Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 12

1777 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 29/03/2015 12:56

            Comment ça allait se passer pour moi une fois là-bas ? Je me redressai en soupirant. C'était angoissant…

  • Une fois qu'on sera à Port Réal, comment ça va se passer ?
  • J'en sais rien.
  • Avez-vous des alliés ?
  • Non.
  • Des ennemis ?
  • On a tous des ennemis à Port Réal.
  • De qui dois-je me méfier ?
  • De tout le monde. Mais principalement de Lord Baelish et de ses bordels. Tu ferais un met de qualité pour les soldats, bien que t'aies perdu ton trésor. Méfie-toi du roi, de sa mère, de sa femme, de tous les Lannister en général. Pareil pour l'Araignée. Il n'a pas de couille, mais il sème des "petits oiseaux" comme s'il en chiait. La putain de Torth, la Garde Royale…
  • Et donc quand nous arriverons à Port Réal, je devrais aller où ?

            Il fronça les sourcils, semblant réfléchir. J'avais de la chance d'avoir un allié qui connaissait les gens de Port Réal. Donc je devais me méfier des Lannister. Peut-être que leur comportement changerait, suite au décès de Tywin. Pourtant j'avais entendu grand bien de Tyrion. Il paraissait diplomate… "Au plus tu seras proche du Roi, au mieux ce sera.". J'arquai un sourcil, surprise. Il venait de me dire de m'en méfier.

  • Je ne comprends pas, vous…
  • Te méfier ne veut pas dire l'éviter. Tu peux très bien lui sucer la queue et le poignarder le lendemain.
  • Je ne suis pas une putain !
  • Et tu espères quoi ? Tu n'es pas d'une noble famille. Tu feras ce que les gens attendent de toi.
  • Je veux me battre ! Manier l'épée ! Avoir une armure ! Protéger quelqu'un !
  • Il faut des couilles pour ça.
  • Et si on parlait de Brienne de Torth ?! Elle n'a pas eu besoin de couilles pour…

            Son regard me dissuada de finir ma phrase. C'était plus fort que moi, je ne voulais pas être une lady. Il accéléra le pas pour instaurer une plus grande distance entre nous. Je regardai donc le paysage, voyant que l'on s'approchait d'Harrenhal. Les terres étaient devenues plus sombres, plus calcinées, rappelant sans cesse le passage de Balerion et de ses flammes. J'ignorais qui était à la tête de la forteresse en ce moment… Les Bolton ? Les Tully ? Cette ville était un tabou pour moi… Je ne l'aimais pas. Ou alors… Je fronçais les sourcils et galopai pour rattraper le Limier.

  • Si nous arrivons à Harrenhal ce soir, il vaudrait mieux dormir à l'extérieur de la forteresse, conseillai-je.
  • Je n'avais pas l'intention d'y entrer, répondit-il calmement.
  • Quand je dis à l'extérieur, je veux dire… vraiment loin.
  • Pourquoi ?
  • Je ne sais pas qui la contrôle en ce moment. Et il se pourrait même que ce soient les hommes de votre frère. Nous devrions aussi éviter la Route Royale…
  • On perdrait un jour.
  • Je préfère perdre un jour que ma tête, pas vous ?
  • Tu ne perdrais pas ta tête, grogna-t-il en levant les yeux au ciel.
  • Mais vous, si.

            Il me dévisagea quelques secondes et guida sa jument vers la gauche, dans une étendue d'herbe longeant un bois. Je le suivis, rassurée de voir qu'il écoutait mes conseils. Au moins il n'était pas borné ou idiot… La journée passa vite, et la nuit était tombée depuis plusieurs heures maintenant. Le bois était dense, on ne voyait rien et le Limier refusait que l'on allume une torche tant qu'on ne serait pas arrêtés.

            "Je suis fatiguée, je ne sens plus mes mains…" murmurais-je en regardant mes doigts sur les rênes de Khor. "Pouvons-nous passer la nuit ici ?". J'entendis la jument s'arrêter et le Limier descendre. Je ne voyais rien du tout… Je le sentis me prendre par la taille pour me ramener à terre. Nous n'avions pas mangé depuis la veille et mes jambes demeuraient fléchies à cause du temps passé à cheval. "Marche un peu", grogna-t-il. Je m'exécutai avec du mal, ne quittant pas son bras que je touchais du bout des doigts. J'avais peur de me perdre, ou même de tomber.

            "Comment vous est venue votre crainte du feu ?". Je fixais les flammes entre nous, songeuse, avant de relever la tête vers lui. La lumière du feu de camp se reflétait sur son visage, renforçant les plis de sa brûlure. Il serra la mâchoire et décida de ne pas répondre. Peut-être avait-il raison… Je posais trop de question. Je me mis donc à triturer l'anneau attaché à la chaine autour de mon cou. Il était d'un gris presque noir, mais l'on pouvait deviner une phrase, d'une écriture fine et brillante, d'un dialecte lointain. Je l'avais toujours eu, aussi longtemps que je me souvienne…

            "Tiens.". Je relevai la tête vers le Limier qui venait de me lancer un bout de bois fin, surprise. Il se leva, et me regarda du haut de ses deux mètres dix, attendant que je l'imite. Je pris la branche, curieuse, et me mis sur mes deux jambes encore un peu faibles. Il dégaina son épée et se mit en garde. Je ne comprenais rien… Il allait me tuer ?

  • Concentre-toi sur le regard de ton adversaire. Anticipe ses mouvements.
  • Mon… adversaire ? Vous allez m'apprendre ? demandai-je, la voix pleine d'excitation.
  • Seulement si tu retiens ce que je t'enseigne. Garde les jambes fléchies, ne les raidis pas.
  • J'ai un peu mal à cause de la journée à cheval, justifiai-je.
  • Ton adversaire s'en torchera, de ta journée à cheval. Il n'en épargnera pas ton cul pour autant.
  • Oui Messire.
  • Et ne m'appelles pas Messire.

            J'acquiesçai, prenant en compte ses conseils. Je fléchis un peu les jambes, tenant fermement mon épée improvisée. Je sentais l'excitation prendre possession de chacune de mes veines. J'en tremblais presque… C'était peut-être pour cette raison qu'il envoya mon bout de bois loin à terre, d'un simple coup. "Ton épée n'est que le prolongement de ton bras. Tu ne dois pas la laisser tomber.". Je fis un signe de la tête, pour lui faire comprendre que j'écoutais, et ramassai ma branche. Je me remis en position, et d'un geste vif il me taillada la chemise. "Des vêtements moins amples. Tu perds en vitesse et tu es plus facile à toucher, Petit Oiseau.". J'esquissai un sourire noir et grommelai :

  • Il est hors de question que je sois nue devant vous.
  • Tu ne serais pas la première gamine que je verrai. Et tu as sans doute déjà vécu cette situation.

            Je fronçai les sourcils. Où voulait-il en venir ? "Mon frère. T'a-t-il vu habillée ? As-tu lutté ? T'es-tu débattue ? Et ta mère ? Cette putain qui s'est faite baiser combien… six fois ?". Je hurlai en fonçant dessus, prête à lui embrocher la gorge de mon bout de bois. Il riait, esquivant ma charge sans difficulté, avant de m'assener un coup sur les cuisses avec le plat de son épée. Je fis volte-face, à la fois en colère et rongée de tristesse.

  • Sers-toi de tes émotions comme une arme, et charge pas bêtement.

            Il l'avait fait exprès. De mes émotions comme une arme ? Il voulait que j'enrage, que j'éprouve de la haine envers lui. Je serrai la mâchoire, essayant de passer outre. Il fit tourner son épée entre ses doigts, avant de me porter un coup sur les jambes que j'esquivai de justesse. Il recommença, toujours avec le plat de son arme, et je parvins à ne pas me faire toucher. J'étais plutôt fière de moi. Il tendit sa main dans ma direction en me grognant de lui donner mon bout de bois. J'hésitai mais m'exécutai. "Tu t'es assez amusée ?". Pardon ? J'arquai un sourcil, surprise. "À moi de jouer maintenant.". Ses mouvements n'avaient rien à voir avec les précédents. Moins amples, plus précis, avec une rapidité étonnante vu sa stature. Ventre, jambes, bras, visage… Rien ne me fut épargné. Je finis par tomber face contre sol, exténuée, couverte de coups. J'avais encore un long chemin à faire…

Laisser un commentaire ?