Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 6

1319 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 00:54

            Les deux jours qui avaient suivi la rencontre avec le Limier furent d'une monotonie affligeante. J'évitais de trop sortir de la maison, n'aimant pas m'aventurer loin des écuries quand j'étais seule. Mon père n'était toujours pas rentré de Beaumarché, mais son absence ne m'inquiétait pas. Il préférait généralement rester un jour de plus sur place, pour se reposer ou marchander d'autres affaires.

            Je sortis du box de Khor après l'avoir nourri et attrapai la torche que j'avais laissé dehors. La nuit était tombée depuis un moment. Les jours raccourcissaient à vu d'œil… Je fermai la porte des écuries et marchai vers la maison, lasse de ma journée. La lune était pleine, et vu le nombre d'étoiles, la journée de demain sera belle. Je soufflai et me raidis en entendant un craquement derrière moi. Je sortis mon couteau de chasse de ma poche, sur la défensive, regardant les arbres de la forêt environnante. Le bruit se répéta, dans un buisson sur la gauche. Je m'avançai prudemment, arme au poing, et sursautai en voyant un lapin en sortir à vive allure.

            Je lançai mon couteau dessus, le loupant de quelques centimètres. Satané rongeur… Mon ventre grogna, me rappelant que mon dernier repas correct était le ragoût de mon père… Je le caressai doucement, puis ramassai mon couteau planté dans le sol. Je n'avais rien à manger. Demain j'irai en ville acheter des céréales et des fruits. Je passai une main sur mon visage et entendis un nouveau bruit. Un autre lapin. Décidément, ils avaient choisi de me narguer ce soir… Je prendrais ma revanche quand il fera jour.

            J'entamai le dernier morceau de pain rassit que j'avais sous la main, fixant le feu de cheminée devant moi. J'attrapai une plume et de l'encre, et commençai à faire l'inventaire des choses que je devrais acheter. Je n'avais presque plus d'huile de rose… Je songeai au Limier, perdu dans la nature, et me demandai comment il pouvait aller. Vu la façon dont il avait tué les deux chevaliers, il ne risquait rien. Je fronçai les sourcils en me remémorant cet acte et soupirai.

            On toqua soudain à la porte d'entrée, me faisant sursauter. Je n'aimais pas ça… Cela pouvait être n'importe qui derrière cette porte. Des Tully, des Greyjoy, des Lannister, la Montagne… Mon sang ne fit qu'un tour en pensant à lui, et j'ouvris, sur la défensive. Un bel homme, brun avec une barbe de trois jours et vêtu d'un habit noir, se tenait devant moi. Il avait un visage souriant, les mains jointes devant lui. Une grande épée pendait le long de sa jambe, rangée dans son fourreau. J'arquai un sourcil, et demandai en essayant de garder mon sang froid :

  • En quoi puis-je vous aider ?
  • Bonsoir ma Dame, salua-t-il en s'inclinant. J'espère ne pas vous importuner. Je suis à la recherche d'un endroit pour passer la nuit. J'ai vu que vous aviez des écuries, je m'en contenterai tout à fait.

            Un voleur de chevaux… Je m'éclaircis la gorge, peu habituée à ce mode opératoire. Généralement il ne se présentaient jamais à notre porte. "Vous êtes ?" demandai-je à mi-voix. Il sourit en s'inclinant à nouveau.

  • Veuillez pardonner mes mauvaises manières. Je suis Von, de la Maison Hunt.
  • Que faites-vous si loin des terres des Tyrell ? interrogeai-je, surprise.
  • Je chassais. Le gibier se fait rare dans nos contrées, et nous essayons d'en dénicher dans les régions voisines. Nous vous dédommagerons en conséquent, bien entendu.
  • Vous n'avez pas de chance, soupirai-je. L'hiver se fait sentir pour tout le monde ici…
  • Cela faisait partie de mes craintes. Plus nous allons vers le nord et plus le climat se refroidit, c'est un fait.

            Je souris doucement, agrandissant le sien. Il paraissait amical, rien à voir avec les voleurs que j'avais pu rencontrer. Peut-être disait-il vrai. Je décidai de le croire. "Voulez-vous entrer pour vous réchauffer ?". Il ne voulait pas m'importuner mais j'insistai. Au moins j'aurai de la compagnie. Je l'invitai à s'assoir à table, et tentai de dénicher quelque chose à lui faire manger. Je cherchai dans un placard, quand il me demanda mon prénom.

  • Elya.
  • Très bien Elya, alors tu vas arrêter de chercher et t'assoir sur cette chaise. Tout de suite.
  • Pardon ?

            Je me retournai, surprise, et tombai sur la pointe de l'épée, à quelques centimètres de mon menton. Non… Je levai les mains, dos contre le meuble massif, affolée. Il me montra la chaise d'un signe de la tête et je m'exécutai, le cœur battant à m'en rompre les côtes. "Je n'ai rien à vous donner, par pitié…" suppliai-je en tremblant. Il étouffa un petit rire et commença à fouiller dans ma chambre :

  • J'ai vu que tu avais de très beaux chevaux.
  • Ils sont à mon père.
  • Qui semble ne pas être là. Quel père laisserait sa si jolie fille toute seule, en pleine nuit ?

            Il esquissa un sourire en coin en me fixant. Je connaissais ce regard, il était ancré dans ma mémoire à jamais. Je fis non de la tête, les yeux exorbités, le voyant s'approcher en de grandes enjambées. "Pitié, non, ne me faites pas de mal !". Il agrippa la chaise de chaque côté de moi, son visage près du mien. Je baissai la tête, les larmes aux yeux. "Tu vois que tu as d'autres choses à m'offrir. Je vais te monter et te baiser tellement fort que tu en saigneras.". Sur ces mots il arracha ma chemise, dévoilant ma peau nue. Je hurlais, criais, me débattais. Je ne pouvais m'empêcher de penser à la Montagne. Je n'avais pas la force nécessaire pour le repousser, mais je parvins à lui donner un coup de pied dans l'entrejambe. Il se plia en deux en beuglant de douleur, et je profitai de ce moment pour m'enfuir loin de lui.

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