne serais jamais aussi fort que lui…

C’est mon héros, et à la fois, je ne peux pas le regarder sans me rappeler de ma propre impuissance.

Je crois que je lâche une larme. Non ! Je ne peux pas pleurer ici ! C’est faible ! Est-ce que le roi Xander est aussi fragile ?

J’arrive enfin dans ma chambre. Je m’enferme et m’assois sur le lit. Je respire fortement. Au moins, personne ne peut me déranger, ici…

Je lève les yeux au ciel. Sagesse, talent, et une foi inébranlable… Ce sont les trois qualités les plus importantes pour devenir roi. Mon père en est un exemple parfait…

Moi, un contre-exemple indiscutable.

Peu importe ce qu’on peut me dire, je sais que c’est vrai.

Enfin… Je ne vais pas continuer à me morfondre comme ça, ça ne sert à rien… Je vais plutôt continuer mon livre, ça sera utile…

Un livre sur quoi ? Sur les stratégies guerrières de mes ancêtres. Tous roi doit le lire au moins une fois. Même Corrin l’a lu !

Je l’ouvre, et commence à lire. Rien de bien intéressant pour vous… Juste des stratégies, des héros de jadis… Nohriens comme Hoshidiens, d’ailleurs. Même Izumiens ou Nestrian !

Je continu à lire pendant longtemps. Très longtemps. Ça m’empêche de penser à autre chose…

… Jusqu’à ce qu’un énorme bruit me tire de cette rêverie.

Je relève la tête, surpris. C’est un garde, qui vient de complètement brisé la porte de ma chambre…

La surprise passée, je remarque aussi qu’il a l’air blessé. Un peu partout, il présente des coupures, et autres blessures inoffensives.

Je pose mon livre sur le lit, et lui demande :

-Que se passe-t-il ?

Essoufflé, il ne me répond qu’assez tard.

-On… S’est fait… Attaquer… Ombres…  Il commence

Je me fige quelques secondes. Surpris.

-Des ombres ? Ou ça ? J’insiste

-Mission… Shiro… Souffle le soldat

Je me fige. Oh non…

Shiro est l’héritier d’Hoshido, et le fils de Ryoma (le roi d’Hoshido lorsque la guerre sera finie.) Il est très têtu, très inconscient, très gamin…

Mais le plus important, Shiro est mon meilleur ami, ici. Il me fait toujours retrouver le sourire. Son caractère est tellement mon opposé qu’il me fait sans arrêt rire. Même sans le vouloir.

Là, il était parti en mission avec quelques soldats, pour partir en repérage… L’inconnu nous attend dans cette quête, et Shiro veut vraiment se rendre utile.

Il a voulu se rendre avec seulement quelques soldats dans l’inconnu. Son ego surdimensionné lui fait penser qu’il se débrouille mieux seul. Seulement après une obligation de son père, il a pris quelques soldats.

Mais là… Ce serait un de ses soldats, qui est devant moi ?

-Ou est Shiro !!! Je crie

-Vallée… De pierre… Il souffle

La Vallée de pierre… Super…

C’est un endroit dont a inventé le nom. Un lieu dans l’inconnu.

Sans attendre, j’empoigne une épée (un roi doit toujours être prévoyant) et court rejoindre Shiro. Je cours si vite qu’en un instant, je me retrouve hors du plan astral, et dans la vallée de pierre de Valla.

… Oui maintenant je peux prononcer son nom. Cherchez pas, c’est à cause d’une malédiction.

-SHIRO !!!! Je crie

J’appelle de toutes mes forces, cherchant n’importe quel endroit où ce têtu héritier pourrait se cacher.

-SHIROOOOO !!!!

-SIEG !!! JE SUIS LA !!!

Je me fige quelques secondes. C’est lui ! Je cours dans la direction d’où venait la voix. C’est pas vrai, ou est ce qu’il s’est…

LA !!! TROUVE !!!

Il est entouré de plusieurs ombres malfaisantes… indescriptibles. Mais une chose se démarque clairement.

Ils manient tous des haches.

Et les lances… N’aiment pas beaucoup les haches. Et Shiro aime les lances. Oui, vous voyez le problème.

Il semble vraiment en mauvaise posture… L’armure presque entièrement brisée, des blessures saignantes çà et là… Sans oublier que son arme est presque complètement rouillée des coups de hache.

J’abats une ombre avant de le rejoindre. Il pousse un cri de douleur torturé avant de disparaitre. Shiro me remarque enfin, et se tourne vers moi en souriant :

-Merci d’être là, Sieg…

Il ne parle même plus avec son air enjoué. Il doit vraiment être mal en point…

Je vois plus loin d’autres ennemis arriver. Je soupire :

-Dans quel pétrin tu nous as encore fourrés…

-Je te jure que je n’ai pas fait exprès. Affirme Shiro

-Encore heureux !

Je resserre mon épée entre mes doigts.

-C’est parti !

On fonce tous les deux dans des directions opposées. Criant pour se donner du courage.

J’attaque devant moi. Deux combattants. En un coup d’épée, ils sont à terre. Un coup en arrière. Un autre meurt.

J’attaque autour de moi. Ils arrivent sans fin ! Devant. Derrière. A droite. A gauche. A nouveau devant. Derrière…

Pendant des minutes semblant durer des heures, je contre-attaque. Des corps disparaissent. Des cris retentissent.

Mais je fatigue. Me blesse. Un ennemi me touche au visage. J’arrive à l’abattre.

Je souffle. Recule. Me retrouve dos à dos avec Shiro. Epuisé lui aussi.

-On en a plus pour très longtemps… J’affirme

-T’as pas amené plus de renforts ? Il demande

-Non ! J’ai accouru dès que j’ai su que tu étais en danger !

-Pour une fois Sieg, je dois avouer que tu aurais dû prendre ton temps…

Une ombre grogne.

-On se disputera plus tard ! Je coupe

Je l’attaque. Elle meurt. Mais… A ce rythme, je vais bientôt ne plus pouvoir me battre… Je suis épuisé…

-AAAAAAAH !!!!

Je relève la tête. Et vois…

Des éclairs ! C’est Raijinto ! L’épée de Ryoma !

Je retrouve espoir. Et attaque de plus belle. Je vois d’un coup surgir de derrière moi un Ryoma très en colère.

Il abat les ennemis comme s’ils n’étaient que des insectes. Il est tellement fort…

Mais une ombre surgit derrière les éclairs. Et cette ombre est bien connue…

C’est l’ombre de Siegfried.

Père apparait derrière Ryoma. Tous deux se battent avec une coordination inouïe. Ils ont dû passer tant de temps à apprendre les techniques de l’autre…

J’arrête complétement de me battre. Je les regarde juste faire. Et Shiro fait de même. Après tout, qu’est-ce qu’on peut faire de plus ?

Au bout d’un moment, les ennemis restant s’enfuient. Il ne reste plus personne, excepté Shiro, moi, et nos pères.

-Pfiou ! Vous êtes arrivés à temps ! Affirme Shiro

Il jette presque son arme sur le sol.

-Une minute de plus et j’étais cuit !

-Shiro, combien de fois je t’ai dit de ne pas partir avec si peu de soldats à Valla ! Tu aurais pu… Commence Ryoma

-Mais je ne suis pas mort ! Coupe Shiro

Il pose son bras sur mon épaule, et affiche un grand sourire. Je soupire. C’est comme à son habitude, quoi…

-Grace à Sieg ! C’est lui qui est venu en premier !

-Quoi ?

Je détourne le regard.

-J’ai juste eu un réflexe. Je ne pouvais pas te laisser faire tuer par toutes ces ombres… J’affirme

-Justement ! Heureusement que tu as un esprit héroïque ! Continu Shiro

-Pfff… Tu dis n’importe quoi, je n’ai fait qu’obéir à mon devoir.

-Et c’est ce qui fera de toi un grand roi.

Je me redresse. Père me sourit. Un sourire si rassurant… Et surtout…

Si fier.

-Je suis d’accord avec mon homologue Nohrien, Siegbert. Acquiesce Ryoma. Toi au moins, tu ne choisis pas une arme en te baisant sur les faiblesses de ton propre père…

En disant ça, Ryoma lance un regard meurtrier à Shiro, qui lève les yeux au ciel. C’est vrai que Shiro a choisi les lances car elles sont efficaces sur les épées…

Enfin… Même si héritier aussi têtu ne peux pas être encore digne de manier une arme légendaire !

-Enfin ! Je suis vraiment content que Sieg soit arrivé à temps !

-Heureusement qu’il était là, il vous a permis de gagner du temps.

Je me sens un peu rougir, je dois l’avouer… Mais tous ces compliments me font tellement plaisir…

-Je suis fier de toi, Siegbert. Affirme père

Je relève la tête. Père sait que je suis faible à ce sujet… Il exagère surement la chose…

Mais vous savez quoi ? A ce moment présent, je m’en fiche complètement.

-Tu feras un grand roi.

Je savoure juste les compliments… Pour une fois que j’en ai qui me semble vraiment honnête…

Je ne vais pas laisser passer ça. Et en plus…

Je sais qu’un roi doit parfois accepter les compliments.

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Joyeux Anniversaire, Siegbert !

(Si vous saviez comme c’était dur de ne pas faire des sous-entendus de Shiro X Siegbert dans cet OS… Vous vous en fichez ? Et bah tant pis.)

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