La cour des grands

Chapitre 22 : Mhaegen

1484 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/01/2017 19:32


Mhaegen



Le soleil frappait fort sur les pierres rougeoyantes du Donjon Rouge qui devenaient brûlantes et certaines personnes se demandaient si les mestres n'avaient pas voulu faire une blague en annonçant l'hiver. Tout le monde portait des vêtements légers et beaucoup de nobles ont regretté d'en avoir porté le jour de la sanglante émeute, notamment les femmes dont beaucoup d'entre elles ont été retrouvés violées et même tuées. Mhaegen marchait dans les couloirs du château, en route pour voir sa maîtresse qui était en train d'être soigné par le Grand Mestre Pycelle. Tout le long du chemin, Mhaegen se remémorait chaque instant que dura l'émeute. Du projectile de bouse lancée sur le visage du roi Joffrey jusqu'au commandant du Guet ramenant le corps évanoui de Lollys. Sans cesse, elle revoyait l'image de sa maîtresse ensanglantée dans sa magnifique robe d'or déchirée de part en part. Se remémorant encore l'émeute, elle ne pouvait s'empêcher de penser que le sort qui lui avait été réservé était entièrement de sa faute. Ce moment où elle avait lâché la main de Lollys lors du chaos qui régnait tout autour d'elles était ce qui avait causé ce tragique accident. Chaque nuit, Mhaegen pleurait et ne fermait l’œil. Cette foutue émeute, ces foutus Port-Réalais et ces foutus nobles qui les avaient bousculés. Mhaegen s'en prenait à chaque éventuel coupable qui avait permis la souillure du corps de Lollys. Et malgré tout ces coupables, c'était elle-même qu'elle blasphémait le plus. Elle n'en pouvait plus. Elle avait perdu son fils, elle ne pouvait rien faire pour le venger, ses anciens rêves étaient détruits et elle était la cause principale de ce qui était arrivé à sa maîtresse. Elle tenta même de mettre fin à ces jours mais une servante qui passait non loin l'empêcha de sauter du haut des balcons où elle se serait fait broyer par les pierres de la falaise qu'elle aurait rencontré à son arrivé. Et comme si cela ne suffisait pas, lady Tanda Castelfoyer refusait catégoriquement de la laisser voir sa fille cadette.


Cela ne l'empêcha pas d'être en route pour la chambre de Lollys où elle avait été déposé. Elle espérait que, comme c'était l'heure du déjeuner avec tous les autres nobles, lady Tanda ne serait pas aux côtés de sa fille. Elle tenait dans sa main un panier de fruits à l'encontre de Lollys et comptait bien compter sur le fait que cette dernière était réveillée. Elle ne l'était pas. C'était en tout cas les dires des deux gardes qui ont été postés par lady Tanda devant la porte des appartements de sa fille. Ces gardes étaient des soldats Castelfoyer arborant sur leur bouclier le blason de la maison qu'ils défendent et qui n'étaient pas postés ici la dernière fois que Mhaegen était venus. Tanda avait renforcé la sécurité avec ses propres moyens.


-Vous ne pouvez pas passez. Ordre de lady Tanda. Répondirent sans discuter les gardes.


-S'il vous plaît, je dois la voir. Supplia Mhaegen qui sentit les larmes monter en elle. Je ne compte pas la tuer ou quoi que ce soit d'autres. Je veux juste lui donner à manger.


-Je suis désolé mais lady Tanda ne veut qu'aucune personne ne rentre dans cette pièce.


C'était peine perdu et elle le savait, néanmoins elle se dépêcha de disparaître le plus vite possible de la vue des gardes pour pleurer à chaudes larmes. Elle se devait de voir Lollys et de s'excuser auprès d'elle. Elle partit se calmer dans le bois sacré et s'accouder au balcon surplombant la baie de la Néra. Elle s'essuya les joues et regarda longtemps l'horizon. Elle essaya d'ôter le souvenir de l'émeute mais n'y arriva pas. Même chose pour l'assassinat de Barra ainsi que la menace de Cersei. Son esprit était déchiré de toute part et commença à jurer les Sept de lui avoir donné un si cruel destin. Cependant, dans un espoir auquel elle ignorait la source, elle se mit à prier la Mère et se mit à murmurer :


-Gente Mère. Ô fontaine de miséricorde. Montre-moi le chemin que je dois suivre. Daigne apaiser la rage et calmer la furie en moi. Refais-moi lucide et neuve comme le jour où je fus né. Redonnes-moi le courage d'avancer et ais pitié de moi et de ma souffrante amie.


Elle se redressa en fermant les yeux tout en prenant une longue inspiration. Elle les rouvrit et expira par la bouche pour s'apaiser. Elle ne portait pas une foi profonde en elle mais, pour une fois, elle voulait vraiment compter sur les dieux pour la sortir de ce gouffre dans laquelle elle avait été plongée. Elle se retourna quittant son regard de l'horizon bleuté de la mer pour se retrouver nez à nez avec ni plus ni moins que Tyrion Lannister, la Main du Roi, qui la regardait d'un air coupable. Mhaegen sursauta en voyant le gnome devant elle.


-Désolé, je ne voulais pas vous effrayer et encore moins vous écouter. S'excusa-t-il. Une prière est sacrée. Je n'ai pas le droit aux yeux des dieux de vous écouter.


-Ce n'est pas grave, messire. Consola-t-elle, rassurée de rencontrer quelqu'un de si aimable. Excusez-moi mais, puis-je vous poser une question ?


-Vous pouvez, très chère.


-Priez-vous aussi, messire ? Pour vous ou pour les autres ?


-Non, désolé. Cela fait bien longtemps que je ne me fis plus aux dieux. J'ai appris à me passer d'eux depuis mon enfance. Mon «bon» père s'en est bien occupé pour que j'abandonne la prière.


-Pourquoi votre père vous a-t-il éduquer loin des dieux ? Oh, excusez-moi, je ne veux pas vous affubler de questions. Je n'aurais pas dû. Se reprit-elle, toute gênée.


-Non, vous pouvez, ne vous inquiétez pas. Répondit Tyrion avec un petit sourire réconfortant. Mon père ne porte pas les dieux dans son cœur et il m'a toujours dit qu'il se fichait pas mal du sort des humains, que ce soit les Sept, les Anciens Dieux, le Dieu Noyé, le Dieu du Feu ou tous les autres. Néanmoins, je comprends que certains, comme vous, se fient à eux lorsqu'ils en ont besoin. Je sais ce que vous avez enduré dans cette émeute. La cadette des Castelfoyer était votre maîtresse et avant tout votre amie comme j'ai pu vous l'entendre dire à votre insu. J'espère de tout cœur que la Mère sera miséricordieuse avec vous.


-Merci, messire. Que les dieux vous gardent alors.


-Que les dieux vous gardent aussi. Répéta Tyrion en allant rejoindre Bronn qui l'attendait non-loin d'eux.


Mhaegen resta immobile durant un temps, hésitant de dévoiler à Tyrion son secret sur son identité. Tout à coup, elle sentit sa voix crier :


-Attendez, messire. Je…


-Qu'y a-t-il, très chère. Vous avez un problème à me soumettre. Dit Tyrion en se retournant vers la servante.


-Euh...non. Désolée de vous avoir dérangé.


-Si vous avez un quelconque problème, vous saurez où me trouver. Acheva Tyrion en s'engouffrant dans les allées du bois sacré.


Mhaegen s'était reprise juste à temps. Elle venait de se souvenir que Tyrion était le frère de Cersei. Et celui-ci n'aurait pas apprécié qu'une servante veuille assassiner sa sœur. L'homme, si serviable envers elle, aurait pu devenir un obstacle de plus sur sa route. Néanmoins, elle se rendit compte qu'elle devait le dire à quelqu'un. Elle avait ce besoin de vider son sac à n'importe quelle personne, en priorité digne de confiance. Lollys étant impossible d'accès et risquant de mal le prendre, il ne restait plus que Tyrion mais celui-ci aussi allait être en colère s'il connaissait la vérité. À moins que….le grand argentier pourrait peut-être l'aider. Elle connaissait Lord Baelish par le biais de son ancien travail de prostituée et était certes loin d'être digne de confiance. Néanmoins, d'aucun savent qu'il est animé de grandes ambitions sur le pouvoir, peut-être même sur le trône de fer. Il serait assez envisageable pour lui d'engager quelqu'un qui pourrait se débarrasser de la mère du roi à sa place. Mhaegen se promit d'y réfléchir mais n'était pas si sûr que son plan marcherait. Elle se raidit et parcourra le bois sacré. Elle ira voir Petyr Baelish quand elle sera prête et décidée. Ainsi donc, la Mère l'avait écouté et lui avait apaisé sa douleur pour la rendre plus forte. La Mère était miséricordieuse.


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