Le roi et la reine du Nord

Chapitre 24 : Aliénor Marlon

                Jon la convoqua dans son bureau le lendemain de l’annonce de Rickon. Ce fut son écuyer qui vint toquer à la porte de la chambre de la jeune femme. Elle venait de se réveiller et portait uniquement un lourd peignoir. Le garçon s’appelé Sam, mais tout le monde l’appelé petit Sam. Il semblait à peine avoir dix ans, pourtant son regard avait la vivacité d’un adolescent. Il ne semblait jamais rechigner aux tâches qui lui incombaient et était toujours présent pour aider les autres. Petit Sam demanda d’une voie tremblante à la reine du Nord de l’accompagner au bureau du lord commandant. Elle lui demanda quelques minutes pour se préparer, le garçon s’inclina gauchement avant de claquer la porte.

La nervosité de la jeune femme était apparente, elle se triturait les mains et son regard se posait sur chaque homme de la garde de nuit. Comme si elle espérait que l’un d’entre eux vienne lui annoncer la décision du lord commandant. Aucun ne devait connaitre les raisons de la venue de la reine et du prince, ils devaient tous penser qu’ils partiraient dans trois jours, comme convenue.

Le bureau du lord commandant était à l’image de sa chambre, sommaire. Pourtant bien qu’il ne soit meublé que du strict minimum : un bureau, deux chaises, les meubles semblaient être de très bonne qualité. Sculptées à la main elles représentaient les seuls œuvres d’arts présentes à château noir. Lorsque la reine du Nord pénétra dans la pièce, Rickon était déjà présent assis en face du bureau. Son demi-frère était debout, devant la fenêtre et invita la nouvelle entrante à s’assoir sur la chaise restante, ce qu’elle fit. Les deux invités durent attendre un moment avant que lord Snow ne se décide à parler.

─Cette idée ne m’enchante guère, j’imagine que vous savez pourquoi. Le roi du Nord n’était pas au courant de votre objectif lorsque vous êtes partit pour château noir. » Aliénor eu envie de répondre Moi non plus mais elle se retint. « Si jamais Il apprenait que Sa femme et que Son frère sont parties en territoire ennemi, toute Sa fureur me tombera dessus. J’ai donc décidé de vous ramener à Winterfell » Rickon se mit instantanément debout, prêt à crier son mécontentement. Jon le stoppa en levant sa main. « Mais des frères m’ont convaincu du contraire, des frères qui connaissent mieux les marcheurs blancs que moi. » Sur ces mots, Jon posa un genou en direction de la reine du Nord et sortit de son fourreau son épée à tête de loup. Il la brandit vers elle après s’être agenouillé. « Si vous êtes la solution, ma reine, alors je vous implore d’aller au delà du mur et de tous nous sauver. »

Aliénor resta un instant hébétée. Elle regardait l’épée en verre dragon que lui tendait Jon, elle ne comprenait pas ce qu’il voulait. Le lord commandant avait accepté qu’elle aille au Nord du mur, c’est ce qu’elle attendait. Elle avait uniquement besoin de son assentiment alors pourquoi se tenait-il à genoux ?

─Pardon ? Je ne comprend pas » Réussit-elle finalement à dire

Jon sourit avant de se lever, il rangea son épée dans son fourreau avant de la tendre à nouveau vers Aliénor.

−J’ai appris ce qui s’était passé dans le réfectoire. » Commença-t-il, à ces mots la jeune femme voulut fournir une explication à son comportement mais Jon reprit avant qu’elle n’ait eu le temps de reprendre son souffle. « Et Rickon ma apprit que vous saviez vous battre. Je vous laisse mon épée qui a était forgée à partir de verre dragon. Elle pourra terrasser un marcheur blanc et en même temps elle est plutôt légère, vous pourrez la manier assez facilement. »

−Qu… Quoi ? Je… Je ne peux pas accepter… Veuillez m’excusez mais… »

−Mais je n’accepte pas vos excuses. Nous n’avons pas de verre dragon, la reine du Sud refuse de nous en envoyer. Donc il sera impossible de fabriquer des armes pour vous. En restant ici, je n’aurais pas besoin de me protéger, à l’inverse de vous. Je vous en prie, acceptez cette modique contribution à votre départ. » Jon leva son épée vers la reine. Après encore un peu d’hésitation elle finit par accepter.

L’épée de Jon avait été placée contre la cheminée, la jeune femme n’arrivait pas à détourner les yeux de cette arme. Au bout d’un moment, alors que les premiers rayons du soleil apparaissaient et commençaient à illuminer la chambre, elle se décida à prendre l’épée. Elle empoigna de sa main gauche le manche de Grand-Griffe et la fit glisser hors de son fourreau. Elle était plus lourde que celle avec lesquelles elle avait l’habitude de s’entrainer. La jeune femme la fit tourner dans sa main avant de faire quelques mouvements de jambes. Devant, derrière, à gauche, devant. L’épée tournoyait, fendait l’air, était tendu vers l’avant.

Aliénor avait l’impression de revivre, elle continua ses mouvements jusqu’à ce qu’elle perde son souffle.Elle rangea alors l’épée dans son fourreau avant de se rendre compte qu’elle était en sueur. Cela faisait près de six mois qu’elle s’était mariée avec Robb et qu’elle ne s’était pas entrainée. Elle avait perdu son endurance, mais son corps se souvenait encore des mouvements, des combats qu’elle avait entrepris. Sentant ses vêtements se coller à sa peau, elle fit mander à l’écuyer de Jon une bassine remplit d’eau chaude. Vingt minutes plus tard il la fit monter à l’aide de deux hommes de la garde de nuit.

Dés qu’ils quittèrent la pièce, Aliénor se plongea dans l’eau chaude. L’eau réveilla ses muscles endoloris par l’exercice mais lui procura un tel plaisir de chaleur. Au milieu de cet hiver qui ne faisait que commencer, une seule minute ne se passait pas sans qu’elle tremble. Et pourtant cet après midi elle allait s’enfoncer encore plus dans le froid. A cette idée, ses poils se dressèrent malgré la chaleur du bain. Elle ne savait pas réellement ce qui l’attendait au-delà du mur. La jeune femme n’avait jamais vu de marcheurs blancs, seuls les conteurs en parlaient. Jon avait du choisir des accompagnateurs connaissant le Nord du mur et ses dangers. Il y aurait certainement des sauvageons et le chef des patrouilleurs, ce Ruben.

Elle l’avait rencontré le jour de son arrivé et il était le seul à ne pas la considérer comme reine. Elle aurait dut se sentir dérangée par cela, car elle l’était. Elle était reine du Nord. Il était indéniablement un homme du Nord : fort et nonchalant. Pour rien au monde il ne montrerait ses sentiments. Lorsque Rickon avait annoncé son intention de franchir le mur pour retrouver son frère, il n’avait pas bougé d’un cil. Jon avait cherché son regard mais n’avait reçut aucun signe. Le lord commandant semblait pourtant prendre en compte son avis, il était peut être plus intelligent qu’il n’en n’avait l’air. Il avait était le seul à la reconnaitre dans le réfectoire.

                L’après midi était venu, le départ pour Fort Knox était prévu dans une heure. La jeune femme finit ses préparatifs. Dans sa sacoche elle mit quelques oranges, son poignard, un couteau et des bandages en cas de gerçures. Les hommes qui devaient l’accompagner étaient déjà dans la cour, ils l’attendaient. Bien qu’il ne soit que 14 heures, aucun corbeau ne pointait le bout de son nez. La jeune femme appris plus tard qu’ils étaient montés sur le mur pour faire face à une nouvelle vague de marcheurs blanc.

Le lord commandant était en pleine conversation avec le chef des patrouilleurs lorsque la reine du Nord apparut aux pieds de la tour du roi. Tout le monde se tourna vers elle, les hommes en noirs s’inclinèrent tandis que ceux habillés de blanc baissèrent seulement la tête. Aliénor leur répondit par un sourire avant de se déplacer vers son beau frère.

−Où est Rickon ? » S’étonna-t-elle alors qu’elle balayait la cour du regard.

−Il est partit ce matin pour Winterfell. Il ne voulait pas que Robb apprenne votre départ par un corbeau… Je dois bien le remercier, il sera le premier à subir le courroux du roi.» Répondit Jon en souriant

−Je ne pense pas. » Aliénor se voulait plus sombre, si elle mourrait au Nord du mur il aurait gagné Dune-au-Miel et il n’aurait plus à vivre au coté d’une zoman.

Sur ces mots, Jon présenta ses compagnons. L’équipage se composerait de cinq personnes : trois corbeaux et deux sauvageons. Les trois premiers étaient composés de Lim, grand et fin, il avait les cheveux noirs graisseux.  Il avait fait partit de la fraternité sans bannière et avait été choisis pour son talent au tir à l’arc. Raph, petit homme fin aux cheveux blonds. Selon ses compagnons il était le meilleur pisteur de tous les sept royaumes.  Et Edd un des vétérans de la garde de nuit, il ressemblait plus à un taureau qu’à un être humain. Aussi bien du coté de son apparence que de son intelligence. Les sauvageons se tenaient un peu en rentrait, lorsque le lord commandant les présenta ils grognèrent comme pour dire bonjour. Ils étaient grands et semblaient aussi puissant qu’Edd-la-douleur. L’un d’entre eux avait un bandage qui couvrait entièrement la partie droite de son visage, tandis que l’autre était constamment suivit par un Lynx. Un zoman, comme moi.

Les présentations faites, le lord commandant se mit à genoux face à Aliénor. Dans un premier temps, la jeune femme eut un mouvement de recul. Même en tant que seigneur de Dune au Miel, aucun homme n’avait accepté de s’agenouiller devant elle, une femme. Pourtant, le frère de son mari l’avait fait pour la deuxième fois. Elle se rappela du comportement de son père, il s’avançait toujours vers l’homme et lui offrait sa main pour se relever, signe qu’il le respectait. Aliénor s’approcha alors de Jon et lui tendit sa main. Il s’appuya légèrement sur la main de la jeune femme pour se relever et l’emmena jusqu’à son cheval. Elle monta à dos de son étalon noir avant de claquer les talons pour lui signifiait qu’il fallait avancer. Derrière elle, ses six compagnons de voyage entreprirent de la suivre. Dés que le dernier sabot du dernier cheval foula le sol à l’extérieur de Château Noir les portes se refermèrent sur la malchanceuse compagnie.