Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 5

1582 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 07:40

            Je revins doucement à moi, peinant à respirer. J'ouvris les yeux, éblouie par la lumière de la fenêtre. J'étais toujours en vie… Je me redressai fébrilement et constatai que le lit était vide. J'entendis des hennissements et me levai avec hâte. Il avait pris la fuite. Je courus jusqu'aux écuries, à pieds nus, et remarquai l'absence de Khor et des trois autres chevaux que mon père avait emmené. Hors de question qu'il vole mon étalon ! S'il voulait partir, qu'il le fasse seul. J'ouvris le box d'une jument noire et blanche et montai à cru dessus, à la recherche du blessé.

            Il avait pris la Haute Route, en direction du Val d'Arryn. Je n'aimais pas quitter les terres des Tully, mais je n'avais pas le choix. Mon père m'en aurait voulu si j'étais rentrée sans Khor. Je parcourus une vingtaine de miles avant de le voir, devant moi, galopant à bonne allure. J'avais l'avantage d'être plus légère que le Limier, et par conséquent, plus rapide. Je tentai de le rattraper, courant à travers les clairières du Val d'Arryn, évitant les rochers tortueux sur le chemin. Je n'étais plus qu'à quelques mètres, et parvins à siffler ce qui stoppa l'étalon.

            "Descendez !" ordonnai-je une fois à la hauteur du fugitif. "Il s'agit de mon cheval ! Vous pouvez partir, mais ce sera sans lui.". Il me toisa du regard, la main posée sur sa plaie à l'abdomen. Il ne l'avait ni bandé, ni soigné… C'était un miracle qu'il ait réussi à monter sur Khor et à galoper pendant tant de temps. L'un comme l'autre, les Clegane étaient vraiment impressionnants… "Viens le chercher.". Je fronçai les sourcils et descendis de la jument pour m'avancer vers le Limier. Il fit de même en me regardant de haut, posté devant l'étalon.

  • J'aurai dû te tuer, siffla-t-il entre ses dents.
  • Vous auriez dû. Mais mon père aurait contacté tout Westeros pour vous faire la peau.
  • Est-ce ce qu'il a fait pour Gregor ? À ma connaissance il est toujours en vie.

            Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres. Comment osait-il me parler de lui ? "Contrairement à vous, la Montagne a des alliés qui le protègent.". Il se mit à rire, fort, bruyamment, et grogna en marchant d'un pas assuré : " Mon frère n'a besoin de personne pour le protéger.". Il s'arrêta à quelques centimètres de moi, me forçant à lever les yeux :

  • Dommage que ce ne soit pas votre cas.

            Je ne flanchais pas. Ma réaction semblait l'amuser. "Tu es tellement naïve. J'ai tenté de te tuer trois fois et pourtant tu reviens toujours. Que cherches-tu ? Que je vous protège, toi et ton infirme de père ? Je ne le ferai pas.". Je fis non de la tête en serrant la mâchoire. "Pour cela, il faudrait que vous soyez en mesure de pouvoir nous protéger. Pour le moment, on dirait que c'est plutôt le contraire, vous ne trouvez pas ?". Il me regarda longuement, avant de pouffer de rire en grimaçant. Il allait répondre, quand je l'interrompis en plaquant ma main sur sa bouche. Quelqu'un approchait. Je le poussai vers des arbres, sur le bord du chemin, en lui faisant signe de se taire, et tombai sur deux chevaliers de la maison Tully. Je les connaissais, mon père leur avait vendu trois chevaux le mois dernier.

  • Sir Stefan, Sir Ilyan, bonjour, saluai-je en m'inclinant.
  • La petite Elya, s'exclama le premier en descendant de cheval. Que fais-tu ici, seule ?
  • Une de mes juments s'était enfuie, mentis-je en la montrant. Je suis partie à sa recherche.
  • Tu ne devrais pas rester ici, assura Ilyan, toujours assis sur son palefroi. Les routes ne sont pas sûres pour les jeunes filles. Ta place est dans la maison de ton père.
  • Oui Messeigneurs, veuillez pardonner ma bêtise. Puis-je me permettre de vous demander ce que vous faites dans le Val d'Arryn ?
  • Nous sommes à la recherche d'un déserteur envoyé à la Garde de Nuit. Il a quitté les rangs alors que nous étions à Beaumarché. Si tu le vois, sauve-toi, il est armé et dangereux.

            J'acquiesçai, légèrement rassurée, et souris en priant pour qu'ils ne s'attardent pas ici. Me voir en compagnie du Limier serait une trahison. Sir Stefan s'apprêta à remonter à cheval, quand le blessé arriva derrière lui comme une ombre et lui tordit le cou. Je poussai un cri en reculant, voyant le chevalier gésir sur le sol, inerte. Sir Ilyan, plus vieux mais non moins fort, dégaina son épée en m'ordonnant de m'éloigner. Je ne bougeai pas, fixant toujours le cadavre sur Seigneur. Les chevaux se mirent à hennir derrière moi, affolés par la tournure que prenait la situation.

            Le Limier s'empara vivement de l'arme du soldat à terre, le temps que l'autre descende de son cheval. Commença alors un combat sans merci. Un chevalier de la Maison Tully contre l'ancien chien du Roi. Je les suppliais d'arrêter, en pleurs, tentant de réanimer le corps sans vie de Sir Stefan. La mêlée fut brève, le Limier en sortit essoufflé, éreinté, mais vainqueur. Il avait fait ça toute sa vie… Il boita vers sa victime et commença à la dépouiller de son armure.

  • Comment osez-vous ? criai-je à m'en rompre la voix. C'étaient des hommes bons ! Ils servaient ma Maison !
  • Et ils possédaient ce dont j'ai besoin, assura-t-il en montrant les armes.
  • Nous aurions pu vous en acheter !
  • Perte de temps. Déshabille celui-là, grogna-t-il en me montrant Sir Stefan.
  • Vous êtes ignoble…

            Je retirai le casque du pauvre homme, puis ses gants. J'avais l'impression d'être complice de cet acte inhumain. "Ensuite vous partirez ?". Il acquiesça en nettoyant l'épée. Il avait deux armures, deux chevaux, deux claymores. Que pouvait-il vouloir d'autre ? Il n'avait besoin de rien de plus.

            On se releva une fois le matériel rassemblé. Il avait revêtu ce qu'il pouvait, à savoir les épaulières, les gants et un casque, et avait ceinturé une épée à sa taille. Je le regardai une dernière fois, et murmurai d'une voix nouée :

  • L'huile de rose est efficace contre les infections, procurez-vous en dès que vous le pourrez. Essayez de changer de bande tous les jours. Évitez les repas consistants le temps que la plaie cicatrise.
  • Tu vas me manquer gamine, siffla-t-il ironiquement en montant sur son cheval, douloureusement.

            Je baissai la tête, la mâchoire serrée. Il haletait en se tenant le ventre, et finit par aboyer :

  • Si jamais tu dis à qui que ce soit que tu m'as vu, je viendrai te tuer.
  • Si jamais vous dites à qui que ce soit que je vous ai aidé, je vous tuerai.

            Il esquissa un sourire en coin et claqua la langue pour faire avancer ses chevaux en direction de la Porte Sanglante. J'attrapai la bride de Khor et montai dessus quand j'entendis, au loin, d'une voix rauque et essoufflée : "Fais attention à toi, Elya, de la Maison Guède.". Je regardai le Limier déjà loin et lâchai un soupire. Je fis trotter les chevaux vers la maison de mon père, passant devant les cadavres des chevaliers sans vraiment les voir.

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