Le roi et la reine du Nord

Chapitre 4 : Chapitre 4 : Robb Stark et Aliénor Marlon

1972 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:57

Chapitre 4 : Robb Stark et Aliénor Marlon

Un soupir s’éleva de la salle lorsque la future mariée reprit son avancée, seule. Son frère resta debout à la regarder s’éloigner vers le roi du Nord. Toujours cachée sous le voile, elle fit une rapide révérence et se plaça au coté de son futur époux. Debout l’un à coté de l’autre, ils semblaient captivés par le discours du prêtre énumérant la force et l’amour des anciens et des nouveaux dieux pour ces deux êtres qui allaient s’unir. Alors que le vieux prêtre, de sa voix tonitruante, récitait un mythe sur les liens unissant les enfants de la forêt et les premiers hommes, Robb eut le loisir d’entendre  pour la première fois, la voix de sa femme

─ Veuillez m’excuser sire pour la scène à laquelle vous venez d’assistez, dit-elle dans un murmure.

Elle leva ensuite la tête pour s’assurer que personne ne l’avait entendue.

─ Quelle scène ? fit Robb, curieux de savoir ce qui s’était passé dans l’allée.

─ Une dispute entre frère et sœur.

Le prêtre continuait son charabia religieux alors que les deux époux se tenaient côte à côte, à quelques millimètres l’un de l’autre. Aliénor était dans un état second, elle sentait les regards curieux des invités et de la famille de son futur époux sur elle. Elle aurait aimé se retourner et leur crier qu’elle ne voulait pas de ce mariage, que son frère n’en voulait pas non plus, et pourtant... Et pourtant c’était elle qui lui avait dit que tout se passerait bien, qu’elle s’y était faite. Il lui avait offert une chance de s’en sortir et elle l’avait bêtement laissée passer. Pour oublier son état de colère très avancé, la jeune femme se mit à écouter le religieux. Il chantait d’une voix suraiguë qui lui déchirait es tympans, alors elle décida de porter son attention sur les cris des aigles. Du haut de leur perchoir, les quatre aigles des montagnes, de leurs ailes brunes et noires ils traversèrent plusieurs fois la salle en poussant de petits crispour signifier leur présence. Un mariage n’en est pas un à Dune-au-Miel sans oiseaux, se dit-elle tout en remarquant la fiente de l’animal placée au coin sud-ouest de la salle.

─ Votre majesté…, fit-elle soudainement mais d’un ton qui se voulait le plus bas possible. Puis-je vous exposer une requête ?

─ Mais faites, ma dame.

Robb s’était tourné vers elle, forcé de constater qu’il se trouvait face à un voile de laine blanche. Comment peut-elle respirer ? Les femmes et leurs pratiques resteront toujours un mystère pour moi. Et comme s’il se souvenait à qui appartenait cette voix :

─ Ne m’appelez « votre majesté » ou même « sire », après tout, nous serons mariés dans quelques minutes.

─ Eh bien… Vous n’êtes pas sans savoir que Dune-au-Miel est le royaume le plus connu pour ses oiseaux, notamment ses rapaces. Le fait est que j’ai moi-même un faucon auquel je suis très liée et j’aimerais savoir s’il serait possible de l’emmener avec moi… A Winterfell, sire… Non, Heum… Non, finit-elle par dire, totalement écarlate sous son voile.

Le prêtre s’était avancé vers les deux futurs époux, il tenait dans sa main droite un bout de tissu rouge et dans l’autre une petite flasque remplie d’eau. Aliénor se tourna alors vers l’homme qui allait partager sa vie. Tandis que le religieux continuait ses serments elle eut tout le loisir de regarder le roi du Nord. D’une grande stature, il portait un manteau de soie brun, sur son cœur était posée une broche en or en forme de loup, son pantalon était en cuir noir et ses bottes lui remontaient jusque sous les genoux. Elle était encore en pleine observation lorsqu’elle sentit une pression sur son voile, des mains se poser et en une fraction de seconde son visage fut découvert.

Alors que toute l’attention de la jeune femme était attirée par les bottes du roi, elle leva lentement le visage, comme prise sur le fait. Les yeux des deux futurs époux ne restèrent que quelques instants face à face car déjà le prêtre avait repris sa dictée et levé très haut ses deux reliques.

─ Roi du Nord, descendant des premiers hommes et protecteur du royaume du Nord, Robb Stark, voulez-vous prendre pour épouse le seigneur de Dune-au-Miel, descendante des enfants de la forêt, Aliénor Marlon ?

─ Oui, je le veux.

Aliénor regardait, étonnée, le roi du Nord. La prestance dont il avait fait preuve pour citer ces quatre mots était celle d’un roi. Et moi ? Si je n’arrive pas à les dire, moi, ces quatre stupides mots ? Si à cause de ma voix, il décide que je ne ferai pas une bonne dame, une bonne reine ? S’il annule le mariage ?

─ Seigneur de Dune-au-Miel, descendante des enfants de la forêt, Aliénor Marlon, voulez-vous prendre pour époux le roi du Nord, descendant des premiers hommes et protecteur du royaume du Nord, Robb Stark ?

─ Oui, je le veux.

Un soupir suivit sa déclaration, un peu trop grave à son goût mais fluide.

─ Alors je vous déclare mari et femme devant les anciens et les nouveaux dieux, devant les ancêtres de la famille Stark et devant les ancêtres de la famille Marlon ! Que votre union soit fertile et heureuse !

Pendant qu’il récitait ces mots, il avait regroupé la main gauche du roi et la main droite de la dame pour les relier à l’aide d’un tissu rouge afin de symboliser leur lien. Puis il versa sur ces deux mains l’eau contenu dans un récipient en or, tradition des enfants de la forêt qui avait pour vertu de faire fuir les mauvais esprits.

Lorsque le dernier mot du prêche du religieux fut terminé, la musique recommença à sonner dans la grande salle, le roi du Nord retira le tissu et prit de ses mains vigoureuses la fine main de son épouse bien qu’elle fut, à sa grande surprise, rêche. Ils sortirent tous deux de la pièce, accompagnés par les applaudissements des invités et les cris de certains d’entre eux.

                Le repas qui suivit la cérémonie de mariage dura plusieurs heures, des dizaines de mets furent servis pour l’occasion : spécialités de Dune-au-Miel ou de Winterfell, aucun plat ne manquait à l’appel. Si bien qu’Aliénor finit par être exténuée par les bruits et les odeurs qui l’entouraient ; elle commença à ignorer les plats qui se présentaient à elle en lançant un sourire poli aux serviteurs qui les lui apportaient puis finit par totalement se focaliser sur les flammes qui semblaient jouer mille et une danses. Le roi, qui se tenait à ses côtés, finit par rapidement céder à la même lassitude que sa nouvelle épouse et tourna vers elle un regard curieux.

Tout s’était précipité après qu’il lui eût retiré le voile, il avait à peine eu le temps de distinguer la couleur de ses yeux que le prêtre leur fit jurer un amour éternel. Putain d’amour éternel, pensa Robb, on vient à peine de se rencontrer, je l’ai à peine regardée, à peine parlé et on devrait s’aimer et se protéger jusqu’à la fin de notre vie ? La jeune femme qui se tenait à coté de lui était certes séduisante, avec sa peau blanche comme l’ivoire, ses cheveux noirs comme la cendre et ses yeux bleus, première chose qu’il avait vu d’elle. Elle regardait les bougeoirs au fond de la salle et le roi remarqua qu’il y en avait au moins une centaine. Leurs flammes faisaient des va-et-vient au rythme des mouvements des invités. Lord Jon hurlait de rire à cause d’une pauvre serveuse qui venait de renverser une carafe de vin, son rire tonitruant se répercutait sur les murs de pierre et venait jusqu’aux oreilles du roi, l’incitant à se lever pour cesser ces cris intempestifs. Il attendit quelques minutes que l’assistance au complet se taise.

Tous les regards étaient tournés vers lui, il en sentit quelques uns réprobateurs venus de l’assemblée mais il n’y prêta pas attention. La guerre et ces années passées à mener des hommes à la mort lui avaient appris à ne pas prêter attentionaux personnes qui ne l’écoutaient pas. Certains diront que le jeune homme qui était gentil et attentionnés s’était transformé en homme bourru et froid mais il était surtout devenu un roi. Un roi qui au moment présent en avait assez de tous ces cris et de tout ce remue-ménage.

Il baissa alors ses yeux vers son épouse et lui tendit une main pour lui signifier de se lever. Lady Aliénor la prit et le suivit. Il se dirigea vers l’assemblée qui laissa un passage pour les jeunes époux. Avant de sortir de la pièce, la jeune femme lança un dernier regard vers son frère, toujours assis à la table principale et aussi droit qu’il pouvait l’être. Elle repensa à ce qu’il lui avait dit dans l’allée de l’autel et son cœur se serra. Comment imaginer qu’il puisse ressentir cela ? 

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