La dernière âme

Chapitre 20 : Au contact

1729 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/07/2025 09:16

Foxy avait repris son corps mécanique dans le placard. Par la porte de bois entrouverte, il regardait la petite Violet dormir, hésitant. Le premier contact serait le plus difficile, il le savait, et il craignait le rejet. Pire, si elle se mettait à hurler, sa couverture serait mise à mal et il pourrait se retrouver coincé dans les problèmes. Il attendait le retour de Freddy depuis quelques minutes, parti s'assurer que l'aînée et le père Afton dormaient profondément. L'ours ne tarda pas à passer l'ouverture..


Ils dorment tous, la voie est libre, assura t-il.


Le renard n'attendit pas plus longtemps. Il poussa doucement la porte qui émit un grincement inquiétant. Il posa sa jambe sur la moquette en veillant à faire le moins de bruit possible et alluma son unique oeil pour apporter un peu de luminosité à la pièce. Maladroitement, il s'approcha du lit. Il ne pouvait pas vraiment s'accroupir et il se doutait que si la gamine voyait deux mâchoires couvertes de dents pointues au dessus d'elle, elle allait paniquer. Alors il préféra garder ses distances. Debout au milieu de la chambre, il attendit.


Mais qu'est-ce que tu fais ? lui demanda Freddy.


Il haussa les épaules : pas la moindre idée. Il resta bien cinq minutes à regarder son ami fantôme dans le blanc des yeux, incapable de se décider à approcher. La gamine serrait sa peluche Freddy d'une main contre elle, frénétiquement, les paupières agitées par les cauchemars. L'autre tenait le bandage au niveau de son ventre. Foxy se sentit soudainement mal. Il s'apprêtait à la manipuler alors qu'elle ne méritait qu'à être laissée tranquille. De leur faute, Springtrap pourrait la retrouver, juste en suivant leurs traces. Il ne pouvait pas se résoudre à la mettre en danger.


Alors qu'il s'apprêtait à regagner le placard, le destin bouscula les choses. Violet se réveilla brutalement, le souffle haletant. Ses yeux parcoururent la chambre avant de se figer sur la gueule de Foxy, à seulement quelques centimètres de son lit. Ses yeux s'écarquillèrent de terreur et elle poussa un cri perçant. La lumière s'alluma dans le couloir. Le renard lança un regard tout aussi terrifié à son ami et, en désespoir de cause, tenta de regagner le placard.


Le père de Violet défonça la porte de la chambre et se rua vers l'Animatronique, une batte de baseball à la main. Foxy leva les mains pour protéger son visage alors que les coups s'abattaient sauvagement sur lui. Il sentit plusieurs pièces de son endosquelette se tordre sous les coups.


"Ami ! cria t-il. Ami !"


L'homme figea son coup, surpris. À côté de lui, Violet s'était réfugiée sous sa couette et pleurait désormais à chaudes larmes.


"Qu'est-ce que tu dis ? demanda l'homme.


— Ami. Pas frapper. Ami. Foxy sauver fille."


Avec méfiance, Vincent Afton baissa son arme et se plaça stratégiquement entre le lit et lui. Foxy réfléchit à toute vitesse. S'il ne trouvait pas une solution très rapidement, il finirait sans aucun doute en pièces détachées. Son regard se braqua sur le carnet abîmé, abandonné sur le sol. Il se baissa maladroitement pour s'en saisir et pointa la photographie de la famille Afton, et plus particulièrement l'homme au costume violet qui souriait innocemment.


"Moi vouloir arrêter lui, expliqua t-il maladroitement. Mais lui vouloir arracher vie elle, insista-t-il en pointant la petite. Foxy ami. Foxy protéger Violet. Foxy aider."


Vincent saisit la photographie et poussa un soupir. Il reposa la batte près de la porte et se tourna vers le robot, résigné.


"Attends dans le salon, j'arrive, dit-il doucement. Violet n'est pas prête pour... Te rencontrer."


Ravi d'avoir enfin un échappatoire, Foxy se rua vers la sortie, l'âme de Freddy sur les talons. Dès qu'il ouvrit la porte, il tomba nez à nez avec une adolescente aux longs cheveux noirs. Elle lâcha son téléphone de surprise et recula vivement pour mettre un maximum d'écart entre le robot et elle.


"Papa ! appela t-elle, terrifiée.


— C'est rien, chérie. C'est... Un contretemps. Il ne va rien te faire."


Elle parut soulagée de le savoir vivant. Foxy agita le crochet en signe de salut et avança vers le salon en la contournant soigneusement. Arrivé près des banquettes, il se tourna vers Freddy. L'ours ne dit rien, visiblement choqué par ce qui venait de se passer. La Marionnette n'avait pas prévu ça, à n'en point douter. Il avait encore tout fait rater, exactement comme en 1987. Si le père de la petite le chassait, la gamine resterait sans protection à la merci de Springtrap.


Il ne tarda pas à le rejoindre dans le salon. Sa fille aînée se tenait derrière lui, à moitié cachée. Vincent poussa un soupir résigné et s'approcha du robot-renard avec prudence. A bien le regarder, le renard pouvait y voir les traits de son arrière grand-père : un visage long et trop pâle, des yeux verts fatigués, un nez un peu tordu. Il ne manquait que la cicatrice qu'il lui avait fait avec son crochet au milieu du visage et une coupe de cheveux plus soignée pour devenir le reflet parfait de ce que William Afton était jadis. Trop de mauvais souvenirs affluaient dans sa mémoire pour l'empêcher de faire le lien avec son meurtrier : comme la Marionnette le disait souvent, les Afton étaient de la mauvaise graine, le genre à traîner la mort dans leur sillage quand bien même ils essayaient de s'améliorer.


L'homme avait récupéré sa batte de baseball et la tenait fermement à la main, comme un avertissement. En d'autres circonstances, Foxy aurait ri : ce pauvre homme n'avait aucune chance de s'en tirer s'il se jetait sur lui. Il lui devait la vie et il ferait mieux de ne pas l'oublier. Le robot et le père se regardèrent en chien de faïence pendant plusieurs minutes, aucun n'osant prendre la parole le premier. A leur grande surprise, ce fut l'adolescente qui prit la parole la première.


"Il est venu pour achever Violet ?


— Non, répondit le renard mécaniquement. Foxy ami, insista t-il en pointant son torse de son crochet. Foxy aider."


Impressionnée, elle retourna se cacher derrière son père. Foxy savait que son physique ne pouvait plus l'aider à être sympathique. Si autrefois il était la coqueluche des petits et des grands -en tout cas jusqu'à la morsure de 87-, il n'était plus qu'un amas de fourrure pourrie et de métal. La moitié basse de son corps n'était d'ailleurs plus recouverte de fourrure. Sa queue de renard n'était plus qu'un lointain souvenir. Et il rouillait même par endroit, comme une voiture laissée à l'abandon. A bien y réfléchir, le fait que son endosquelette tienne toujours le coup après cent ans, un effondrement de bâtiment et un incendie relevait du miracle.


Les traits de Vincent se tendirent légèrement alors qu'il resserrait la prise sur son arme. Foxy ne put s'empêcher de pousser un grincement mécanique dissuasif. Il ne voulait pas se battre.


"Pourquoi tu l'aides ? demanda t-il agressivement. Qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas tous nous tuer dans notre sommeil ? Je sais ce que tu es, ne crois pas une seconde que je vais te faire confiance.


— Afton, répondit-il simplement. Afton mal Violet. Foxy protéger Violet. Foxy ami."


Son interlocuteur se détendit légèrement.


"Tu sais où est Springtrap ?


— Non, avoua t-il. Mais chercher Violet. Violet danger. Foxy protéger Violet. Foxy rester, termina t-il, incisif."


Il claqua du pied pour marquer son autorité, provoquant un mouvement de recul des deux humains. Assis sur le canapé, Freddy leva ses deux pouces en l'air en signe de soutien. L'ours était bien meilleur négociateur que lui, pourquoi était-ce toujours lui qui devait se coltiner les tâches difficiles dans ce cas ?


Il lut dans les yeux de Vincent une certaine hésitation. Foxy savait que le moment décisif se jouait maintenant : soit il lui accordait sa confiance et tout se passerait comme prévu, soit il le mettait dehors et les choses se corseraient. Le renard ne comptait pas quitter les parages avant d'avoir accompli sa mission, tant pis s'il devait user de la force.


"Il n'a pas l'air méchant, intervint l'adolescente. Papa, je crois qu'il veut vraiment aider.


— Ce n'est pas aussi simple, ma puce. Ce n'est pas un jouet. Ce robot a ôté autant de vies que celui qui a mis ta soeur dans ce lit d'hôpital. On ne peut pas lui faire confiance. Mais... Mais on ne peut pas courir le risque que l'autre taré se ramène ici sans se battre."


Foxy redressa les oreilles. Avait-il bien entendu ?


"C'est d'accord, grogna Vincent. Tu peux rester. Mais je ne veux pas que tu t'approches de sa chambre avant qu'elle soit prête. Fais ton travail et je m'assurerais que tout se passe bien. Même si partager mes nuits avec un fantôme me fait moyennement plaisir.


— Foxy ami. Foxy aider.


— Ouais, ouais. C'est ce qu'on verra."


Vincent tourna les talons. L'adolescente s'approcha du renard. Elle le dévisagea un instant.


"Prune, ne reste pas avec lui, cria son père depuis le couloir."


Un éclat de déception passa dans ses yeux. Elle finit par hocher la tête à l'attention du renard.


"Moi, j'ai confiance en toi. Sauve la."


Elle disparut dans le couloir à la suite de son père et ferma la porte du salon. Foxy se sentit libérer d'un poids. Il chercha du regard un endroit où il ne gênerait pas et se glissa derrière deux canapés bleus hideux, juste à côté d'une lampe de chevet. Il jeta un regard à l'horloge. Il restait encore trois heures à passer, mais il ne comptait pas attendre ici à ne rien faire. Il choisit de quitter son enveloppe pour rejoindre Freddy sur le canapé. Les deux enfants discutèrent longtemps de leur passé avant de décider, d'un commun accord, de sortir faire un tour à l'extérieur sur les coups des six heures du matin.

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