Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 11

1490 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 22:41

            Je regardais les étoiles avec une sensation de fourmis dans le ventre. J'avais l'impression de vivre une aventure, celle qui allait changer ma vie. Comme lorsque l'on entreprend un grand voyage, ou une grande décision. Je souriais intérieurement, je me sentais plus puissante. Je me tournai sur le côté pour voir le Limier.

  • Vous avez une femme ?

            Il pouffa de rire et grimaça : "Et puis quoi encore ?". J'arquai un sourcil et m'accoudai, songeuse. Il était grand, fort, n'importe qui devait se sentir en sécurité avec lui… En plus, il m'avait sauvé la vie. Il avala une gorgée de vin en me toisant du regard et je continuai.

  • C'est comment, la vie à Port Réal ?
  • Sans intérêt.
  • Alors pourquoi avoir intégré la Garde Royale ? demandai-je, curieuse.
  • J'ai toujours été au service des Lannister. C'était dans l'ordre des choses.
  • Vous avez fait vœu de chasteté ?
  • Certainement pas ! C'est bon pour les crétins du mur ça.
  • Et comment c'est, dans la Cour ?

            Il soupira, et commença à me décrire les bons côté de la vie royale, à savoir les banquets, les beaux vêtements, le pouvoir… et les mauvais. Les complots, les trahisons, les meurtres… "Tu ne tiendrais pas dix minutes, Petit Oiseau." finit-il par lâcher après un soupire. "Avec vous, si.". Je fermai les yeux, me nichant dans la couverture que j'avais pris, sous l'œil bienveillant de mon protecteur.

            Il faisait beau… C'était une chance. Je sortis de l'eau du lac une fois propre, et me séchai avec ma couverture. Le soleil venait à peine de se lever, et une longue route nous attendait. Si nous pouvions atteindre les contrées d'Harrenhal aujourd'hui, ce serait une bonne chose. Je me rhabillai et rejoignis le Limier qui éteignait le feu. Je lui tendis des baies que j'avais ramassé sur le chemin, et il les engloutit en une bouchée. Je pourrais l'empoisonner qu'il ne s'en rendrait même pas compte. "Avez-vous changé vos bandages ?" demandai-je en rangeant mes affaires. J'obtins un grognement pour toute réponse et soupirai :

  • Ce n'est pas prudent.
  • On n'a pas le temps.
  • Bien sûre que si !

            Je le forçai à s'assoir et regardai la plaie de son cou. "Vous êtes presque guéri. Bientôt il n'y paraîtra plus. Vous n'aurez même pas de cicatrice !". Je souris à cette remarque, espérant lui faire décrocher un rictus. Rien, il était froid…

  • J'ai la moitié du visage brûlée. Une cicatrice de plus ou de moins ne changera rien.
  • Ne dites pas ça…
  • Il dégoute ou effraie la totalité des gens de ce putain de pays, râla-t-il en buvant une nouvelle rasade.
  • Il ne me dégoute pas, et il ne me fait pas peur, assurai-je en fronçant les sourcils. Nous sommes comme nous sommes.
  • Tu commences à véritablement bien manier l'art du mensonge Petit Oiseau. Peut-être que tu es réellement faite pour la vie à Port Réal, finalement.

            Il me fixa avec une expression agacée. Je lui rendis son regard dépité et attrapai sa main dont j'en retirai le gant. Je posai ses doigts sur ma nuque, derrière mes cheveux, et le fis sentir des cicatrices, au nombre de six, qui s'étendaient d'un bout à l'autre de la partie la moins visible de mon cou. Des boursouflures à l'affilée, dont j'en ressentais encore la douleur. "Elles représentent le nombre de fois que votre frère a "baisé" ma mère." sifflai-je entre mes dents avant de poser une main sur mon ventre, en dessous de mon nombril. "Ici, sous ma chemise, il y en a quatre. Elles représentent les quatre fois qu'il m'a "baisé". Et ici…". Je passai un doigt sur mon flanc droit. "Les onze fois que ses hommes m'ont "baisé".". Je lui montrai l'intérieur de mon poignet, où on pouvait deviner une cicatrice en forme de cercle. "Ce rond, ça représente l'œil qu'il a arraché à ma mère avant de la tuer.". J'aurais pu continuer comme ça pendant des heures. Mon corps était devenu l'œuvre d'art de la Montagne… Il s'était amusé à me marquer de la lame de sa dague, ou au fer rouge, accompagné de ses hommes. Leurs rires me hanteront à jamais. Le Limier serrait la mâchoire. "Elles sont sans doute moins sévères que votre brûlure au visage, et peut-être plus faciles à vivre, mais ce n'est pas parce qu'on ne les voit pas qu'elles n'existent pas.".

            On marchait depuis plusieurs heures. Le soleil était haut dans le ciel, et donnait étonnamment fort… Je transpirais sous mon manteau, vidant ma deuxième gourde de la journée. "Faut que j'pisse.". On arrêta les chevaux sur le bord de la route et le Limier descendit pour se soulager. J'en profitai pour retirer mon manteau et regarder les nuages quasi-inexistants.

  • Il fait tellement beau que l'on a du mal à imaginer que l'hiver approche…
  • T'as vécu combien d'hiver pour dire ça ?
  • Trois. Et vous ?
  • Bien plus que cela. D'ici un mois il y aura de la neige sur tout le continent.
  • Alors qu'il fait si chaud ?
  • C'est généralement comme ça. Va savoir pourquoi…
  • Et où serons-nous dans un mois ?
  • Y a pas de "nous".

            Je soupirai en roulant les yeux. Il remonta à cheval et on reprit la route. Je pensais à mon père, qui devait s'inquiéter… S'il était resté, il aurait vu à quel point le Limier ne méritait pas la réputation qu'on lui avait octroyé… ou peut-être que si… Je n'en savais rien. "Vous avez déjà tué des enfants ?". Son silence fut ma réponse. Il entama une nouvelle gourde de vin. C'était incroyable le nombre de litres qu'il buvait par jour… Il ralentit pour être à ma hauteur et assura en serrant la mâchoire :

  • Toute ta vie tu croiseras des tueurs. Tu m'as vu, tu as vu mon frère, ses putains d'hommes, Bolton et ses enfoirés de soldats, et t'as grandi au milieu des chevaliers. Tous ces hommes, ils en ont tué d'autres. Des hommes, des femmes, des enfants même. T'étais peut-être pas habituée à ça dans ta campagne, mais à Port-Réal, faudra que tu t'enfonces ça dans le crâne, Petit Oiseau. Ne fais confiance à personne.
  • Même pas à vous ?

            Il haussa les épaules avec une mine irritée. Je baissai la tête, après tout, il n'y avait pas de "nous" qui tenait… Une fois arrivé en ville, il m'abandonnera dans la rue. Il me mettait juste en garde, pour avoir moins mauvaise conscience…

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