🍁 Someone called Adam 🍁

Chapitre 3 : Un Dieu pour une Ăąme pure

2860 mots, Catégorie: M

DerniĂšre mise Ă  jour 11/12/2025 11:53

chapitre 3 : Un Dieu pour une Ăąme pure 


Le soleil Ă©tait dĂ©jĂ  haut dans le ciel lorsque Victor Ă©mergea des limbes d’un sommeil agitĂ©. L’ange pourpre lui Ă©tait encore apparu, mais cette fois, son message n’avait pas Ă©tĂ© trĂšs clair, il s’était contentĂ© de lui montrer des chaĂźnes brisĂ©es, dans une atmosphĂšre toutefois calme et chaleureuse. IncomprĂ©hensible. Si mĂȘme l’ange se mettait Ă  dĂ©bloquer, rien n’allait plus ! DĂ©cidĂ© Ă  ignorer son rĂȘve, comme ses courbatures, et bercĂ© par le crĂ©pitement du feu mourant dans l’ñtre, le baron profita encore quelques minutes du calme rĂ©gnant dans la tour avant d’ouvrir paresseusement un Ɠil. Les rayons d’un soleil matinal glacial perçaient la couche de crasse des fenĂȘtres avec efficacitĂ©, le sortant dĂ©finitivement de sa torpeur et tandis qu’il s’ébrouait, il sursauta violemment, se rappelant soudain qu’il s’était endormi sans avoir attachĂ© la crĂ©ature ! Les battements de son cƓur s’emballĂšrent, rĂ©sonnant dans ses oreilles comme un tambour inquiĂ©tant qui lui donna le vertige. Il Ă©tait responsable de ce monstre. Il avait créé cette bĂȘte sans Ăąme de ses mains et ne pouvait se rĂ©soudre Ă  endosser Dieu sait quelle forfaiture il pourrait commettre ! Il se redressa brusquement dans le fauteuil, dĂ©terminĂ© Ă  sauter dans ses bottes et Ă  battre la campagne pour retrouver sa crĂ©ature, lorsqu’il la remarqua soudain. 


Les battements de son cƓur ralentirent immĂ©diatement et la sensation de vertige se dissipa,  comme un Ă©pais brouillard matinal cĂšde devant la puissance d’un soleil Ă©clatant. La crĂ©ature n’avait pas bougĂ©. Elle Ă©tait recroquevillĂ©e Ă  ses pieds, couchĂ©e en position foetale sur le tapis et
 Recouverte de son peignoir. Le dĂ©licat satin vert Ă©meraude doublĂ© de rouge Ă©pousait la difformitĂ© de son corps tandis que le monstre serrait l’étoffe contre lui dans son sommeil. Ce n’était certainement pas lui qui avait ainsi couvert sa crĂ©ature, aussi Victor en conclut que la crĂ©ature elle-mĂȘme avait ramassĂ©e sa robe de chambre pour s’enrouler dedans. Quelle audace ! Il hĂ©sita un instant Ă  punir cet affront, mais il avait abandonnĂ© sa canne contre la table la veille
 Alors qu’il se penchait avec l’idĂ©e d’arracher le peignoir du monstre et Ă©ventuellement le frapper avec le tisonnier, celui-ci murmura dans son sommeil et le son de sa voix interrompit les gestes de Victor, qui s’immobilisa comme une statue.


— Victor, chuchotait le monstre, en enfouissant son visage dans la robe de chambre, comme un enfant enfouit son nez dans sa peluche pour y trouver rĂ©confort et sĂ©curitĂ©.


Le bras du scientifique retomba mollement contre l’accoudoir du fauteuil. Il Ă©manait de la crĂ©ature une impression d’innocence qu’il s’empressa de chasser. Ce n’est qu’un monstre.

 

Une Ăąme pure, avait prĂ©fĂ©rĂ© utiliser Elizabeth pour le dĂ©crire. 


Victor passa une main dans ses cheveux en soupirant. Quoi qu’elle soit, la crĂ©ature avait froid et faim, tout comme lui, aussi le baron se dĂ©cida Ă  prĂ©parer un petit-dĂ©jeuner. Il se leva d’un bond, la fatigue l’ayant abandonnĂ©e au profit de sa fĂ©brilitĂ© habituelle, et alors qu’il Ă©tirait ses bras endoloris, ses mouvements rĂ©veillĂšrent le monstre, qui sursauta en poussant des sons proches d’un grognement sourd, comme il le faisait souvent. Victor avait volontairement trafiquĂ© ses cordes vocales lors de sa confection, dans l’espoir de lui donner une voix sĂ©raphique parfaite. LĂ  aussi il avait Ă©chouĂ© lamentablement
  


Le monstre cacha son visage sous la robe de chambre dans un mouvement inconscient. 


— P
 Pardon, gĂ©mit-il, terrifiĂ©, sous l’étoffe qui tremblait de concert avec lui.  


C’était la premiĂšre fois qu’il prononçait ce mot. Ce simple mot que Victor lui-mĂȘme avait utilisĂ© tant de fois pour implorer la clĂ©mence de son pĂšre
 ÉbranlĂ©, le baron se pencha aussitĂŽt sur lui et pinça l’étoffe soyeuse avec prĂ©caution, avant de la faire dĂ©licatement glisser sur la peau rapiĂ©cĂ©e du monstre. Un regard effrayĂ© s’imprima un instant dans ses yeux, avant que la crĂ©ature ne protĂšge son visage avec ses bras.


— Pardon, rĂ©pĂ©ta-t-il, prostrĂ©, son corps entier s'apprĂȘtant Ă  encaisser des coups, qui ne s’abattirent pas. 


Victor s’empĂȘcha de rassurer le monstre, malgrĂ© la sensation de malaise qu’il Ă©prouvait, et le contourna pour se diriger vers la petite cuisine en boitant.


— LĂšve-toi ! J’ai envie d’un verre de lait
  



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Plusieurs semaines s’écoulĂšrent et dĂ©cembre chassa novembre Ă  grands renforts de pluies glaciales et de vents nourris. L’hiver s’annonçait rude et Victor s’était rĂ©solu Ă  procurer Ă  sa crĂ©ature des vĂȘtements Ă  force de multiplier les sorties dans la forĂȘt. En effet, il l’emmenait de plus en plus souvent avec lui, que ce soit pour couper du bois, cueillir des plantes ou encore vĂ©rifier ses piĂšges. La crĂ©ature se rendait fort utile lors de ces sorties, mĂȘme si elle refusait catĂ©goriquement d’achever les lapins pris au piĂšge, y compris sous les coups de Victor
   


Les vĂȘtements abandonnĂ©s par Harlander trouvĂšrent une certaine utilitĂ©, bien que beaucoup trop petits ! DĂ©chirĂ©s et grossiĂšrement cousus Ă  d’autres morceaux de tissu, ils formĂšrent quelques chemises qui suffirent Ă  couvrir le corps immense du monstre. Les vĂȘtements des cadavres fournirent quant Ă  eux quelques pantalons trop courts, ainsi que des bandes de tissus qui, enroulĂ©es autour de ses pieds et de ses tibias, servaient de chaussettes au monstre. Lorsqu’ils sortaient de la tour, Victor lui faisait enfiler des bottes faites de fourrures, ainsi qu’un long manteau de soldat en laine Ă©limĂ©e, qui le protĂ©geait des intempĂ©ries, mais mettait plusieurs jours Ă  sĂ©cher
 


Si Victor faisait des progrĂšs en stylisme, ils Ă©taient minimes face Ă  tous ceux de la crĂ©ature ! 


Le monstre, attentif Ă  chaque parole de son crĂ©ateur, Ă©tait dĂ©sormais capable de parler avec beaucoup plus d’aisance, ses phases Ă©tant maintenant complĂštes et ne souffraient que de quelques lacunes en vocabulaire. Bien sĂ»r, il hĂ©sitait encore et butait sur certains mots, mais pour une crĂ©ature d’à peine trois mois, c’était tout simplement prodigieux. Un prodige qu’ignorait cependant Victor, bien dĂ©cidĂ© Ă  faire mieux pour son prochain projet
 


Par une calme journĂ©e de dĂ©but dĂ©cembre, Victor profita d’un temps sec pour se rendre Ă  la ferme des De Lacey afin de faire le plein de provisions et notamment de viande, dans la mesure oĂč la crĂ©ature avait dĂ©libĂ©rĂ©ment relĂąchĂ© le dernier lapin prit dans les piĂšges de Victor
 Le baron laissa le monstre Ă  sa contemplation des carnets et des livres Ă©parpillĂ©s dans le laboratoire, tandis qu’il s’habillait de pieds en cape pour affronter le froid.  


— Et fais-moi le plaisir de dĂ©mĂȘler tes cheveux si tu ne veux pas que je les coupe, tu as compris ? Ils t’arrivent presqu’aux Ă©paules, regarde-moi ça
 ronchonna Victor, sur le dĂ©part. 

— Oui, CrĂ©ateur, rĂ©pondit docilement le monstre, en dĂ©tachant son regard de la couverture en cuir d’un Ă©pais carnet. Est-ce que
 Est-ce que je peux ve
 venir avec vous ? ajouta-t-il, avec hĂ©sitation. 

— Venir avec moi ? rĂ©pĂ©ta Victor, en gloussant. Tu veux te faire tirer dessus ou quoi ? Tu te souviens de ce qui s’est passĂ© l’autre fois dans la forĂȘt, quand on ramassait des champignons, mhm ? Les hommes ont peur des monstres, je te l’ai dĂ©jĂ  dit ! Et cesse de jouer avec ces livres pour l’amour de Dieu, rends-toi utile et pĂšle plutĂŽt les lĂ©gumes pour la soupe, s’agaça-t-il, en claquant la porte derriĂšre lui.  



Le baron revint en fin d’aprĂšs-midi et trouva le monstre en bas des marches de la tour, assis Ă  jouer avec des feuilles mortes.  


— Que fais-tu dehors ? Tu n’as pas le droit de sortir quand je ne suis pas lĂ , le rabroua Victor, avant de frotter ses mains glacĂ©es. Aide-moi Ă  monter tout ça, j’ai une bonne nouvelle ! ajouta-t-il, beaucoup plus joyeusement. 


Ils tractĂšrent d’énormes morceaux de tissus remplis de carcasses sanguinolentes, laissant sur leur sillage des traĂźnĂ©es poisseuses de sang dans les marches de la tour. Tandis que le baron renvoyait sa crĂ©ature chercher les deux paniers contenant les victuailles Ă  visĂ©e alimentaire, il Ă©tala les carcasses sur sa table de travail, aprĂšs avoir allumĂ© davantage de bougies. 


Curieux, le monstre s’approcha, aprĂšs avoir abandonnĂ© ses paniers dans la cuisine. 


— Les De Lacey ont Ă©tĂ© attaquĂ©s par des loups, expliqua Victor, devançant la question de sa crĂ©ature et pointant les morceaux de loups Ă©parpillĂ©s devant lui. 


Le monstre examina les Ă©paisses fourrures grises et noires, puis se stoppa en pointant d’autres morceaux de cadavres, recouverts de fourrures d’aspect diffĂ©rentes. Il leva alors un regard interrogateur vers Victor, qui poursuivit ses explications : 


— Ils ont perdu des brebis et des chiens de chasse dans l’attaque ! J’ai pris tout ce que j’ai pu, ce dont je ne pourrai me servir pourra toujours ĂȘtre utile Ă  la confection de capes et de bottes
 

— Ce dont
 Ce dont vous ne pourrez vous servir, CrĂ©ateur ? rĂ©pĂ©ta le monstre de sa voix caverneuse, sans comprendre. 

— Ha ! cria triomphalement Victor, faisant sursauter le monstre. Je vais crĂ©er un nouveau monstre, expliqua-t-il, en montrant les cadavres. Un loup ! Mais attention, un loup intelligent, pas comme toi. Les De Lacey ont identifiĂ© le chef de meute et je vais me servir de son cerveau pour crĂ©er un loup intelligent et mature dĂšs sa naissance ! J’ai tout le matĂ©riel qu’il me faut et toute l’expĂ©rience nĂ©cessaire dĂ©sormais. J’ai appris de mon Ă©chec avec toi et je saurai rendre cette nouvelle crĂ©ation parfaite en tout point ! 

— Échec, rĂ©pĂ©ta lentement la crĂ©ature en tapotant son front, avant de reporter son attention sur une tĂȘte de loup. 


Il saisit maladroitement un morceau de mĂąchoire disloquĂ©e, qui Ă©chappa aussitĂŽt Ă  ses longs doigts - Ă  la motricitĂ© difficile Ă  apprĂ©hender - pour s’écraser sur la table. 


— Qu’est-ce que je disais ! se targua Victor, en pointant un doigt accusateur vers lui. 


Il s’approcha de sa crĂ©ature et attrapa vivement la mĂąchoire sur la table, qu’il manipula attentivement entre ses mains. Elle Ă©tait Ă©norme et remplie de crocs acĂ©rĂ©s. Il leva soudain ses yeux sombres sur sa crĂ©ature, qu’il dĂ©tailla de la tĂȘte aux pieds, et sembla rĂ©flĂ©chir intensĂ©ment.


— Hum
 Tout compte fait, il serait peut-ĂȘtre plus judicieux de tenter l’expĂ©rience avec un chien
 Oui. Un chien sera parfait ! Aussi obĂ©issant que toi, mais plus intelligent ! LĂ  oĂč tu es le ratĂ© de la portĂ©e, lui sera le chef. Le plus malin ! Qu’en dis-tu ? Lorsque j’aurai créé le chien parfait, qui sait ? Peut-ĂȘtre essaierai-je Ă  nouveau de crĂ©er un humain ? Mais pas un monstre cette fois
 ajouta-t-il, satisfait, en rassemblant les morceaux de chiens pour en faire un tas. Nous nous servirons des peaux de loups pour nos besoins et peut-ĂȘtre de quelques organes et tissus pour ceux de l’expĂ©rience
 Je veux commencer tout de suite ! Nous allons dĂ©pecer les loups et tu vas descendre tous les dĂ©chets pour les balancer dans la forĂȘt ! Ensuite, tu me ramĂšneras de la glace et de la neige, compris ? ordonna Victor, en tapotant brutalement le front du monstre avec son index.  

— Oui, CrĂ©ateur, rĂ©pondit le monstre, en frottant son front avec la paume de sa main, avant de la faire glisser sur le dessus de son crĂąne dans un simulacre de geste affectueux qu’il ne recevait jamais. 



Le soir mĂȘme, ils mangĂšrent en silence. Victor Ă©tait Ă©puisĂ© et sa crĂ©ature, pensive. 


Couvert de sang coagulĂ©, le baron alla ensuite se laver dans la piĂšce tenant lieu de salle de bains. D’ordinaire, il autorisait la crĂ©ature Ă  utiliser les eaux sales de sa toilette pour se nettoyer, mais ce soir la bassine Ă©tait pleine de sang, aussi le monstre Ă©vacua l’eau en faisant l’impasse sur ses ablutions. Victor s’était installĂ© au coin du feu, sur son fauteuil et feuilletait ses carnets, dans lesquels il ajoutait quelques notes, lorsque le monstre le rejoint. Comme Ă  son habitude, il se laissa tomber assis Ă  ses pieds. Sur le tapis devant la cheminĂ©e, le monstre avait empilĂ© plusieurs livres et il s’amusait Ă  en feuilleter un chaque soir. Ce soir, il s’agissait de la Bible. Une version parsemĂ©e de quelques illustrations, qui firent le bonheur du monstre pendant de longues heures. Il interrompait parfois sa contemplation pour alimenter le feu, comme l’avait habituĂ© Victor. Il s'acquittait volontiers de cette tĂąche, subjuguĂ© par la beautĂ© dangereuse des flammes et le crĂ©pitement du bois qui rompait confortablement le silence imposĂ© par son crĂ©ateur. Dehors, une pluie drue s’était mise Ă  tomber, qui venait s’écraser avec force sur les fenĂȘtres, lorsque le baron posa ses carnets sur ses genoux et bĂąilla bruyamment. Tout Ă  ses Ă©lucubrations, il observa distraitement sa crĂ©ature fixer une illustration avec Ă©merveillement. 


— Que regarde-tu ? demanda-t-il, en se penchant en avant. 


Le monstre tressaillit lĂ©gĂšrement au son de la voix de Victor, mais leva ses grands yeux sur lui, Ă  sa maniĂšre candide : 


— Un dessin, expliqua-t-il, en soulevant le livre dans ses mains.

— Je le vois bien, le rabroua Victor, lĂ©gĂšrement exaspĂ©rĂ©. Donne ! 


D’une main hĂ©sitante, craignant toujours les rĂ©actions imprĂ©visibles de son crĂ©ateur, le monstre lui tendit silencieusement l’ouvrage.  


— La Bible ? s’étonna Victor. C’est ça que tu regardes depuis tout Ă  l’heure ? Quelle idĂ©e
 ajouta-t-il, en secouant la tĂȘte avec amusement. 


Le monstre se redressa sur ses genoux et pointa l’illustration : 


— Qui
 Qui est-ce ? demanda-t-il avec curiositĂ©, en replaçant une mĂšche de cheveux blond derriĂšre son oreille. 

— Adam et Eve au jardin d’Eden, rĂ©pondit le baron, en lisant la description sous le dessin. 

— Qui sont-ils, CrĂ©ateur ? 

— Le premier homme et la premiĂšre femme créés par Dieu ! 

— Dieu, rĂ©pĂ©ta lentement le monstre. Est-ce un crĂ©ateur comme vous ? 


Victor Ă©clata d’un rire sans joie, qui fit sursauter le monstre. 


— Note que je n’ai rien contre le blasphĂšme, mais Ă©vite tout de mĂȘme de me comparer Ă  Dieu ! Je suis peut-ĂȘtre ton Dieu Ă  toi, mais celui-lĂ , c’est le Dieu de tout le monde, tu comprends ? 

— Non, rĂ©pondit sincĂšrement la crĂ©ature. 

— Ouais
 Remarque que moi-mĂȘme, je ne suis pas certain d’avoir tout compris, expliqua Victor, avec tolĂ©rance. Et pourtant j’ai lu tout ce pavĂ©, ajouta-t-il, en refermant la Bible sous le nez du monstre. 

— Lu
 Pouvez-vous me lire cette histoire, CrĂ©ateur ? 

— Lire
 La Bible ? s’étrangla le baron. Non. Merci. Tu as vu la taille de ce machin ? 

— Juste
 L’histoire de
 Du premier homme et de la premiĂšre femme, tenta le monstre.  S’il vous plaĂźt, CrĂ©ateur, ajouta-t-il, en se tassant sur ses genoux.  

— Mhm, grogna Victor, attendri malgrĂ© lui par l'insistance de la crĂ©ature.


Comment diable avait-il pu crĂ©er quelqu’un - quelque chose - d’aussi tĂȘtu, se demanda-t-il vaguement, alors qu’il ouvrait Ă  nouveau la Bible, Ă  la recherche de la bonne page.


— La famille de paysans va partir chasser les loups et trapper tout l’hiver et ils laissent le vieillard tout seul Ă  la ferme. Ils m’ont demandĂ© d’aller le voir rĂ©guliĂšrement, expliqua Victor. Comme si j’avais que ça Ă  foutre
 Alors aprĂšs ton histoire tu me fous la paix et tu me laisses dormir, c’est clair ?


Le monstre acquiesça vigoureusement de la tĂȘte, avant de se redresser sur ses genoux pour regarder le livre ouvert sur ceux de son crĂ©ateur. 


Ce soir-lĂ  encore, ils s’endormirent au coin du feu.          





  


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