Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 19 : Les liens du sang

1805 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/11/2020 20:36

William jeta un coup d'œil dans le rétroviseur. La tête de sa fille pendait lentement sur son torse alors qu'elle serrait une peluche à l'effigie de Foxy contre elle. La nuit avait été courte et l'hôtel moins confortable que prévu. Lui-même avait de grandes poches sous les yeux, épuisé par le voyage de la veille et la simple pensée de l'épreuve à venir. La voiture d'un violet pimpant, cadeau du garage en attendant la réparation de la sienne, se gara au pied d'un immense bâtiment tout en verre. Ils étaient enfin arrivés au tribunal. Dans quelques heures, il serait divorcé.


Il se tourna vers sa fille qui ne s'était rendu compte de rien. Il devait s'accrocher à l'espoir que Maggie ne demanderait pas sa garde. Il n'était pas certain de savoir ce qu'il ferait dans le cas contraire. Il misait tout sur sa capacité à se tirer des pires situations. Il passa une main sur le visage d'Elisabeth pour dégager les mèches rousses qui lui tombaient devant les yeux. Elle poussa un grognement et essaya de retirer sa main, avant de finalement ouvrir des yeux fatigués.


"On est arrivé, s'excusa-t-il. Il nous reste une heure pour aller prendre un petit-déjeuner. Ca te dit ?"


Elle approuva d'un petit hochement de tête. William descendit de la voiture et attendit qu'elle le rejoigne. Il regarda autour de lui, à la recherche d'un café ou d'une boulangerie. Au coin de la rue, ils tombèrent sur un salon de thé. Ils s'installèrent tous les deux à une table et commencèrent à regarder la carte, avant de commander : un café noir et deux croissants pour le père, un chocolat chaud et des pancakes pour la fille. Elisabeth entama les crêpes avec un enthousiasme forcé. Elle cherchait à lui remonter le moral, il pouvait le lire dans ses yeux.


L'esprit un peu plus léger, ils se dirigèrent ensuite vers le tribunal. L'audience débuterait bientôt et William devait encore s'entretenir avec l'avocat avant la séance. Ce dernier les accueillit à l'entrée, le visage neutre, et leur serra doucement la main. Il les accompagna dans son bureau et leur expliqua une nouvelle fois comment allait se dérouler la procédure, et en particulier sur le point qui inquiétait William, la garde de sa fille. Etant donné qu'elle était encore jeune, elle n'avait pas encore le droit de choisir avec quel parent elle voulait vivre. Mais les circonstances atténuantes, en particulier celles liées à la mort de son frère et le traumatisme engendré, faisait pencher la balance dans son camp. En tout cas, si elle ne l'attaquait pas sur ce qui avait engendré la disparition tragique de son fils.


William eut juste le temps d'offrir un chocolat chaud à Elisabeth avant que l'on ne les convoque à la Cour. La petite fille lui lança un regard nerveux. Il la rassura en lui tenant la main tout le long que dura leur trajet dans le couloir. La pièce était silencieuse et vide. Seule Maggie se trouvait déjà là, sur le banc adverse, visage fermé et lèvres pincées. Michael se tenait à côté d'elle. L'adolescent avait beaucoup changé. Ses joues étaient plus creuses, il flottait dans ses vêtements. Ses yeux étaient rouges et de grandes cernes couvraient le dessous de ses yeux. William serra discrètement les poings, mal à l'aise. Elisabeth posa une main sur sa cuisse. Il lui sourit timidement.


L'audience passa rapidement. Ils partagèrent les biens plus ou moins équitablement, Maggie vivant chez sa mère préférant lui laisser la plupart des meubles. Elle demanda une pension pour Michael, que William approuva d'un signe de tête. Puis vint le moment fatidique et la question qu'il craignait plus que tout.


"Qu'en sera-t-il de la garde de vos enfants ? demanda le juge. Madame ?

— Je demande la garde de mon fils, répondit-elle sereinement. Pour Elisabeth, je lui laisse le choix de décider."


Un poids énorme se relâcha de la poitrine de William. Il la remercia à voix basse, elle se contenta de l'ignorer. Le juge tourna un regard interrogatif vers la petite fille qui répondit avec enthousiasme vouloir rester avec lui. Sa mère obtint toutefois un droit de visite régulier, un week-end sur deux et une partie des vacances scolaires, ce à quoi William ne trouva rien à redire. Ils signèrent ensuite les papiers de divorce et leurs chemins se séparèrent, tout simplement. Elisabeth insista néanmoins pour rester un peu après l'audience pour discuter avec sa maman. William la laissa faire, mais refusa pour sa part de voir Michael. A sa simple vue, son estomac s'était tordu de colère. Il se sentait capable de pardonner, mais pas maintenant. Pas aujourd'hui.


L'heure du départ sonna enfin et libéra William de toute cette histoire pour de bon. Maggie lui rendit Elisabeth sans un mot avant de s'en aller, un sourire triste plaqué sur le visage. La petite fille prit la main de son père et lui sourit gentiment.


"Maman m'a demandé de m'occuper de toi, dit-elle fièrement. Elle dit que tu n'as pas assez mangé et que tu as l'air d'un chien des rues.

— Oh, elle a dit ça ? rit William."


Elle n'avait pas tort, songea-t-il tristement. Passer au-delà de tout ça serait long et complexe. Le père se dirigea vers la sortie. Ils ne rentreraient que le lendemain matin, après une nouvelle nuit à l'hôtel. Il avait donc tout l'après-midi devant lui. 


"Dis, étant donné que nous sommes juste à côté, passer l'après-midi à Disneyland, ça t'intéresserais ?"


La petite laissa éclater sa joie en levant les deux bras en l'air. De toute évidence, oui. Ils remontèrent tous les deux dans la voiture et se mirent en route vers le parc d'attraction, sourire aux lèvres.


********


Alors que la nuit tombait sur le Colorado, dans la pizzeria, Charlie enrageait. Cela faisait deux fois. Deux fois qu'il lui échappait et disparaissait dans la nature sans qu'elle n'ait une chance de le confronter. Son père était un couard, un monstre, un hypocrite et un menteur. Et depuis sa forme robotique, elle ne pouvait rien y faire.


George, le regard vide, la regardait s'agiter sans réagir. Il ne réalisait pas tout à fait sa condition encore, ni ce qu'elle impliquait. Il s'accrochait à la Marionnette car elle était la seule chose qu'il lui restait de pas complètement fou. Les deux enfants avaient fini par se lier d'amitié, rapprochés par leur tragique passé et leurs expériences similaires. Mais si jouer les fantômes semblait plaire à la petite fille, lui commençait à trouver le temps long et ennuyeux. Observer son père et sa soeur toute la journée sans jamais pouvoir leur parler ou les touche l'avait plongé dans un état végétatif. Il suivait sa nouvelle amie, mais la laissait tout diriger et n'intervenait qu'en de rares occasions. Il n'arrivait à pas à aller de l'avant et laisser sa vie derrière comme elle le lui avait conseillé.


"On ne peut pas le laisser faire, s'énerva la petite fille. On doit intervenir, le forcer à arrêter ses activités. Mais comment faire ? Ton père ne nous voit pas et... Enfin, il est aussi coupable que lui.

— Et si on le... tuait ? proposa Georges d'une petite voix. Il ne pourra plus faire de mal à personne s'il nous ressemble. On ne sait même pas s'il va rester coincé ici."


Charlie bloqua net et se tourna vers lui comme si c'était l'idée la plus stupide qu'elle n'avait jamais entendu. Elle s'approcha de l'enfant et le regarda droit dans les yeux, pour y chercher quelque chose qui échappait totalement à son interlocuteur. Elle finit par soupirer et recula pour aller s'isoler près de la fenêtre de leur prison.


"Non, dit-elle d'une voix triste. Ce serait s'abaisser à son niveau. Et puis, s'il... S'il devient comme nous, je ne pense pas que je serais capable de le supporter. Pas pour l'éternité.

— Peut-être aussi que c'est parce qu'il est là que nous sommes coincés ici. Tu ne crois pas qu'il est possible de partir... ailleurs ? Dans un meilleur endroit ? Et si tout était simplement de sa faute et que l'éliminer permettrait d'enfin trouver le repos. Je ne veux pas plus tuer que toi, mais je ne me vois pas non plus passer l'éternité dans cette pizzeria moisie. Et puis, si on ne l'arrête pas, combien d'autres enfants risquent de devenir comme nous ? 

— Je... Je ne sais pas. Ce n'est pas quelque chose de bien. La violence n'entraîne toujours qu'une violence plus extrême. J'en sais quelque chose, termina-t-elle dans un murmure."


Georges s'approcha d'elle et posa une main fantômatique sur son épaule. La petite fille se tourna légèrement vers lui.


"Tu as peur d'aimer ça et de devenir comme lui, pas vrai ? Mais, Charlie, tu n'es pas comme lui. C'est un monstre. Toi... Toi, tu as été là au moment où personne ne l'a été. Tu mérites mieux, tu mérites d'être heureuse. Et je compte tout faire pour que ça arrive.

— Tu n'es pas obligé de faire ça, répondit-elle. D'être gentil avec moi. Si ça se trouve, c'est même de ma faute si tu es coincé ici avec moi. 

— Même si je pouvais le penser, qu'est-ce que ça change ? Je suis là, avec toi, alors autant en finir rapidement pour qu'on puisse tous les deux s'en aller. Charlie, fais-moi confiance."


Il lui tendit sa main, un sourire rassurant aux lèvres. Elle avait envie d'y croire, envie d'espérer que tout allait s'arrêter si son père mourait. Mais serait-elle capable, yeux dans les yeux, de le regarder se vider de son sang sans agir ? Et s'il avait tort ? Et s'il lui faisait encore du mal dans l'au-delà. L'anxiété la plongea dans une espèce de transe, si bien qu'elle n'entendit ni les douze coups de minuit, ni son retour dans ce fichu corps mécanique qu'elle détestait de plus en plus. Elle sortit de la boîte d'un geste rageur. Golden Freddy se tenait devant elle, la main tendue. Le visage de l'ours était inexpressif, mais elle pouvait sentir l'espoir du petit garçon prisonnier à l'intérieur de celui-ci.


Elle poussa un soupir, puis ses longs doigts noirs vinrent serrés son bras, concluant leur pacte. A partir de ce jour, ils abandonnèrent leur enfance derrière eux pour se concentrer sur leur avenir. Il n'y aurait plus de repos, plus de pitié tant que Henry Miller continuerait à exercer ses activités de scientifique fou.


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