Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 8

1471 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:37

            Le Limier rota bruyamment en regardant mon assiette avec envie une fois la sienne terminée. Je la lui poussai du bout des doigts et il s'en empara.

  • Pourquoi avez-vous cessé de servir le Roi Joffrey ?
  • Pourquoi poses-tu toutes ces questions ? râla-t-il entre deux bouchées.
  • J'essaie simplement de comprendre comment l'un des hommes les plus dangereux de la Garde Royale en arrive à sauver des jeunes filles en détresse…

            J'esquissai un sourire qui disparut en voyant son regard froid. Je baissai les yeux et triturai mes doigts, gênée. "Je veux seulement dire que… Pourquoi êtes-vous revenus pour me sauver, ce soir ?". Je fixais mes genoux, en l'attente d'une réponse quelle qu'elle soit. Il se leva après quelques minutes et sortit de la maison : "J'vais pisser.". Je débarrassai la table en soupirant et entamai la vaisselle.

            "Vous avez trop bu Messire…". Je tentais de l'aider à marcher jusqu'à mon lit, croulant à moitié sous son poids. Deux litres de vin y étaient passés ce soir, et si je ne l'avais pas arrêté il aurait sans doute continué toute la nuit. Il se laissa tomber sur le sommier et commença à ronfler bruyamment. Je retirai son armure et regardai son pantalon à moitié calciné. Comment lui était arrivée cette crainte du feu ? Je vérifiai ensuite l'état des blessures, changea la bande de celle de l'abdomen, et finis par le couvrir d'une couverture. Quant à moi, je me contentai de la chaise à côté du lit, exténuée par la soirée.

            Je me réveillai de bonne heure, bien avant le Limier. Le soleil commençait tout juste à se montrer, colorant le ciel de nuées roses et oranges. Comme je l'avais prédis, la journée promettait d'être belle. Je commençai par recoudre ma chemise devant la cheminée. Je détestais être une femme. Les hommes pouvaient tout se permettre. Si j'étais un homme, je serai sans doute un chevalier. Servant une noble cause. J'aurai ma propre épée, ma propre armure, et je saurai me battre… Existaient-ils des femmes en armure ? Je n'en avais jamais vu dans la Famille Guède… Ni ailleurs. Je me piquai avec mon aiguille, me ramenant à la réalité. Non, les femmes devaient porter des robes, aimer et enfanter. Là était leur seule utilité dans le royaume.

            Je pensai alors à la fille Targaryen. On disait d'elle qu'elle avait une armée d'esclaves, prête à lui obéir au doigt et à l'œil… On racontait aussi qu'elle possédait des dragons. Elle devait être tellement impressionnante et respectée… Je soupirai, jalousant cette Reine d'un autre continent. J'entendis du bruit provenant de dehors, et me levai pour accueillir l'un des chevaliers de Guède. Il s'agissait de Sir Torah, que je connaissais très bien. Il nous avait escorté plusieurs fois avec mon père, d'une ville à l'autre quand la criminalité était encore très élevée.

  • Sir Torah, bonjour, saluai-je en m'inclinant.
  • Bonjour Lady Elya. Alvin est-il là ?
  • Non, il est à Beaumarché. Quelque chose ne va pas ? demandai-je, inquiète.
  • Rien vous concernant, sourit le vieux chevalier. Nous venons vous informer de la mort de Lord Tywin Lannister, Seigneur de la maison Lannister, Sire de Castral Roc, Suzerain et gouverneur de l'Ouest, et Bouclier de Port-Lannis.
  • Tywin Lannister est… mort ? répétai-je, ahurie.
  • Aussi mort que je suis vivant, assura Sir Torah. Je dois continuer ma tournée, Lady Elya. Faites attention à vous, des crimes ont refait surface dans les environs…
  • Vraiment ?
  • Deux chevaliers de la Maison Tully, un aubergiste à Herpivoie et le bâtard de Payne. Ce dernier est mort à seulement quelques miles de chez vous, alors soyez prudente.
  • Je le serai Sir. Merci. Puissent les Dieux veiller sur vous.

            Je m'inclinai, répondant à son signe de salut, et fermai la porte. Tywin Lannister… Je n'en revenais toujours pas. Je n'étais attachée à aucune des Familles de Westeros, pas même aux Tully que ma Maison servait, mais apprendre la mort d'un Seigneur des principales contrées faisait toujours un choc. Le même choc que j'avais connu pour Eddard Stark ou Lysa Tully. "C'était qui ?". Je sursautai en entendant grogner le Limier, resté dans l'encadrement de ma chambre. Il avait déjà entamé le vin de si bonne heure…

  • Un chevalier venu nous informer de la mort de Lord Tywin Lannister.

            La chope se brisa sur le sol, éclatant en mille morceaux. Le Limier resta sur place, comme hébété. Un sourire sadique se dessina enfin sur son visage, et il marcha jusqu'à la gourde de boisson, avant de la lever fièrement vers moi, comme pour boire à ma santé. J'aurai préféré qu'il s'abstienne… Je ramassai le bock et jetai les débris dehors, sous les chants païens de l'homme. "Les pluies de Castamere mon cul ! Cette Famille va enfin hériter de toute la souffrance qu'elle mérite !". Je levai les yeux au ciel, finissant de raccommoder ma chemise.

  • Qui va prendre Castral Roc ? demandai-je, songeuse.
  • Sans doute le gnome, répondit-il en se vautrant sur la chaise en face de moi.
  • Comment est-il mort d'après vous ?
  • C'est pas difficile à savoir. Je serai prêt sucer la queue de celui qui l'a tué si je l'avais devant moi !
  • Vous pensez qu'il a été assassiné ?
  • J'ai toujours pensé que ses enfants crèveraient avant lui. Alors effectivement, quelqu'un a voulu mettre un terme à la famille Royale.

            Je demeurai songeuse. Les terres des Lannister étaient limitrophes aux nôtres. Il est possible qu'une guerre ait lieu pour récupérer Castral Roc, maintenant que le pilier principal était tombé… Je savais que si Tyrion prenait les choses en main nous ne risquerions rien. J'avais des doutes concernant Jaime, son frère. Mais quant à Cersei, le sang coulerait à flot…

  • Cersei Lannister peut-elle gouverner à Castral Roc ?
  • Cersei Lannister a plus de pouvoir que toute sa Maison réunie, grimaça-t-il. D'une main elle tient son fils par les couilles et de l'autre main elle tient celles de son frère. Même si elle n'a pas le cul vissé sur un trône, elle prend toutes les décisions.
  • Alors les femmes peuvent vraiment être au pouvoir ? demandai-je avec une once d'excitation dans la voix.
  • Et y a rien de pire que ça.

            Il but une nouvelle rasade, la mine sombre, et me toisa quelques instants. "T'as quoi dans ton crâne d'oiseau ? Tu veux prendre le pouvoir toi aussi ?". Il se mit à rire quelques instants. "Le pouvoir des bouseux éleveurs de chevaux !". Je souris et hochai la tête en signe de dénégation. J'appréciais trop ma vie sans histoire. En revanche, j'aimerai beaucoup que ce soit une femme qui prenne le Trône de Fer…

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