Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 7

1606 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 16:08

            Je courais à toute vitesse, sentant le vent me fouetter le visage et la poitrine. Je l'entendais chanter mon prénom, non loin derrière moi, et seule la lueur de la torche qu'il tenait m'indiquait sa position. Je pleurais de désespoir, courant le long de ce chemin escarpé. Je sentis quelqu'un m'attraper le bras et me tirer contre un arbre, une main plaquée sur ma bouche. Je regardai l'homme encapuchonné, haletante, ne sachant s'il me voulait du bien ou du mal. Il posa un index sur ses lèvres en me faisant signe de me taire et ôta la cape de son visage. Mes jambes cédèrent sous mon poids en identifiant le Limier. Il me retint de justesse et je m'exclamai :

  • Il est derrière moi ! C'est un voleur de chevaux ! Et il veut…

            Je regardai ma poitrine et la cachai avec mes mains, sanglotant impuissante devant l'homme. Il retira sa cape et me la tendit. Je m'empressai de la prendre pour me couvrir avec, toujours en pleurs. "Il ne s'agit pas d'un voleur de chevaux. C'est le déserteur de la Garde de Nuit.". Comment le savait-il ? Il dégaina son épée dans un crissement strident et sortit de notre abri, faisant face à mon agresseur. Ce dernier brandit sa torche pour voir le visage de l'homme qui venait lui barrer la route, faisant reculer le Limier.

  • Ça alors ! s'exclama le déserteur. Un Chien errant.
  • Tu sembles connaître mon nom, donne moi le tien, gronda l'homme en faisant tourner son épée.
  • Meryl Hill, de la Maison Payne, renseigna ce dernier avec un sourire sournois. Je suis banneret de la même Famille que toi. Baisse ton arme.
  • Je ne sers plus les Lannister.
  • Je me demandais aussi, pourquoi diable t'auraient-ils mis une prime sur la tête sinon ? rit le bâtard.
  • Tu es le bâtard d'Ilyn Payne ?
  • En personne.
  • Dans ce cas je vais devoir te tuer.

            Le regard du Limier changea. Comme si une lueur vengeresse l'avait possédé. Ce ne fut pas du goût de Meryl, qui dégaina son épée, sur la défensive, son éternel sourire envolé. Je regardai la scène avec des yeux effrayés, tenant fermement la cape autour de moi. Les coups fusaient avec une rapidité impressionnante. L'un comme l'autre paraient les attaques, de justesse parfois, jusqu'à ce que Sandor soit touché dans le flanc gauche. Il hurla de douleur et je portai mes doigts à la bouche, espérant qu'il aille bien. Il riposta, heurtant le déserteur dans l'épaule. Ce dernier tomba à terre, se tordant sous la souffrance, pendant que le Limier lui assenait des  coups de pieds.

            Tout vint alors très vite. La torche sous la main de Meryl, qui l'envoya au visage du Limier, qui parvint à la bloquer avec son bras, reculant sous la peur. Son pantalon prit feu, rapidement, se consumant un peu plus à chaque seconde. L'homme hurlait, essayant d'échapper aux flammes qui le dévoraient peu à peu. Il trébucha contre une pierre, ses yeux ne quittant pas la danse flamboyante sur ses jambes. Il raclait le sol avec ses pieds, espérant fuir ce spectacle. Le bâtard riait. Il riait à s'en rompre les côtes. Je retirai la cape et sortis de ma cachette pour étouffer le feu. Le poids du vêtement fit son effet, et je parvins à sauver le Limier.

            Meryl fulminait. Il m'attrapa par les cheveux et me souleva. Je criais, essayant de lui faire desserrer son étreinte, en vain. Je fus alors projetée au sol, plus loin, atterrissant sur le bras. Le Limier avait foncé sur le bâtard pour le faire lâcher prise. Il le rua de coups sur le visage, hurlant pour chacun d'eux : "Cersei Lannister ! Walder Frey ! Meryn Trant ! Tywin Lannister ! Melisandre ! Beric Dondarrion ! Thoros de Myr ! Ilyn Payne ! La Montagne !". Le dernier nom, celui de son frère, fut fatal. Le crâne de Meryl Hill explosa jusque sur mes bottes.

            J'étais terrifiée, toujours au sol, ne quittant pas des yeux le forcené qui fixait le cadavre du bâtard, haletant et tremblant de colère. Je me redressai, et marchai lentement vers le Limier, la peur au ventre. Je lui pris délicatement le bras et tentai de le relever, les larmes aux yeux. Il s'exécuta et se dégagea vivement de mon étreinte. Je baissai la tête et murmurai en m'inclinant : "Merci…". Il grogna quelque chose et ramassa sa cape. Il repartit vers les fourrés et en sortit un sac en cuir qu'il me tendit. Je le regardai en arquant un sourcil et ouvris la besace. Il y avait de la viande séchée, du riz, un morceau de pain et un poulet. Je ne comprenais pas… Il voulait que je lui cuisine quelque chose ? Pour toute réponse il emprunta le chemin qui menait à la maison de mon père. J'en conclus donc que oui… À vrai dire, j'étais rassurée. Je n'étais plus seule…

            "Et voilà pour vous, Messire !". Je posai le plat de poulet au riz sur la table en souriant. J'étais plutôt fière de mon repas, et j'avais bien l'intention de traiter mon sauveur comme un prince. J'amenai des assiettes et m'installai en face du Limier qui avait déjà commencé à se servir. Il arracha la viande séchée avec ses dents, avant de m'en tendre un bout que je refusai poliment. Il haussa les épaules en continuant de manger, et je demandai après quelques secondes :

  • Comment vous aviez su pour Meryl Hill ?
  • J'étais dans une auberge à Herpivoie. Et ce bâtard ventait ses exploits passés, en disant qu'il avait réussi à échapper aux hommes de la Garde de Nuit. Du vin, dit-il en me tendant sa chope que je remplis à nouveau. Il m'a pas fallu longtemps pour que je comprenne qui il était.
  • Il avait l'air tellement gentil quand je l'ai fait rentré, soupirai-je, un peu honteuse.
  • Tu n'es pas prudente, gamine ! Je t'avais dit de faire attention. Et toi tu ne trouves rien d'autres que de l'inviter à te baiser.
  • Je n'ai pas voulu cela ! m'indignai-je en fronçant les sourcils.

            Il soupira et vida sa chope d'un trait. Je demeurai silencieuse, fixant mon assiette remplie que je n'arrivais pas à manger. "Mange. J'ai pas tué l'aubergiste pour rien.". Je relevai la tête, la bouche entrouverte, outrée.

  • Vous avez tué l'aubergiste ?!
  • Il m'avait reconnu.
  • Et ce sera le cas de tout le Conflans si vous n'êtes pas plus discret ! Les bruits courront comme quoi Sandor Clegane est sur nos terres !
  • Conneries.
  • Le Roi vous retrouvera et vous fera exécuter !
  • J'emmerde le Roi !

            Je passai une main sur mon visage en soupirant. Me vint alors en tête la liste des noms qu'il avait hurlé. Il tendit encore sa chope, que je remplis, et je me risquai à demander la signification de cette litanie. "Une liste que répétait sans cesse une gamine qui était avec moi.". Son regard devint douloureux. Il but à nouveau pour ne rien faire paraître.

  • Que signifie-t-elle ?
  • Des gens qu'elle voulait tuer.

            Je me posais tout un tas de question sur cette fille. La plupart des noms servaient la Maison Lannister. Elle devait donc faire partie d'une Famille qui leur était ennemie. Qu'était-elle devenue ? Était-ce elle qui l'avait mis dans l'état dans lequel je l'avais trouvé ? Je dévisageai le Limier qui ne cessait de manger salement. Comment une gamine aurait pu lui causer toutes ces blessures ? Il s'agissait de quelqu'un d'autre… Espérons que cette personne ne soit plus dans le Conflans.

Laisser un commentaire ?