Beauty and The Hound / La Belle et le Limier

Chapitre 14

1017 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 17:58

            Le forgeron était bedonnant, chauve et moustachu, tâché de suie. Il portait un tablier sombre et des gants épais noirs. Je descendis de mon cheval, l'attachant à l'entrée de l'atelier, et demandai à voir les armures qu'il avait en réserve.

  • Je cherche une grande armure. Très grande même. Et blanche.
  • Une grande armure blanche ? Ce n'est pas pour toi j'espère ?

            Il se mit à rire, se moquant sans doute de ma carrure. Je plissai les yeux et réitérai ma demande, sans sourciller. Il m'en montra une argentée, du bout de son marteau. Argenté n'était pas blanc… Il m'assura qu'en la polissant avec une pierre blanche je pourrai la rendre étincelante. Il me fit une démonstration convaincante sur un vieil heaume. "Combien vous en voulez pour l'armure ?". Il réfléchit un instant, sceptique, avant d'annoncer :

  • Quarante dragons d'or !
  • Ne vous moquez pas de moi, elle en vaut à peine dix.
  • À peine dix ? Écoute petite pucelle, tu...
  • Je vous en donnerai douze. Quinze avec une bonne épée. Vingt avec une armure à ma taille.

            Il écarquilla les yeux. J'avais passé ma vie à marchander, je savais à quoi m'attendre. Il descendit à vingt dragons pour l'armure et l'épée, mais n'avait rien pour moi. J'acquiesçai et lui affirmai que je reviendrais vers lui. Je remontai sur Khor et partis vers le marchand.

            Je m'arrêtai devant un vieillard infirme, assis sur une chaise en bois, le visage las. Je descendis de mon étalon, l'estomac lourd. Il me fixa un instant, l'air intrigué, me détaillant de haut en bas.

  • Bien le bonjour Mon Seigneur, murmurai-je en m'inclinant, ne quittant pas les rênes de Khor des doigts. Je suis venue faire des affaires avec vous.
  • Quel genre d'affaires, petite ?

            Sa voix était méfiante, tremblante, lasse. Je semblais ne rien posséder sous ma chemise, rien qui ne l'intéresserait en tout cas. Je lui montrai mon étalon d'un signe de la tête. Il me fit signe de l'approcher, et j'expliquai en m'exécutant :

  • Ce cheval est un présent d'Aerys Targaryen. Il est robuste et vigoureux, vous n'en serez pas déçu.
  • D'Aerys Targaryen dis-tu ?
  • J'en veux trente dragons d'or.
  • S'il vient du Roi Fou, comme tu le prétends, il doit être vieux. Il ne vaut pas cet argent.
  • Il est en pleine forme et très obéissant.
  • …Montre moi la marque.

            Je tapotai la croupe de Khor qui leva sa jambe gauche, et je montrai le sabot au vieillard. On pouvait voir un dragon gravé dedans, signe de son appartenance à la famille Targaryen. Il sembla stupéfait. Il la toucha du bout des doigts, le regard plein d'excitation. J'allais me séparer de mon meilleur ami… Je plissai les yeux pour me contenir, ne pas pleurer, et pris une grande inspiration en demandant :

  • Alors ?
  • Dix dragons d'or.
  • Trente.
  • Quinze.
  • Trente.
  • Vingt, je n'irai pas plus haut.

            Je fronçai les sourcils et serrai la mâchoire. J'aurai l'armure et l'épée… Mais je n'aurais plus Khor… Cela en valait-il vraiment la peine ? Oui. Vingt dragons d'or pour la mort de la Montagne, c'était très correct. J'acquiesçai et embrassai le bout du nez de mon étalon, les larmes aux yeux, le cœur déchiré. J'échangeai les rênes contre une bourse pleine, bourse que je troquai contre l'armure et l'épée. Je me dirigeai vers la sortie de la forteresse, essayant de faire abstraction des hennissements de Khor dans ma direction.

            Elle était lourde, vraiment très lourde. L'épée était presque aussi grande que moi, et je peinais à trainer le sac d'armure. Le forgeron m'avait confié un vieux charriot à tirer, pour m'aider, mais je n'avais pas la force nécessaire pour y arriver sans difficulté. Vivement que je revienne vers le Limier et que je lui expose mon plan. Je passai devant les deux soldats de la Montagne, attirant des remarques déplacées et des moqueries. Ils allaient voir ces deux idiots…

            J'avais terriblement soif et le simple fait de songer à une gourde d'eau bien fraiche me fit redoubler d'efforts. Avancer avec ce chariot dans la forêt était un véritable calvaire. Je sentis enfin l'odeur du bois brûlé, signe que j'approchais du campement. J'étais contente d'être arrivée avant la tombée de la nuit. Je soufflai une dernière fois et arrivai devant le feu éteint. Non… L'endroit était vide. Pas de Laya. Pas de Limier. Il m'avait laissé ici…

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