Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 20 : Pacte avec le diable

1809 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/11/2020 11:12

"Tu vas devoir serrer plus fort que ça si tu veux qu'il tienne."


Elizabeth tira la langue et affirma sa prise sur la pince. Ses joues se gonflèrent à la manière des hamsters, puis elle serra le boulon de toutes ses forces. William glissa discrètement sa main au-dessus de la sienne pour terminer le travail avec un peu plus de force. La petite fille recula et poussa un cri de joie, ravie d'avoir pu apporter sa patte sur l'énorme tête de Circus Baby qui reposait désormais sur une table de l'atelier de son père. Elle n'avait pour l'instant que deux grandes couettes et deux joues encore décolorées. A elle seule, la tête du robot était aussi grande que sa fille. William en avait eu assez des robots à taille trop humaine, il prévoyait quelque chose de beaucoup plus grand et impressionnant.


Le début de cette année 1984 était prometteur. Ils avaient obtenu l'accord pour lancer la création des nouveaux robots, de nouvelles subventions et même un nouveau carrelage pour la salle principale du restaurant. Le décès de M. Fazbear la semaine précédente avait également doté l'entreprise d'une fortune colossale, le vieil homme ayant finalement décidé de léguer la plus grosse part de l'héritage dans l'entreprise de William. Il en avait été flatté, évidemment, mais cette entrée d'argent inattendu avait également causé une suite de conséquences avantageuses : une explosion du public par "nostalgie", mais aussi et surtout la possibilité de créer un deuxième restaurant pour ses nouveaux robots.


Il attendait d'ailleurs le résultat des négociations de son manager, parti la veille pour visiter plusieurs sites dans le nord du Texas, bien plus peuplé que leur Colorado. Quitte à faire une deuxième location, ils avaient décidé de tenter leur chance dans un nouvel État plus au sud pour toucher plus de clients potentiels. Le gérant attendait maintenant les résultats de la chasse aux bonnes affaires de son ami. Très affecté par la disparition de son mentor, Scott s'était donné pour mission de tout donner pour ce nouveau restaurant, comme un dernier hommage à celui pour lequel il avait travaillé tant d'années.


"Tu vas être en retard pour l'école, rappela William à sa fille. Je vais terminer, laisse-moi ça. Tu es au point pour ton contrôle d'histoire ?

— Oui, Papa, soupira la petite fille. Tu viens me chercher tout à l'heure ?

— Promis. Allez, file."


Elle défit son petit tablier rose offert par son père à Noël, puis vint embrasser William sur la joue avant de partir en courant vers l'ascenseur qui permettait de quitter l'atelier souterrain. Il attendit que la boîte de métal soit hors de vue pour se laisser tomber contre son fauteuil, épuisé. Cela faisait plusieurs semaines qu'il travaillait sur la construction des robots maintenant et il n'avait pas l'impression de beaucoup avancer. Si les endosquelettes étaient en théorie tous achevés, les costumes étaient longs à créer. Il avait plus ou moins déjà terminé Funtime Freddy, dont il ne manquait plus que sa marionnette à l'effigie de Bonnie, Bon-Bon comme le surnommait sa fiche. Le travail sur Funtime Foxy était plus complexe, puisqu'il rencontrait le même problème que la version originale : costume trop lourd, squelette de fer trop léger. Il avait essayé de combler ce défaut par une plus grosse colonne vertébrale, mais le renard lui paraissait maintenant comme un vieillard avec le dos coincé de manière trop droite. Les deux autres robots étaient encore en travail, et en particulier Circus Baby, que William essayait de chouchouter au mieux pour faire plaisir à Elisabeth.


Il se leva et se dirigea d'un pas traînant vers la machine à café. Il lança un regard mauvais à la tasse sale à ses côtés, comme si cela pouvait suffir à ce qu'elle se nettoie toute seule. Un jour, peut-être, il réussirait à inventer quelque chose comme ça. Il haussa les épaules et plaça quand même sa tasse dans le percolateur. Il sélectionna le café le plus fort possible et attendit que l'eau chauffe.


"Bonjour, Willy."


William poussa un cri et fit volte-face, la main sur le coeur. Dans l'un des fauteuils de son "espace de réflexion", Henry était non-chalamment assis, un mug à la main. Passé la surprise, la colère monta rapidement dans la voix de son ami.


"Qu'est-ce que tu fous ici ? Tu n'as rien à faire là ! C'est une propriété privée ! Si tu ne disparais pas dans les deux minutes, j'appelle la police et...

— Du calme, je viens en paix, pas besoin d'en venir à de telles extrémités. Il faut dire que si tu répondais plus souvent à mes messages, je n'aurais pas besoin d'entrer par effraction chez toi."


William serra les poings alors que l'homme se levait et s'approchait de lui sans la moindre gêne, comme si tout ceci était absolument normal. Henry fit le tour de la machine à café et vint saisir un sac-à-dos noir caché derrière des cartons. Il l'ouvrit dans un silence pesant et en sortit l'ours en peluche de Georges. Encore une fois.


"C'était dans la tombe de mon fils, dit l'intéressé en appuyant sur chaque mot.

— Je sais. Et ce n'est pas moi qui l'ai déterré, William. La nuit qui a suivi l'enterrement, une forme fantômatique a arraché cette peluche de terre et l'a emmenée au restaurant. C'est moi qui l'ai mise dans ton bureau, c'est vrai, mais je ne l'ai pas amenée là bas moi-même.

— Tu mens.

— Ne me traite pas de menteur alors que les robots reviennent à la vie la nuit dans ton restaurant. Contrairement à toi, moi, j'essaye d'y faire quelque chose, reprit Henry sur un ton de reproches. Cela fait des mois que je les observe, que je fais des relevés, que j'écris des rapports sur eux. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu n'as pas remarqué que la Marionnette avait ramené ton fils dans le costume de Golden Freddy.

— Mon fils est mort ! cria William, excédé."


William se laissa tomber sur un des fauteuils. Ses mains et ses jambes tremblaient. Il savait qu'il avait raison, mais il ne pouvait tout simplement pas l'accepter. Ce n'était pas rationnel. Rien de tout ça ne l'était. Des robots qui en ramènent d'autres à la vie ? Des enfants qui hantent la pizzeria ? Et quoi ensuite ?


"William, tu dois me croire. J'ai... J'ai déjà vu ce phénomène sur d'autres... sujets. Après une mort violente, l'âme peut parfois s'accrocher à un réceptacle. C'est ce qui est arrivé à ton fils et à ma... à ma fille.

— Ta fille ? répéta William, choqué. La Marionnette, c'est ta fille ? Mais tu m'as dit que... Oh mon dieu... Henry, qu'est-ce que tu lui as fait ? murmura-t-il dans un souffle, horrifié."


Cela expliquait pourquoi personne n'avait demandé après la petite. Quelque part, un poids énorme se retirait brutalement des épaules de William, mais ça n'excusait en rien ce que ce monstre avait fait à sa propre fillette. Comment n'avait-il seulement pas remarqué ? Henry baissa les yeux, conscient que cet aveu ne jouerait pas en sa faveur.


"J'essaie de réparer sa mort, d'accord ? Je... Je ne peux pas rester les bras croisés dans l'attente de... Du jour où quelqu'un s'en rendra compte. Je sais que je peux la ramener, je suis si près du but. Mais j'ai besoin d'aide, William. J'ai besoin de toi, parce que tu es le seul qui sait ce que je suis en train de vivre en ce moment. S'il te plaît. Je... Je te promets que j'ai changé."


William sentit des larmes de colère et d'amertume couler sur ses joues.


"Tu... Pourquoi tu as caché le corps dans la pizzeria ? C'est comme ça que tu comptais m'aider moi ? Je suis devenu ton complice parce que tu m'as forcé à le faire, Henry ! Je n'ai... Je n'ai jamais voulu être mêlé à tout ça ! 

— Alors fais-moi confiance. On peut en terminer rapidement. Tout peut redevenir comme avant. On peut les ramener à la vie. Tu imagines l'exploit que ce serait ? On deviendrait des légendes, William. Les premiers humains ayant percé le secret de l'immortalité. Ne me dis pas que ça ne te tente pas, tu es un scientifique dans l'âme, tout comme moi. Tu dois forcément brûler d'envie d'en savoir plus. Pourquoi s'encombrer de ces robots hantés, sinon ?"


Henry posa une main sur la sienne. William se crispa et recula d'un pas, nerveux. 


"Je t'en supplie, donne-moi une autre chance."


William poussa un profond soupir avant d'enfouir sa tête dans ses mains. S'il refusait, il devrait vivre avec les conséquences de ce qu'il venait d'apprendre toute sa vie. S'il acceptait, qui sait ce qui pourrait arriver ? Il se sentait pris au piège. Il n'avait aucune échappatoire. 


Il lança un regard à la grosse tête de Circus Baby sur le comptoir. Il était capable de concevoir des robots à taille humaine et aux circuits plus complexes que n'importe quel robot existant ailleurs sur la planète. S'il y avait bien quelqu'un pour relever le défi de son ami, peu importe ce qu'il apporterait avec lui, c'était bien William.


"Je ne te garantis pas de réussir à te refaire confiance immédiatement, comme avant, je veux dire. Mais je veux bien te donner un galop d'essai, tant que je peux me rétracter si je n'en ai plus envie, ou si les choses tournent de manière trop étrange. C'est clair ?

— Très clair, tu ne le regretteras pas."


Les deux hommes se serrèrent la main. Alors qu'il commençait déjà à se demander s'il ne faisait pas une grosse erreur, le téléphone sonna à son bureau. William brisa la poignée de main pour répondre.


"On l'a ! hurla la voix de Scott. On a notre Circus Baby's World ! La salle est immense, il y a des tas de travaux à faire, mais je suis certain que ça va te plaire. J'ai signé le contrat.

— Scott, tu es le meilleur. Prends des photos, j'ai hâte de voir ça.

— Promis. Je rentre demain par le premier train. Tu as intérêt à sortir le champagne !"


William raccrocha son téléphone et laissa exploser sa joie d'un grand cri, en oubliant totalement Henry juste à côté de lui. Maintenant qu'ils avaient un restaurant, les choses allaient avancer à une allure plus rapide. Son regard croisa celui de son ancien ami. William n'était pas certain de savoir à quoi s'attendre avec lui, mais la signature de ce nouveau départ ne pouvait être qu'une bonne nouvelle.


... Pas vrai ? 


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