The Dragon is alone, the Wolf is mutiple [& the Lion is in cage]
Ils reçurent un corbeau venant de King’s Landing.
Ils en reçurent d’autres venant du Val d’Aryn et du Conflans. Voulant se joindre à l’autorité de la louve.
Ils en reçurent un de la part de la reine dragon. Leur demandant de venir en guerre avec ses forces, promettant une nouvelle alliance une fois la lionne démise de ses griffes, démise de son trône.
La louve ne répond qu’à ses sujets, les accueillants à bras ouverts. Acceptant les émissaires sous son toit, même si Rhodes est déjà présent et appréciant grandement l’idée.
Ils reçurent un nouveau corbeau venant de la blanche. Voulant savoir pourquoi sa cour était à ses côtés et non à Winterfell, comme elle l’avait voulu. Accusant les loups d’avoir orchestré le kidnapping de sa fidèle amie et du petit lion.
Ils en reçurent de King’s Landing. Ordonnant aux loups de se battre aux côtés de la lionne pour défaire l’armée du dragon.
Elle ne répondit à aucun d’eux. Se focalisant sur les réserves de nourritures et l’avancement des travaux, de la reconstruction de sa maison et de celles de son peuple. Donnant un toit à ceux qui n’en ont plus, pour que la neige qui recommençait à tomber sur le Nord ne les touche pas.
Les corbeaux reviennent. Ordonnant de descendre dans le Sud pour prendre part à l’effort de guerre, au siège, à la défense.
Elle les ignore également, au profit de ce qu’il se passe à portée de ses mains. À sa porte.
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La guerre frappe sous leurs balcons, à leurs frontières, mais le roi loup écoute ce que sa Reine décide. Les soldats se reposent, ils savaient que les combats allaient les rattraper à un moment. Mais prendre du temps chez eux, à panser leurs plaies et prendre un replu d’énergie n’était pas une chose qu’ils allaient refuser. Le brun pouvait en voir prendre du temps avec leurs familles, rejouant avec leurs enfants comme s’ils allaient repartir en guerre le lendemain, profitant de leur temps restant dans leurs foyers.
Il en faisait de même, regardant ses frères et sœurs, ses amis, vivre et rire. Regardant sa fiancée diriger.
Il la regarde écrire et écrire des parchemins pour les corbeaux qui vont partir vers le Val d’Aryn ou le Conflans. Pour King’s Landing. Pour la reine blanche. Chacun scellé du sceau du loup. Chacun scellé par la signature de la Reine.
Si la lionne n’était pas assaillie par le dragon, cela aurait déclenché une guerre de territoire. Un royaume qui en prend deux autres sous son aile, s’émancipant sans autorisation et prenant sa liberté jamais obtenue, la Couronne aurait aussitôt envoyé ses armées marcher vers les principales villes des deux annexés.
Avec la guerre à sa porte, la reine blonde ne pouvait rien faire. Un problème pour un autre jour. Peut-être couper son armée en deux, si elle était réellement peu avisée.
De son côté, la reine dragon ne pouvait que retourner sur ses pas, tournant le dos à Cersei qui en profiterait pour l’anéantir, ou continuer sa croisade vers cette dernière pour s’emparer du trône et repartir en guerre. Ce que ses soldats et troupes ne pourraient pas suivre. Deux guerres d’affilées et des semaines de marches entre les deux étaient assez épuisantes, trois et un aller-retour King’s Landind – Winterfell ? Non. Ils allaient pour la plupart mourir de leurs blessures non soignées ou d’épuisement sur la route.
Ce qui donnerait l’occasion aux soldats du Nord d’attaquer une armée presque incapable de se défendre.
Mais aucun des deux ne voulait du trône de fer, de cette couronne maudite. Ils voulaient le Nord libre, un Hiver sans guerre et espéraient d’un prochain Été tout aussi libre de conflits.
S’ils devaient conquérir le trône de fer pour cela, ainsi soit-il. Les dieux sont cruels. Ils le conquerront. Pour le détruire la seconde suivante, laissant aux autres Lord le plaisir de se disputer entre eux le territoire devant leurs maisons.
Comme les bêtes affamées de pouvoir qu’ils ont toujours été.
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Les corbeaux ne s’arrêtent jamais. Mais aucun n’apporte de nouvelles qui la surprennent. La lionne gratte ses griffes contre son trône d’épées, grognant à la trahison et des promesses de mort lente une fois la reine blanche à terre. La dragonne crache du feu, hurlant à l’insubordination et promettant feu et sang à son retour.
Alors, elle ne s’épuise pas à répondre ou à gaspiller son papier et son encre.
Tant que ces monstres assoiffés de ce qui coule dans les veines des autres n’auront pas compris qu’ils ont perdu, à quoi bon hurler. Elle était louve, oui. Elle hurlait à la lune. Mais celle-ci répondait à ses cris. Celle-ci écoutait ses plaintes, quand bien même ce n’était qu’un astre lumineux.
Elle n’allait pas s’user la gorge à sang face à des créatures fonçant vers leur lit de mort.
À quoi bon ? Aucune des deux n’avait écouté quoique ce soit de ce qu’elle avait pu dire avant ce moment.
Alors la louve rousse regarde sa meute et son peuple grandir, reconstruire, vivre et sourire pendant le temps qui leur restait avant qu’une guerre, presque déjà gagnée, n’éclate entre le survivant et eux.
Si aucun royaume n’en profitait pour essayer de voler la couronne au vainqueur bien sûr.
Si cela était le cas… Et bien la Reine de glace essayerait de parler avec ces derniers des dangers de se mettre les loups possédant trois des sept royaumes à dos.
Mais ce n’était pas le moment d’y penser. Elle préférait regarder son fiancé et sa sœur rire à leur retour de leur chasse avec leurs loups. Regarder l’espièglerie et taquinerie dans les yeux de la louve sauvage et l’amusement dans ceux du loup blanc. Regarder Nymeria rentrer dans cette maison qui est la sienne, juste le temps de dire au revoir à son ancienne maîtresse et à Ghost.
Comme si rien d’autre n’était important.
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« Es-tu sûre de toi ? » demanda le loup ce soir-là, à l’encadrement de la porte de la Reine qui soupirerait presque gentiment à cette demande idiote, il pouvait le voir à ses yeux rieurs.
Mais il y avait tant d’amour, de précaution, d’attention dans cette demande… Elle devait le savoir. Elle devait savoir qu’il accepterait tout d’elle. Même de faire lit à part durant toute leur vie. Même de n’avoir jamais rien de plus que ce qu’ils ont déjà. Rien de plus que son goût sur ses lèvres. C’était assez.
Elle était assez.
« Contredis-tu un ordre de ta Reine ? »
Le sourire qu’il voyait se moquait de lui. Les lèvres rouges, glacées, lui demandaient presque de les embrasser à l’instant même. De les ravir jusqu’à ce qu’elles deviennent aussi chaudes que le cœur les possédant, aussi brûlante que la passion de leur porteuse.
Les yeux bleus, plus froids que les glaces de l’autre côté du Mur, lui lancent un regard qui le défiait de dire n’importe quoi d’autre que non. Juste pour voir ce qu’elle pourrait lui infliger comme torture après cet outrage. Juste pour jouer de lui et de sa santé mentale, peu existante face à la tentation qu’elle était.
« Comment pourrais-je ? »
Elle lui sourit, tendant une de ses mains qu’il attrapa avec délicatesse. Et elle le fit entrer avec elle dans les appartements de la Reine.
Il lui suffit d’un baiser pour céder à toutes les demandes de la rousse.
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Des jours passent. Une lune passe, pleine et lumineuse sur eux qui vivent tranquille dans le blanc étincelant de la neige qui continue de tomber au sol. Les corbeaux vont et viennent. Mais ils n’ont plus de nouvelle du front de King’s Landing.
Elle sait, que même si les deux reines s’allient dans un élan de lucidité, ses armées les vaincraient malgré tout. La guerre épuise. Le chemin jusqu’à ses portes, maintenant couvert de neige, tuent ceux qui n’y sont pas préparés.
Les espions à la botte de Baelish, désormais à la sienne, ne disent rien de plus que les jours précédents. Les Reines se battent, la ville hurle sous le feu vert et le feu rouge. Elles se battent comme si les hurlements n’étaient que murmures de fourmis.
Elles se déchirent, détruisant avec elles la ville qu’elles veulent tant gouverner.
La louve se tiraille entre les regarder se détruire, comme ses leçons lui ont appris, ou prendre les rennes pour arrêter celles qui ne voient même plus le peuple se brûle aux pieds de leurs trônes. Au pied de leur si précieux Trône de Fer.
Comme la gentillesse et la compassion de la Reine qu’elle est censée être.
« Nous ne pouvons rien faire, ma Reine. » lui dit Rhodes, quand elle lui exprime ses sentiments face au feu et sang des deux monstres portant une couronne. « Nous mettre en guerre mettrait nos hommes au feu avec ceux que vous voulez essayer de sauver. »
Il n’a pas tort. Elle le sait. Mais un goût amer se propage dans sa bouche, comme une viande avariée coincée sous une dent.
« Nous pouvons toujours essayer d’envoyer un corbeau aux autres royaumes pour mettre nos forces en commun pour une seule bataille. » essaye le lion estropié mais c’est une idée quasi vaine.
Faire cela causerait une nouvelle guerre sur ces terres de cendres noires et rouges. Car aucun royaume n’essayerait de discuter une fois l’alliance et les deux Reines destructrices terminées. Elle devrait faire fuir ses hommes, leur coûtant leur honneur et leur confiance.
« Malheureusement, cela risque de nous retomber bien vite dessus une fois que la ville soit sauvée. »
« Causant une possible autre guerre pour celle-ci. » finit-il après elle, comprenant très bien les seigneurs qui ont été soumis à des décisions qui n’étaient pas les leurs et les envies de grandeurs de la plupart.
Le lion devenant loup n’était pas un très bon joueur du jeu du trône. Mais il n’avait pas son pareil pour la stratégie militaire, après tant d’années de chevaleries, il savait très bien comment fonctionnaient les généraux. Brienne acquiesça avec une mine dure et la louve regarda ses deux généraux. Elle ne possédait pas d’idée parfaite, encore moins bonne. Alors à quoi bon ?
Ils ne pouvaient rien faire pour le moment.
« Un royaume va bien essayer de prendre la tangente, vous savez ? » lui demanda sa chevalière, une fois la réunion terminée. Elle acquiesce simplement. « Devons-nous nous préparer à le combattre s'il veut nous asservir ? »
« Il y aura des négociations pour tous les royaumes. Ils essayeront tous de prendre le Trône de Fer pour faire taire les autres et ils ne le feront pas, quitte à détruire la ville encore et encore. Puis, une fois que tous seront remplacés, probablement, hors le vainqueur, ils viendront ici, face à nos trois royaumes réunis sous la couronne du Nord. »
Une puissance prenant la moitié du continent, sous les ordres d’une seule personne, entourée de conseillers venant de chaque contrée, habituée à la neige, au froid et à la rudesse terrifiante de l’Hiver. Les soldats de l’Eté allaient transir jusqu’à qu’ils ne pourrissent sous le froid jusqu’à l’os.
« Pas de guerre ? » demanda alors le chevalier, suivant son raisonnement.
« L’Hiver est là. Et les Stark connaissent l’Hiver. »
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Ses bras sont autour du corps fin de sa Reine de glace à la couronne de feu, la protégeant du froid brûlant. Ils ne prient pas, aucun d’eux ne croit aux dieux, anciens ou nouveaux, à présent, mais le bosquet et le Baral a quelque chose d’apaisant pour eux. Un lieu familier, familial. Qui leur rappelle une vie qu’ils n’ont plus.
D’intime, vu que peu osent s’imposer alors qu’ils sont ici.
C’est pourquoi, quand des pas font grincer la neige au loin, il se tourne vers le bruit alors qu’elle se fond un peu plus contre lui. Cherchant cette protection qu’il a toujours prodiguée et qu’il prodiguera toujours. N’est-ce pas un honneur de mourir pour sa Dame ?
La dame de saphir approche, avec une légère révérence en les voyant. Elle détourne les yeux pour les laisser dans un semblant d’intimité. Il aime Brienne. Elle est une bonne amie pour sa louve bien trop mordante et pleine de cicatrices. Elle fait passer leur Reine avant tout, comme lui, et respecte que certaines choses, même si elle les voit un instant, ne doivent pas être sous ses yeux plus de quelques secondes.
Brienne ne parlerait jamais de la douceur de l’étreinte actuelle, de la position presque cachée du monde de leur Reine, protégée du monde dans les bras du Roi fantôme.
« Que se passe-t-il ? » demande-t-il alors qu’il sent la louve se relever légèrement dans ses bras, consciente du danger non existant à l’instant.
« Dorne a monté une armée. Elle marchera sur King’s Landing d’ici une semaine. »