Le roi et la reine du Nord

Chapitre 6 : Chapitre 6 : Aliénor Marlon

1929 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 03:21

Chapitre 6 : Aliénor Marlon

                Dans le carrosse où Aliénor avait été placée en compagnie de sa belle mère et de sa belle sœur, la jeune femme repensait à l’entretien qu’elle avait eu avec la vieille bonne. Malia avait toujours était très protectrice avec elle et après la mort de sa mère, elle avait définitivement trouvée sa place dans le cœur de la petite fille. Une journée ne se déroulait pas sans que l’enfant qu’elle était vienne chercher une douce parole ou une étreinte de la petite domestique. Abandonner son Dune-au-Miel était déjà très dur pour la future reine mais partir sans pouvoir dire adieu à sa chère Malia lui brisait le cœur.

Une larme se fit sentir à l’évocation de la vieille bonne alors Aliénor se força à écouter la conversation des deux femmes qui l’accompagnaient. Elles étaient en pleine discussion, décrivant parures, bijoux et robes avec un entrain non dissimulé. Aliénor compris rapidement qu’elles parlaient de son couronnement à venir. Prise de panique à l’idée d’avoir à nouveau tous les regards tournés vers sa personne, elle préféra poser son regard sur le paysage défilant lentement.

Peu à peu les champs de Dune-au-Miel laissèrent place aux habitations de bois et de pailles des paysans, elle les connaissait aussi bien qu’elle connaissait le château. La jeune femme avait passé des nuits, des journées à survoler ces petits villages. Dans quelques heures Martine la couturière se rendrait dans la grande demeure pour repriser les dizaines de vêtements, tais d’oreillers et autres tissus. Marciau le maréchal ferrant s’échinait à retirer le fer d’un cheval de trait tandis que ses enfants couraient autour d’un cheval qui attendait de se faire ferrer. Toutes ces personnes, toutes ces vies qu’elle avait appris à connaitre, aimé ou même détesté. Elle devait leur dire adieu, les laisser continuer leurs chemins sans elle. Aliénor détourna un instant le regard et découvrit la forêt et ses grands arbres, feuillages et animaux.

─ Lady Aliénor… Lady Aliénor, vous allez bien ? » Cathelyne Stark regardait sa belle-fille d’un regard inquiet

─ Oui. Excusez moi je me suis laissé distraire par le paysage… » Répondit Aliénor

─ Dites moi, nous réfléchissions… Votre robe pour le couronnement, de quelle couleur la verriez vous ? »

─ Mère pensait bleu, mais moi je verrais de l’or. Pour un couronnement, de l’or c’est ce qui convient le mieux... Ou peut-être pas, trop attendu certainement. Vous voudriez surprendre les invités ? » Sansa n’avait pas laissé le temps à Aliénor de répondre, elle semblait tellement enthousiaste à l’idée de préparer un couronnement.

─ Eh bien… »

─ Le blanc vous va très bien mais c’est une couleur de mariage, le rouge peut être ? Mais avec votre teint on pourrait penser que vous êtes un fantôme provenant des cryptes de Winterfell ! » Plaisanta Sansa arrachant un sourire à Aliénor

─ Sansa, ce ne sont pas des choses à dire ! » Cathelyne repris sa fille avec un regard sévère, cette dernière se tut instantanément

Sansa resta tout le long du voyage silencieux, perdue dans ses pensées. Lorsque sa mère lui avait proposé de l’aider pour les préparatifs du mariage elle en avait était rouge de joie. Durant des jours elle avait regardé les grandes salles de Winterfell sous un jour nouveau : la petite salle contiguë à la grande salle serait transformait en salle de bal alors que le banquet serait dressé dans la grande salle, celle des audiences quotidiennes deviendrait la salle de cérémonie. Je souhaite que le couronnement de l’épouse de mon frère soit aussi magnifique que celui de Joffrey. Mais force avait été de constater que Winterfell n’avait pas la beauté du Donjon Rouge, pourtant pour rien au monde elle ne quitterait le château de son enfance, jamais plus.

Ces années de captivité à Port Réal à la merci des Lannister la faisait encore se réveiller dans son lit, en sueur et tremblante de peur. Alors elle cherchait dans sa mémoire les souvenirs de Petyr, ses sourires, ses conseils mais très rapidement sa mort et ce qu’elle avait laissé derrière la rattrapait et la plongeait dans des humeurs sombres pouvant durer jusqu’au lendemain.

                Le convoi s’étalé  sur plusieurs kilomètres, Aliénor s’était décidé à en faire le tour après trois jours passé assise dans un carrosse à parler de vêtements, de chevaliers et surtout de son couronnement à venir. Elle lança son cheval au petit galop et s’éloigna de l’agitation qui l’entourait depuis son départ. La jeune femme aimait les endroits calmes, où le vent semblait lui souffler des chansons et le bruissement des feuilles lui indiquer le chemin à suivre. Avec son cheval elle pénétra dans la dense forêt qui se referma derrière elle mais elle s’engouffra encore dans l’épais feuillage. Au bout de quelques minutes, un petit cliquetis se fit entendre dans le fond des bois. Curieuse, Aliénor suivit le bruit et finit par découvrir son origine.

Attaché à un arbre, un petit garçon était en train de se faire fouetter par ce qui semblait être son père. Bâillonné, il pouvait uniquement lâcher des cris étouffés mais tout son corps criait sa douleur, à chaque impact du fouet sur son dos son il se soulevait, comme si inconsciemment il cherchait à détruire ses liens. Aliénor descendit instinctivement de son cheval et couru vers le supplicié, l’homme qui frappait l’enfant ne l’entendit pas s’approcher de lui. Occupé à lancer le fouet, il semblait en retirer un plaisir pervers, de la salive coulait du coin de sa bouche, ses petits yeux aussi ronds que des soucoupes étaient fixées sur le dos ensanglanté de sa victime.

−Arrêtez ! » Hurla Aliénor, hors d’elle face à ce spectacle, l’homme au fouet leva une nouvelle fois sa main pour la rabaisser violemment sur le dos du supplicié. « Vous ne pouvez pas maltraiter un enfant comme cela ! »

Sans attendre la réaction du paysan, habillé d’un simple chemisier trempé de sueur et d’un pantalon qui avait était noir un jour, mais désormais sa couleur tender plus faire une couleur proche du crottin d’animaux. Aliénor prit le poignard qu’elle cachait dans son décolleté et détacha le corps du petit garçon. Il semblait sans vie, son corps ressemblait aux poupées de chiffons que le seigneur de Dune-au-Miel lui avait achetés, lors de ses retours de voyage. La jeune femme le posa délicatement sur l’herbe avant de recevoir un coup de fouet dans le dos, la douleur lui arracha un cri et la fit tomber sur le corps du chérubin.

Se tournant rapidement vers l’homme au fouet, elle put voir sa main se lever dans les airs pour le rabattre quelques secondes plus tard, alors d’un mouvement rapide de la main elle réussit à prendre l’extrémité du fouet qui s’abattait sur elle non sans lâcher un nouveau cri. Le paysan tenta de tirer dessus mais la main ensanglantée de la jeune femme tenait fermement son fouet, elle posa ensuite sa deuxième main avant d’attirer  l’objet du supplice d’un geste fort et bref.

Sans fouet entre ses mains, l’homme se jeta alors sur elle. Ses yeux ronds c’était transformé en deux petites fentes et son teint qui avait paru tellement blanc il y a quelques secondes était désormais rouge de rage. Il ferma ses mains rugueuses autour du cou d’Aliénor, la privant d’air. La jeune femme commença à se débattre, remuant dans tous les sens afin qu’il lâche prise, son étreinte se faisait de plus en plus forte. En manque d’oxygène, elle leva l’une de ses mains et porta un violent coup au front du monstre à l’aide du fouet. Il s’affaissa alors sur Aliénor, relâchant son étreinte et lui permettant d’avaler une grande bouffée d’air. Elle repoussa l’homme qui était couché sur elle avec plus de difficulté que prévu. Il est lourd ce salaud pensa-t-elle avant de se mettre debout et de se diriger instinctivement vers le corps sans vie du petit garçon. Elle allait lui passait un peu d’eau fraiche qui lui restait dans sa gourde lorsqu’elle entendit des craquements. Elle se retourna vivement, deux hommes se tenaient face à elle. Le premier, plus petit que son acolyte, la regardait avec un petit sourire, il avait dégainé son arc et semblait prêt à encocher une flèche. Le second portait une cape noir maintenu par une tête de loup en acier, ses habits quoique salit par la boue et la poussière respirait la richesse. Il se tenait droit, une mèche auburn lui retombait sur le front cachant l’un de ses yeux, mais dans l’autre on pouvait y lire toute la surprise qu’il éprouvait à voir la jeune femme dans la situation.

─Votre majesté ? » Réussit-elle finalement à dire. 

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