Le roi et la reine du Nord

Chapitre 20 : Aliénor Marlon

                Robb ne venait plus lui rendre visite depuis plusieurs nuits, elle aurait aimé que cela la chagrine. Ce n’était pas le cas. Elle aimait quand il la touchait, qu’il passait lentement ses doigts le long de ses hanches, embrasser son nombril et lui faisait ressentir de la chaleur jusque dans ses entrailles. Mais il n’était pas l’homme qu’elle aimait, elle ne le regardait pas comme son père avait regardé ses maitresses. Bien entendu on ne lui demandait pas d’aimer son mari, on lui demandait de procréer, de donner naissance aux héritiers de la couronne. Robb ne venant plus lui rendre visite lui posait problème sur ce dernier point.

Elle cherchait tant bien que mal à l’inviter dans sa chambre aux cours des dîners qu’ils partageaient avec la famille royale. Il ne daignait pas lui adresser un seul regard. Il déployait un nombre incalculable d’excuses pour éviter de se retrouver seul avec la jeune femme. Ses proches commençaient à s’inquiéter de la situation. Arya était venu l’interroger pour connaitre les raisons de ce dédain soudain, la jeune reine fit mine de ne pas savoir. Sansa et sa mère lui donnèrent des conseils sur la vie de couples : comment plaire à son mari, comment aider son mari, … Chaque minute passée avec la famille royale devenait une interminable torture pour Aliénor. Les jours passaient dans le château de Winterfell tandis que Robb était de plus en plus occupé à préparer la guerre contre les autres.

                Comme tous les soirs, la reine du Nord regardait les soldats marchaient le long du chemin de ronde, quelques feux allumés pour les éclairer. Toute les trente minutes des gardes venaient remplacés ceux qui étaient fatigués. Ce manège durait toute la nuit et reprenait le lendemain soir. Elle fut tirée de sa contemplation par sa gouvernante.  Elle était désormais capable d’entendre arriver la vieille dame grâce au frottement de ses lourdes jupes sur la pierre. Aliénor attendit que la vieille femme ferme la porte et face sa révérence habituelle pour se retourner.

─Altesse, le roi vous demande dans la salle du trône. »Dit-elle d’une voie sèche, comme à son habitude.

─Le roi ? »L’étonnement pouvait se lire sur le visage de la jeune femme, la gouvernante sourit. « Savez-vous pourquoi sa majesté souhaite me voir ? »

─Non altesse. Le roi n’a pas à me dire pourquoi il vous appelle. » Répondit-elle avant d’indiquer la porte à la reine. « Le roi vous attends. »

Aliénor prit une fourrure qui gisait sur son lit avant de suivre sa gouvernante. A cette heure avancée de la soirée les couloirs étaient entièrement vides. La jeune reine se tenait derrière la gouvernante. Dés que les deux femmes tournaient pour emprunter un nouveau couloir, Aliénor distinguait très clairement le sourire de sa gouvernante. Un frisson la gagnait à chaque fois qu’elle l’apercevait. La vieille femme ne l’avait jamais apprécié et cette expression ne signifiait qu’une seule chose : le roi allait divorcer.

Robb était assis sur son trône, il portait une veste en cuir sertit d’une tête de loup en argent. A ses cotés le prince Rickon se tenait debout. Son visage accueillant, totalement à l’opposé de celui de son grand frère au visage fermé. La reine du Nord s’avança vers son mari, il lui fit signe de s’arrêter lorsqu’elle atteignit le centre de la salle du trône. La tête haute, Aliénor était décidé à accepter la décision de son mari.

−J’ai étais réellement surpris lorsque mon frère est venue me voir mais après réflexion je trouve son idée très intéressante… Votre gouvernante vient d’être mise au courant et elle doit d’ores et déjà préparer vos affaires. Vous partirez dés demain matin. » Robb lança vers son petit frère qui acquiesça en hochant la tête.

−Pardon ? » Le cœur d’Aliénor commença à battre à tout rompre, le roi la chassait de la cour et c’était Rickon qui avait déclenché cela. La seule personne qui lui ressemblait dans ce château, la seule personne qui pouvait la comprendre. « Veuillez m’excuser mais… Mais je ne comprends pas. Vous voulez que je quitte la cour ? Que je vous quitte ? »

−Non ! Bien sur que non !» Rickon s’était avancé vers la jeune femme, son sourire était encore plus grand que lorsqu’elle avait pénétré dans la pièce. Il lui prit les mains avant de se tourner vers son frère. «  J’ai proposé à Robb de vous emmenez au mur. Afin de visiter votre nouveau pays mais aussi d’aller voir la garde de nuit, ils ont désespérément besoin de soutient. »

−Je sais que nous sommes en guerre et que ce n’est pas la meilleure situation pour une visite, mais Rickon n’a pas tord. Les soldats ont peur, ils perdent courage et votre venue ne pourra que les aider à reprendre de la force… Acceptez- vous ? »

−Oui, Sire. » Cette question était uniquement formelle mais Aliénor y répondit avec tout le calme dont elle pouvait faire preuve. Elle était heureuse, elle allait pouvoir s’échapper de ce château, quitter son mari, ses servantes et toute cette pression qui s’accumulait suite à sa révélation.

Cette nuit là Aliénor resta debout à observer les flammes du chemin de ronde danser dans l’obscurité. Elle pensait à sa famille restée à Dune au Miel, à son futur voyage dans les terres du Nord. Lorsqu’elle était petite, elle regardait son père partir dans les royaumes voisins accompagnés d’Alexandre. Ils partaient à cheval, suivis d’une suite de trois chariots. La petite fille avait toujours voulut les accompagner pour voire ce monde inconnu. Son départ pour le Nord avait un peu satisfait la curiosité de la jeune femme qui n’avait jamais quitté son royaume. Demain elle s’enfoncerait dans cette contrée inconnue pour découvrir ses paysages, sa neige et son peuple.

La petite porte qui reliait la chambre de la reine à celle du roi s’ouvrit sur Robb, Aliénor sursauta face à la vue de son mari en simple chemise. Elle se plaça contre le mur en le voyant s’approcher d’elle, son cœur battait à tout rompre. Il prit une mèche de cheveux noire de la jeune femme qui dépassait de son manteau en fourrure. Son visage toujours fermé, il indiqua à sa femme d’entrer dans son lit. Elle obéit aussitôt et se glissa sous les couvertures. Elle sentit Robb se poser sur elle. Aujourd’hui il ne l’embrasserait pas, il ne glisserait pas ses mains le longs de son corps. Aujourd’hui ce ne fut qu’une simple histoire de reproduction, il partit aussitôt sa semence libérée. Aliénor resta dans son lit, elle se recroquevilla dans les couvertures. Son mari venait de l’abaisser au rang de simple porteuse d’héritier.

                Lady Marisa vint réveiller sa maitresse avec un entrain inédit. Les vêtements de la jeune reine étaient placés sur une chaise, à coté de la cheminée. Lorsqu’Aliénor enfila le pantalon en cuire elle sentit la chaleur l’envahir. Jamais sa gouvernante n’avait aussi bien prit soin d’elle, elle ferma le corsée sans à-coup comme elle en avait l’habitude. Hilda et Carmela pénétrèrent dans la chambre alors que la reine venait de fermer son manteau en cuir noir. La plus jeune domestique portait un plateau. Posé dessus une carafe de lait, une miche de pain, des œufs et quelques fruits. La seconde tenait une cape entièrement recouverte de fourrure blanche. Après avoir rapidement mangé son petit déjeuner, Aliénor s’enferma dans sa cape en fourrure. Elle descendit dans l’écurie accompagnée de sa gouvernante qui tenait une petite sacoche. Elle comportait un couteau ainsi que des pommes et du pain. Aliénor y avait ajouté un poignard alors que lady Marisa avait détourné le regard pour se disputer avec la petite Hilda qui pleurait à cause du départ de sa maitresse.

Le prince Rickon était déjà placé à coté de son cheval, prêt à partir. Dés qu’il aperçut sa belle sœur, un grand sourire naquit sur son visage et il entreprit de monter sur sa jument. Aussitôt en selle, il entreprit de rejoindre les deux caravanes qui les suivraient durant leur voyage. Un écuyer apporta l’étalon noir de la jeune femme qui monta dessus, après avoir caressé son encolure. Elle rejoignit le zoman qui parlait avec l’un des deux accompagnateurs. Lorsqu’ils aperçurent la jeune femme à cheval, ils claquèrent des talons et partirent pour leur voyage.

−Personne n’est venue vous souhaitez bon voyage ? Demanda Aliénor au jeune prince alors que les hauts remparts de Winterfell commençaient à rapetisser.

−Ce n’est pas un voyage officiel alors la présence du roi n’est pas obligatoire et ils m’ont dit au revoir hier. Il est tôt, je ne voulais pas les déranger.

Aliénor sourit à la réponse du petit homme, lady Cathelyne ne devait pas être mise au courant sinon elle aurait refusé, par peur de ne plus revoir son fils bien aimé. Personne ne l’aurait dit à Sansa, sans prendre le risque qu’elle le répète à sa mère. Quant à Arya, si elle avait appris leurs départs, elle aurait sauté sur le premier cheval pour partir avec eux. Seul Robb était au courant et il n’était pas venu afin de ne pas voir sa femme de zoman.