🍁 Someone called Adam 🍁

Chapitre 4 : A la recherche de la vie

3146 mots, Catégorie: M

DerniĂšre mise Ă  jour 14/12/2025 16:13

chapitre 4 : A la recherche de la vie 


Deux semaines supplĂ©mentaires Ă©taient passĂ©es. Victor s’était consacrĂ© corps et Ăąme Ă  sa nouvelle expĂ©rience et avait assemblĂ© un chien robuste, bien que de curieuse apparence. ConcentrĂ© sur sa tĂąche, il buvait plus que de raison et ne mangeait que lorsqu’il y pensait et en oubliant rĂ©guliĂšrement la crĂ©ature, malgrĂ© son imposante stature et le fait qu’elle le servait avec dĂ©vouement. En plus d’essuyer les accĂšs de colĂšre du scientifique, la crĂ©ature se chargeait seule de l’entretien du feu, d’aller puiser de l’eau ou encore de nettoyer le laboratoire des dĂ©bris de corps, du sang et des viscĂšres Ă©parpillĂ©s au sol. 

A mesure que l’expĂ©rience touchait Ă  sa fin, Victor se faisait de plus en plus silencieux. 

Ses yeux noisettes s’habillaient de temps Ă  autre d’un Ă©clair de joie, mais aussi de pure folie, que le monstre avait appris Ă  craindre tant le baron s'exprimait davantage avec sa canne qu’avec des mots dans ces moments-là
 Il travaillait de façon chaotique et en dĂ©pit du bon sens, comme des horaires, ne s’arrĂȘtant que lorsque ses yeux refusaient de rester ouverts plus longtemps. Il ne prenait plus la peine d’attacher la crĂ©ature, ne faisant plus trop le distingo entre le jour et la nuit et celle-ci dormait dorĂ©navant sur le tapis devant la cheminĂ©e, en prenant soin d’éviter les cadavres de bouteilles qui jonchaient le sol.  


Il avait plu toute la journĂ©e lorsque Victor planifia de “rĂ©veiller” sa nouvelle crĂ©ation. 


Le temps Ă©tait orageux et les nuages, Ă©pais et menaçants, n’avaient cessĂ© de tourner autour de la tour depuis le matin. L’orage, cependant, ne s’était pas dĂ©clarĂ©. Seuls quelques grondements avaient rĂ©sonnĂ© au loin dans la plaine et Victor s’en Ă©tait montrĂ© fort contrariĂ©. Il avait fixĂ© la tige censĂ©e recueillir la foudre et sanglĂ© le chien sur la table d’expĂ©rimentation en protĂ©geant sa tĂȘte avec des bandages, comme il l’avait fait pour la crĂ©ature auparavant. Il avait ensuite fait les cents pas dans le laboratoire, puis dehors, afin de guetter le sens du vent. Le monstre l’avait accompagnĂ© et avait Ă©coutĂ© ses lamentations durant des heures et lorsqu’ils remontĂšrent au sommet de la tour la nuit venue, ses vĂȘtements ruisselaient. 


— Tu fous de l’eau partout, l’avait rĂ©primandĂ© Victor, de retour auprĂšs du chien aprĂšs s’ĂȘtre changĂ©. DĂ©gage !  


Le monstre, lui, ne disposait plus d’aucun vĂȘtement sec, aussi se dĂ©shabilla-t-il pour suspendre ses vĂȘtements prĂšs de la cheminĂ©e. L’agitation qui animait le baron laissait prĂ©sager qu’il ne se coucherait pas ce soir. A nouveau. 


La crĂ©ature, uniquement couverte des bribes de tissus dont l’avait dotĂ© Victor lors de sa crĂ©ation, s’installa donc seule sur le tapis pour feuilleter sa pile de livres. Les heures passĂšrent et elle finit par s’endormir malgrĂ© la faim qui la tenaillait, une fois que Victor eut fini de pester contre la mĂ©tĂ©o du Liechtenstein. Fourbu, le scientifique finit, pour sa part, par aller s’étaler de tout son long sur son lit sans prendre la peine de se dĂ©shabiller, devant la mĂ©tĂ©o capricieuse, sur laquelle il n’avait malheureusement aucune prise
 Il ignorait combien de temps encore il pourrait maintenir le chien dans un Ă©tat compatible avec l’expĂ©rience avant qu’il ne finisse de se dĂ©composer, mais pour l’heure, il ne pouvait rien faire de plus et ses paupiĂšres se fermaient toutes seules. 


Il ne reçut pas la visite de l’ange rouge cette fois, mais se rĂ©veilla nĂ©anmoins en sursaut, conscient d’un mouvement devant son lit. S’asseyant brusquement sur son Ă©dredon, il pencha sa tĂȘte en avant en reconnaissant le monstre dans la pĂ©nombre.

Son immense silhouette se dĂ©tachait de la lueur des bougies et projetait une ombre inquiĂ©tante dans la chambre. L'espace d’un instant, Victor se fĂ©licita d’avoir renoncĂ© Ă  l’idĂ©e de crĂ©er un loup
 Les longs cheveux du monstre se mouvaient avec grĂące sur ses Ă©paules et son visage Ă  chacun de ses pas hĂ©sitants, jusqu’à ce qu’il vienne se planter devant l’énorme lit Ă  baldaquin de Victor. 


Immobile, il se contenta alors de lever un doigt tremblant vers le plafond. 


— Quoi ? fulmina Victor, en passant une main dans ses cheveux. 


Le fracas d’un violent orage lui rĂ©pondit Ă  la place du monstre, qui ajouta tout de mĂȘme  d’une voix timide, oĂč pointait une angoisse Ă©vidente : 


— Tonnerre



Le baron tendit l’oreille. L’orage tant attendu Ă©tait enfin arrivĂ© ! S’extirpant d’un bond enjouĂ© du lit, il contourna le monstre pour se prĂ©cipiter dans le laboratoire. 


— Enfin, cria-t-il, en dĂ©rapant devant la table d’expĂ©rimentation. 


Tandis qu’il peaufinait ses rĂ©glages, la crĂ©ature s’approcha en jetant des regards affolĂ©s vers la fenĂȘtre circulaire d’oĂč filtrait la lumiĂšre aveuglante des Ă©clairs qui faisait briller d’une lueur sinistre les instruments du laboratoire.  


— J’ai
 J’ai p
 peur, CrĂ©ateur
 

— Oui ben c’est pas le moment, lui rĂ©pondit Victor avec hargne, en le contournant pour saisir le harnais conçu pour concentrer l’électricitĂ© sur le cƓur du chien. Tu es nĂ© avec le tonnerre, monstre ! Tu devrais le louer plutĂŽt que le craindre ! 

— Je suis nĂ© grĂące Ă  vous Ă©galement, CrĂ©ateur, et je vous loue autant que je vous crains, rĂ©pondit la crĂ©ature, avec son honnĂȘtetĂ© habituelle, Ă  la fois brutale et ingĂ©nue.  


Victor leva ses yeux de la carcasse du chien et fixa silencieusement la crĂ©ature de son regard perçant. S’il fut interpellĂ© par ses paroles, il n’en montra rien et le congĂ©dia d’un geste agacĂ© de la main : 


— Il fait froid, couvre-toi et mets du bois dans la cheminĂ©e ! 


RĂ©signĂ©e, la crĂ©ature s’écarta pour jeter quelques bĂ»ches dans le feu et alors que l’orage redoublait de violence, elle sursauta et saisit la robe de chambre de Victor sur le dossier de son fauteuil. Elle s’en recouvrit avec des gestes maladroits et s’empressa de retourner prĂšs de son crĂ©ateur. 

Tout en vĂ©rifiant distraitement les rĂ©glages de ses bobines, celui-ci dĂ©tailla Ă  nouveau le monstre avec ses yeux inquisiteurs. Sa robe de chambre, bien trop grande pour lui, allait Ă  merveille au monstre. Elle lui donnait une allure majestueuse en Ă©pousant sa grĂące naturelle. Car le monstre Ă©tait gracieux ! MalgrĂ© sa maladresse et sa façon bien Ă  lui de se dĂ©placer comme s’il lui Ă©tait difficile d’accorder le mouvement des diffĂ©rents morceaux dont il Ă©tait composĂ©, il dĂ©gageait une impression de dĂ©licatesse Ă©thĂ©rĂ©e. Le vert Ă©meraude s’accordait Ă  merveille aux diffĂ©rentes teintes de sa peau, tandis que le rouge soulignait sa dangerositĂ© et sa rage contenue. Le satin virevoltait derriĂšre lui avec Ă©lĂ©gance, Ă©pousant le rythme de ses pas Ă©tonnamment lĂ©gers sur la pierre. Il n’était peut-ĂȘtre pas parfait, mais au moins son apparence Ă©tait une rĂ©ussite
  


Un coup de tonnerre retentit soudain, les faisant sursauter de concert, et tandis que la crĂ©ature rentrait les Ă©paules en serrant le peignoir de Victor contre lui, le scientifique exulta : 


— C’est maintenant ! Encore un coup et ce sera bon, expliqua-t-il, en s’écartant de la table, aprĂšs l’avoir verticalisĂ©e.    


La pluie se faisait dĂ©luge dehors et le vent fouettait la haute tour avec une force renouvelĂ©e. Il ne faisait aucun doute que la cave serait encore inondĂ©e cette nuit et tandis qu’un nouvel Ă©clair dĂ©chirait les tĂ©nĂšbres du ciel, Victor se pressa contre l’épaule du monstre, agrippant fiĂ©vreusement le peignoir contre son bras.  


— Cette fois-ci, je serai victorieux ! gronda-t-il avec conviction, sans quitter la table des yeux. 


Le courant Ă©lectrique se rĂ©pandit sur toute la longueur de la tige mĂ©tallique installĂ©e sur le toit et alimenta le harnais posĂ© contre la poitrine du chien. Aucun mouvement, ni aucun bruit n’en rĂ©sulta. Seul le bruit des Ă©lĂ©ments dĂ©chaĂźnĂ©s continuait de rĂ©sonner dans le laboratoire. Tous les tĂ©moins lumineux raccordĂ©s aux bobines s'Ă©teignirent tout Ă  coup et une odeur de brĂ»lĂ© s’en dĂ©gagea. Craignant un incendie, Victor se rua dessus, mais aucune Ă©tincelle ne brillait plus. L’installation avait grillé  Le baron recoucha la table d’expĂ©rimentation et ĂŽta le harnais et le casque qui entourait le museau du chien. Il plaqua ensuite son oreille contre ses cĂŽtes pour tenter de percevoir un battement de cƓur.  


— Je n’entends rien, murmura-t-il faiblement, avant de s’éloigner Ă  pas lourds. 


Il contourna le monstre et retourna se coucher sans lui accorder la moindre attention. La crĂ©ature l’entendit claquer la porte de sa chambre avec force et se rĂ©solut Ă  aller s’asseoir devant le feu en serrant la robe de chambre contre elle. 


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La dĂ©ception avait un goĂ»t amer pour le baron. 


Ressassant les diffĂ©rentes Ă©tapes de son expĂ©rience pour essayer de trouver la faille qui l’avait conduit Ă  cette dĂ©bĂącle, il n’avait cessĂ© de se tourner dans le lit et se rĂ©veilla complĂštement empĂȘtrĂ© dans les draps. Le temps Ă©tait couvert et la pluie tombait toujours, bien que beaucoup plus lĂ©gĂšre lorsqu’il parvint Ă  mettre les pieds par terre. Il avait la bouche sĂšche et hĂ©sitait entre boire un verre de lait et boire une bouteille de gin. Pourquoi ne pas mĂ©langer les deux aprĂšs tout ? S’il Ă©tait un scientifique ratĂ©, il deviendrait peut-ĂȘtre un barman renommé 


Des bruits inhabituels lui parvenaient au travers de la porte de sa chambre, en provenance du laboratoire. Si le monstre avait cassĂ© quelque chose, cela lui fournirait une excuse en acier trempĂ© pour le battre, et ainsi Ă©vacuer toute son irritation ! Attrapant sa canne avec une dĂ©termination nouvelle, il ouvrit brusquement la porte de sa chambre : 


— Qu’as-tu fais encore ? demanda-t-il d’une voix forte, avant de se figer. 


La crĂ©ature Ă©tait toujours couverte de sa robe de chambre, assise devant la cheminĂ©e. 


Devant elle, un chien difforme se tenait assis, tirant bruyamment la langue, tandis que le monstre caressait affectueusement sa tĂȘte. En entendant Victor, les deux crĂ©atures tournĂšrent brusquement leurs tĂȘtes vers lui et le chien se mit Ă  aboyer, d’une voix gutturale, plus proche du loup que du chien de chasse. 


— Chut, le calma le monstre. C’est notre maĂźtre, expliqua-t-il, avec bienveillance. 

Interdit, le baron observa le chien s’approcher de lui en remuant joyeusement sa queue. 


De belle taille, l’animal lui arrivait au-dessus des genoux. Ses pattes Ă©taient de mĂȘme longueur, mais, empruntĂ©es Ă  quatre chiens diffĂ©rents, leur aspect diffĂ©rait. Tricolore, sa patte avant droite Ă©tait cependant entiĂšrement noire et il possĂ©dait diffĂ©rentes natures de poils, allant d’un poil ras Ă  un poil long et frisĂ© par endroit. Ses larges oreilles dĂ©pareillĂ©es  Ă©taient pendantes et son long museau se terminait par une large truffe qui frĂ©missait, alors qu’il reniflait prudemment les pieds de Victor.        


— Que
 Il ne respirait pas
 bredouilla le baron, en tendant une main vers le chien, que celui-ci lĂ©cha aussitĂŽt. 

— Il s’est rĂ©veillĂ© au bout de quelques heures, CrĂ©ateur ! Il se cognait partout Ă  cause des tissus sur sa tĂȘte. Je lui ai enlevĂ© et aprĂšs il
 Il est venu se coucher contre moi et
 Et il aime jouer, expliqua le monstre. 

— Jouer ? demanda Victor, circonspect. 


Pour toute rĂ©ponse, le monstre chercha autour de lui et ramassa un amas de tissus nouĂ©s entre eux en une balle approximative, qu’il lança en direction du chien. Ravi, l’animal se jeta dessus et la secoua dans tous les sens en Ă©mettant des petits grognements satisfaits, avant de se coucher prĂšs du monstre en coinçant maladroitement la balle entre ses pattes avant. 

Victor se gratta la tempe.  

Le chien Ă©tait vivant. Restait Ă  savoir s’il Ă©tait intelligent, mais pour l’heure, il ne voulait pas reproduire ses erreurs, aussi entreprit-il de nourrir l’animal, histoire de partir sur de bonnes bases. 


— Va chercher du lait, de l’eau, du pain et de la viande ! ordonna-t-il au monstre, tandis qu’il s’approchait du tapis pour Ă©tudier le chien. 

Sans un mot, la crĂ©ature se leva et s’éclipsa dans la cuisine. Il en revint avec un plateau chargĂ© de victuailles, qu’il posa sur la table Ă  manger et attendit sans bouger que Victor le remarque. Accroupi sur le tapis, le baron observait les moindres actions et rĂ©actions du chien avec attention, en mĂȘme temps que ses cicatrices. L’animal se contentait toutefois de baver et de mordiller son ersatz de balle, sans manifester plus d’intĂ©rĂȘt que ça envers le reste de la piĂšce ou son crĂ©ateur. Il rĂ©agit en revanche au retour du monstre. Redressant brusquement sa tĂȘte, il abandonna son jouet et se leva d’un bond pour aller se planter devant lui, remuant sa queue de plus belle. Le monstre lui offrit un sourire tendre, que Victor ne lui avait jamais vu, puis reporta son attention sur lui.


— Votre dĂ©jeuner, CrĂ©ateur, dit-il, en inclinant lĂ©gĂšrement sa tĂȘte, tout en dĂ©signant la table garnie. 


Victor se redressa et s’aida de sa canne pour se diriger vers la table et s’y asseoir lourdement, encore sous le choc. Avec des gestes mĂ©caniques, il se versa un verre de lait et se tartina une tranche de pain tout en observant le chien qui, lui, se mordait la queue en tournant sur lui-mĂȘme. Le monstre, pour sa part, demeurait debout Ă  cĂŽtĂ© de la table, se tenant prĂȘt Ă  exaucer les ordres de son crĂ©ateur. 


— C’est un jour de fĂȘte aujourd’hui ! Assieds-toi et mange, commanda Victor, en Ă©cartant une chaise d’un rapide coup de pied. 


Avec sa rĂ©serve habituelle face Ă  la bienveillance du baron, le monstre fronça les sourcils, mais s’asseya nĂ©anmoins sur la chaise, si gentiment tendue. 


— Mange ! rĂ©pĂ©ta Victor, tout en posant un bol contenant un mĂ©lange de restes de viande, de pain et de lait par terre. Et toi aussi, le chien, viens manger ! ajouta-t-il, en sifflotant. 


Tandis qu’il se servait timidement un verre de lait, le monstre observa l’animal se jeter sur le bol en en renversant tout le contenu sur le sol. 


— Il est affamĂ© ! Son cerveau doit ĂȘtre alimentĂ© en protĂ©ines c’est Ă©vident, c’est peut-ĂȘtre lĂ  que j’ai Ă©chouĂ© avec toi
 


Victor regardait le chien manger avec appĂ©tit et se dĂ©cida Ă  en faire autant, un sourire se dessinant sur ses lĂšvres, pour la premiĂšre fois depuis deux semaines. A peine avait-il terminĂ© sa tartine qu’il frappa brusquement la table du plat de la main, faisant sursauter le monstre. 


— Il lui faut un nom ! Des idĂ©es ? demanda-t-il joyeusement, en regardant son vis-Ă -vis. 


Le monstre tentait vainement de tartiner de la confiture sur sa tranche de pain. ExaspĂ©rĂ©, Victor lui arracha des mains et entreprit d’étaler lui-mĂȘme la confiture sur la tartine, tandis que le monstre triturait les lambeaux de tissus enroulĂ©s autour de ses poignets. 


— Jé  JĂ©sus ? proposa-t-il, en levant timidement son regard vers son crĂ©ateur.


Victor pouffa de rire : 


— JĂ©sus ? Qu’est-ce que je t’ai dĂ©jĂ  dit sur le blasphĂšme ? TerminĂ© les lectures de la Bible pour toi ! Trouve autre chose ! lui rĂ©pondit-il, en lui tendant sa tartine. 


Au bout de quelques instants d’un silence studieux occupĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir en mĂȘme temps que manger, le monstre ajouta : 


— Sparkle ? (1)

— Je vois oĂč tu veux en venir, mais
 rĂ©pondit Victor, en se penchant pour lever une patte arriĂšre du chien et dĂ©voiler ses parties intimes. C’est un garçon. Comme toi ! Je ne t’ai pas donnĂ© un nom de fille, que je sache
 

— Vous
 Vous ne m’avez pas donnĂ© de nom tout court, CrĂ©ateur, rĂ©pondit le monstre, en penchant sa tĂȘte sur le cĂŽtĂ© au-dessus de sa tartine. 


Ce qu’il pouvait se montrer agaçant des fois ! Victor remua nerveusement son poignet en fronçant les sourcils : 


— Une autre idĂ©e ?  

— Hunter ? finit par proposer le monstre aprĂšs un nouveau silence. 

— Hunter ? rĂ©pĂ©ta le baron, interdit. Pourquoi ? 

— Il
 Il est composĂ© de diff
 diffĂ©rents chiens de chasse (2)
 expliqua le monstre, en jetant des regards furtifs Ă  Victor pour guetter sa rĂ©action. 


Mais le baron parut agrĂ©ablement surpris et se resservit un verre de lait, tout en remplissant Ă©galement le verre du monstre : 


— C’est une bonne idĂ©e ! concĂ©da-t-il. Hunter ? appela-t-il. 


Plus alertĂ© par le ton enjouĂ© de Victor que par son nouveau nom, l’animal s’approcha immĂ©diatement.   


— Voyons voir si tu es le chien le plus intelligent de la terre, s’enthousiasma Victor. Assis ! ordonna-t-il, avec autoritĂ©.


AprĂšs un aboiement sonore, le chien se mit Ă  tourner en rond sur lui-mĂȘme pour s’attraper la queue, devant le regard amusĂ© du monstre et celui, dubitatif, de Victor.  


— C’est pas gagnĂ©, murmura le baron, en se passant une main dans les cheveux.   




  1. Sparkle signifie â€œĂ©tincelle” en anglais

      (2) Chasse se dit “hunt” en anglais, et chasseur “hunter”

                  



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