Game of thrones - Fin alternative

Chapitre 6 : Episode 4 : Partie 2 :

5913 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/05/2020 13:45


           Cela faisait deux semaines que le roi de la nuit avait été vaincu à Winterfell. Des morts avaient été trouvé dans les alentours et Jon avait mené des expéditions contre eux pour les tuer. Daenerys en avait trouvé une centaine au niveau de la brèche dans le grand mur et les avaient tous brûlés. Ils étaient menés par un marcheur blanc, lui aussi insensible aux flammes de Drogon. Cependant, les sbires du défunt roi de la nuit ne semblaient pas aussi forts que lui pour lancer leurs javelots de glace et Drogon l’avait déchiqueté à coup de crocs. A part cela, la guerre contre les marcheurs blancs semblait au point mort.

Lord Varys avait été blessé dans la crypte par un des cadavres sortis de leur tombeau. Un morceau d’os d’un avant-bras avait fini dans son ventre. La plaie s’était infectée, mais il arrivait encore à marcher avec une canne de toute façon, ses petits corbeaux lui permettaient d’être partout dans Westeros.

Il se rendit dans la salle du trône avec de très mauvaises nouvelles. Daenerys, Tyrion, Missandei, Ver Gris, Yohn Royce, Jon, Sansa et Arya étaient présents.

           — Ma reine, j’ai de bien tristes nouvelles à vous annoncer. Des habitants de Port Réal ont quitté la capitale.

           — Combien ?

           — Cent cinquante milles, votre majesté.

           — Autant ? Comment est-ce possible ?

           — Une ville qui vient de se faire conquérir n’est jamais très attrayante. La capitale a toujours était trop bondé, si vous voulez mon avis.

           — Les immaculés ne les ont pas empêché ?

           — Port Réal est grand, votre majesté. Le temps qu’ils s’en rendent compte …

           — Je savais qu’en mon absence les choses se passeraient mal. Quoi d’autres ?

           — Plusieurs milliers d’entre eux sont allés se réfugier à Castral Rock.

           — Là où se cache aussi Cersei, comme vous avez mis si longtemps à le savoir. 

           — J’ai bien peur hélas qu’elle ne fait pas que se cacher, finalement, continua Varys. Les maisons Tully, Rowan, Foin et celles de Dorne ont envoyé des hommes pour la soutenir.  

           — Comment est-ce possible ? Nous venons d’affronter la plus grande menace de Westeros pour sauver leur vie et ils nous tournent le dos !

           — Seul le Nord a vu la menace, observa Tyrion. Tous ceux qui n’étaient pas à Winterfell ne sont au courant de rien.

           — Envoyez des corbeaux alors, s’indigna Missandé. Lorsqu’ils sauront que c’est Daenerys qui a tué le roi de la nuit …

           — Cersei leur fera croire l’inverse, répliqua Tyrion. Elle est douée pour manipuler les gens.

           — Et alors ! continua Daenerys. Elle a perdu Port Réal, c’est moi qui siège sur le trône de fer ! Comment peuvent-ils se rallier à quelqu’un d’aussi faible ?

           — Lors de la guerre des cinq rois, presque personne ne soutenait Joffrey malgré le fait qu’il soit sur le trône, déclara Tyrion. Si on attaque Castral Rock et qu’on élimine Cersei, les seigneurs vous prêteront allégeance.  

           — Ha oui, quelle sorte de fidélité est-ce là ? demanda Daenerys. Ce sont des traitres et vous savez ce que je fais au traitre !

           — Vous allez brûler toutes les maisons qui ne plient pas le genou devant une étrangère qu’elle ne connaisse pas ? demanda Sansa.

           — Ca vous réjouit ce qui arrive. Vous m’avez toujours méprisé, même après que j’ai tué le roi de la nuit moi-même et sauvé tout le monde !

           — Nous vous serons toujours reconnaissants de ce que vous avez fait, reconnut Sansa.

Elles se regardèrent froidement et personne n’osa parler.

           — Le vrai ennemi, c’est Cersei, intervint Arya.

           — Non, rétorqua Jon. Le vrai ennemi, c’est toujours les marcheurs blancs. Ils sont encore là dehors et nulle ne sait ce qui est arrivé à Bran.

           — Les marcheurs blancs attendront, nous partons pour Castral Rock.

           — Daenerys, je t’en prie. La menace est loin d’être éliminée. Les marcheurs blancs vont relever encore plus de morts et repartir à la charge. C’est un fléau qui dure depuis des milliers d’années, il faut y mettre un terme tant qu’ils sont affaiblis.

           — Et pendant ce temps, Cersei vole le trône de fer et l’installe à Castral Rock ? Non, la cruauté humaine est bien pire que celle des morts. Nous partons dès que possibles. Les troupes nordiennes viendront avec nous.

           — Et puis quoi encore ! s’indigna Sansa. Nos hommes sont fatigués et doivent nous défendre contre les morts …

           — Je suis votre reine, Jon a plié le genou devant moi ! Vous nous trahissez tous les deux en me tenant tête.

           — Techniquement, Jon a était élut roi du nord, pas gouverneur pour …

           — Ca suffit Sansa ! gronda Jon. Daenerys est notre reine, un point c’est tout ! Elle a raison, cependant, avoua-t-il plus doucement à Daenerys. Nous devons rester pour contenir la menace, ma reine.

           — Vous désobéiriez aux ordres de votre reine ?

           — Pour en finir avec les marcheurs blancs, oui, répondit-il après un temps.

           — Ma reine, intervint Tyrion, si nous devons affronter deux ennemis sur deux terrains différents, il serait sage de ne pas réunir toutes nos troupes aux mêmes endroits.

Daenerys ne le regarda pas pendant qu’il parlait. Elle continuait de fixer Jon qui lui rendait son regard. Elle était sous pression, soucieuse d’arriver à se faire respecter et inquiète de ne pas être assez juste. Son amour pour Jon l’emporta.

           — Soit, les troupes nordiennes ne feront pas de différence importante de toute façon. Nous partirons à l’aube.

Daenerys se leva et sortit avec Tyrion, Varys, Missandei et Ver Gris, laissant les trois Stark entre eux.

           — Ce que je craignais est en train d’arriver, déclara Sansa.

           — Elle nous a sauvés des morts, elle combat les Lannister qui nous ont tant fait souffrir, répondit Jon. Qu’est-ce que tu demandes de plus ?

           — L’indépendance du Nord, ni plus ni moins. Après tout ce que nous avons subi à cause du Sud, après tout ce que nous avons perdu pour protéger Westeros des morts, ça me parait juste.

           — Et alors quoi ? On se rebelle contre ses armées et ses dragons ? Il faut que tu arrêtes de te dresser contre elle, ou je ne pourrais pas te protéger.

           — Si tu penses qu’elle est capable de nous faire du mal, déclara Arya, c’est qu’elle n’est pas si bien que ça.

           — L’important, c’est de retrouver Bran et de vaincre les marcheurs blancs, déclara Jon en se levant. Le reste est secondaire.

Il sortit de la salle à son tour. Sansa et Arya échangèrent un regard. Les deux sœurs qui ne s’étaient pas toujours bien entendu étaient sur la même longueur d’onde.


 


           Tyrion marchait dans la cour de Winterfell, ruminant tous les problèmes qu’il avait. Il allait rejoindre son ami Varys pour discuter de tout ça, lorsqu’il croisa Yohn Royce dans un couloir, cet imposant colosse plus vieux que lui au regard toujours si sérieux. Il entreprit de lui adresser la parole. Royce s’arrêta par respect, cachant son mépris à cet ivrogne qui avait bafoué son honneur en tuant son père et trahissant sa famille. 

— Lord Royce, je sais que vous aviez envoyé un diplomate à Castral Rock il y a deux semaines.

           — Et je n’ai pas rejoint son camp, se défendit-il.

           — Non, mais vous ne nous avez pas prévenu non plus qu’elle y était. Si ma reine l’apprend, elle vous fera brûler vif.

           — Essayez-vous de me faire chanter ?

           — Non, vous dénoncer n’apporterait rien.

           — Vous prendriez un tel risque pour moi ?

— Vous n’avez choisi aucun camp, ce qui veut dire que vous n’avez pas choisi de vous opposer à elle. Je suis convaincu que vous pouvez encore plier le genou devant elle.

— Qu’est-ce qui vous faire dire ça ?  

— Elle vous a tout de même sauvé la vie à vous et vos hommes à Winterfell en tuant le roi de la nuit.

— Cela démontre seulement qu’elle possède un pouvoir à ne pas prendre à la légère. Lorsque les morts seront vaincus, il faudra bien que je choisisse le moindre mal entre Cersei et Daenerys, si elles ne se sont pas entretuées avant.

           — Daenerys vaincra et je sais que vous prendrez la bonne décision.

Yohn Royce le regarda avec considération, puis prit congé.

Tyrion partit ensuite dans la crypte et y retrouve Varys. C’était ici même qu’ils auraient fini déchiqueté par les morts sans l’intervention d’Arya. Elle avait sauvé beaucoup de gens se jour-là. Cet endroit leur faisait encore froid dans le dos, mais cela leur permettait de discuter à l’abri des oreilles indiscrètes. La première fois qu’ils s’y étaient retrouvés, c’était lorsque Varys lui avait révélé ce qu’il avait entendu sur les origines de Jon.  

Tyrion avait amené du vin, chose qui l’aidait à mieux penser. Varys quant à lui bougeait difficilement à cause de sa blessure au ventre.

           — Vous vous sentez mieux ?

           — Non. Je suis trop vieux pour guérir de ce genre de blessure, surtout par ce froid. J’ai déjà bien vécu, j’ai vu et fais plus de chose que la majorité des gens dans ce monde. J’ai vu la magie et les ravages qu’elle pouvait faire. Je vais mourir, c’est ma destinée.

           — Je suis désolé.

           — Mais j’ai bien l’intention d’utiliser le temps qu’il me reste à profit.

           — Que pensez-vous de la situation ?

           — Le moins que l’on puisse dire, c’est que Westeros réagit mal à l’arrivée de Daenerys sur le trône.

           — C’est une conquérante étrangère qui doit assumer les actions du roi fou, on savait que ça serait difficile.

           — J’ai choisi Daenerys pour sa compassion envers le peuple, mais le peuple la craint et fuit devant elle. Aucune maison ne s’est vraiment rangée de son côté depuis son arrivée. Elle le sait et ça la fait souffrir. Son état d’esprit m’inquiète.

           — C’est pourquoi nous sommes là pour l’aider.

           — Et il y a aussi ce problème avec Jon Snow. C’est peut-être là que réside la solution. Vous les connaissez tous les deux, dites-moi, lequel est le plus apte à gouverner les sept couronnes ?

— Il ne voudra jamais du trône, soupira Tyrion.

— Sa volonté est-elle vraiment importante ? Le fait est que la plupart son conquis par lui. Sauvageons, nordiens. C’est un héros de guerre. Et il est plus légitime qu’elle sur le trône. 

           — Il aime notre reine et notre reine l’aime. Si on les marrie, ils peuvent régner tous les deux.

           — Sauf que c’est sa tante.

           — Les Targaryens n’ont pas ce genre de pudeur.

           — Non, mais Jon a grandi à Winterfell, se marier avec sa tante est commun dans le nord. Et je ne la vois pas partager le pouvoir.

           — Par amour, peut-être. Elle serait la reine et lui le roi.

           — Daenerys est trop forte pour lui. Il se plierait à la moindre de ses volontés, comme il l’a déjà fait.

           — Il pourrait contenir ses pulsions les plus néfastes.

           — Ca n’arrivera jamais. L’amour n’est pas éternel, sauf l’amour du pouvoir.

Tyrion se servit encore du vin.

           — Vous buvez beaucoup trop. Un Targaryen pour père, une Stark pour mère. Jon est actuellement la seule personne capable de garder le Nord au sein des sept royaumes.  

           — Cette discussion sent la trahison. Surtout de la part d’un homme qui a servi autant de roi différent.

           — Vous avez toujours connu mes raisons. Je me bats pour le petit peuple. Et je vais agir dans leurs intérêts et peu importe ce qu’il m’en coutera.

           — Ne faites pas ça, je vous en prie. Vous savez comment ça va finir.

           — Je vous aie parlé de la façon la plus honnête. Nous devons faire un choix, vous et moi. Je prie pour que le vôtre soit sage.

Il remonta hors de la crypte. Tyrion resta longtemps à broyer du noir, partagé entre son devoir pour sa reine, celui pour son ami et celui pour Westeros. Il finit par prendre une décision. Il retrouva Daenerys qui préparaient le départ des troupes avec Ver Gris. 

           — Ma reine, il faut que je vous parle.

Ver Gris l’interrogea du regard et s’éloigna.

           — Il faut que je vous fasse part d’une trahison.

           — Sansa ?   

           — Varys, répondit-il entonné.

           — C’est vous qui me l’aviez conseillé ! gronda-t-elle. Il part rejoindre Cersei ?

           — Non. Il a perdu foi en vous et il m’a fait part de sa volonté de déserter.

Tyrion était toujours d’avis de garder le secret sur les vraies origines de Jon Snow. Cela mettrait en péril leurs relations au pire moment. Daenerys appela Ver Gris et lui demanda d’arrêter Varys.

Les immaculés fouillèrent tout Winterfell, mais ne trouvèrent aucune trace de Varys. Il était déjà parti. Elle envoya les Dothrakis à sa poursuite. Tyrion les regarda s’éloigner au loin.

           — C’est une sacrée évasion pour un homme se déplaçant en canne ! Je suis sûr que vous avez hésité avant de me le dire, lui laissant le temps de partir. Votre jugement sur les personnes que vous connaissez est à chaque fois erronée.

           — Si j’ai failli à ma mission, ma reine, pardonnez-moi.

           — Encore une erreur que vous avez commise. Ce sera la dernière.

Elle partit sur cet avertissement. Tyrion était content que son ami ait pu s’enfuir, mais il avait peur de ce qu’il allait bien pouvoir faire.




La flotte de Daenerys avait amené les immaculés de Port Réal à Blancport pour se rendre à Winterfell. Pour rejoindre Castral rock, qui se trouvait de l’autre côté de Westeros face à l’océan, il fallait revenir à Port Réal puis naviguer dans le Sud pour faire le tour du continent. Daenerys comptait bien s’arrêter à la capitale pour y ramener l’ordre.

Du haut de son dragon, elle avait une vue magnifique sur le continent qu’elle convoitait. Rhaegal à côté se remettait encore de ses blessures et volait assez bien. Il aurait pu être monté par Jon, si celui-ci avait décidé de la soutenir. Elle essayait de ne pas y penser.

Au matin, la flotte passa à côté de Peyredragon, approchant enfin de Port Réal. Elle aperçut la cité, ainsi qu’une flotte de bateaux lui paraissant suspects. Ils s’approchèrent un peu et découvrirent le symbole de leur voile. C’était celui des Greyjoy.

La flotte ennemie accélérait vers la sienne et le combat semblait inévitable. Daenerys refusa de perdre à nouveau sa flotte comme cela avait été le cas au tout début de leur arrivée. Elle vola sur les navires ennemis pour les brûler avant qu’ils n’attaquent les siens.

Drogon et Rhaegal fondirent sur l’ennemi puis virèrent de bord brusquement. Elle s’était attendue à ce qu’ils aient encore des scorpions, mais pas à ce qu’ils en aient autant. Euron avait raté son tir à Port Réal, mais il était déterminé à toucher un dragon cette fois. Il tira le premier et les autres suivirent. Drogon esquiva tous les carreaux qui se perdirent dans les cieux.  

Rhaegal quant à lui se prit un carreau dans l’aile et poussa un cri de douleur. Daenerys s’inquiéta et commença une manœuvre pour battre en retraite. Les Greyjoy rechargèrent leurs scorpions et un nouveau carreau se planta dans la poitrine de Rhaegal, lui faisant perdre des litres de sang dans les airs. Euron tira un nouveau carreau qui lui transperça le cou. Rhaegal chuta dans les airs, une trainée de sang dans son sillage. Il s’écrasa dans la mer et disparut sous les flots.

Daenerys fut horrifié par la vue de son enfant mourant sous les flots. Elle fut prise par un accès de rage et fonça sur la flotte ennemie. Les scorpions étaient rechargés et les hommes attendaient que leur chef tire en premier. Euron attendit qu’elle s’approche encore, déterminé à en finir. Daenerys hésita, déchiré par son désir de vengeance et sa peur de perdre Drogon. Elle décida de battre en retraite, ne pouvant rien contre autant d’ennemis.

Tyrion, Ver Gris et Missandei sur leur navire furent soulagées qu’elle parte sain et sauf. Ils virent ensuite les scorpions s’orienter vers eux. Les carreaux filèrent à toute vitesse et déchiquetèrent leurs navires sans défenses. Tyrion courut entre les tirs ennemis jusqu’à être obligé de se jeter à l’eau comme la majorité des hommes. Les autres navires furent aussi pris par le tir ennemi, leurs mâts déchiquetés et leurs coques troués.

La majorité des survivants arrivèrent aux plages à côté de Port Réal. Ver Gris chercha Missandei parmi les survivants, mais ne la trouva nulle part.




           Le lendemain, après cette tragique défaite, Daenerys se trouvait face à Castral Rock. Les Dothrakis étaient déjà arrivées depuis Winterfell, voyageant bien plus vite avec leurs chevaux. Un petit détachement d’immaculés avait fait le chemin avec eux. La majorité des troupes des immaculés n’étaient pas encore arrivé et l’heure n’était pas au siège. Sous les conseils de Tyrion, Daenerys allait proposer à Cersei de se rendre.

Daenerys, Ver Gris et Tyrion se trouvaient avec les immaculés à plusieurs centaines de mètres des remparts, hors de portée de leurs scorpions. Les Dothrakis derrière eux chevauchaient dans tous les sens en poussant des cris de guerre. Drogon encore plus loin se tenait sur un rocher à observer la scène.

Cersei se tenait sur le rempart avec Euron Greyjoy et « la montagne ». Si elle avait eu peur à Port Réal, elle ne s’était jamais sentie aussi confiante en cet instant. Ses scorpions avaient réussi à tuer un dragon et elle en avait des dizaines. Ironiquement, il ne restait plus qu’un dragon à la reine « des » dragons et cette pensée l’amusait beaucoup. Sans compter l’otage qu’elle avait avec elle, Missandei de Natte, conseillère et plus proche amie de son ennemi.

Les portes s’ouvrirent et la main de Cersei, Qyburn, sorti. Tyrion avança à son tour pour porter le message de Daenerys. Ils se retrouvèrent à mi-chemin. D’ici, Tyrion était hors de portée des archers, mais Cersei se demandait si les scorpions seraient capables de toucher une si petite cible.

Les deux mains discutèrent ensemble même s’il était impensable pour les deux reines d’arriver à un arrangement. Contre toute attente, Tyrion quitta Qyburn pour s’approcher des remparts. Les archers bandèrent leurs arcs contre la nouvelle menace.

Tyrion se lança dans un honorable discours pour essayer de toucher le cœur de Cersei. Elle avoua qu’elle fut touchée par ses paroles, mais n’en montra pas le moindre signe. Son fléau de frère savait bien parler, mais elle ne se laissa pas déstabiliser. Garder Missandei en vie forcerait Daenerys à ne pas attaquer et à faire le siège de leur forteresse. Après quoi les nombreux soldats et villageois à l’intérieur mourraient de faim et se retournaient contre elle. Il en était hors de question. Sa seule chance de gagner était l’affrontement direct et elle savait comment énerver son adversaire.

Elle s’approcha de Missandei et lui chuchota à l’oreille.

           — Si tu as une dernière parole, alors dit là.

Daenerys et Ver Gris s’avancèrent aussitôt, inquiets pour elle. L’attente fut interminable.

           — Dracaris ! cria-t-elle comme dernière parole en ce monde.

La montagne dégaina lentement son épée, la brandit au-dessus d’elle et lui coupa la tête. Ver Gris ne put regarder la femme qu’il aimait subir un tel sort. Tyrion se retourna avec un regard empli de tristesse et de culpabilité. Cersei, quant à elle, ressentit la même joie que lorsqu’elle avait fait exploser le Septuaire de Baelor.

Daenerys fut meurtrie par cet acte barbare et eut l’impression que jamais la haine qui la submergeait ne disparaitrait un jour.


 

                                            

Au nord, Jon marchait avec Sansa dans la cour de Winterfell, une neige légère tombant du ciel. Ils s'entretenaient sur la traque des marcheurs blancs, lorsque Tormund et Nissa les rejoignirent.

— Avez-vous trouvé des marcheurs blancs Nissa ? demanda Jon.

— Non, seigneurs Snow. Il y a quelque chose que je dois vous dire. Que j’aurais dû vous dire depuis longtemps.    

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Sansa.

— J’ai eu une vision la semaine dernière. Ça ne m’était jamais arrivé, alors je ne savais pas quoi en penser.  

— Certains changes-peau ont le don de Vervue, expliqua Tormund, mais ce n’est pas le cas de tous.

— Mon frère était l’un des plus puissants d’entre eux apparemment, répondit Sansa, et ce n’était pas facile pour lui au début. Quoi que ce soit, Nissa, vous pouvez nous le dire.

— J’ai vu les marcheurs blancs emmener Bran à une forteresse dans le nord. Ils l’ont transformé en l’un des leurs.

— Quoi ? demanda Sansa

— Non ! Ça veut dire qu’il est mort ? demanda Jon.

— Je le crains, répondit Nissa.

— Ce n’était peut-être qu’un rêve, espéra Sansa.

— Ca ne ressemblait pas à un rêve.

— On savait que les chances qu’il survive étaient faibles, soupira Jon.

Il serra sa sœur contre lui.

           — On est si peu, pleura Sansa. Combien de temps avant qu’on n’y passe tous.

           — On s’en sortira, je te le promets.  

           — Désolé pour votre frère, leur dis Tormund.

           — Pourquoi en avoir fait un marcheur blanc ? demanda Jon.

           — Je ne sais pas, répondit Nissa. J’ai essayé d’envoyer des corbeaux dans le Nord, mais je n’ai pas trouvé cette forteresse.

           — Continue d’essayer.

Nissa s’apprêta à répondre, lorsqu’un dragon les survola, et elle se baissa instinctivement.

           — Ça surprend toujours, rigola Tormund.

           — Qu’est-ce qu’elle veut encore, celle-là ? demanda Sansa.

           — Rhaegal est mort contre la flotte des Greyjoy, lui révéla Jon.

           — Ca fera une menace en moins.

           — Elle s’est posé dehors, répondit Jon en ignorant sa pique, je vais aller la retrouver.

           — Fait attention à toi. Il ne reste déjà plus beaucoup de Stark.

Il lui posa une main réconfortante sur l’épaule et partit. Il sortit de Winterfell à cheval. Daenerys et Drogon s’étaient posés en haut d’une colline. Elle avait les yeux rouges et ne semblait pas vouloir être vue dans cet état par les nordiens. Jon laissa le cheval s’enfuir instinctivement devant le dragon et alla aussitôt vers elle.

           — J’ai appris pour Rhaegal, je suis navré.

           — Elle l’a tué devant moi ! Cette sale garce l’a tué devant moi !

           — Missandei ?       

           — Elle me le paiera ! Peu importe le nombre de machines de siège qu’elle aura, je ferais brûler tout Castral Rock !

Il la serra dans ses bras pour la réconforter.

           — Viserions, les Martel, les Tyrrell, Varys, Rhaegal, Missandei … Je perds mes alliés et amis les uns après les autres. Heureusement que je t’ai toi.

           — Je serais toujours là pour toi, Daenerys.

           — Alors emmène ton armée à Castral Rock. Elle a le soutien d’autres maisons, j’ai besoin des miennes. Face à ses Scorpions, j’aurais besoin du plus d’hommes possible. Une fois qu’ils seront tous détruits, Drogon et moi pourront anéantir les survivants !   

           — Daenerys, je ne peux pas. J’ai appris que Bran était devenu un marcheur blanc. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais ça ne peut rien signifier de bon.

           — Oublie tes maudits marcheurs blancs ! On les a battus, ils ne sont plus une menace ! Une fois que j’aurais éliminé Cersei et conquis Westeros, je les anéantirais en mettant le feu à tout le Nord s’il le faut !

           — Ce n’est pas aussi simple …

           — Si, ça l’est ! Je suis ta reine, il te suffit de faire ce que je te dis !

           — Je ne peux pas.

Elle le dévisagea longuement.

           — Tu désobéis à ta reine, tu commets un acte de trahison, répondit-elle gravement. Tu sais ce que je réserve à ceux qui me trahissent.

Drogon approcha dangereusement sa tête au-dessus de Daenerys en le fixant d’un air menaçant. Jon le regarda terrifié et n’en revenait pas qu’elle puisse le menacer. Il s’efforça de ne pas céder à la peur. 

           — Il ne s’agit pas de mon engagement ni de mon amour envers toi. Il ne s’agit pas du devoir, de l’honneur ou du pouvoir. Il s’agit du combat entre le monde des vivants et celui des morts. Je suis le bouclier qui protège le royaume des humains.

           — Vous êtes tous pareils avec vos grands mots pour me contredire et me trahirent !

Drogon commença à laisser entrevoir des flammes dans sa gorge.

           — Si tu me tues, le nord ne te reconnaitra jamais comme sa reine et les gens seront terrifiés par toi pour toujours. Tu prouveras que tu n’es pas meilleur que le roi fou.

           — Si je ne peux obtenir l’amour du peuple, la peur suffira.

           — Si tu penses que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, alors soit. Mais je t’aime, Daenerys, et je sais que tu m’aimes aussi. Ne laisse pas ta haine te pousser à commettre un acte que tu regretteras toute ta vie.

Elle ne répondit rien. Elle avait un regard empli de haine, le même qu’elle avait eu pour Cersei. Elle leva finalement la main et Drogon se recula. Ils se dévisagèrent encore un moment et elle remonta sur son dragon. Le souffle de ses ailes fit tomber Jon sur les fesses. Elle s’éleva dans le ciel et disparut au loin.

Ce fut la première fois que Jon avait peur d’elle. Il se dit qu’il avait eu raison de ne pas lui révéler ses vraies origines, mais il ne pouvait s’empêcher de penser que plus il attendrait, plus elle le prendrait mal. Lorsque ses inquiétudes prenaient le dessus, il essayait de se focaliser uniquement sur sa lutte contre les morts, mais sa peur de perdre la femme qu’il aimait ne cessait de le hanter. 

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