Le roi et la reine du Nord

Chapitre 28 : Chapitre 28 : Aliénor Marlon

2478 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 15:42

Chapitre 28 : Aliénor Marlon

                C’était une nuit sans étoile, la jeune femme contemplait le ciel comme si c’était la première fois qu’elle levait les yeux vers cette étendue de noir. Cela faisait une dizaine de jours qu’elle était enfermée dans les grottes, privée de la lumière du jour. Les hommes qui l’accompagné l’aidaient pourtant à oublier cette situation. Lim lui racontait sa vie alors qu’il faisait encore partit de la fratrie sans bannières. Foebe expliquait le quotidien d’au-delà du mur avant que la menace des marcheurs blancs ne l’oblige à quitter son foyer. Chaque jour Edd-la-douleur, comme les corbeaux l’avaient surnommés, arrivaient à faire preuve de maladresse et faisait ainsi naitre les moqueries de la part de ses camarades. Jamais la jeune femme n’avait été préparé à vivre au coté d’homme de si basse extraction et pourtant jamais elle ne s’était sentit autant à sa place.

Perché à un arbre, la jeune femme sentit la terre tremblait. Elle s’envola pour atteindre une branche plus basse du sapin sur lequel elle était posée. L’aigle faillit manquer la branche lorsqu’il découvrit ce qui faisait vibrer le sol. Sous ses pieds, avançait sans aucune expression ni forme de fatigue une horde de marcheurs blancs. En regardant ces yeux bleus, elle se remémora le premier songe où elle avait perçu la corneille aux trois yeux. Ils étaient si nombreux, comment Jon avait il pu croire qu’elle pouvait être la solution ? Comment avait elle pu le croire ? C’était sans espoir. C’est sans espoir. Pensa-t-elle alors qu’elle s’envolait toujours plus haut dans les airs pour échapper à son destin.

                Elle voulait hurler au monde entier son impuissance mais quelque chose l’en empêché. Une masse lui maintenait la bouche fermée. Le poids qui lui obstrué la bouche était très fort, trop fort pour elle. Pourtant elle se débattait de toutes ses forces, frappant de ses poings l’air, donnait des coups de pieds à un être invisible. Au bout d’un moment, sentant ses forces l’abandonner elle se calma peu à peu. La masse qui semblait lui bloquer la respiration était en faite une main, la personne qu’elle cherchait à repousser était Ruben. Toute son attention se porta alors sur l’homme de la garde de nuit dont la barbe avait poussé pour recouvrir la moitié de son visage, elle mettait en valeur ses yeux vert. Alors que sa respiration s’apaisée, la main du corbeau se retira de sa bouche pour venir sur son front qu’il caressa doucement. Une douce chaleur naquit au sein de la jeune femme.

─Ca va aller, respirez calmement. Inspirez, expirez, inspirez. » Aliénor suivait presque mécaniquement les paroles de Ruben.

Peu à peu elle réussit à se calmer et le chef des patrouilleurs relâcha la pression. Aliénor se mit assise contre la paroi glacière, elle constata alors que ses compagnons la regardaient. Elle leur sourit avant de s’excuser.

─Qu’est c’t’as vu ? » Demanda le zoman. Son sphinx était agité, il ne cessait de se lever et de s’assoir comme s’il était prêt à partir au moindre mouvement de son maitre.

─… Des… Des milliers de marcheurs blancs… » Aliénor fit une pause, encore secouée. « Ils se dirigeaient vers le mur. »

Personne ne répondit, même Ruben s’enferma dans un mutisme qui ne signifiait rien de bon. La jeune femme imita ses compagnons, préférant se concentrer sur sa respiration. Elle n’avait jamais eu aussi peur de sa vie. C’était la première fois qu’elle voyait des marcheurs blancs en vrai et non dans un songe. Elle était forcée de constater que l’ensemble des rumeurs qu’elle avait entendu ne représentait en rien l’horreur de ces monstres. Leurs vêtements étaient en lambeaux, certains avait perdu un de leur membre ou pire elle avait vu un autre qui n’avait plus que la moitié de son visage. Pour ceux qui avaient encore leurs yeux, aucune émotion n’en trahissait ce qu’il ressentait. Tous ces morts qui marchaient dans une unique direction lui avaient glacé le sang.

─Lim, Edd et Foebe rebroussait chemin le plus vite possible, regagnait la terre ferme et prévenait nos frères. Neno, Sa majesté et moi nous nous chargeons de trouver la corneille aux trois yeux. Donne moi ton arc et t’es flèches Lim, on en aura certainement besoin. » Ruben brisa le silence.

Ses compagnons se levèrent aussitôt sa phrase terminée. Ils partirent une fois leurs affaires rangées comme une mécanique bien huilée. Cette histoire c’était réglée en quelques minutes grâce à Ruben. Un sentiment d’admiration naquit au sein d’Aliénor alors que le chef des patrouilleurs discutait avec le change peau. Il avait montré son efficacité à prendre des décisions dans l’urgence alors qu’elle en était incapable, un véritable meneur d’homme. Il avait de nombreuses qualités qu’elle découvrait peu à peu.

                Les trois membres de la compagnie reprirent la route à peine leurs émotions remisent. Le zoman occupait le devant de la file tandis qu’Aliénor était au centre. Alors que leur marche durait depuis plusieurs heures, la jeune femme se remémora son passé. Lorsqu’elle avait commencé à s’entrainer au maniement de l’épée, son maitre d’arme lui avait annoncé que le premier jour serait difficile, le second encore plus rude et les séances à venir continueraient dans ce sens. Cette annonce ne s’était jamais démentit. Elle avait l’impression de revivre cette situation, ses pieds la faisait souffrir, la faim la tiraillé et elle avait l’impression de tomber de fatigue à chaque nouveau pas.

─Vous allez bien ? » La voie masculine de Ruben vint mettre un terme à ses pensées.

─Pardon ?

─Neno continue sur encore trois kilomètres et installe le camp. Nous te rejoignons.

Le sauvageon répondit par l’affirmative avant de les quitter. Dés qu’ils furent seuls, Ruben enleva son sac à dos avant de s’approcher de la jeune femme. Aliénor répondit par un geste de recul ne comprenant pas les actions du chef des patrouilleurs. Elle recula jusqu’à atteindre la paroi glacière. « J… Je vais bien. » Réussit-elle enfin à dire.

─Vos pieds. » Après avoir lancé un sourire à la reine du Nord, il entreprit de retirer ses bottes en cuir. « Les engelures aux pieds sont monnaies courantes, surtout avec des bottes en cuir. Le froid et le frottement ça peut très rapidement finir en bain de sang. » Sur ces mots, Ruben déchira des bouts de sa cape noir, les plaça sur les pieds de la jeune femme. Une forte douleur naquit en elle, elle émit un cri alors qu’il enroulé les bandages autour de ses pieds. « Vous avez le droit de vous plaindre. Vous laisserez vos pieds devant le feu ce soir, ça devrait aller. »

─Merci, c’est gentil. » De sa hauteur  elle pouvait voir les cheveux bruns du jeune homme. Gras, il les avait regroupés en un chignon. Elle avait envie de les défaire et de passer ses mains dedans.

─On peut y aller. » Ruben venait de finir de lacer les bottes de la jeune femme, il se leva et repartit aussitôt.

Aliénor suivit le chef des patrouilleurs. Elle se plaça derrière lui espérant qu’il ne remarque pas la rougeur de son visage. Elle avait l’impression d’être devenue une jouvencelle qui sortait pour la première fois de sa prison dorée. Chaque fois qu’il la frôlait son cœur se mettait à battre à tout rompre. Elle était pourtant mariée depuis plusieurs mois et en plus elle devait sauver le monde. Alors pourquoi ne pouvait-elle pas cesser de penser à lui ?

Au bout d’un moment, on commença à entendre les chants du zoman, s’élevant dans le froid et dans la glace, sa voie avait quelque chose de magique. Les sons se dispersé à travers le tunnel. Bien que la jeune femme ne comprenne pas les paroles, elle pouvait deviner qu’il s’agissait d’une chanson triste. Sa voie tremblait à chaque fin de phrase comme s’il retenait ses larmes, son lynx l’accompagnait dans sa plainte.

─C’est une prière. » Comme s’il avait deviné les questionnements de la jeune femme, Ruben lui répondit

─Pour qui ?

─Qui sait ? Sa femme et ses deux enfants ont étaient tués par des marcheurs blancs il y a cinq ans. Il a décidé de mettre de coté sa fierté et de sa battre au coté de ses ennemis de toujours, les hommes de la garde de nuit. »

─Vous ne semblez pas détester les sauvageons. » Toujours dans l’ombre de Ruben, elle pouvait apercevoir ses cils. Elle voulait voir ses yeux verts.

─Le mur a était construit pour nous protéger des autres. Les sauvageons ne sont qu’au final que des êtres de chair et de sang, n’en plaise à certain. »

Il se retourna aussitôt sa phrase terminée, Aliénor put enfin apercevoir ses yeux aussi verts que les prairies de Dune-au-Miel. Cet instant ne dura que quelques instants car Ruben se pencha vers elle et déposa un baiser sur ses lèvres gercée par le froid. La jeune femme porta ses mains jusqu’aux cheveux de Ruben, elle joua avec son chignons avant de les placer derrière son visage pour qu’il rapproche à nouveau ses lèvres des siennes. Cette fois ci, les lèvres du jeune homme s’entrouvrirent pour laisser passer sa langue. Elle perdit alors tout sens de la réalité, plus rien n’avait d’importance. Plusieurs épaisseurs de vêtements séparaient leurs deux corps, pourtant chaque passage des mains du jeune homme sur son corps semblait laisser une trace indélébile sur son corps. Aucune personne ne lui avait apporté une telle chaleur. Même au plus haut de ses ébats avec Robb, elle n’avait pas ressentit une telle sensation.

Robb. A la pensée de son mari entre les murs de Winterfell, Aliénor repoussa violemment le corbeau. Le corbeau baissa ses yeux jusqu’à pouvoir atteindre ceux de la jeune femme. Elle pouvait lire dans son regard l’incompréhension avant qu’il ne se retourne et recommence sa marche. Aliénor voulut le rejoindre, s’excuser de son comportement mais elle avait eu raison. C’était une femme mariée et pas à n’importe quel homme, elle était mariée au roi du Nord. Elle avait eu raison et il ne s’agissait que d’une simple étreinte. Il suffirait de l’oublier.

                L’annonce était tombée comme un couperet, une nouvelle fois la peur s’était immiscé en elle. On va rejoindre la surface ? Avait-elle dit et Ruben lui avait répondit par l’affirmative. Le change peau se chargea de lui expliquer la situation. Les hommes de la garde de nuit n’avait jamais était au-delà de ce tunnel et selon la dernière expédition aucun marcheurs blancs ne se trouvaient aussi loin dans le Nord. De surcroit, ils auraient plus de chance de trouver une corneille à trois yeux à l’air libre que dans des tunnels.

─T’la r’vue la corneille ? » Demanda le zoman.

─Toutes les nuits elle me demande de venir la chercher.

─Aucune indication sur comment la trouver ? » La voie de Ruben n’avait pas changé au grand soulagement d’Aliénor. Elle était toujours aussi neutre.

─La plupart du temps elle est proche d’un chêne blanc, alors j’imagine qu’il suffit d’en trouver un... Ce n’est pas beaucoup, je sais, mais c’est un début.

─Très bien, alors partons à la recherche d’un chêne blanc.» Ce fut les derniers mots que le chef des patrouilleurs prononça avant de rejoindre la surface. 

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