FullMetal, la fille qui voyageait a travers les mondes

    Je serrais les dents, attendant la douleur qui venait toujours avec la pause d'un auto-mail. Heureusement, ce fut supportable, mais cela me tira une petite larme. Les nerfs qui se reconnectent. Ou l'impression d'avoir posé des milliers de fois le coude, l'épaule et le genou sur une ligne de miettes de pains aiguisées.

    Je suis ridicule à me plaindre, moi... déjà que je suis en vie. Je commençais à réfléchir. Fort heureusement, pas d'Ouroboros, au moins en ce qui concernant mon dos, mon ventre et mes jambes. Cela me rassurait. Mais ma pierre avait disparue, et je ne savais pas où. Une voix grave interrompit mes réflexions.

- Eh bien, je vois que FullMetal est réveillée !

    Par habitude, je regardais immédiatement Ed... qui lui me regarda, imité par Al et Winry. Je rougis et me tournais vers la porte. Qui se tenait là ? Je vous le donne en mille. King Bradley. Le Führer. Je restais un instant figée. Un homonculus... que faisait-il ici ? Pourquoi venait-il me voir ?

- J'ai appris que Scar vous avait attaqués, et je venais voir comment se portaient nos trois alchimistes d'état, fit-il, comme en écho à mes pensées.

    Je grinçais des dents. Je ne savais pas quoi répondre, pour le coup. C'est Winry qui répondit pour moi.

- Edward et Alphonse ont bien récupéré. Je viens de finir de réviser les auto-mails de Justine. Le reste, c'est aux médecins de vous répondre, monsieur.

    Je la remerciais du regard. Après cette brève déclaration, le Fürher finit par quitter la chambre, et je restais seule avec Alphonse. Edward était déjà parti avec Winry. J'évitais à tout prix de croiser le regard du garçon. Après tout, il était encore plus jeune que moi.... j'avais 18 ans et demi, mais dans un corps de 15 ans, tandis qu'Al en avait 13 et demi. Je l'avais désormais compris.

    Je restais encore un instant silencieuse, et Al rompit le silence.

- C'était peut-être une mauvaise idée, d'aller chercher ce Scar. Et Ed s'en veut de ne pas nous avoir protégés.

    Je le regardais, mais n'osais pas répondre. J'étais absorbée dans mes pensées. Certes, c'était bien qu'Edward ne souffre pas de ses auto-mails, et qu'Alphonse n'aie pas à vivre dans une armure. En revanche, le fait que je prenne à sa place le titre de FullMetal Alchimiste, le fait que la pierre philosophale se soit incrustée dans cette histoire. Je commençais à me dire que c'était une mauvaise idée que je reste.

- Il faut que je parte, prononçais-je tout bas.

- Hein ? Justine, quelque chose ne va pas ?

    Je regardais Al. Il avait l'air intrigué. J'ébauchais un mince sourire et fit jouer l'articulation de mon épaule métallique, avec l'impression d'être rouillée. Puis je lui répondis.

- A vrai dire, je pense à partir.

- HEIIIIIIN ?!

    C'est trois voix qui venaient de me défoncer les oreilles. Ed et Winry venaient d'entrer dans la chambre, juste à temps pour l'entendre. Et c'est eux, accompagné d’Al, qui avaient hurlé leur incompréhension. Je rougis violemment en croisant le regard de ce dernier et baissais la tête. En fait, je pensais leur annoncer séparément.

- Ben... je pensais vous l'annoncer à chacun mais... comme je vous l'ai expliqué, je ne viens pas de ce monde, et chez nous, l'histoire d'Amestris est toute autre. J'ai déjà beaucoup trop modifié votre histoire, et je devrais tenter de partir avant de vous mettre face à des dangers auxquels vous n'auriez normalement pas fait face.

    Ed me fixa intensément. Il semblait déçu. Quelque chose d'autre brillait dans les yeux d'Al. Quant à Winry, elle se contenta de me hurler.

- Espèce d'imbécile, qui va s'occuper de tes auto-mails ! Tu vas les entretenir toute seule, peut-être ?!

    Je grinçais une nouvelle fois des dents, mais me contentais de baisser la tête, un sentiment de culpabilité envahissant mon esprit. Mais j'étais résolue à ne pas rester, je devais absolument partir. Et je devais le faire ce soir.