Le roi et la reine du Nord

Chapitre 8 : Chapitre 8 : Aliénor Marlon

2692 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 02:29

Chapitre 8 : Aliénor Marlon

                L’arrivée à Winterfell était prévue pour le lendemain dans la journée. Les paysages qu’offrait la nature avaient beaucoup changés depuis le départ de Dune-au-Miel : les collines avaient fait place aux plaines, les habitations de pailles ou de bois étaient désormais construites en pierre et chaque parcelle où l’œil humain posait son regard était recouverte de neige. Aliénor regardait avec curiosité le nouvel univers qui serait désormais le sien.

Elle passait ses journées à cheval, emmitouflée dans une cape en peau d’ours blanc. La jeune femme chevauchée à l’arrière du convoi, en retrait. Aucune âme ne venait s’aventurer à l’arrière, là où les chiens les plus rageurs, oiseaux les plus bruyants et les hommes destinés à la garde de nuit étaient placés. Et de surcroît la famille royale passait ses journées dans les premières lignes du convoi ainsi la jeune femme pouvait se targuer de n’avoir croisé aucun membre de sa belle famille depuis plusieurs jours. Parfois  Arya venait à sa rencontre, et force était de constater que la petite Stark n’était plus vraiment petite aujourd’hui.

Aliénor avait remarqué dés le premier jour de sa rencontre avec la jeune fille que cette dernière faisait attention à tout ce qu’elle disait, chaque mot semblait tellement réfléchit qu’au final seul quelques uns réussissaient à sortir de sa bouche. Mais quelques fois sa façon de parler, de se comporter, ses expressions montraient qu’elle avait passé plus de cinq ans dans la rue. La plus jeune des filles Stark ne parlait qu’à peu de personnes, elle limitait ses conversations à sa famille et à quelques domestiques. Ses seuls amis semblaient être l’écuyer de John Karstark et le responsable du chenil, un batârd de dix sept ans au charme inexistant mais très sympathique selon elle.

Lorsque le convoi s’arrêta, la petite sœur du roi se trouvait avec Aliénor. Les deux compagnons de voyage remontèrent les innombrables carrosses pour s’arrêter devant une auberge donnant sur une rivière. Les aubergistes semblait avoir étaient prévenus de l’arrivée imminente de la cour du Nord car des tentes avaient déjà étaient installées, des feus allumés un peu partout. La femme du roi lâcha un soupir de soulagement, voilà trois jours qu’ils n’avaient pas dormis dans un vrai bâtiment et malgré le confort des tentes que l’on dressait pour elle, le froid se glissait à travers les ouvertures, sous les tapis jonchant le sol et venait la réveiller chaque nuit les dents claquantes et la chaire de poule recouvrant son corps.

La jeune femme eut un frisson à l’idée que, peut-être, le roi la ferait s’installer dans une de ces tentes. Bien que Dune-au-Miel se trouve au milieu des montagnes et que l’hiver s’approché, le temps restait doux et frais permettant à ses habitants de porter des tenues. Dans le Nord, le froid était roi, il glaçait la jeune femme dés qu’elle posait le pied à l’extérieur et tant qu’elle ne rentrait pas au chaud, près d’un feu.

                Dans les petits couloirs de l’auberge, les femmes de chambres, les écuyers des nobles et autres domestiques se croisaient sans jamais s’adresser la parole, trop occupé dans leur besogne. Parmi ces petites souries se trouvait une domestique valsant entre les hommes et les femmes qui se bousculaient. Elle avançait d’un pas assuré jusqu’à atteindre la dernière porte du couloir, elle s’arrêta net et y toqua. Une femme de chambre lui ouvrit avant de la faire pénétrer dans la pièce. Une chaleur l’envahit, un grand feu réchauffé la chambre. La femme de chambre chercha Lady Aliénor, de ses yeux elle fit un tour rapide de la grande pièce avant de trouver la jeune femme adossé à une fenêtre d’où elle regardait d’un air effacé le ciel.

─Lady Aliénor, le roi vous d’mande dans ses appartements, ce soir. Dit-elle après avoir esquissé une révérence maladroite

─Ce soir ? L’intéressée se retourna vivement et fixa la domestique d’un regard surpris.

─Oui m’dame. Il m’a d’mandait de vous passer l’message, m’dame…  La femme de chambre se balançait sur ses pieds, prenant appuie sur son pied droit, puis gauche et encore droit

─Très bien, merci. Vous pouvez disposer. » Finit-elle par dire, agacée par les bruits que faisait la messagère. « Hilda, pourrais-tu aller me chercher mon manteau noir s’il te plaît ? »

Les deux domestiques répondirent par une révérence  avant de partir aussi vite que possible se jeter dans l’agitation du couloir. Aliénor resta seule dans ses pensées et dans le silence de sa chambre. Me revoir ? Pourquoi ? M’appelle-t-il pour me dire que le mariage est terminé, l’alliance entre nos deux maisons finis ? Non il ne peut pas faire cela… Mais il est roi ! Mais qu’est-ce que j’ai fais ? Pensa-t-elle tout en se remémorant les souvenirs de cette journée dans les bois, des souvenirs qu’elle avait tenté d’oublier mais peine perdue, dés que la jeune femme levée ses yeux vers le convoi ils revenaient à elle telle la claque que le roi lui avait infligé.

Cette gifle avait fait chuter la jeune femme dans la boue. La surprise avait put se lire sur son visage : encore sonnée, sa bouche grande ouverte, aucun son n’en sortait. Face à ce silence, Robb s’était agenouillé près d’elle, le regret l’avait emplit avant même que sa main n’atteigne la joue blanche de son épouse. Il avait posé délicatement une de ses mains contre celle de son épouse cherchant à la soulager lorsqu’il sentit une force tenir sa main et la tordre. Un cri lui avait échappé avant de se retrouvé la main dans la gadoue pour tenter de ne pas tomber.

Il avait cherché d’où pouvait bien venir cette entrave qui l’empêchait de bouger mais déjà un nouveau poids s’appuyait contre son dos le plaquant définitivement au sol. Après plusieurs seconde à se débattre dans tous les sens, il avait réussit à déplacer son visage de tel sorte qu’il aperçut un bracelet en or, forgé d’une main experte il représentait les éléments de la nature : terre, air, eau et feu. Une seule personne dans son entourage pouvait posséder un tel bracelet.

Aliénor s’était posé de tout son poids sur son dos, elle allait prendre la dague qui était posé à coté de son mari lorsqu’une pression se fit sentir sur son épaule. « Lâchez-le tout de suite. » La voie de Jonas avait brisé le calme de la forêt.

Comme si le Karstark l’avait tiré de son état second, elle avait retiré rapidement la pression exercée sur le dos de son époux et s’était aussitôt levé. Le meilleur ami du roi avait alors croisé le regard de la jeune femme. D’ordinaire aussi bleu que la mer, il était devenu aussi noir que la cendre : la colère semblait dominer tout son être. Mais quelques secondes avaient suffit pour que leurs couleurs naturelles réapparaissent. Jonas avait alors semblé aussi surpris que s’il avait vu une vache voler mais il n’eut pas le temps de se poser de question car déjà Robb s’était levé, encore secoué par les événements qui venait de survenir. Il avait tout de même voulu se diriger vers sa femme mais déjà elle s’était enfoncée dans la forêt.

                Lorsqu’Aliénor pénétra dans la chambre de son mari, Robb se tenait face à la cheminée. D’un pas mal assuré la jeune femme se rapprocha de son amant. « Je voulais… » Commença Aliénor, bien décidée à en finir au plus tôt avec son divorce, ou quoi que ce soit d’autre.

─Tenez, ce  vin est plus fruité que d’habitude, il vient des îles d’été. D’une voie chaleureuse, Robb lui coupa la parole. Un petit sourire se dessina sur son visage lorsque son interlocuteur but une gorgée de vin

─Votre majesté, puis-je … Reprit Aliénor, les mains crispées autour de sa coupe de vin

─J’ai beaucoup réfléchit à vos propos… » Coupa à nouveau le roi. « Vous savez, je n’ai jamais souhaité être roi… Lorsque je suis partit en guerre contre Port-Réal c’était dans le but de libérer mon père mais après sa mort j’étais perdu. Je ne pouvais pas monter jusqu’à Port Real pour le sauver et la vengeance semblait tellement grotesque. Mais j’ai tout de même continué : j’ai réussi, j’ai vaincu et anéantit Castral Roc –grâce à l’aide de votre père- mais une fois la guerre finit j’ai dut prendre mes responsabilités. » Il s’arrêta un instant pour boire une lampée de vin. « Je dois le confesser être roi ma fait peur et m’effraie toujours, mon père ma élevé pour être seigneur et la guerre ma permis de devenir chef de guerre. Mais personne n’a était capable de me signifier le devoir d’un roi, tout le monde me mange dans la main… Tout le monde sauf vous.

─Votre majesté, je tenais à m’excuser. Veuillez m’excuser je vous en prie. Le froid, l’éloignement, je ne me sentais pas bien, j’accepterais toute punition que vous jugerez bonne !

─Je ne compte pas vous punir… » Robb reposa sa coupe au dessus de la cheminée « J’ai compris que seul je ne ferais pas un bon roi. J’ai besoin de conseil, de vrai conseil. Jonas est ce qu’il est mais certainement pas un conseiller et ne parlons pas des autres, Lord Jon, ser Ouestrelin : des hommes de guerres, pas de paix. Vous, vous avez étaient élevé dans le but de devenir un seigneur clément, intelligent, juste.»

─Mon père ma tout appris.

─Eric Marlon était l’homme le plus intelligent que j’ai connu et je le vois en vous. Votre père ma donné de nombreux conseils, qui se sont toujours révélés bon et réfléchit. Je lui fais confiance pour avoir offert à son unique enfant légitime la meilleure éducation possible. C’est pourquoi je ne vous tiens pas rigueur de votre geste, pour votre père mais surtout car je compte sur vous pour être ma reine.

Là-dessus le loup alla s’assoir sur le seul siège présent dans sa chambre. Aliénor le regarda siroter son vin, il semblait heureux. Le roi trempé négligemment ses lèvres, parfois un sourire naissait sur son visage, puis disparaissait pour revenir quelques instants plus tard. Après un long moment il posa définitivement ses yeux sur le bois en train de brûler dans la cheminée, de grandes flammes semblaient en sortir comme par magie, elles s’élevaient aussi haut que possible vers l’aération, comme si elle souhaité retrouver leur liberté. Aliénor se tenait à l’extrême opposé de Robb, près de la porte en bois qui la conduirait au couloir, puis à sa chambre ou aux écuries, elle ne savait pas. La jeune femme était debout, aussi droite qu’un manche à balai. Pour occuper ses mains elle avait entrepris de lisser sa robe blanche et comme cette tâche lui prit plusieurs secondes de son temps, elle s’attaqua à son manteau.

─Le couronnement fera de moi la reine du Nord. Fit-elle enfin alors qu’elle venait d’arracher une ficelle qui sortait de son manteau

─Vous savez très bien que les titres ne veulent rien dire de nos jours. Tenez, le roi Joffrey était bien roi des sept royaumes et pourtant le nain gouverna puis Tywin, le gamin n’était roi que de nom.

─Si je vous comprends bien même après la signature du traité entre nos deux nations vous ne pensiez pas faire de moi votre reine ? Je n’aurais été que la porteuse de vos héritiers.

─Lorsqu’on ma proposé votre main, je n’ai vu en vous qu’une femme qui me permettrait de gagner un territoire qui n’avais jamais était conquit jusqu’alors. Mais ces derniers jours m’ont fait comprendre que vous pourriez être beaucoup plus que la mère de mes futurs enfants. Vous avez la carrure et la personnalité d’une reine hors norme, d’une reine du Nord. »

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