Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 13

1229 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/04/2015 14:44

            J'avais l'impression qu'une horde de Dothraki m'était passée dessus. J'ouvris difficilement les yeux, aveuglée par la lumière du jour. Le Limier était déjà réveillé. Il s'affairait à faire cuire un lapin, ayant inventé tout un système pour le tourner sans s'approcher des flammes. Il posa son regard sur moi, tandis que je me redressais sur mes bras. "Tu es faible.". Sa voix me glaça le sang. Faible ? Se moquait-il de moi ?

  • Vous m'avez littéralement attaqué hier soir…
  • Et tu as esquivé aucun de mes coups.
  • Ils étaient trop rapides !
  • Tu rencontreras bien plus rapide que moi. Et eux n'auront pas un vulgaire bout de bois en guise d'épée.
  • Oui Messire…
  • M'appelle pas Messire ! Je ne suis pas un chevalier ! s'exclama-t-il.
  • Comment dois-je vous nommer dans ce cas ?! m'indignai-je.
  • Chien ! Limier !
  • Vous n'êtes pas un animal.

            Il écarquilla les yeux, comme s'il était surpris que je lui dise ça. Il me montra le lapin d'un signe de tête. "Mange.". Je me levai fébrilement et l'attrapai à même la broche. Je croquai un morceau dans une patte, et relevai la tête vers le Limier qui s'exclama :

  • Ne viens pas te plaindre que tes doigts sont brûlés.
  • Je ne crains pas la chaleur, ni même les flammes.
  • Étrange.
  • Je ne sais pour quelle raison. Peut-être que mes nerfs sont insensibles, murmurais-je en pliant et dépliant mes doigts, songeuse.
  • Sandor ? demandai-je en relevant la tête.
  • Quoi "Sandor" ?
  • C'est votre prénom, non ? Je peux vous appeler comme cela ?

            Il haussa les épaules et détourna les yeux, irrité. "Je ne me rappelle pas la dernière fois que l'on m'a appelé ainsi.". J'esquissai un sourire. J'avais l'impression qu'il m'accordait un peu plus sa confiance de cette façon. Comme s'il s'ouvrait. Une fois rassasiés, on remonta à cheval. Mes jambes étaient déjà douloureuses… "Il faudrait arriver à la frontière aujourd'hui. Nous galoperons." lâcha-t-il d'une voix sèche. Il n'était pas sérieux… ?

  • Nous fatiguerons les chevaux pour rien, c'est inutile, soupirai-je en lui tendant les restes du lapin.
  • Inutile ? Je veux le voir mourir avant de…
  • Et je veux le voir mourir tout autant que vous, coupai-je. Mais nous ne pouvons pas aller à la capitale sans précaution. Ils ne vous laisseront pas atteindre les portes de la ville que votre tête sera déjà au bout d'une pique.
  • Je ne les laisserai pas me tuer. Pas avant de l'avoir eu.

            Je soupirai, la boule au ventre. Tout était silencieux autour de nous, à part Khor qui raclait la terre avec ses sabots et le feu qui crépitait. Je fermai les yeux quelques instants, m'imprégnant du parfum des feuilles mortes. "Khor a été offert à mon père par Aerys Targaryen. Il l'avait hébergé une nuit d'hiver… Mon père aimait beaucoup ce roi, bien plus qu'il n'aimait ses successeurs… Je suis née le jour de sa mort. L'avez-vous connu ?". Je gardai les yeux clos, dans l'attente d'une réponse.

  • Je n'ai jamais combattu pour lui. 
  • Était-il bon ?
  • Il l'était dans sa jeunesse, à ce que l'on m'en a raconté.
  • Et ensuite ?
  • Il est devenu fou. Le pouvoir ne va pas à tout le monde.
  • Existe-t-il des gens qui vénèrent sa personne à l'heure actuelle ?
  • Peut-être à Harrenhal. Il avait fait un tournoi là-bas. Pourquoi ?

            Je rouvris les yeux, déterminée. "Restez ici aujourd'hui. Je prends Khor et Laya. Je reviendrais avant la nuit.". Je me levai mais me fis rapidement rassoir par le Limier. "Ne crois pas que je vais te laisser t'enfuir avec les deux chevaux. Nous sommes trop près des villes. Tu pourrais chercher des hommes et indiquer où je me trouve.". Sa voix était froide, glaciale, méconnaissable. Je plissai les yeux, irritée, et me résignai à lui laisser la jument. Il n'avait pas confiance en moi. Je montai sur mon étalon, les sourcils froncés, et demandai au Limier de m'attendre là, avant de partir au galop à travers bois.

            Le soleil était à son zénith quand j'arrivai aux portes d'Harrenhal. La ville était sombre, calcinée, peu avenante. Je fus accueillie par les hommes de la Montagne, et j'étais bien heureuse que le Limier ne m'ait pas accompagné. Leurs regards vicieux me rappelèrent celui de leur Maître. Je flattai l'encolure de Khor qui semblait nerveux, et me présentai aux deux hommes :

  • Je suis Elya, de la Maison Guède. Je souhaiterais entrer dans la forteresse pour faire des affaires.
  • Tu n'as rien à faire là gamine, grogna l'un des deux hommes.
  • Je suis originaire du Conflans. Ce qui ne semble pas être votre cas. Donc qui n'a rien à faire ici, d'après vous ?
  • Rebrousse chemin, ou je te taille de mon épée après t'avoir baisé, menaça le second en dégainant son arme.
  • Laissez la entrer, s'exclama un vieux chevalier à l'armure argentée.

            Il n'avait rien à voir avec les autres cabots de la Montagne. Il était d'Harrenhal, du Conflans, et je souris en passant fièrement devant les deux soldats. Je m'arrêtai à hauteur de mon sauveur et me présentai à nouveau. "Ser Axel de la Maison Whent. Veuillez excuser ces deux lurons. Une armure et ils se croient tout puissant.". Son sourire fit tressaillir sa barbe blanche. Je demandai à voir un marchand et un forgeron. Le chevalier m'indiqua des vieilles maisons en pierres sombres, vers la cour intérieure. Je le remerciai et claquai la langue pour faire avancer Khor, lui caressant les crins du bout des doigts.

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